Jaime, je n'aime pas à la maniÚre de Roland Barthes Par Irreguliere L'autre jour, Delphinebooks s'est livrée à ce petit exercice de style à la maniÚre de Roland Barthes
Le 20 janvier 1979, lors de son sixiĂšme cours au CollĂšge de France sur la prĂ©paration du roman, le philosophe et sĂ©miologue français Roland Barthes 1915-1980 enseigne les Ă©lĂ©ments qui forment le haĂŻku, ce court poĂšme trĂšs codifiĂ© d’origine japonaise. Le haĂŻku, qui a pour but de cĂ©lĂ©brer l’évanescence des choses, doit, en plus d’ĂȘtre bref, comporter un mot de saison. Roland Barthes digresse alors sur le temps-qu’il-fait, qui faute d’avoir en français un mot propre pour le dĂ©signer – contrairement Ă  l’anglais ”weather”, reste nĂ©anmoins central Ă  toute forme de sociabilitĂ©. De maniĂšre surprenante, Roland Barthes montre qu’en plus de son rĂŽle de crĂ©ateur de lien social, le temps-qu’il-fait est aussi l’un des sujets de discussion les plus intimes qui soit entre des ĂȘtres qui s’aiment. Mais il n’y a pas longtemps, vous le savez, j’étais fascinĂ© par les problĂšmes sĂ©miologiques au sens strictement structuraliste du terme et je considĂ©rais avec une certaine dĂ©sinvolture, peut-ĂȘtre un peu scientiste Ă  l’époque, le temps-qu’il-fait comme l’exemple mĂȘme de ce que Jakobson appelle le phatique, qui est une fonction du langage repĂ©rĂ©e par Jakobson et qui est tout ce qui dans la parole est destinĂ© Ă  ouvrir ou maintenir un contact entre le locuteur ou l’auditeur. Ce sont donc des mots, des expressions qui n’ont pas en rĂ©alitĂ© de sens par elles-mĂȘmes mais qui permettent de maintenir le contact. L’exemple le plus classique Ă©tant le mot “Allî” au tĂ©lĂ©phone. “Allî” ne veut rien dire mais ça maintient le contact. “AllĂŽ, allĂŽ, vous m’entendez”, etc. » Ayant tout d’une fonction phatique du langage comme dĂ©finie par Jakobson, Ă©voquer le-temps-qu’il-fait permet Ă  des gens qui ne se connaissent pas, ou qui ne supportent pas le silence ou qui ne sont pas de mĂȘme culture et cherchent un sujet commun sans risque de se dĂ©plaire, d’entrer en contact. Mais en plus de rapprocher les inconnus, Roland Barthes explique que le temps-qu’il-fait contribue aussi Ă  l’intimitĂ© de ceux qui s’aiment dĂ©jĂ  Ou, tout Ă  fait Ă  l’autre extrĂȘme, il peut s’agir de sujets qui s’aiment tellement qu’ils se le disent par la dĂ©licatesse mĂȘme de l’insignifiance, car il y a des cas oĂč seule l’insignifiance est dĂ©licate ; par exemple, on peut dire que dans une famille qui s’aime et dont les membres se retrouvent le matin, parler du temps-qu’il-fait fait partie d’une relation affective trĂšs forte. » Roland Barthes ajoute Je voudrais insister sur le fait que s’aimer beaucoup peut entraĂźner de peu se parler, de parler de choses insignifiantes. Il y a une citation de La BruyĂšre qui a Ă©tĂ© reprise de mĂ©moire par Charlus dans Proust, A l’ombre des jeunes filles en fleurs, Ă  propos des rapports de Mme de SĂ©vignĂ© et de sa fille, c’est une conversation gĂ©nĂ©rale dont les acteurs principaux sont Charlus et Mme de Villeparisis, et, Ă  ce moment-lĂ , Charlus rappelle que La BruyĂšre a dit dans le chapitre “Du CƒUR” des CaractĂšres mais la citation ici est Ă©courtĂ©e “Etre prĂšs des gens qu’on aime, leur parler, ne leur parler point, tout est Ă©gal.” C’est-Ă -dire c’est la mĂȘme chose de leur parler ou de ne point leur parler si on les aime. » Parler du temps-qu’il-fait est donc peut-ĂȘtre l’une des choses les plus intimes qui nous soit donnĂ©e de discuter avec l’ĂȘtre aimĂ©. Alors quand l’ĂȘtre aimĂ© vient Ă  s’absenter ou Ă  disparaĂźtre, le poids de ne pouvoir discuter du temps-qu’il-fait peut soudain se faire cruellement sentir Donc observer en commun le Temps qu’il fait, c’est prĂ©cisĂ©ment ce tout est Ă©gal du parler/ne pas parler de l’amour. [
] Par exemple, voir la premiĂšre neige dans l’annĂ©e et ne pas pouvoir lui dire “VoilĂ  la premiĂšre neige”, tout simplement, et ĂȘtre obligĂ© de garder cette neige pour soi. » Cette digression de Roland Barthes sur le temps-qu’il-fait est retranscrite dans l’édition d’Eric Marty & Nathalie LĂ©ger publiĂ© au Seuil 2015, Roland Barthes, La PrĂ©paration du roman. Cours au CollĂšge de France 1978-1979 et 1979-1980. Elle peut aussi ĂȘtre Ă©coutĂ©e, ainsi que la belle voix de Roland Barthes, sur le site d’UbuWeb.
CommunicationLFM Plus. À l'instar de Roland Barthes, nous avons Ă©crit une liste de ce que nous aimons et de ce que nous n'aimons pas, puis nous l'avons enrichie avec des expansions du Bien que souvent prĂ©sentĂ© comme un antimoderne, selon la formule contestĂ©e d’Antoine Compagnon [1], Roland Barthes est, volens nolens, Ă©minemment prĂ©sent Ă  l’ùre numĂ©rique sa description du monde comme un espace plat de signes global permet de comprendre la conversion du monde en data ; sa maniĂšre de chroniquer la vie ordinaire et sensible donne un puissant exemple de nos individualitĂ©s numĂ©riques ; sa maniĂšre, par liens et par gambades, de naviguer de lieux en lieux culturels prĂ©figure l’hypertexte ; son rĂȘve d’un texte scriptible » [2] mĂȘlant lecture et Ă©criture anticipe nos textualitĂ©s enchevĂȘtrĂ©es et collaboratives. Bref, Barthes, sa maniĂšre de collectionner des biographĂšmes » en des sortes d’albums hypertextuels, ses projections subjectives Ă©toilĂ©es invente par anticipation le web qui nous est contemporain. Une telle influence conceptuelle forte, explicitĂ©e par certains dispositifs numĂ©riques comme le projet Barthes-vision [3], n’a rien de magique, mais s’explique par la contemporanĂ©itĂ© du premier web et du dernier Barthes. Le contexte historique Figure 1 – Le Minitel, ancĂȘtre du Web L’Ɠuvre thĂ©orique de Barthes cĂŽtoie la dĂ©cennie mĂȘme oĂč s’invente le Web 1969 premiĂšre connexion d’ordinateurs en rĂ©seau-1979 crĂ©ation des premiers forums de discussion, Barthes entre au CollĂšge de France au moment oĂč le minitel » envahit les foyers français et meurt Ă  l’orĂ©e de la dĂ©cennie qui fera le dĂ©veloppement du Web. Il prĂ©cĂšde les aventures des avant-gardes en matiĂšre de jeu littĂ©raire informatique et meurt quelques mois avant la crĂ©ation de l’Atelier de LittĂ©rature AssistĂ©e par la MathĂ©matique et les Ordinateurs » ALAMO par les oulipiens [4] et la parution de Literary machines de Ted Nelson. Il baigne dans le rĂȘve cybernĂ©tique nĂ© dans les annĂ©es 60, Ă  une heure oĂč Jacques Derrida, Gilles Deleuze ou Michel Foucault abusent du terme de machine ». D’oĂč ce que Éric Marty a appelĂ© le jargon cybernĂ©tique de Barthes » [5] – dans le SystĂšme de la mode des notions comme celle de briques de code » ou de sous-routine » sont issues de Mandelbrot et des premiers thĂ©oriciens de l’information, Barthes utilisant le mot cybernĂ©tique » lui-mĂȘme en diverses occasions, par exemple pour caractĂ©riser les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola [6]. Ailleurs, lorsque Barthes dĂ©crit la rhĂ©torique, il nous explique que Aristote conçoit le discours l’oratio comme un message et le soumet Ă  une division de type informatique » [7]. Un texte de jeunesse, en apparence anodin, est Ă  ce titre rĂ©vĂ©lateur dans un article des Lettres nouvelles de 1959, compte rendu d’une visite au Salon de l’équipement de bureau, Barthes admire la maniĂšre dont l’homme humanise la machine en lui donnant la structure de son propre cerveau » ce n’est pas un salon des techniques mais des structures » [8] poursuit-il en faisant briller la machinerie linguistique de toute sa technicitĂ©. Figure 2 – Les premiĂšres pages Web L’obsession du rĂ©cit de soi L’ethos barthĂ©sien, son narcissisme artiste et sa maniĂšre trĂšs particuliĂšre de le projeter dans le monde pour s’y comprendre ont, implicitement ou explicitement, trouvĂ© dans les mutations de l’identitĂ© personnelle Ă  l’heure du Web et des rĂ©seaux sociaux, de singuliers Ă©chos. Pensons Ă  l’habitude singuliĂšre de Barthes consistant Ă  documenter sa vie constamment, qui Ă©voque presque la maniĂšre dont Jacques Derrida conservait Ă  la mĂȘme Ă©poque le moindre brouillon et notait en permanence le fil du quotidien, pensons Ă  son hĂ©donisme et au souci de soi, proche de celui thĂ©orisĂ© par Michel Foucault l’écriture est une quĂȘte de soi et la quĂȘte de soi une Ă©criture, dans une tradition qui emprunte Ă  Gide et Ă  Proust mais qui ouvre avec Roland Barthes par Roland Barthes un espace d’invention personnelle qui en fera un des grands modĂšles de l’autofiction, et que l’on retrouvera mutatis mutandis dans les formes d’autodocumentation digitales. La conception barthĂ©sienne de l’identitĂ© autobiographique est assez Ă©loignĂ©e de la linĂ©aritĂ© du narrativisme » ricoeurien, quĂȘte de mise en intrigue et donc de mise en ordre cohĂ©rente, et consonne bien plus facilement avec nos narrations sociales numĂ©riques que le modĂšle de refiguration du philosophe – on pourrait mĂȘme dire qu’elle en constitue une sorte d’horizon. La forme de vie barthĂ©sienne est en effet Ă©nigmatique, fragmentĂ©e et associative. PlurisĂ©miotique, elle emprunte Ă  la peinture et Ă  la musique pour se rĂ©fracter. Elle recourt fortement Ă  la mĂ©moire visuelle et Ă  la photographie comme attestation potentiellement tragique du rĂ©el. Elle se fragmente pour devenir ouverte, mobilisable toujours diffĂ©remment, pour se libĂ©rer de l’emprise mĂ©dusante de la langue. Elle cherche Ă  se dĂ©prendre d’elle-mĂȘme autant qu’à se ressaisir, elle fictionnalise aisĂ©ment on se souvient du cĂ©lĂšbre exergue du Roland Barthes par Roland Barthes Tout ceci doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme dit par un personnage de roman ». Figure 3 – L’écriture manuscrite de Barthes La dimension affective, fortement incarnĂ©e mais aussi interpersonnelle et mobile de l’identitĂ© selon Barthes se dit Ă  travers un concept original inventĂ© par Barthes et devenu cĂ©lĂšbre, celui de “ biographĂšmes ” », dont la distinction et la mobilitĂ© pourraient voyager hors de tout destin et venir toucher, Ă  la maniĂšre des atomes Ă©picuriens, quelque corps futur, promis Ă  la mĂȘme dispersion » [9]. Si les biographĂšmes ne sont pas sans parentĂ© avec nos statuts » numĂ©riques contemporains sur les rĂ©seaux sociaux comment ne pas reconnaĂźtre dans ce que Barthes dĂ©crit comme une vie “trouĂ©e ” » [10] quelque chose de nos inscriptions sur les fils des rĂ©seaux sociaux, marquĂ©s par la fragmentation, le recours Ă  la photographie, la prééminence des affects au profit d’une quĂȘte infinie de traits propres dans l’univers commun ? Les Ă©critures autobiographiques numĂ©riques du sujet sur Facebook ou Twitter, mĂȘme en dehors de tout projet artistique, possĂšdent de fait des caractĂ©ristiques originales d’ouverture et d’entrelacement, une logique affective et associative, une prééminence de la photographie, qui permettent de les rapprocher du modĂšle influent du Roland Barthes par Roland Barthes. J’aime, je n’aime pas cela n’a aucune importance pour personne ; cela, apparemment, n’a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire mon corps n’est pas le mĂȘme que le vĂŽtre. Ainsi, dans cette Ă©cume anarchique des goĂ»ts et des dĂ©goĂ»ts, sorte de hachurage distrait, se dessine peu Ă  peu la figure d’une Ă©nigme corporelle, appelant complicitĂ© ou irritation. Ă©crivait Roland Barthes dans son autoportrait [11], dans une Ă©tonnante anticipation des chroniques Ă©gocentrĂ©es de nos humeurs apprĂ©ciatives ou rĂ©versions subjectives au cƓur de l’expressivitĂ© littĂ©rale et littĂ©raire de soi agrĂ©mentĂ© de selfies comme Barthes agrĂ©mentĂ© son autobiographie de portraits sur Facebook. Vivre dans un monde de rĂ©seau Le concept de rĂ©seau est omniprĂ©sent chez Barthes. Il joue un rĂŽle crucial dans le passage du structuralisme rigide des annĂ©es 60 Ă  un post-structuralisme aux formes hermĂ©neutiques plus mobiles et ajustables. Le premier » Barthes utilise le mot rĂ©seau dans un sens structuraliste canonique il parle, dans le Michelet de 1955 d’un un rĂ©seau organisĂ© d’obsessions » [12], d’un rĂ©seau thĂ©matique » [13], d’un rĂ©seau rhĂ©torique » [14], en 1970 dans S/Z d’un rĂ©seau impersonnel de symboles » [15]. Il introduit la notion de rĂ©seau distributionnel » [16] et abuse du terme de dispatching » par exemple pour dĂ©crire la narration rĂ©aliste dans son cĂ©lĂšbre article sur l’effet de rĂ©el » de Communications en 1968 pour caractĂ©riser le fonctionnement du rĂ©seau. Barthes va emprunter Ă  la grammaire gĂ©nĂ©rative de Nicolas Ruwet et l’idĂ©e du dispatching markovien » c’est-Ă -dire d’un dispositif prĂ©-cybernĂ©tique capable d’engendrer une infinitĂ© de chaĂźnes de mots Ă  partir de sĂ©quences finies [17], dans une nouvelle illustration de la passion barthĂ©sienne pour les concepts ardus. Mais, dĂšs S/Z, le glissement vers des mĂ©taphores nouvelles est entamĂ© Barthes parle de texte Ă©toilĂ© » [18], notion que Barthes promeut contre les structures rigides » car elle produit des constellations » [19] sĂ©mantiques Ă  partir d’un texte. Ce dĂ©placement est Ă©vident lorsque le second Barthes » affirme en 1975 que l’analyse textuelle prĂ©fĂšre la mĂ©taphore du rĂ©seau, de l’intertexte, d’un champ surdĂ©terminĂ©, pluriel » Ă  la mĂ©taphore de la filiation, du “dĂ©veloppement” organique » [20]. Ces rĂ©seaux intertextuels sont comme la contrepartie littĂ©raire du Web en train de s’inventer, hĂ©ritage clairement analysĂ© par George Landow dans son essai de 1991 Hypertext. The Convergence of Contemporary Critical Theory and Technology rééditĂ© sous le titre Hypertext l’idĂ©e barthĂ©sienne d’un texte sans centre ni limite car extensible Ă  l’infini [21] tout texte est un intertexte » [22] joue un rĂŽle sĂ©minal dans la conception Ă©mergente d’un hypertexte numĂ©rique, oĂč la navigation ne se fait pas d’idĂ©e en idĂ©e mais simplement de mot en mot. Figure 4 – Le Fichier BarthĂ©sien Cette idĂ©e est fortement connectĂ©e Ă  la pratique rĂ©dactionnelle ordinaire de Barthes, qui lui fait utiliser un systĂšme de fiches interconnectĂ©es par des annotations, des listes et des renvois, fichier papier hypertextuel que Tiphaine Samoyault place au centre de l’organisation de la pensĂ©e barthĂ©sienne En amont, il y a bien sĂ»r le dossier de notes et d’ébauches rassemblĂ©es par MallarmĂ© pour le Livre », dont la matiĂšre dispersĂ©e et fragmentaire est contraire au livre pur qu’il fantasmait ; mais en aval, il y a aussi cet horizon d’une combinatoire que rejoindront Ă  peine dix ans plus tard les mĂ©caniques hypertextuelles offertes par le rĂ©seau des rĂ©seaux du World Wide Web [23]. Cette obsession du terme de rĂ©seau » que Barthes utilise dans de trĂšs nombreux contextes thĂ©oriques n’est pas non plus sans Ă©cho aux habitudes personnelles de l’auteur des Mythologies la vie sociale se dĂ©crit comme un rĂ©seau de relations narcissiques » [24], la vie amoureuse se laisse fasciner par les petites annonces qui plaisaient tant Ă  Barthes, la vie Ă©rotique a pour modĂšle les rencontres en rĂ©seau de Tricks de Renaud Camus dans les Fragments d’un discours amoureux, Barthes dĂ©crit sa vie dans l’ordre des rĂ©seaux sentimentaux [25] et dĂ©crit formidablement ce qui sera la forme de jalousie propre aux rĂ©seaux numĂ©riques Supposez maintenant que je lĂąche dans ce rĂ©seau un sujet douloureux, avide de maintenir avec son autre un espace Ă©tanche, pur non touchĂ©, consacrĂ© ; les activitĂ©s du rĂ©seau, son trafic d’informations, ses engouements, ses initiatives, seront reçus comme autant de dangers[26] Des signes et des donnĂ©es Un grand geste barthĂ©sien a Ă©tĂ©, on le sait, de renvoyer le monde Ă  un systĂšme de signes le monde est aplati en une toile de signes liĂ©s en un rĂ©seau global, traversĂ© par le remaniement imprĂ©visible que l’oubli impose Ă  la sĂ©dimentation des savoirs, des cultures, des croyances [27]». Je ne sais pas ce que Barthes aurait pensĂ© de l’opposition faite par l’une de ses meilleurs interprĂštes, Susan Sontag, qui affirmait Ă  la suite de Walter Benjamin qu’il y avait une distinction essentielle entre d’un cĂŽtĂ© les histoires, qui ont un but, une fin, une direction, sont complĂštes et closes et, de l’autre cĂŽtĂ©, l’information, qui est par dĂ©finition toujours partielle, incomplĂšte et fragmentaire [28] » le monde dataifiĂ© » de l’internet contemporain et sa syntaxe universelle est Ă  sa maniĂšre un univers de signes oĂč toutes les formes de cultures et de discours se recroisent. Cette universalitĂ© a Ă©tĂ© encore rĂ©cemment soulignĂ©e par Jean-Marie Schaeffer dans sa rĂ©cente Lettre Ă  Roland Barthes [29], qui montre Ă  quel point la grammaire transculturelle de Barthes possĂšde une portĂ©e extrĂȘmement large qui en fait un outil de choix pour comprendre l’omniprĂ©sence du narratif bien au-delĂ  de son seul usage littĂ©raire, extension indispensable Ă  l’heure de la globalisation et des Ă©tudes cognitivistes. Le texte ouvert Un des traits marquants de la textualitĂ© numĂ©rique est sa capacitĂ© Ă  brouiller lecture et Ă©criture et, plus loin, Ă  rassembler experts et amateurs [30]. On pourra ainsi reconnaĂźtre dans le flĂąneur numĂ©rique des rĂ©miniscences du Barthes collectionneur de textes en tous genres dans son entreprise de sĂ©miotique universelle, ce qui nous laisser Ă  rĂȘver ce que le numĂ©rique aurait pu apporter au goĂ»t barthĂ©sien de l’album, modĂšle que Barthes oppose au livre et qui prĂ©side aux derniers textes. Roland Barthes par Roland Barthes et La Chambre claire se veulent un relevĂ© de circonstances », discontinues » et rhapsodiques » [31] et proposent une reprĂ©sentation essentielle du monde comme inessentiel, comme tissu de contingences » [32] Figure 5 – Des manuscripts hypertextes avant la lettre Ainsi, le monde est compris comme un livre toujours Ă  interprĂ©ter, et ce livre est Ă  lire et Ă  Ă©crire il est scriptible » et nous conduit Ă  d’infinies excursions, dans une Ă©criture qui est dĂ©prise » il faut produire le texte, le jouer, le dĂ©faire, le faire partir »[33]. Et je me persuade de plus en plus, soit en Ă©crivant, soit en enseignant, que l’opĂ©ration fondamentale de cette mĂ©thode de dĂ©prise, c’est si l’on Ă©crit, la fragmentation, et, si l’on expose, la digression, ou pour le dire d’un mot prĂ©cieusement ambigu l’excursion. [34] Raconte Barthes dans la Leçon au seuil des pratiques excursionnistes du web invitant Ă  surfer » d’un texte Ă  l’autre, la rĂ©flexion barthĂ©sienne propose un modĂšle thĂ©orique et un vocabulaire d’interprĂ©tation aux textualitĂ©s numĂ©riques. Surtout, elle valorise des pratiques d’écriture fragmentaire et de reprise dans lequel le lecteur est un interprĂšte au sens musical et un coauteur du texte, qui s’insĂšre dans les interstices de celui-ci comme un fantĂŽme de l’avenir. Loin d’ĂȘtre minoritaire, cette lecture-Ă©criture est fortement valorisĂ©e comme une mĂ©thode de pensĂ©e et une habitude de vie. L’influence des formules et des concepts mais aussi des modĂšles barthĂ©siens sur la photographie et la peinture est bien connu et Ă©tudiĂ© [35]. L’hypothĂšse formulĂ©e par George Landow de la paternitĂ© de Barthes sur l’hypertexte, qui serait la version numĂ©rique du texte scriptible », en rĂ©seau, et dans lequel de multiples concurrentes entrĂ©es seraient possibles, promu par l’auteur de S/Z, est donc justifiĂ©e arraisonnant le monde sous la forme d’un langage universel de signes avant qu’il soit transformĂ© en donnĂ©es, inventant une textualitĂ© ouverte, sensible et dĂ©centrĂ©e, prĂ©figurant l’ùre des j’aime » et des hypertextes enrichis par les amateurs, Roland Barthes est autant que Gilles Deleuze un des pĂšres conceptuels des textualitĂ©s numĂ©riques qui font dĂ©sormais notre vie. [1] Voir le dernier chapitre de Antoine Compagnon, Les Antimodernes. De Joseph de Maistre Ă  Roland Barthes, Paris, Gallimard, 2005. [2] Roland Barthes, ƒuvres ComplĂštes de Roland Barthes, Paris, Seuil, 2002 dĂ©sormais OC, t. III, p. 122. [3] Voir [4] Voir [5] Eric Marty, prĂ©face aux OC, II, p. 17. [6] Sade, Fourier, Loyola, in OC, III, p. 751. [7] L’ancienne rhĂ©torique », OC, III, p. 536. [8] Les deux Salons », OC, I, p. 992. [9] Sade, Fourier, Loyola, OC, III, p. 707. [10] Ibid. [11] Roland Barthes par Roland Barthes, OC, IV, p. 692. [12] Michelet in OC, I, p. 293. [13] Ibid., p. 431. [14] L’Ancienne rhĂ©torique », OC, III, p. 599. [15] S/Z in OC, III, p. 197. [16] OC, II, p. 626. [17] Roland Barthes, Sarrasine de Balzac, sĂ©minaires Ă  l’École pratique des hautes Ă©tudes, prĂ©sentation et Ă©dition de Claude Coste et Andy Stafford, Paris, Seuil, 2011, p. 479 et note 1. [18] Ibid., p. 76. [19] OC, IV, p. 451. [20] Ibid., p. 456. [21] Voir Sophie Marcotte, George Landow et la thĂ©orie de l’hypertexte », L’Astrolabe, 2000, en ligne et Serge Bouchardon, Du rĂ©cit hypertextuel au rĂ©cit interactif », Revue de la BNF, vol. 42, no. 3, 2012, pp. 13-20. [22] OC, IV, p. 451. [23] Tiphaine Samoyault, Roland Barthes. Une biographie, Seuil, 2015, p. 652. [24] OC, III, p. 665. [25] Fragments d’un discours amoureux in OC, V, p. 114. [26] Ibid., p. 177. [27] Leçon, in OC, V, p. 446. [28] Susan Sontag, At the same time, Londres, Penguin, 2013, p. 224 c’est nous qui traduisons. [29] Jean-Marie Schaeffer, Lettre Ă  Roland Barthes, Paris, Thierry Marchaisse, 2015. [30] Voir Patrice Flichy, Le Sacre de l’amateur Sociologie des passions ordinaires Ă  l’ùre numĂ©rique, Paris, Seuil & la rĂ©publique des idĂ©es, 2010 et Adrien Chassain, Roland Barthes “Les pratiques et les valeurs de l’amateur” », LHT, n°15, 2015, en ligne [31] Roland Barthes, La PrĂ©paration du roman. Cours au CollĂšge de France 1978-1979 et 1979-1980, Seuil, 2015, p. 203 [32] Ibid. [33] Le Bruissement de la langue in OC, III, p. 916. [34] Leçon in OC, V, p. 444. [35] Voir Magali Nachtergael, Roland Barthes Contemporain, Max Milo, 2015.
\n roland barthes j aime je n aime pas
Jaime, je n’aime pas: cela n’a aucune importance pour personne; cela, apparemment, n’a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire: mon corps n’est pas le mĂȘme que le vĂŽtre » Roland Barthes. J’aime, je n’aime pas: Et toi, qu’est-ce quetu aimes? Objectif de l’activitĂ©: Ă©crire un portrait Ă  la maniĂšre de Roland Barthes. Modulo Due. Autour. du. monde. avec le

Dessin de l'illustratrice Charlotte Mo Insta charlottemagicmo et Portfolio "Qu'est-ce que la nourriture ? Ce n'est pas seulement une collection de produits, justiciables d'Ă©tudes statistiques et diĂ©tĂ©tiques. C'est aussi et en mĂȘme temps un systĂšme de communication, un corps d'images, un protocole d'usages, de situations et de Ă©tudier cette rĂ©alitĂ© alimentaire, Ă©largie jusqu'Ă  l'image du signe ?"Roland Barthes L'invitĂ© du jour Mathieu Messager, maĂźtre de confĂ©rences en langues et littĂ©rature Ă  l’universitĂ© de Nantes, crĂ©ateur du site L’idĂ©ologie dans l’assietteRoland Barthes casse l’idĂ©e naĂŻve qu’en s’alimentant, on nourrit une fonction. La nourriture, pour lui, est porteuse de valeurs, de diffĂ©rents signes sous-jacents qui prĂ©-dĂ©terminent les aliments
 Dans “Mythologies”, Barthes nous dit qu’il y a une idĂ©ologie dans nos assiettes, et il comprend qu'elle ne se situe pas dans le ciel des idĂ©es mais se loge de maniĂšre plus incidieuse dans des objets a priori innocents, dans la vie de tous les jours, dans les vĂȘtements que l’on porte
 elle est Ă  l’horizon du commun. “Mythologie” est un objet de combat, un texte d’une grande violence critique, il prend l’idĂ©ologie sur son propre terrain, parce que si elle porte sur notre culture matĂ©rielle, il faut alors dĂ©construire cette derniĂšre depuis les objets que l’idĂ©ologie commune Ă©voque
 Mathieu Messager "L’empire des signes", un amour du Japon"L’empire des signes" est peut-ĂȘtre le premier livre heureux de Barthes, il part d’un amour personnel pour le Japon. Barthes doute que la tempura appartienne au domaine du huileux, tant elle est lĂ©gĂšre les catĂ©gories culinaires qui sont les nĂŽtres s’évaporent sous le ciel du bonheur japonais. Aux yeux de barthes, la cuisine japonaise se dĂ©prend presque terme Ă  terme de notre systĂšme de signes les baguettes translatent du plat Ă  la bouche comme la becquĂ©e maternelle, contrairement Ă  nos fourchettes et couteaux qui agrippent et dĂ©chirent ; la cuisine japonaise se caractĂ©rise par les diffĂ©rents Ă©tats de la cruditĂ©, tandis que chez nous ce sont les diffĂ©rentes carnations de la cuisson ; nous avons une consommation infĂ©odĂ©e Ă  un ordre entrĂ©e, plat, dessert, tandis que, nous dit Barthes, c’est le fragment qui rĂšgne au Japon ; mais Ă©galement, la cuisine japonaise s'oppose Ă  la cuisine de la profondeur, occidentale, qui cache son centre la piĂšce montĂ©e cache en son coeur l’objet alimentaire, on noie sous les sauces, tandis qu’au japon on baigne les Ă©lĂ©ments dans la sauce, le plat arrive sous cloche dans le restaurant gastronomique, maintenant le secret jusqu’au dernier moment quand au Japon l'on cuisine devant vous et l'on vous donne un Ă  un les Ă©lĂ©ments... On n’est pas du tout dans la mĂȘme reprĂ©sentation des signes. Mathieu Messager Textes lus par Denis PodalydĂšs Roland Barthes, extrait de Mythologies, chapitre Cuisine ornementale, Ă©ditions du Seuil, 1957 avec une musique de Pierre-AndrĂ© Athane, On mange dehors ? Roland Barthes, extrait de L’empire des signes, chapitre L’interstice, Ă©ditions du Seuil, 1970 Sons diffusĂ©s Mix de dĂ©but d'Ă©mission avec extraits de Top Chef, Ă©mission culinaire, et extraits du film Le Marginal, de Jacques Deray 1983, avec Jean-Paul Belmondo Extrait du film L’Homme qui tua Liberty Valance, de John Ford, 1962 Roland Barthes lit un extrait de Mythologies, Le bifteck et les frites, le 17 fĂ©vrier 1959, RTF Archive de Bernadette Flament, styliste culinaire, 27 juillet 2015 Petite archive sur la tempura, dans De bouche Ă  oreille, 4 avril 1999, France Culture Lecture par Roland Barthes du fragment J'aime, je n'aime pas, le 2 novembre 1975, France Culture Archive de Roland Barthes sur la dĂ©mystification du quotidien, 20 novembre 1964, dans Morceaux choisis, France Culture Archive pub Panzani, 1969 AdĂšl van Reeth lit un extrait de Roland Barthes, RhĂ©torique de l'image, in Communication, n°4, 1964 Musique de Toto Cutugno, L’italiano Chanson de fin Sheila White, Le steak

Lamitié littéraire entre Alain Robbe-Grillet et Roland Barthes a duré vingt-cinq ans. Tout témoigne de leur profonde et mutuelle estime intellectuelle: leur correspondance privée,
Fragment R 1 1 Lecture aux Rencontres d’Arles le 8 juillet 2015 Ă  l’invitation de Rodolphe Burger dans l’atelier ... 1 Racine, c’est Racine ». 2On connaĂźt la critique virulente que Roland Barthes fait de cette tautologie anti-intellectualisme petit-bourgeois le pire, arrogance, spontanĂ©isme, refus de la pensĂ©e et de la critique, etc. 3Tout cela admirablement rĂ©sumĂ© en 4 Racine, c’est Racine sĂ©curitĂ© admirable du nĂ©ant » 5On sait combien, plus tard, Roland Barthes devait ĂȘtre atteint par le conflit que dĂ©clencha son Sur Racine ; il apprit Ă  ses dĂ©pens que Racine, c’est Racine » et qu’il ne faut pas toucher Ă  l’incarnation tautologique du gĂ©nie national. 6Cette polĂ©mique lui donnait donc raison, lui qui, de plus n’aimait pas Racine ! 7N’y a-t-il vraiment rien Ă  dire en faveur de cette tautologie ? 8L’actrice qui dĂ©clenche l’ironie de Barthes vient de jouer le rĂŽle d’Athalie. Qu’a fait cette actrice sinon dire Racine ». Barthes, lui, n’a pas su dire Racine. Il raconte que pour se dĂ©sennuyer lors des nombreux voyages Paris-Urt, il a tentĂ© d’apprendre la mort de PhĂšdre et qu’il n’y est jamais parvenu ! 9Moins théùtralement, cette tautologie Ă©nonce une proposition qui met en jeu un nom propre. Le nom propre est hors signifiĂ© il ne renvoie qu’à un ĂȘtre unique. Cette tautologie n’a rien Ă  voir avec l’autre tautologie mentionnĂ©e par Barthes dans cette mĂȘme mythologie un sou est un sou ». Car il s’agit alors d’une stricte Ă©quivalence – et mĂȘme selon Marx de l’équivalence gĂ©nĂ©rale » – alors que Racine c’est Racine » tente d’évo­quer l’incomparable. 10Il Ă©crit lui-mĂȘme le nom propre est une monstruositĂ© sĂ©mantique, il est le siĂšge d’un phĂ©nomĂšne d’hypersĂ©manticitĂ© qui l’apparente de trĂšs prĂšs au mot poĂ©tique » Proust et les noms. 11Que dire de Roland Barthes sinon que c’est Roland Barthes – ou bien qu’il est Roland Barthes ? et comment faire la diffĂ©rence entre ce qu’il est et qui il est ? Roland Barthes Ă©crit un Roland Barthes par lui-mĂȘme. Lui m’aime. Que dĂ©sirer d’autre – sinon le mĂȘme, le m’aime » ? Fragment B 12Dans Roland Barthes par lui-mĂȘme on trouve un fragment intitulĂ© j’aime/je n’aime pas ». Nous retrouverons plus tard le verbe aimer » et sa dĂ©claration. Pour le moment, arrĂȘtons-nous sur ce que Barthes dit ne pas aimer. 13La liste commence par les loulous blancs ». Bien entendu je m’inté­resse Ă  la rĂ©pĂ©tition qui forme le mot loulou ». Je remarque aussi qu’il peut paraĂźtre surprenant que le blanc de ces loulous soit enveloppĂ© dans le rejet de celui qui a créé l’expression d’ Ă©criture blanche ». Il faut que le rejet des rĂ©pĂ©titifs loulous soit bien fort pour emporter le blanc avec lui. 14La liste continue les femmes en pantalon, les gĂ©raniums, les fraises, le clavecin, Miro, les tautologies » 15Je m’arrĂȘte Ă  ce mot. Vingt-et-un autres mots et noms vont suivre jusqu’au etc. » final. Tautologie » est le seul terme qui dĂ©signe une forme langagiĂšre il n’y en a aucune dans la liste des j’aime » qui a prĂ©cĂ©dĂ©. 16Qu’appelle-t-on tautologie ? 17Barthes donne l’exemple de Bouvard et PĂ©cuchet le goĂ»t c’est le goĂ»t ». 18Ce qui donne en somme, si on y pense, le principe du fragment j’aime/ je n’aime pas » !!!. 19Le goĂ»t, c’est le goĂ»t et le dĂ©goĂ»t c’est le dĂ©goĂ»t. 20FormalisĂ©, cela donne A est A, B est B, etc. 21B est B, c’est la formule juste. Beaucoup se trompent et disent B=B ». C’est faux. Il existe des centaines de pages dans des traitĂ©s de logique et de mĂ©taphysique pour tenter de dire le sens de B est B », qui n’est prĂ©cisĂ©ment pas une Ă©galitĂ©. 22C’est Heidegger qui a donnĂ© l’expression la plus prĂ©cise d’une pensĂ©e rigoureuse de la tautologie 23 La formule A=A indique une Ă©galitĂ©. Elle ne prĂ©sente pas A comme Ă©tant le mĂȘme. La formule courante du principe d’identitĂ© voile prĂ©cisĂ©ment ce que le principe voudrait dire, Ă  savoir que A est A, en d’autres termes, que tout A est lui-mĂȘme le mĂȘme. [
] 24Il est donc prĂ©fĂ©rable de donner au principe d’identitĂ© la forme A est A, et cette forme ne dit pas seulement Tout A est lui-mĂȘme le mĂȘme, mais bien plutĂŽt Tout A est lui-mĂȘme le mĂȘme avec lui-mĂȘme. L’identitĂ© im­plique la relation marquĂ©e par la prĂ©position avec », donc une mĂ©diation, une liaison, une synthĂšse l’union en une unitĂ©. De lĂ  vient que, d’un bout Ă  l’autre de l’histoire de la pensĂ©e occidentale, l’identitĂ© se prĂ©sente avec le caractĂšre de l’unitĂ© » IdentitĂ© et diffĂ©rence. 25Lorsque Heidegger dit d’un bout Ă  l’autre » il veut rappeler que la philosophie commence par l’énoncĂ© de ParmĂ©nide l’ĂȘtre est, le non-ĂȘtre n’est pas ». De ParmĂ©nide Ă  Heidegger et Ă  aujourd’hui, on s’est posĂ© la question du sens de ĂȘtre. 26ParmĂ©nide l’ĂȘtre est », 2500 ans de philosophie plus tard Heidegger, l’ĂȘtre n’est pas ». Ça pourrait faire rire mais c’est 2500 ans de la pensĂ©e spĂ©culative la plus haute ! Ce qui veut dire que ĂȘtre » n’est rien de simple. Ce n’est pas quelque chose » et en ce sens ça n’est pas. 27Le mĂȘme, idem, est une pensĂ©e aussi difficile que celle de l’ĂȘtre. On est aux limites du langage, le langage dĂ©faille dĂšs qu’on cherche Ă  dĂ©finir les mots les plus banals, c’est-Ă -dire ceux qu’on rĂ©pĂšte sans cesse. Or c’est bien de rĂ©pĂ©tition qu’il s’agit ou de dĂ©port dans la tautologie, B est indiffĂ©remment sujet ou prĂ©dicat, chacun peut ĂȘtre dĂ©portĂ© sur l’autre. Se pourrait-il que cette translation ne touche en rien Ă  B ?. 28Qu’appelle-t-on tautologie ? Une double Ă©nigme ! Énigme que ĂȘtre », Ă©nigme que mĂȘme ». 29La tautologie est-elle clĂŽturante ? Non, Barthes. Non, justement parce qu’il y a Ă©nigme. Et peut-ĂȘtre le pressentez-vous, Barthes
 30Si on admet savoir ce qu’est une tautologie en affirmant qu’elle ne dit rien, pourquoi cette proposition aurait-elle le moindre intĂ©rĂȘt ? Eh bien nous dit ClĂ©ment Rosset, la tautologie rend justice au rĂ©el sur le point crucial de son unicitĂ©, elle nous rend attentif au fait Ă©mouvant que ce qui existe, existe ». 31J’ajoute qu’elle nous rend aussi attentif au fait parfois cruel que ce qui n’existe plus n’existe plus. 32Qu’est-ce qui se passe devant ces faits, ces Ă©motions ? 33Il se passe ce que le bouddhisme nomme en japonais satori le rĂ©veil devant le fait. L’éveil plutĂŽt. L’éveil devant le fait et par le fait. 34Pessoa les choses n’ont pas de signification elles ont une existence. Les choses sont l’unique sens occulte des choses » le Gardeur de troupeaux. Je relĂšve occulte » c’est ce que j’ai tentĂ© de dire, que le sens s’occulte, que le sens unique » s’occulte. 35DerniĂšre remarque l’énoncĂ© de ParmĂ©nide se trouve dans un texte en vers, on parle du poĂšme de ParmĂ©nide. Et le poĂšte nous dit cet Ă©noncĂ© l’ĂȘtre est, le non ĂȘtre n’est pas ». Il nous le dit en hexamĂštres dactyliques et il nous dit que c’est la seule parole, monos mythos, et qu’elle nous conduit hors des sentiers battus ! le contraire de Barthes ! 36Ainsi avons-nous quittĂ© la logique, peut-ĂȘtre la mĂ©taphysique et aussi la rhĂ©torique peut-ĂȘtre ne peut-on penser la tautologie que poĂ©tiquement ? Fragment T – tel 37Ce serait d’abord une poĂ©tique du TEL. Voire une rythmique, une idiorrythmie comme il dit Ă  chaque Ă©tape, on retrouve le TEL. Et d’abord en amour. Comme Ă©crit Barthes 38 Mon amoureux je le veux immortel ». Tel. Tel Quel. 39Cet accueil du tel va conduire Barthes au-delĂ  de la critique de la tautologie. Dans Roland Barthes, roman, Philippe Roger Ă©crit c’est l’un des coups de théùtre de ce discours amoureux que de rĂ©habiliter la tautologie – Ă  sa maniĂšre, la tautologie est intraitable. Ce qui dans la topique amoureuse est bien ». Intraitable la tautologie ? Trop tard
 je poursuis mon petit traité  40Exemples 41 Le bon amour relĂšve de la pure tautologie ». 42 Que dire de ce qu’on aime, sinon je l’aime et le rĂ©pĂ©ter sans fin » ? 43 Est adorable, ce qui est adorable », etc. 44Barthes reconnaĂźt un certain pouvoir hypnotique au stĂ©rĂ©otype quand on est amoureux on rĂ©pĂšte des mots dans la magie et l’enthousiasme. Est-ce la rĂ©pĂ©tition qui engendre la jouissance ? 45Barthes avait examinĂ© cette thĂšse dans le Plaisir du texte pour dire qu’il ne la partageait pas [
] la rĂ©pĂ©tition engendrerait elle-mĂȘme la jouissance. Les exemples ethnographiques abondent rythmes obsessionnels, musiques incantatoires, litanies, rites [
 or] rĂ©pĂ©ter Ă  l’excĂšs, c’est entrer dans la perte, dans le zĂ©ro du signifiĂ© ». 46C’est donc plutĂŽt la jouissance qui appelle la rĂ©pĂ©tition, dont la tautologie est la forme absolue. 47D’un clichĂ© l’autre, du clichĂ© langagier au clichĂ© photographique, ça se dĂ©clenche autrement ; ça devient amoureux. 48Et c’est l’amour qui va conduire Barthes Ă  la photo du jardin d’hiver et Ă  cette affirmation par nature, la photo a quelque chose de tautologique ». Cette tautologie consiste en ce que la photo est littĂ©ralement une Ă©manation du rĂ©fĂ©rent ». 49Le tel » ou le c’est ça » ainsi parcourais-je les photos de ma mĂšre selon un schĂ©ma initiatique qui m’amenait Ă  ce cri, fin de tout langage c’est ça ». Le plat c’est ça » juste ça ». Rien de spĂ©cial. 50Si devant une photo ou un haĂŻku, on est amenĂ© Ă  dire c’est ça, c’est bien ça », ce n’est pas pour Ă©tablir que la photo ou le haĂŻku serait bien conforme au modĂšle, identique au rĂ©fĂ©rent, pas du tout en effet ça » lui-mĂȘme ne prĂ©existe pas dans le modĂšle mais a Ă©tĂ© produit par le texte du haĂŻku ou par la photo. 51À propos de la mimesis, on sait qu’Aristote dans la PoĂ©tique dit d’un bon portrait qu’on pense c’est bien lui » et donc qu’il renvoie Ă©videmment au modĂšle. Mais si on dit c’est ça », on aurait peut-ĂȘtre affaire Ă  ce que Lacoue-Labarthe dĂ©signe comme une mimĂšsis sans modĂšle Je signale que dans la Chambre claire, Lacoue-Labarthe est citĂ© par Barthes, j’imagine que celui-ci a trouvĂ© du plaisir Ă  se fĂ©miniser discrĂštement tout en se tautologisant. Par ailleurs, je me demande si dans la Chambre claire, Barthes ne se prĂ©sente pas tout du long selon une certaine mimĂšsis de la Sainte ThĂ©rĂšse de Bernini – irradiĂ© jusqu’à l’extase – un des derniers mots du texte. 52Le ça » semble d’abord ĂȘtre une pure Ă©manation du rĂ©fĂ©rent, ce qui ferait perdre tout caractĂšre de ressemblance. On oublie alors qu’il a fallu l’intervention du photographe ou du poĂšte comme si leurs Ɠuvres Ă©taient acheiropoĂŻĂštes. 53Barthes le souligne lui-mĂȘme dans la Chambre claire. La Photographie a quelque chose Ă  voir avec la rĂ©surrection ne peut-on dire d’elle ce que disaient les Byzantins de l’image du Christ
 Ă  savoir qu’elle n’était pas faite de main d’homme, acheiropoĂŻetos ? 54Dans la Chambre claire, la note est tenue au sens musical du ça a Ă©tĂ© » au c’est ça » la photo, c’est tout Ă  la fois le passĂ© immobilisĂ© dans le passĂ© et le passĂ© prĂ©sentĂ© au prĂ©sent. Il est difficile alors de ne pas songer au ça » de Freud qui ignore le temps et qui est la prĂ©sence en nous de ce que nous appelons passĂ© ». 55Barthes Ă©crit On dirait que la Photographie emporte toujours son rĂ©fĂ©rent avec elle, tous deux frappĂ©s de la mĂȘme immobilitĂ© amoureuse ou funĂšbre, au sein mĂȘme du monde en mouvement ». On dirait – Ă©crit-il au conditionnel, puisqu’il sait trĂšs bien que la photo n’emporte rien – Barthes pourrait donc bien ĂȘtre d’accord avec ça
 56Je reprends. 57 La photo est littĂ©ralement une Ă©manation du rĂ©fĂ©rent » cela veut dire que la photo coule manare en latin, dĂ©coule de la personne photographiĂ©e, de sa chair » selon le mot que Barthes emploie aussi Ă  ce propos. L’émanation est une provenance physique ou plus exactement chimique, une empreinte, un jaillissement ou un suintement. Bien sĂ»r pour un philosophe le mot Ă©manation » fait penser Ă  Plotin. C’est bien de l’Un que ça Ă©mane ou c’est l’Un qui Ă©mane, procĂšde ou irradie – l’Un lui-mĂȘme
 58L’émanation donne lieu Ă  l’ Ă©vidence rare du “ainsi, oui, ainsi, et rien de plus” ». 59Dans la Chambre claire, il dit de la photo qu’elle n’est jamais qu’un chant alternĂ© » de voyez, vois, voici », qu’elle ne peut sortir de ce pur langage dĂ©ictique. C’est pourquoi elle est si proche du haĂŻku. 60Et pourtant on peut approcher par ce biais la grande tautologie d’Exode, III, 14. 61Ehyeh asher ehyeh. YahwĂ© dĂ©signe la crĂ©ation, se dĂ©signe et nous dit voyez, voici. Voici mon selfie, voici ma photo ! Tel je suis ! tel je serai ! fiat lux, flash. Le sens n’y est qu’un flash, une griffure de lumiĂšre ». Clic ! Barthes aime beaucoup le bruit des appareils photo. 62Il va de soi qu’il n’y a pas de pellicule dans l’appareil, pas plus qu’il n’y a de sĂ© dans le sa Dieu » comme le souligne Barthes dans Comment vivre ensemble ? 63 Dieu comme sa » alors que Dieu = sĂ© absolu puisqu’en bonne thĂ©ologie, il ne peut ĂȘtre le sa de rien d’autre que de lui-mĂȘme Je suis celui qui suis ». 64PhototautothĂ©ologie. 65Et que dit YahwĂ© ou que montre-t-il ? il rĂ©pĂšte RB, Rimbaud cette fois Je est un autre » bien sĂ»r puisqu’il est l’Autre avec majuscule. Dans FDA, Barthes dit que comme sujet amoureux, il n’est pas un autre, qu’il ne peut ĂȘtre autre et que c’est ça qui le rend fou ! 66Donc il est je », je est je », tautologique. DĂ©moniaque la tautologie ? 67C’est le moment de revenir Ă  l’unicitĂ© dont parlait ClĂ©ment Rosset et qui est essentiellement liĂ©e Ă  l’existence rĂ©elle du to auto, du mĂȘme. UnicitĂ© de l’aimĂ©, unicitĂ© de l’instantanĂ© saisi par la photo ou le haĂŻku et unicitĂ© du Dieu unique. Tel El est aprĂšs tout le plus ancien nom du dieu qui n’a pas de nom. Fragment ARTS 68Dans le nom de Barthes il y a le mot arts » au singulier et au pluriel. Jude Stefan a Ă©galement repĂ©rĂ© art » dans le nom de Barthes. J’intĂšgre le s » final pour engager une diversitĂ© de pratiques, puisque c’est ce qui arrive chez Barthes. Était-il gĂȘnĂ© de cette boursouflure au sein de son nom ? mais avec le H E, le nom s’écarte du mot et part dans une Ă©chappĂ©e silencieuse, discrĂšte – hypersĂ©mantique. 69Georges Steiner, dans le commentaire qu’il fait de la tautologie yawhique, pense que ses Ă©chos au xxe siĂšcle sont artistiques ; j’ajoute qu’ils ne peuvent que l’ĂȘtre la tautologie divine ou le divin comme tautologie ne peuvent aujourd’hui qu’émaner - en art. 70L’une des formes artistiques est musicale c’est Schoenberg, dans le MoĂŻse et Aaron. 71Schoenberg ne met pas en musique le je suis qui je suis » mais laisse MoĂŻse dĂ©cliner la liste des traits de son inaccessibilitĂ© ». Inconcevable parce qu’invisible, inconcevable parce que incommensurable, inconcevable parce que infini. 72Les voix qui sortent du buisson ardent tous les modes de voix suggĂšrent que ce n’est que par la pluralitĂ© via une perception fragmentĂ©e, que l’oreille humaine peut saisir l’unitĂ© cachĂ©e de l’auto-dĂ©signation de Dieu ». 73RĂ©pĂ©tons que le MoĂŻse et Aaron est inachevĂ© et que la partition se termine sur le cri de MoĂŻse 74 O Wort, du Wort das mir fehlt » = 75 Rien ne saurait, rien ne peut Lui donner expression. 76O mot, mot qui se dĂ©robe Ă  moi ! » mot, ou verbe »  77Inexpressif YahwĂ© ? Cela doit plaire Ă  Barthes. 78L’autre Ă©vocation est poĂ©tique puis qu’elle se trouve dans le Psaume ou contre-psaume de Celan qui, selon Steiner, en Ă©crivant 79LouĂ© sois-tu, Personne 80paraphrase la tautologie et profĂšre Je ne suis pas ce que je suis » ou Je ne suis plus ce que j’étais ». 81Quand Barthes recherche la bonne photo de la mĂšre – l’aphoto l » apostrophe de l’amer l » apostrophe –, il est seul, sa mĂšre est morte. Seul comme YahvĂ© ? selon Steiner on peut entendre dans la grande tautologie divine, l’écho assourdi d’une solitude infinie, la grammaire du spĂ©culaire dans la tautologie Ă©tant la figuration d’un esseulement ». 82La bonne Ă©manation de celle qui me laisse seul, irrĂ©mĂ©diablement, est aussi celle qui me permet de dire sa tautologie. Mam » c’est presque mĂȘme » aussi bien que m’aime ». Mais c’est mieux encore si m – a – m Ă  la place d’un ĂȘtre » et d’une identitĂ© simple, un avoir » et un rapport, ou bien une exclamation ah !. 83 Oh ! ah ! personnellement j’aime ces interjections trĂšs littĂ©raires ; il me semble que ça dĂ©raidit la syntaxe [
] un oubli du thĂ©tique, un non-contrĂŽle de la loi sujet/prĂ©dicat ; un bref sanglot ou soupir comme en musique ». 84Le dĂ©veloppement d’une tautologie ne peut s’accomplir dans le langage si ce n’est par la rĂ©pĂ©tition toujours Ă  nouveau remarquĂ©e qu’en a faite Gertrud Stein a rose is a rose is a rose ». En se relançant, la tautologie se rĂ©vĂšle infinie. 85 
 Et la littĂ©rature commence, c’est-Ă -dire un langage mystĂ©rieusement tautologique » prĂ©face Ă  Chateaubriand Vie de RancĂ©. 86 A rose is a rose is a rose
 » – On sent bien que c’est immĂ©diatement musical n’est-ce pas, Rose ? RB, Rodolphe Burger pourrait le chanter ?. La tautologie bascule dans l’alogie, dans l’exemption de sens si recherchĂ©e, si goĂ»tĂ©e par Barthes. 87Le poĂ©tique a en charge le bruissement de la langue l’affleurement du sens, l’effloresens s-e-n-s de la pivoine, de la rose en son propre nom – la rose de rien, de personne » dans Psaume, toujours. 88Comme lorsqu’on entend parler une langue Ă©trangĂšre inconnue mais pas trop lointaine, par exemple dans les films d’Oliveira, quand on entend parler portugais et qu’on ne connaĂźt que le français et l’espagnol, c’est trĂšs beau. 89Et si l’on comprend aisĂ©ment le basculement dans le poĂ©tique et le musical, il est remarquable que la tautologie ait aussi ses versions picturales par exemple chez un des maĂźtres du genre de l’art dit tautologique » Joseph Kosuth or – c’est Ă  peine croyable – cet artiste est une rĂ©fĂ©rence de Barthes
 et notamment Thing. 90La chose, dans la dĂ©finition par le dictionnaire du mot chose » montrĂ©e ou exposĂ©e en tant qu’Ɠuvre donne ce que Jean-François Lyotard appelle, Ă  propos de Kosuth, la tautologie visible et lisible » dont la forme gĂ©nĂ©rale est ceci est une phrase » oĂč la phrase devient elle-mĂȘme et une chose. 91Les choses Ă©tant ce qu’elles sont
 Fragment M mĂȘme – le fragment mĂȘme m’aime, mam 92Comment parler, comment Ă©crire quand sont exclus dĂ©finitions, nominations, stĂ©rĂ©otypes, signifiĂ©s, grands mots usĂ©s et usants, quand sont exclus articulations, continuitĂ©s, descriptions, sujets, prĂ©dicats, tous les sujets, tous les prĂ©dicats, tous les mĂ©canismes du sens, les thĂšses, les antithĂšses, la dialectique ? 93Je ne voudrais pas paraĂźtre dĂ©fendre la tautologie. Elle me lasse comme me lassent le sujet, le prĂ©dicat, la copule privĂ©e d’esprit. PlutĂŽt que la nuit c’est la nuit », ĂŽter l’ĂȘtre nuit et nuit ». 94Que reste-t-il de la langue ? Que reste-t-il Ă  la langue ? 95 Seule demeure la langue maternelle », nous dit Hannah Arendt. 96Il ne s’agit pas d’idĂ©aliser la langue maternelle. C’est plutĂŽt le maternel de toute langue qui est en jeu. 97Éric Marty note qu’il avait Ă©tĂ© frappĂ© du fait que la mĂšre parlait le barthes » – j’ajoute les barthes, plus d’une langue. Barthes aura rĂ©pĂ©tĂ© la langue maternelle, il aura dit le mĂȘme qu’elle. Dans la Chambre claire, l’amour de la langue et l’amour de la mĂšre ne font qu’un» Ă©crit Milner. 98Ça – faut-il mĂȘme le dire ? Faut-il dire le rien Ă  dire, le rien du dire ? Barthes se pose la question et rĂ©pond oui »  99 Grand paradoxe d’écriture rien ne peut se dire que rien » prĂ©face Ă  Pierre Loti AziyadĂ©. 100Avec toutes ces contraintes coincĂ©es dans la gorge, avec le sens obstruĂ© », avec rien Ă  dire, Barthes a Ă©crit tout ce qu’il a Ă©crit ; il ne fallait donc pas lui couper la gorge » ce qu’annonce Barthes Ă  ses amis avant sa trachĂ©otomie d’autant que 101 C’est dans le gosier, lieu oĂč le mĂ©tal phonique se durcit et se dĂ©coupe
que la signifiance Ă©clate, fait surgir, non l’ñme, mais la jouissance ». 102Une voix s’éteint l’impossible mĂȘme. Il est impossible que Barthes perde sa voix, mĂȘme si et justement si la voix est toujours dĂ©jĂ  morte ». Le mort ne cesse pas de nous parler, rĂ©pĂ©tant la chose mĂȘme. 103Cher Roland Barthes, Platon et Derrida ont Ă©crit une Thotologie t-h-o-t, du nom du dieu de l’écriture – Thot. 104Me dĂ©plaçant de l’Égypte vers l’Orient extrĂȘme j’aurai tentĂ© gauchement de vous dĂ©sĂ©crire une Taotologie. Latranscription. pdf 273.18 KB. Vous allez Ă©couter un texte lu et Ă©crit par Roland Barthes : « J’aime, je n’aime pas ». Vous dĂ©couvrirez cet Ă©crivain et vous travaillerez l’expression du

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Écoutezle texte lu par Roland Barthes: https: A la maniĂšre de Barthes, dressez une liste de choses que vous aimez et que vous n’aimez pas : j’aime le fromage, les chats, les peintures. je n’aime pas la musique classique, la guerre Cet article a Ă©tĂ© postĂ© dans F2 par Safia Bouchou. Enregistrer le permalien. Laisser un commentaire Annuler la

1er rĂ©seau social enseignant, s'adresse aux professeurs et personnels de l'Education nationale. Ce forum permet de crĂ©er des contacts professionnels et amicaux entre collĂšgues, et d'Ă©changer sur le monde de l'Ă©ducation et la Le texte "J'aime, j'aime pas" par InvitĂ© Sam 27 Sep - 1321Quelqu'un saurait oĂč je peux trouver ce texte de Jacques LacarriĂšre J'aime, J'aime pas....? De prĂ©fĂ©rence sur un site ou si vous l'aviez....Ce serait gentil. .hermioneHabituĂ© du forumje ne connais pas ce texte de LacarriĂšre, je ne connais que celui de roland Barthes, facilement trouvable sur le net.. _________________Il faut toujours un coup de folie pour bĂątir un destin. Marguerite YourcenarInvitĂ©InvitĂ©Oui, j'ai dĂ©jĂ  celui de Barthes. Merci. poupetteNiveau 1je sais qu'il est dans le manuel A mots ouverts dans la sĂ©quence 1 mais je ne l'ai malheureusement pas chez similairesEviter de rĂ©pĂ©ter "ĂȘtre", "avoir", "il y a", "faire", "dire"sequence et texte "la farce du cuvier"Manuel Valls sur les rythmes scolaires La rĂ©forme est "bonne", mais le cadre rĂ©glementaire sera "assoupli"Question sur le "Y" dans "Strophes pour se souvenir"Quel lien entre le nom "Roumanie" et les "Romains"?Sauter versPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum

Citationsde roland barthes 13 citations J'aime, je n'aime pas : cela n'a aucune importance pour personne ; cela apparemment n'a pas de sens. Et pourtant, tout cela veut dire : mon corps n'est pas le mĂȘme que le vĂŽtre. 0. roland barthes. L'automobile est un Ă©quivalent assez exact des cathĂ©drales gothiques. 0. roland barthes. Pour l'Ă©crivain, la littĂ©rature est
ï»żCitation du Jour Proverbes Citations Au Hasard ThĂ©matiques Tops Top 24 Tops de la semaine Tops du mois Collections Citations Quotidiennes Connexion RĂ©cent Populaires Top 10 Tendances Login Passez en mode sombre, plus agrĂ©able pour vos yeux la nuit. Passez au mode de lumiĂšre qui est plus agrĂ©able pour vos yeux pendant la journĂ©e. 96 Vues 0 Votes par Roland Barthes dansAime, Corps, Dire, Importance, Pas, Personne, Sens, ⭐ Citations ⭐ J'aime, je n'aime pas cela n'a aucune importance pour personne ; cela apparemment n'a pas de sens. Et pourtant, tout cela veut dire mon corps n'est pas le mĂȘme que le vĂŽtre. Roland Barthes J’aime, je n’aime pas cela n’a aucune importance pour personne ; cela apparemment n’a pas de sens. Et pourtant, tout cela veut dire mon corps n’est pas le mĂȘme que le vĂŽtre. Roland Barthes Qu'en pensez-vous? Laisser un commentaire © 2022 Les Plus Belles Citations Retour au sommet
Sujet Vive Roland Garros Dim 22 Mai J'aime Je n'aime pas : roufli Gourou. Nombre de messages: 1496 Age: 102 Age & sexe: + ou - comme vous Date d'inscription : Qu'est-ce que la théùtralitĂ© ? C'est le théùtre moins le texte, c'est une Ă©paisseur de signes et de sensations qui s'Ă©difient sur la scĂšne Ă  partir de l'argument Ă©crit. 0 Le femme commence lĂ  oĂč finit l'histoire. 0 J'aime, je n'aime pas cela n'a aucune importance pour personne ; cela apparemment n'a pas de sens. Et pourtant, tout cela veut dire mon corps n'est pas le mĂȘme que le vĂŽtre. 0 L'automobile est un Ă©quivalent assez exact des cathĂ©drales gothiques. 0 Pour l'Ă©crivain, la littĂ©rature est cette parole qui dit jusqu'Ă  la mort je ne commencerai pas Ă  vivre avant de savoir quel est le sens de la vie. 0 Ecrire c'est Ă©branler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, Ă  laquelle l'Ă©crivain, par un dernier suspens, s'abstient de rĂ©pondre. La rĂ©ponse, c'est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa libertĂ©. 0 Le fascisme, ce n'est pas d'empĂȘcher de dire, c'est d'obliger Ă  dire. 6 Le langage est une peau je frotte mon langage contre l'autre. 10 La littĂ©rature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer. 1 La Tour est une dentelle de fer. 5 Le toucher est le plus dĂ©mystificateur de tous les sens, Ă  la diffĂ©rence de la vue, qui est le plus magique. 7 Tout refus du langage est une mort. 4
MonrossT1 BA : + + + + + + + + + - - PA : 0 - 0 0 0 0 0 0 + - 0 Les BA-Titubent partent Ă  l'attaque et seuls, Clothilde .10. et Beths .11. , restent Ă  l'arri
+12smc14ASManSlashertottishevagrandejulien trezeguetpm333sebleouf[Ju31]MetalmanGeoKayserdjedge16 participants roland garrosroland garros a débuté aujourd'hui et il n'y a pas eu de surprises. Mauresmo a gagné tranquillement 6/4 6/4. Chez les hommes, federer a gagné dans la douleur 7/5 7/6 6/2, Nalbandian a gagné avec un peu plus d'aisance 6/2 7/6 6/4 et enfin l'espagnol robredo s'est imposé. Demain, Nadal,Grosjean,Gasquet rentrent en lice Re roland garros par Kayser Dim 28 Mai 2006, 2017J'ai regarder un peu le match de Federer il a pas forcé quand meme. Re roland garros par djedge Dim 28 Mai 2006, 2107attends c'est que le premier tour !! Re roland garros par Geo Lun 29 Mai 2006, 1245Il faut qu'il se chauffe ... lol le favori est Nadal et je pense que les autres vont avoir beaucoup de mal a le bousculer ...Federer et Safin peuvent peut-etre le concurrencer Re roland garros par Kayser Lun 29 Mai 2006, 1952On parle beaucoup aussi de Gaudio le vainqueur de Roland Garros en 2004. Re roland garros par Metalman Lun 29 Mai 2006, 2022J'aime bien Rolland Garros... Invision8 Re roland garros par [Ju31] Lun 29 Mai 2006, 2055Pour les Français Sébastien Grosjean FRA, 21 bat Andrei Pavel ROU 6-3 6-2 6-3Prochain adversaire Vassallo Arguello ArgMarc Gicquel FRA bat Alessio Di Mauro ITA 75- 7-6 6-3Prochain adversaire Kiefer All, 13Richard Gasquet FRA bat Wang Yeu-Tzuoo TAI 6-4 6-1 7-5Prochain adversaire Nalbandian Arg, 3 Re roland garros par Kayser Lun 29 Mai 2006, 2107Gasquet prend Nalbandian au prochain tour, c'est chaud. Re roland garros par djedge Lun 29 Mai 2006, 2155des le début, un gros match qui va etre sur le central. Moi je donne avantage gasquet parce qu il aura le public dans la poche Re roland garros par Geo Mar 30 Mai 2006, 0009Gasquet va tout donner sur ce match il peut faire quelque chose je pense !en plus il y a le public avec lui ... Re roland garros par pm333 Mar 30 Mai 2006, 1817monfils s'est qualifié ou pas je l'adore??? Re roland garros par Kayser Mar 30 Mai 2006, 1928Il a gagné en 5 setsMonfils b. Murray 6-4 6-7 1-6 6-2 6-1 Re roland garros par Kayser Mer 31 Mai 2006, 2025Mauresmo s'est qualifiée contre Dushevina et Federer s'est promené. Re roland garros par julien trezeguet Mer 31 Mai 2006, 2140comme il a plue le match de federer a été interompu Re roland garros par Kayser Jeu 01 Juin 2006, 0058julien trezeguet a écritcomme il a plue le match de federer a été interompuNon le match est terminé Federer a gagné 6-1 6-4 6-3. Re roland garros par julien trezeguet Jeu 01 Juin 2006, 1811je suis deg pour grosgeant il a était éliminé Re roland garros par Geo Jeu 01 Juin 2006, 2315Ouai mais bon 3 français se sont qualifiÚs Julien Benneteau, Gaël Monfils et Paul Henri Mathieu !!!Bravo à eux Pnvision Re roland garros par Kayser Ven 02 Juin 2006, 0057Il en reste plus beaucoup. C'est pas cet année qu'un français va gagner RG. Re roland garros par tottishevagrande Ven 02 Juin 2006, 0238Kayser a écritIl en reste plus beaucoup. C'est pas cet année qu'un français va gagner c est clair et le pire c est que c est pas prét d arriver dans les prochaines années Re roland garros par Kayser Sam 03 Juin 2006, 0138Nadal assuré tranquillement cet aprem contre un américain. Re roland garros par djedge Sam 03 Juin 2006, 1007aujourd'hui, deux gros matchs sur le court central Nadal- MathieuMonfils-BlakeGrosse apres-midi en perpective Re roland garros par ASMan Sam 03 Juin 2006, 1349djedge a écritaujourd'hui, deux gros matchs sur le court central Nadal- MathieuMonfils-BlakeGrosse apres-midi en perpectiveC'est a quelle heure ? Re roland garros par smc14 Sam 03 Juin 2006, 1755ASMan a écritdjedge a écritaujourd'hui, deux gros matchs sur le court central Nadal- MathieuMonfils-BlakeGrosse apres-midi en perpectiveC'est a quelle heure ?En ce moment 5-5 dans le premier set entre Nadal et Mathieu il joue vraiment bien le français Invision8 Sujets similairesPermission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
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