ChâteauDe La Jousselinière à Beaupréau en Mauges Chambres d'hôtes : adresse, photos, retrouvez les coordonnées et informations sur le professionnel . Château De La

Manoir du XIXe siècle entouré d'un parc de 5 hectares. La Jousseliniere est située dans la région des Mauges à proximité de Beaupréau et du val de loire, à 25 Km de Cholet, 40 Km d'Angers et 55 km de Nantes. La propriété comprend plusieurs batiments, entourés par une nature boisée. Des chambres d'hôtes vous sont proposées dans le manoir principal, ainsi que des gites classés "Meublés tourisme **** " dans des maisons séparées. Chambre 75€/JGîte 6p 450€/SGîte 12p 800€/S Paiement Espèces, Chèques

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Guidegratuit - Château de la Jousselinière Maine-et-Loire. Photoalbum, Ferienhäuser Maine-et-Loire, Le Pin En Mauges (49110). Gastezimmer mit Charme Auf Le Pin En Mauges (Pays de la
*** Changement de propriétaires - Disponibilités 2022/2023 *** Le Domaine de La Jousselinière, écrin de verdure et de calme, vous accueille toute l'année au coeur des Mauges, à proximité des villes de Beaupréau 8kms, Cholet 28kms, Angers 43kms et Nantes 55kms. La propriété comprend plusieurs bâtisses, datant du XIVème siècle pour les plus anciennes, et est entourée d'une nature boisée qui rend le lieu particulièrement reposant. L’ensemble architectural du Domaine, agencé autour d’un château datant lui de la fin du XIXème siècle, offre un cachet esthétique de style Anglo-Normand, absolument unique dans la région. Pour vos réceptions de mariage ou tout autre événement privé ou professionnel, le Domaine de La Jousselinière met à votre disposition une salle de réception d'environ 250m², pouvant accueillir jusqu'à 200 personnes assises. Le parc arboré de 5 hectares et les jardins attenant à la salle de réception offrent de multiples possibilités pour organiser un cocktail ou un vin d’honneur en plein air. Des chapiteaux peuvent être installés dans les jardins situés face à la salle de réception ou encore dans la magnifique allée menant à la salle de réception. La situation géograhique privilégiée du Domaine de La Jousselinière vous permettra de fêter vos évènements en toute quiétude jusqu'au bout de la nuit ! Une nursery, toute proche de la salle, permettra aux jeunes parents de laisser leurs bébés dormir paisiblement en toute sécurité. Le Domaine de La Jousselinière vous offre également la possibilité d'héberger vos convives sur place. 43 couchages sont ainsi disponibles au sein de nos 4 gîtes et 5 chambres d'hôtes. Le Domaine de La Jousselinière possède un office traiteur mis à disposition des prestataires lors des réceptions. Le site est toutefois libre de traiteur.
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LeDomaine de La Jousselinière, écrin de verdure et de calme, vous accueille toute l'année au coeur des Mauges, à proximité des villes de Beaupréau (8kms), Cholet (28kms), Angers (43kms) et Nantes (55kms). La propriété comprend

Une randonnée historique commentée de 8 km sur la thématique des Guerres de Vendée s’élancera dimanche 12 mars à 14 heures. Elle empruntera les routes des communes du Pin-en-Mauges, de La Poitevinière, La Salle-et-Chapelle-Aubry et Beaupréau. Cette randonnée est mise en place par la commission Guerres de Vendée de l’office du tourisme de la Vallée de l’Evre, les membres de la commission Guerres de Vendée de Beaupréau-en-Mauges et les membres de l’association Patrimoine de Montrevault. L’idée est de faire découvrir des lieux chargés d’histoire à travers des témoignages concrets, entre fermes et châteaux au pays de Cathelineau, d’Elbée et Perdriau » rapporte Bernard Chevalier. Chacune des étapes sera commentée par des personnes locales. Quelques anecdotes seront rapportées aux participants. Le premier acte verra l’évocation du château de la Jousselinière. La balade se terminera à Barot à La Chapelle-Aubry. Rendez-vous dimanche 12 mars à 13 h 45 à la mairie du Pin-en-Mauges. Chaussures de randonnée ou bottes indispensables. Non accessible aux poussettes. Participation libre et gratuite. Pas d’inscription préalable. Contact Tél. 02 41 75 38 31 et accueil Conférence d’un historien vendredi En amont de la balade historique du dimanche 12 mars, une conférence sur la même thématique sera animée par Dominique Lambert de La Douasnerie, historien, archiviste et auteur de plusieurs ouvrages, spécialiste des Guerres de Vendée, vendredi 3 mars à 20 h 30 à la salle du théâtre à La Poitevinère. Cette conférence sera axée elle aussi sur les fermes et châteaux, mais les explications du conférencier viendront en complément des explications qui seront données lors de la randonnée » expliquent les organisateurs. Courrier de l'Ouest 27 février 2017

Appréciationspour Château de la Jousselinière, Le Pin en Mauges: Appréciation. Opinion par: REYSSET, Mai 4 2012 1:15PM Cadre exceptionnel ! Chateau magnifique. Propriétaires très acceuillants et discrets. Parc idéal pour jeux/pick-nick. Très facile d'accès. La Jousselinière. Opinion par: Delmas, Fev 7 2012 9:58AM Très belle propriété. A retenir ! voir plus

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Digitized by Google NOBLESSE D* AGRIPPA D*AUBIGNÉ ET DE M"^* DE MAINTENON 11 nous apprennent que Jehan de L'Estang, son père, était c qualifié seigneur de Landes-Guinemer, en Blaisois, et était d'une famille bourgoise bien différente de celle de L'Estang, seigneur de Ruies, qui est une ancienne celle de dame d'honneur ou de valet de chambre de la , reine ou du roi à la cour, était môme fort recherchée, si l'on en croit Bernard du Haillan^ et qu'on en peut i juger par le cas de Clément Marot c II semble, dit Ménage, qu^on appeloit valet un gentilhomme tant qu'il n'était pas chevalier, et de même, d'après le président Pasquier, le titre de femme de chambre ou chambérière équivaut à celui de dame d'honneur. i Quel que soit le motif qui ait inspiré à un parent de M™ de Maintenon, en 1700, la note dictée à d'Hozier par L. Leroy de Montaupin, elle constate deux faits qu'il importe de retenir, parce qu'ils confirment tout ce que nous savons de précis le mariage de Jean d'Aubigné avec Catherine de l'Estang, sinon, ainsi qu'il le dit à Blois même, dans le Blaisois, et ce que nous apprend d'Aubigné, dans ses Mémoires la curatelle d'Aubin d'Abbeville, juge d'Ar- chiac, qui avait épousé sa cousine, la femme de chamhre de Jacquette de Moutbron, dame d'Archiac. Cette concor- dance entre les renseignements qu'on cherche à lui opposer et ceux qu'il donne lui-même dans ses Mémoires^ sur ce curateur d'Aubeville, lequel pour debtes immenses du père le fit renoncer à la succession de livres de rente et l'entretint aux estudes du bien € de sa mère, puis l'envoya à treze ans à Genève, pour * Traité des préséances a Le mot de valet estoit lors honorable et signifioit ce que nous appelons aujourd'huy écuyer » cf. Ménage, Dict, étymolog, de la langue française, t. Il, p. 569 ; — Fauchet, livr. I, de Voripine des chevaliers; — Pasquier, Recherches^ livre VII ; Le mot valet s adoptait anciennement à titre d'honneur près les Rois », p. 684 ; — Pierre Pithon , sur Fart. 22 de la Coutume de Troyes ; — do Gange, sur Ville-Hardoin, pp. 273-375 et 33. * Edit. Lalanne 1854, p. 12, qui a lu d*Aubeviile Digitized by Google N0BLES8E D AGRIPPA D lors faisant plus de vers latins qu'une plume diligente n*en pouvoit escrire > , atteste bien la véracité des indi- cations qu'il fournit sur sa famille , en ce qui concerne ces divers points et nous permet d'en induire qu'ils sont de tous autres véridiques. La note de Louis Le Roy, tout en cherchant à amoindrir la situation des d'Aubigné, prouve néanmoins qu'ils n'étaient pas de si basse extraction, puisque l'une de ses cousines épousait un juge et Tautre un receveur d'Archiac On se demandera peut-être également pourquoi, si le père de Jean d'Aubigné appartenait à TAnjou, il était absent de sa province et comment une branche était venue se fixer à Loudun; probablement pour cause de religion, s'il avait embrassé le protestantisme, ainsi que cela parait résulter des opinions dans lesquelles son fils fut élevé. Le fait parait même certain, d'après la note empruntée par M. Drouault à François Le Proust, historien du Loudunois, qui écrivait en 1612, lequel faisait partie de la suite de Du Plessis- Mornay, et par conséquent était bien renseigné à ce sujet. En parlant des personnages importants qui habitaient alors la ville de Loudun, il dit Us avaient suivi la trace ville proche de Loudun, qui, demémequeSaumur, était un foyer ardent de calvinisme \ ^ De la viHe et chasteau de Loudun^ du pays de Loudunois et des habitants de la ville et du pays Saumur, Thomas Porteau, 1612, p. 16. ' C'est à Loadan qu'Agrippa fit imprimer le 3* volume de son Digitized by Google 16 REVUE DE l' ANJOU M. Lalanne, dans sa seconde éditions émet l'opinion que, n'ayant fait mention nulle part dans ses Mémoires^ d'autres ancêtres que ce Savary — la seconde généalogie le nomme Heméry Esméry — , auquel il prétend se rat- tacher, s'il avait eu parmi ses aïeux quelque puissant c seigneur il n'aurait pas manqué, eu égard à son peu de modestie, de le rappeler. » Il importe de ne pas oublier qu'Agrippa ne connut pas sa mère^ et perdit son père en bas âge, lequel d'ailleurs faisait campagne dans l'Orléanais, et l'avait confié à un précepteur, à Paris, qu'il ne reçut doncjamais, à cet égard, les traditions de famille; mais ce Savary n'est point un personnage supposé et ce n'est pas seulement parce que la généalogie en vers le mentionne et que d'Aubigné parle de son existence que nous y devons croire Puis Savary de Guillaume nacquit Qui espousa dame Honneur de la Haye Avec laquelle longuement il vesquit , Ce fut Fan mil trois cens, la chose têt vraye. Des témoignages plus certains l'affirment; ainsi, on le voit figurer au contrat 'de mariage de son fils alpé, Olivier, accordé le dimanche après la fête de saint Martin de Tan 1829* ». Si Agrippa l'a nommé de préférence c'est HisL universelle Sorel, Bibl, franc. ^ p. 335 et le frère de Le Proust, Pierre, avocat au Parlement, dans un commentaire auMl a donné sur la coutume du Loudunais. qui a été publié par son ms, avec Thistoire dont il est question dans la note précédente^ invoque a le témoignage rendu par un juge du pays de Saintonge de la lamille dei d^ubi- gnés, rapporté, dit M. Drouault, au grand Coustumier ». Ce juge ne peut être que d'Abbeville ou Jean d'Âubimé, qui était juge ordi- naire de la seigneurie de Pons d'après d'Hozier lui-même, ce qui liufËt à expliquer les relations des familles Le Proust et d*Aubigné. ^ Jouaust, Paris, 1889, préface, p. iv. * D'Aubigné dît, dans sa lettre à ses filles touchant les femmes doctes de notre siècle Catherine de TEstang, votre grand'mére, laquelle son fils qui en écrit n*a jamais vue, et c'est ce qui m*a donné le nom d'Agrippa. » * Cet Olivier, qui épousait Eustesse du Puy, nièce de Guy Turpîn, pourrait bien être de la famille de Tadversaire de ce d*Aubigné dont parle Agrippa dans son procès de préséance. Digitized by Google N0BLB8SB D*AGRlPt»A D^AUBtÔNÉ ET t>Ë Af»^ DE MAINTENON 1? qu'il fut le père de Pierre^ frère d'Olivier, qui fut le chef de sa branche, ainsi que dénonce Tauteur de la généalogie versifiée De Savary Ton vit issir trois fils Olivier fut Taisné, le second Pierre^ Les descendans d*OIiyier sont finis, Car une fille en devint héritière. Ce Pierre fut de la branche le chef, Quoiqu'elle soit néantmoins la dernière Car je te dy et dyrai de rechef Que ton aisné est fa Jousselinière. La femme de ce Savary, Honneur de la Haye, apparte- nait à une famille puissante de ce nom, qui était de Passa- vant et n'est pas plus du domaine de la fiction que Char- lotte de Brie S en Saintonge, femme de François d'Aubi- gné n'est imaginaire. Si Agrippa, à qui son père, en mou- rant, recommandait ces paroles d'Amboise, auxquelles il est resté fidèle le zèle de sa relligion, Tamour des sciences et d'estre véritable », a manqué parfois de mo- destie, on ne peut lui reprocher son défaut de franchise, qui allait parfois jusqu'à la brutalité, et, s'il s'est montré en sa jeunesse, dans la négociation de son mariage avec Suzanne de Lezay pour s'assurer sa main, moins ins- truit de ses preuves de noblesse que confiant dans leur existence, c'est qu'il avait la certitude de pouvoir les pro- duire. Il était d'ailleurs plus ambitieux de gloire person- nelle, grâce à sa valeur incontestable, que soucieux de faire parade de celle de ses ancêtres et trop occupé, sur le soir de sa vie, du soin de ses œuvres littéraires pour songer à celles de son origine. * C. Port, DicL, t. III, p. 68, Arch. départ., série E, n 2824, p. 306, et un fraçment de généalogie avec ses armes dessinées par Petrineau des Noulis, ainsi que les aveux rendus au seigneur oe Montreuil- BeUay, sér. E, n^» ©1 et 835; — Beauchet-Filleau, Dict, des familles du Poitou^ h. V* ; — Archives de M. le chcfvaiier d'Achon à Gennes Maine-et-Loire; — Barthélémy Roger, ffist. d'Anjou, p. 327; — Ménage, MUt. deSabU, p. 343; — J. Grandet, Angevine, p. 185. S Digitized by Google 18 RBVtlE DE L*ANJOU M. H. Bonhomme, en parlant de la noféce biographique rédigée vers 1730 par la marquise de Villette sur Agrippa, d'Aubigné, ses aïeux et ses enfants, constate avec curio- sité combien ses descendants et ses alliés avaient à apprendre eux-mêmes sur son compte et celui de ses ancêtres, cent ans après sa mort >; il rapproche cette insouèiance avec la préoccupation ingénieuse de jjme de Sévigné à rassembler les preuves éparses des titres de noblesse de sa famille \ L'auteur dé la seconde généalogie en vers, qui parait plus ancienne que celle que nous avons citée plus haut' et qui lui fait dire Je, qui suis vieil et de temps ancien, Plus de deux cens ans ay, pourquoy je puis bien Vous déclarer, certiffier et dire Qui sont ces armes et les noms en descripre, Porter les uns aux seigneurs d'Âubigné Aussi aux dames qui de grand parentage Ëstoient et de noble lignaige. ne s'écarte pas de la précédente par les renseignements qu'elle contient, mais ne commence qu'avec Esméry, époux de Jehanne de Beaupréau * et s'en sépare avec les enfants de ce Savary, alors que l'autre la continue avec les enfants de Pierre d'Aubigné, qu'elle déclare être le chef de la branche d' Agrippa ; la seconde bifurque avec les des- cendants de ce même Savary, représentés par Jean d'Aubi- ^ H. Bonhomme, M^ de Maintenon et sa famille, p. 330 et note. V. Lalanne, Mémoires , édit. 1854, p. 446 ; ces vers sont placés au-dessus d*une figure représentant un homme armé de toutes pièces, le casque en tôte, la visière ouverte, tenant en sa main une lance au haut de laquelle est un étendard de gueules, chargé d*un lion d'her- mines, laquelle surmonte un arbre généalogique formé par Tesca d'alliance du mary et de la femme, est party, ayant autant de branches que de degrez. Collection Duchesne, Bibl. Nat. 9613, F-G, ^ 85 et seqq. • Le fief de Beaupréau relevait du duché de Thouars. V. Invent, des fiefs de la vicomte de Thouars, par le duc de la Trémouille, p. 161. Digitized by Google NOBLESSE D* AGRIPPA D*AUBIONÉ ET DE M"^^ DE MAINTENON 19 gnét époux de Jeanne de Pocé, pour constituer une branche collatérale. Ni l'une ni l'autre de ces filiations ne sont démenties par les actes en notre possession; au contraire, ceux-ci corroborent l'assertion émise par Fauteur de la première , généalogie, que Pierre d'Aubigné fut le chef de sa branche, ce que constatent le Mercure galant de janvier 1705 p. 202 et p. 234, et Prosper Marchand, dans son diction- naire v. Aubigné ad not. T. I, p. 75 ; force est donc bien de leur accorder créance. Car on voit par l'un de ces actes du 21 juillet 1402 noble homme messire François d'Aubigné, chevalier, époux en 1388 d'après la généalogie de Marie de la Porte, fils de Jean d'Aubigné, faire un échange de la seigneurie de la Motte-en- Vallée, que son père avait laissée par son testament aux enfans de Pierre d'Aubigné, au cas que Jean d'Aubigné, son cousin-germain, mourût comme il arriva, sans postérité. » Cette seconde généalogie énonce encore, entre autres faits, qu'Olivier, fils de François, dont il est question ci-dessus, épousa en secondes noces Catherine de la Tour, femme en premier mariage de Thibault de la Haie, chevalier, seigneur de la Salle-de-Vihiers, et fille de Guillaume de la Tour% et n'en eut point d'enfants* Desquelz ne saillit nulz enfans, Parce que estoient trop enciens. Mais il avait eu un fils de sa première femme, Perenelle de la Haie Des dessus diz est descendu Franczoys, Qui espousa environ celuy moys * U comparut à la charte de fondation de Saint-Pierre de Montreuil- Bellay. {Epitome Sancti Nicolaii de Laurent Le Pelletier, p. 142. " Elle figure elle-même, avec son frère, René de la Tour, à Taveu de i486 Arch. départ., sér. E, n* 819, à cause de leurs terres et appartenances de Chassé. Digitized by Google 20 HEVUE DE l' ANJOU D'août mil quatre cens neuf quarante Marie de la Haye\ ce n'est mente. Elle ne ment point, en effet, puisque nous avons entre les mains^ les clauses du contrat de mariage projeté entre . € François d' A ubigné, fils aîné de messire Olivier d'Au- bigné, chevalier, seigneur dudict lieu et du Coudray- ^ Macouard*, avec Marie de la Haye, fille de feu Thibaut de la Haye, chevalier, seigneur de la Salle, et Katherine de la Tour, issue du premier mariage de sa seconde femme », parfaitement conforme en conséquence à ces indications et daté de 1449. Cette ancienne généalogie se termine sur ce nom. Il en a été donné d'autres fragments des diverses branches dans le Mercure galant de septembre 1688, qui fait remarquer que, lors de la réception de Louis d'Aubigné de la Roche- ferrière comme page du roi dans la petite écurie, au mois de janvier 1683, il°* de Maintenon et sa famille, 5me série, pp. 33^-233. * Lettres ibid, et France protestante, v» d'Aubigné ; le contrat de mariage de François d'Aubigné^ seigneur de la Jousselinière, et de Jeanne de la Parniére, du 16 janvier 1458, est dressé à Chinon, devant Barbier, notaire. Digitized by Google / NOBLESSE D' AGRIPPA D*AUBIGNÉ ET DE M°^ DE MAINTBNON 25 Tout en se tenant en garde contre les courtisans, il semble qu*elle soit enfin parvenue à retrouver ces contrats de mariage tant désirés et recherchés % car dans une iettre qu'elle écrit à sa cousine, M"* de Gaylus, petite-flUe de M. de Villette 289 de Tédit. de 1752, t. II, elle lui mande, à la date du 10 mars 1718, une année avant sa mort, alors qu'elle s'était retirée à Saint-Cyr Je suis d de Maintenon eut un instant la pensée d'acheter cette terre q^ae des généalogies de fraîche date, quoique exactes sans doute, lui signalaient. » Digitized by Google 28 REVUE DE l' ANJOU patrimoine de ses pères ne se réalisa pas ; ainsi s'est éteint» avec le manoir des d'Âubigné, dont il ne restait déjà plus que des vestiges à cette époque, le souvenir même de cette famille en Anjou. Si Agrippa n'avait point motif de tirer orgueil de son origine, il n'avait pas non plus lieu d'en rougir , parce qu'elle était, sinon de haute, au moins de vieille noblesse. L'éclat quo lui et sa petite-fille ont jeté sur leur nom n'efface pas et ne faitque continuer celui que leurs ancêtres s'étaient acquis dans notre pays ; mais il n'est point éton- nant qu'après s'être élevée depuis la plus humble condition jusqu'aux marches du trône, M°^' de Maintenon, à laquelle on a attribué faussement la révocation de l'Édit de Nantes, ait rencontré des flatteurs, mais aussi des détracteurs et des envieux, pour lui contester Tauthenticité de cette origine. C. Ballu. Digitized by Google NOBLESSE D* AGRIPPA D*AUBI6KÉ ET DE M"'^' DE MAINTBNON APPENDICE I Géntalogle de la maison d'Anbigné A Mestire Jehan TAubigné, chevalier, seigneur de Brie*. Illustre nom , de TEurope connu , Pour tes hauts faicts et tes grandes vaillances, Tu n'a pas moins mérité de vertu En contractant tes belles alliances. Je veux icy, par un traict de crayon, Faire de toi une juste peinture, Pour présenter à ton beau rejetton*, Le plus parfait qui soit en la nature. \ Ouy, d'Aubigné, mon amy bienf acteur, Né du beau sang qui m'a donné la vie. De tant d'ayeuis Tiliustre successeur, C'est de ton nom la généalogie. Du grand Romain surnommé AlbinuSj Tu peux tirer ton origine seure; César et lui en France sont venus En même temps; la chose je t'asseure. * Nous donnons, d'après M. L. Lalanne, ces curieuses généalogies, tirées, comme nous l'avons dit, d'un Ms. de la collection Duchesne, Bibl. Nat. FG, fo 85 et seqq. * Agrippa d'Aubigné. Digitized by Google 30 REVUE DE L* ANJOU Cet Albintùs qui Aubigny veut dire, A divers lieux son nom a imposé. En maints autheurs tu pouras bien le lire , Car à cecy je n'ay rien supposé. Mais» sans aller rechercher de si loing Ny remuer ces pancartes gothiques, Voyons TAnjou , ton nom n'a pas besoing D'autres secours, estant des plus antiques. On voit encor dedans cette province La seigneurie dont tu portes le nom , Que tes autheurs de noblesse non mince Ont possédez pendant un temps fort loag Un Geoffroy en estoit le seigneur, Environ Tan cent trente avecques mille. Des plus anciens je ne sçay la teneur, La terre estant sortie de ta famille. Dudit Geoffroy vint Jehan son successeur, Qui"* vivait, Tan mil cent dix et soixante. Icellui Jehan estoit un grand chasseur, Et vescut bien vingt ans plus que cinquante. Puis OUivier fut seigneur après luy Du mesme lieu que je viens de te dire, De ses amis le soutien et Tapuy, Et vescut vieil comme on a peu Tescrire. Son fils aisné, apelé Esméry, Qui de la belle Jehanne de Beaupréau, * L'an mil deux cens trente et ung fut mary, Estoit un brave et sage jouvanceau. Son fils, Guillaume, ainsi que lui fut aize D'avoir à famme Aliénor de Coesmes, Qu'il print, Tan mil deux cens soixante et treize, Car sa beaulté fit escrire maintes poesmes. Digitized by Google NOBLESSE D* AGRIPPA d'aUBIGNÉ ET DE M""^ DE MAINTENON 31 Puis, Savary de Guillaume nasquit, Qui espousa dame Honneur de La Haye, Avec laquelle longuement il vesquit; Ce fut Tan mil trois cens, la chose est vraye. De Savary Ton vit issir trois filz Olivier, fut Taisné; le second Pierre. Les descendans d'Olivier sont finis, Car une fille en devint héritière. Ce Pierre fut de ta branche le chef. Quoyqu*elle soit néantmoins la darnière, Car je te dis et diray de rechef Que ton aisné est la Jousselinière. Iceluy Pierre des méchants le fléau , Marié Tan mil trente, avec trois cens, A damoiselle Marie du Riveau , Puis, il fut tué et vengé par les siens. Il eut pour fils un Guyon d'Aubigné Qui fit au monde une bien courte page. Il espousa Jehanne de TEspiné, L'an mil trois cens soixante avec quatorze. Puis vint Morlet qui sçavoit bien combatre, Estant vaillant et brave homme de main. Il fut conjoint, l'an mil quatre cens quatre, A damoiselle Marguerite Goscelin. Thibault, son fils, eut la Jousselinière, Et puis, Tan mil quatre cens trente et plus. Il espousa Jeanne de la Parnière; A leurs enfans je diray le surplus. Leur fils aisné qui fut nommé François, Est chef des sieurs de la Jousselinière, Et le second, Anthoine, a fait le choix, En autre lieu, d'une riche héritière. Digitized by Google 3â ftEVUB DB L* ANJOU G-est au pays de XaintoDge vrayement Qu'il fut conjoint à Charlotte de Brie, Bawe du lieu et d'un grand tënement. Cette alliance à plusieurs fit envie. De lui , vint Jehan son fils et héritier. Qui espousa dame Yoland du Cloître, Qui fut un brave et généreux guerrier. Et qui son nom en maints lieux fit paroitre. De ces conjoints naquirent deux enfans François, Taisné, n'en eut point de sa femme; Pierre, le cadet, succéda à ses biens Et espousa une gentille dame. Elle avait nom dame Françoise de Sourches, D'une maison illustre et de renom, Ainsi que l'ont publié mille bouches, Qui ne pouvaient par trop vanter ce nom. Tous deux estoient de passion très grande, Fort attachez à la Cour de ton roy, Sans intérêts^ n'on jamais faits demande, Mais d'obéir se sont faict une loy, Aussi Henry, ce bon roy de Navarre, Les aymoit fort et estoit leur soutien, Recongnoissant cette attache assez rare Qui vient du cœur et non d'autre lien. Tu es né d'eulx; tu n'a pas moins de cœur; Continue donc ton attache à la fille De ce bon roy, qui est pleine d'honneur Et te chérit ainsi que ta famille. Tu as vers toy une illustre compaigne Et noble dame, Catherine de l'Estang, Dont le grand cœur sa noblesse accompaigne Et sa vertu respond bien à son sang/. ^ L'auteur ne paraît pas avoir connu la mort de Catherine de TEstang^ décédée à Tépoque où il a daté son poème. Digitized by Google N0BLB88B d'AORIPPA d'aUBIONÉ BT DB Mmme au parti Tennemi adversaire. Après cela, ton corps infatigable Et ton esprit qui partout équitable Nous a paru et à tous les vivans, S* est attaché au mestier des sçavans, Digitized by Google â6 AEVUË DB l' ANJOU ' A maintenir les États de Navarre Dont la princessef est d'un mérite rare. Qui, de tout temps, les pauvres affligez De sa créance a toujours protégez. Là 9 ton pouvoir et ton autorité, Ta renommée et grande probité T'ont attiré de ta chère princesse Toute faveur, liberté et liesse; Le chancelier tu es de son Estât , Et de son cœur le premier magistrat.  ton bonheur qui n'est pas sans envie Je prie le ciel de donner longue vie; Et comme un brave et généraux guerrier De te vouloir couronner de laurier. IV Mémoire dicté à M. d'Hozier par messire Louis Le Roy, sieur de Montaupin, petit-fils de Françoise d'Aubigné, dame de Montaupin, le 10 Juillet 1700. € Jean d'Aubigné, de la ville de I^oudun, fut élevé domestique de Jacquette de Montbron, dame d'Archiac, c parce qu'il étoit oncle ou cousin germain de Michelle Jolly, femme de chambre de cette dame, et depuis femme d'Aubin d'Abbeville, juge d'Archiac et de Mathas et curateur de Théodore Agrippa d'Aubigné, fils de Jean. Il étoit aussi cousin d'Andrée Jolly, femme de Martial Bernard, receveur d'Archiac, et sœur d'Anne Jolly, c aussi femme de chambre de Jacquette de Monbron, et elles étoient filles de François Jolly, marchand tanneur c et corroyeur de Loudun , et de Jeanne d'Aubigné, sœur € de Jean d'Aubigné, père de Théodore Agrippa. c Gela fut cause que ce Jean d'Aubigné s'habitua en c Xaintonge, devint homme d'affaires de Jeanne de c Montpezat, douairière d'Archiac, soutint ses intérêts € contre ses enfants, et depuis il soutint pour les enfants Digitized by Google NOBLESSE d'agRIPPA d'AUBIGNÉ ET DE M" DE MAINTENON 37 c contre la mère. De là, il passa au service d'Antoinette € de Pons, dame d'Albret, et, ayant fait ses affaires auprès c d'elle, il épousa, à Blois, Catherine de TEstang, dame des Landes-Guinener et vint s'habituer avec elle, à Pons, dans un petit lieu appelé Saint-Moris, ou naquit Théodore- c Agrippa ». Gopie, d'après M. Lalaxme. de roriginal sur parchemin, au contrat de mariaae de Jean d'Aubigné avec Gatiie- rlne de l'Estang, qui existait dans le manuscrit de la Bibliothèque du Iiouvre contenant les Mémoires » d'Agrippa. Sachent tous que au traité et prolocution du mariage, qui, au plaisir de Dieu, s'accomplira des personnes cy-dessoubs nonimées, ont esté présans personnelle- ment... Jehan d*Aubigné, escuyer, sieur de Brie en Xaintonge, chancellier du roy de Navarre, filz de deffunct Pierre d'Aubigné, escuier, seigneur dudit Brie et de Viguier, en Anjou, et de damoiseiie Catherine de Sourches, demeurant à la suite dudit sieur roy de Navarre, d'une part; et demoiselle Catherine de l'Estang, dame de la Lande de Guinemer, fille de deffunct et noble homme Jehan de l'Estang, escuier, sieur de Pulle, en Angoumois, et de damoizelle Suzanne de la Borde, demeurant à la mai- son noble de la Lande de Guinemer, paroisse de Mer, d'autre... part; lesquels... se sont promis et se pro- mettent prendre à femme mary espoux en face de sainte Église si et quand l'ung par Faulre en sera requis, les solenité de note sic mère sainte Église, catholique, apostolique et romaine^ sur ce gardées et observées. . . Faict et passé, à Orléans, le deuxième jour du mois de juin, l'an de grasse mil cinq cent cinquante. ^ Jean d'Aubigné était donc encore catholique en 1550, ou le tabel- lion ignorant sa religion , a suivi la formule copeacrée. Digitized by Google 38 RSVUE DB L ANJOU VI Certificat de d'Hozier N0U89 Charles d'Hozier, conseiller du Roi, généalogiste de sa maison, juge général des armes et des blasons de France et chevalier des ordres militaires de Saint-Lazare de Savoie, certifions au Roi que demoiselle Marie Elisabeth d'Aubigné a la noblesse nécessaire pour être reçue dans la communauté des demoiselles de Saint -Louis, à Saint glauque, mou- vante et transparente étude de vagues d'Élodie la Villette. Ailleurs, des chaloupes de Timmermans; de Duray, une page émouvante et discrète, rien qu'un moulin baignant sa tache blanche dans un ciel mauve et une eau mauve; Digitized by Google EXPOSITION DE PEINTURE ET SCULPTURE 45 un soir venteux et sombre,'de Gagniart; un soir encore, un soir rouge, peut-être un peu gras, de Tessier je crains que cet artiste fécond ne s'abandonne à une facilité dangereuse ; des bruyères, toujours parfaites, n>ais toujours les mêmes, d'Anglade; de Le Fournis, unejetéedeBegmeil, oùjen'aipas assez reconnu, dans les gris assurément très fins, les volup- tueuses plages si éloquemment peintes par Harrisson, un lumineux sous-bois de Gobô ; des bruyères roses de Ruel et des coquelicots d'une belle ardeur rouge, sur un fond largement aéré et délicatement lumineux ; du même deux aquarelles très claires, auxquelles je préfère cependant ses huiles, claires aussi et plus solides. A propos des aqua- relles, n'oublions pas les fleurs de M°" Faux-Froidure et des œillets de Rivière, toujours exquis et toujours riches. Au coin des scènes à personnages se lisent quelques noms illustres celui de Weerts, sur une étude de torse féminin mis en valeur par un fond brun et rouge un peu dans la manière et dans le sujet d'une toile de Garolus Duran, au Luxembourg; celui de Roll, au bas d'un groupe de femmes en deuil, disparues, corps et visage, sous la grande cape noire agrafée d'argent que Ton porte encore en Bretagne. Citons encore deux intérieurs bretons, l'un de Rivière, l'autre de Thurner, révélant l'un et l'autre chez leurs auteurs une jolie entente des jeux de la lumière et de l'ombre; de Grtln, une femme donnant à des cuivres un poli que leur envierait Bail; de Weis?, assise près d*un flamant rose et lui souriant à demi, une jeune femme assez dévêtue pour nous faire admirer sa taille souple et sa jolie peau de brune; de Darricau, dans un cadre qui est, lui aussi, une œuvre d'art, une scène d'apparence orientale un domes- tique nègre jetant aux pieds d'une houri terrestre des pré- sents dont elle semble faire peu de cas, et qui n'ont point sa beauté, assurément; de Zier, un faune et une faunesse d'une allure franchement paysanne — où l'on peut retrou- ver du Rubens, peut-être du Gervex, et que je préfère cent Digitized by Google 46 REVUE DE l'aNJOU t fois à la nymphe si peu marineront le même auteur nous ât cadeau l'an passé. ' > C'est surtout parmi les portraits que m'ont paru e trouver les bonnes toiles de Maurice Chabas, une colo- rée, intelligente et un peu brigande tête d'homme, feutrée à la mode de Louis XIII; de Massard, une femme au miroir, étude très cherchée, un peu perverse de coloris comme d'expression; de Mercié, un profil fort spirituel, — j'entends ce mot au compte du peintre et du modèle; de Xavier Bricard, dans une gamme blanche, un buste de femme d'une précision et d'un moelleux également remar- quables; de Triquet, encore un portrait de femme, à qui l'État a rendu justice en l'acquérant et où tout, le rendu des chairs et des étoffes, la note d'une cravate mousseuse ou d'une touffe d'oeillets, est d'un art très réfléchi et très sûr. Dans cette série de bons portraits, je ferai une place à part à celui de René Bazin, par Maxence, et à un grand portrait de jeune fille, par Deyrolle. J'ai dit que cette der- nière toile n'était pas facile à saisir d'ensemble, dans l'endroit où on a pris soin de rnclore. C'est très fâcheux. Il y a là une toile de premier ordre, le chef-d'œuvre pro- bablement de ce peintre dans un genre où il parait s'exer- cer de préférence depuis quelques années, abandonnant à demi les scènes de la vie rustique ou maritime qui lui avaient conquis sa notoriété et ses grades. Il faut admirer avec quelle adresse — disons avec quelle émotion artis- tique — il a fait graviter les tons sombres à demi des meubles et des tentures, les velours gris du vêtement très simple, autour des carnations nacrées et fraîches de ce joli et expressif visage, de ces yeux lumineusement bleus et de cette opulente chevelure blonde dont l'or paraît le centre et le triomphe de la composition entière. Quant au portrait de René Bazin, signé d'un des noms les plus dis- tingués de la jeune peinture française, c'est une œuvre également très inspirée et très étudiée, réaliste par le Digitized by Google EXPOSITION DB PBINTDRE ET SCULPTURE 47 f rendu et l'exactitude de la ressemblance voyez de près ces,mainsi et ces yeux!, idéaliste par la discrétion des lumières grises, pîar la souplesse de la touche, et par ce merveilleux et sobre passage — si grand dans sa petitesse -^ sur lequel le maître romancier apparaît, net, précis, élégant sans y tâcher, avec son regard aigu et grave d'observateur et de poète. Les artistes qui brossent de pareilles toiles ne se moquent pas de notre Société en leÉ lui adressant; je suis persuadé qu'à son tour notre Société ne veut point se moquer des artistes. Il y paraît, de toute évidence. Qu'il y paraisse encore davantage, c'est le meilleur vœu que je puisse, en ce mois de janvier, exprimer dans l'intérêt de Tart et de la ville d'Angers. Auguste DupouY. Digitized by Google Digitized by Google L'ABBAYE DE SAINT-MAUR DE GLANFEUH DU X» AU XIII» SIÈCLE Ses relations avec le Mont-Cassin f suite et fin m. Saint-Maur sous la /lépendance du Mont Gassin 1133-1253 En ce sujet si embrouillé nous débuterons par un texte 8ûr> incontesté, admis de tous la bulle déjà signalée du 13 janvier 1154\ Anastase IV, c acquiesçant aux prières de Tabbé Guillaume et marchant sur les traces de son pré- décesseur Urbain II' », place le monastère de Saint-Maur sous la protection du siège apostolique, énumère et confirme ses domaines', autorise de nouveau, à la suite de son pré- décesseur, ceux qui en auront la dévotion à se faire inhumer dans le cloître bénédictin, mais en sauvegardant lui aussi les droits de l'ordinaire c ou du moins s'il ne relâchait pas dautres liens, d'autres droits pouvant être revendiqués, soit par l'abbaye des Fossés, comme le pense D. Tosti, soit plutôt par l'évéché d'Angers, ainsi que nous le dirons bientôt. Quoi qu'il en soit, il demeure bien établi qu'à partir de 1154 tout au moins, le religieux appelé à s'asseoir sur le siège de Saint-Maur, doit sans retard notifier sa nomination au successeur de saint Benoit, la faire approuver, recevoir ^ c Electus autem Casinensi abbati reprœsentetur confirmandus^ a catholico episcopo quem ipse [abbas per suas lîtteras exora- verit consecrandas. Qai nimirum et ejus successores obedientiam abbati Casinensi promittent ; et singulis quinqaennis ipsum Casinense monasterium , tanquam suum caput, humiiitate débita visitabunt. » L*élu devait se présenter en personne au Mont-Cassin . pour y rece- voir la confirmation de son élection et la bénédiction abbatiale ; c'est du moins l'interprétation qui avait prévalu au xiii* siècle. * Le mot justitia désigne ici soit la juridiction spirituelle, soit simplement les redevances dues à Tordinaire. Digitized by Google aàlMT-MAUR DE OLANFEUIL DU X^ AU XIII^ SIÈCLE 51 ensuite la bénédiclion des mains de Tévêque choisi par lui, enfin promettre soumission à Tabbé du Gassin et tous les cinq ans aller lui présenter ses hommages. Ce qui est plus obscur, ce sont les origines de cette législation. Celle-ci date-t-elle seulement du milieu du xii* siècle ? On est tenté de le croire, en lisant le texte précédent, lequel ne fait pas la moindre allusion à un état de choses antérieur. Tel n'est pas pourtant l'avis de la plupart des historiens, moines et autres, qui ont écrit sur ce sujet depuis trois cents ans ils assignent à cette législation une date beaucoup plus reculée, étayant leur opinion sur trois bulles pontificales, d'Adrien I^' 30 mars 787, de Nicolas P' 863-864% et d'Urbain II 21 mars 1097*. Ces documents, en effet, contiennent toutes les dispositions de 1154, voire même quelque peu aug* mentées et embellies. Il suffira de citer le principal passage de la bulle d'Urbain II, ne différant du texte donné par Adrien I' que par deux ou trois additions ou par des variantes insigni- fiantes'• a L'élu des moines de Saint-Maur, y est-il dit, sera bénit c au Mont-Cassin, suivant la teneur de leurs privilèges^. C'est aussi en ce dernier monastère qu'on choisira le nouvel abbé, si par hasard Glanfeuil ne comptait aucun moine capable de le devenir*. Et ainsi l'abbé de Saint- ^ Les deux premières^ extraites da Codex 7157 de la Bibliothèque vaticane œuvre de D. Margarinî, moine du Mont-Cassin, mort en 1681, ont été publiées par Pflugk-Harttung , Acta Pontificum roma- norum ineditq [1884», t. Il, pp. 25 et 30, n*» 51 et 59. Jaffé, Reg, Pontif. rom.^ I, no 2457 et 2868, les range parmi les apocryphes spuria. * L'original ou prétendu original de la bulle d'Urbain II .se trouve au Mont-Cassin. Ëdit. D. Ruinart^ Apologie de la mission de saint Maur. in-8 Paris 1702, pp. 142-146; Mabillon, Annales 0, S. 1. 69, no 84 fragment; Mansi Coll. ConciL, XX, 928; Migne, P. Z.., t. eu, c. 489; BuUarium Bomanum, in-4'> 1859, II, 178. , • La bulle de Nicolas 1 ne fait que confirmer, d'une manière générale, celle d'Adrien. * Anastase IV ne dit rien de ces privilèges, donnés ici comme antérieurs au ix* siècle. ' Cette phrase ne se trouve pas dans la bulle de l'an 787. Digitized by Google 52 REVUE DE L' ANJOU Maur, ayant reçu le titre de prévôt et de vicaire de fabbé Cassinien pour toute la Gaule, retournera en son abbaye. Tous les cinq ans il visitera le sanctuaire du bienheureux Benoit et, durant cette visite, aura le rang c qu'occupait jadis saint Maur. Il ne sera soumis à personne» sauf à Tabbé du Cassin, avec lequel il traitera de la dis- cipline monastique. De plus, nous entendons protéger € par toute la terre labbaye de Glanfeuil avec ses églises et autres dépendances et nous interdisons à tout évêque d'étendre sur elle sa juridiction^. » La plupart de ces prétentions ont été glissées subrepti- cement dans le mss. latin 5344 xii* siècle de la Biblioth. Nat., déjà signalé^ et qui coniienlV Historia Translationis sancti Mauri de Tabbé Odon. Ce dernier écrivain, témoin oculaire des faits, avait raconté comment les moines des Fossés obtinrent du comte Rorigon le monastère de Glanfeuil et en demeurèrent les paisibles possesseurs durant un certain laps de temps, en particulier sous le gouvernement du prieur Gauzbert Histor. n^ 14, 16 et 19. Ëdit. de Mabillon. Or ces trois passages de V Historia ont été, dans le manuscrit 5344, soigneu- sement grattés — comme le démontrent Tétat du par- chemin et la pâleur de l'encre — et remplacés par trois textes nouveaux, suivant lesquels le pape Adrien I établit Tabbé de Glanfeuil prévôt ou vicaire du Mont-Cassin fol. 40^% 4r, et Goslin nouvellement élu abbé de Saint-Maur se rend en Italie près de Théodémar abbé cassinien pour y recevoir le vicariat en question fol. 42'^. On ne fausse pas rhistoire avec moins de sans-gêne ! Toutefois Tinterpolateur maladroit — qui sûrement n'était pas moine des Fossés — n'a pas remarqué la bévue chronologique qu'il commettait en associant Adrien P t795 et Théodémar f 797 à Goslin, postérieur d'un demi-siècle. * Cette dernière phrase est donnée* seulement par la bulle de 1097. Page 411. Digitized by Google 8AINT-MAUR DE GLANFEUIL DU X AU XIII SIÈCLE 53 Il suffit d'avoir signalé le procédé de ces malencontreuses interpolations pour montrer ce qu'elles valent au point de vue historique. Tout au plus prouvent-elles qu'à une cer- taine époque, probablement dès la fin du xii'' siècle, la thèse soutenue par les trois bulles d'Adrien P% de Nicolas et d'Urbain II était admise en Anjou. Dom Mabillon, D. Ruinart et à leur suite presque tous ceux qui ont écrit sur ce sujet ont cru également à l'authenticité de ces pri- vilèges anciens et même y ont vu une preuve sérieuse de la tradition qui identifie le fondateur de Glanfeuil avec le disciple de saint Benoit'. En revanche, d'autres les rejettent comme apocryphes, les assimilant à la bulle du pape Zacharie 18 février 741, qui place le Cassin au-dessus de toutes les abbayes du monde, même de celles devant être construites à l'avenir". Examinons ces textes l'un après l'autre, d'abord la bulle d'Adrien I** écrite à Rome le 30 mars 787, en présence de l'empereur Gharlemagne et à la demande de Théodemar, abbé du Cassin'. Ce document, au dire de Pflugk-Hart- ^ Hoc unum argamentum [balla Adriani] evincit contra quosdam criticos missionem sancti Mauri a sancto Benedicto in Gallias, cam non alio titulo Casinates Giannafolium répétèrent quam quia colonia erat monasterii Casinensis. » Mabillon, Annales, 1. 25, c. 61. — a Cette dépendance de Glanfeuil du Mont-Cassin, avant môme la publication de la Vie de saint Maur [par Odon , en 863] , étant bien établie [grâce à la bulle de 787], il n'est pas besoin de Rrand raison- nement pour faire voir que c'est une preuve certaine de la mission de saint Maur... » D. Ruinart, Apologie , p. 31. ' a Casinense caenobium exaltantes, decernimus ac in perpetuum confirmamus ut supradictus locus dignitate, vigore ac honorificentia praBcetlat omnia monasteria quaB constructa vel construenda sunt in toto orbe terrarum ; abbasque ejusdem loci celsior ac celebrior existât omnibus abbatibus eamdem regulam tenentibus... » Bulle de saint Zacharie. Edit. Margarini Bullarium Casinense 1650, 1,3; Acta 55., octobre VIII 1883, çp. 152-153; Tosti, Storia délia badia di Moniecasino, 1, 275-280 2* édition ; card. Bartolini,Z>tS. Zaccaria papa e degli anni del suo pontificato, Ratisbonne 1879, n^ 24 des Documents. Sur la fausseté de cette pièce , vainement défendue par le précédent auteur, op, cit, pp. 264-294, cf. Dom Chamard, Les reliques de saint Benoit chap. xv*, ouvrage qui parut dans le Contemporain, 1881-1882; cf. aussi les NeuesAr€hivlX\S83p, 418. ' En réalité, cette pièce, telle que nous Tavons, est datée du Digitized by Google 54 REVUE DE L* ANJOU tung\ c est manifestement très en désordre, comme en témoignent les formules employées, soit qu*il soit faux d'un bout à Tautre, soit que là présente copie ait subi des inter- polations, ou ait été faite d^une manière très défectueuse ». En outre, pourquoi est-il passé sous silence dans les lettres pontificalesde 1096 et de 1154 réputées authentiques, tandis qu'il est mentionné dans les bulles de 863 et de 1097, plus que douteuses, comme nous le verrons tout à l'heure *? Pourquoi est-il omis par le chroniqueur Léon d'Ostie, mort vers 1115? Celui-ci s'étend pourtant avec complai- sance sur la visite deCharlemagne à son abbaye en l'année 787 et n'oublie pas de signaler deux diplômes accordés en cette circonstance au Mont-Cassin ^. A la suite de cette entrevue, le roi carlovingien demande et obtient quelques" moines pour rétablir en ses États la discipline monastique; il reçoit encore le coutumier cassinien , avec le poids et rhémine servant à déterminer la quantité de pain et de vin donnée aux frères *. Voilà ce que raconte Léon d'Ostie. a 30 mars an V d'Adrien [777], indiction XL » ; mais en 777 Charle- magne n'est pas allé à Rome et Tindiction était XV. Cette double erreur de la date disparait si on admet, avec Jaffé, que le copiste a oublié le chiffre X en transcrivant l'année pontificale. Il faudrait donc lire Hadriani paps a?ino XV, indict. XI » , ce qui désigne 787 et concorde avec le voyage de Charlemagne en Italie et au Mont-Cassin. ^ Acta Pontifie, romanorum inedita 1885, II, p. 25. * La bulle d'Adrien fut alléguée pour la première fois en 1263 contre l'évêque d'Angers, qui prétendait avoir juridiction sur le monastère. Mais ou le texte ne fut pas présenté aux juges pontifi- caux, chargés d'examiner cette affaire, ou son authenticité fut mise en doute. Car le pape Innocent IV donna raison à l'évêque. ^ La visite du roi Charles aux moines de saint Benoît est men- tionnée encore dans un catalogue d'abbés qui s'arrête à Bassatius, V. 837 Mabillon, Annales, 1. 26, c. 61, et dans la Continuatio romana de VHistov-e des Lombards, de Paul Diacre Bouquet V, 190. Les diplômes en question, conservés par le Regeste de Pierre Diacre, ont été édités par D. Tosti. Storia délia badia., I, 287-292. * Reversus igitur post ista in Franciam , mox ad hune abbatem [Theodemarum] per Adelgarium episcopum litleras destinavit, rogans ut aliquot sibi de monasterio nostro fratres ad ostendendam seu constituendam in illis partibus reguiaris discipline normam transmitteret. Quod et fecit, mittens illi etiam regulam et hymnes, Digitized by Google SAINT-MAUR DE GLANFEUIL DU X* AU XIII» SIÈCLE 55 Quant à l'abbé de Glanfeuil, HUU ahhatiœ Casin. 1733, in-fol., p. 303, col. 1. * Cf. p. 424. , * Ces deux éléments chronologiques concordent. * a Partemque Regulae, propria sancti Benedicti manu exaratœ. » ' Le 9 novembre 1701 , Gattola écrivait à D. Ruinart Neiranno 1133. Droggo abbate di S. Mauro fu benedetto in questo monasterio fdi Casino] da par Senioretto abbate. » Correspond, inédite de Mabillon et de Montfaucon avec P Italie, accompagnée de notices et d'éclaircissements^ par M. Valéry. Paris, 1846, in-S», III, p. 121. Cette lettre a été écrite dans le but de convaincre Mabillon et Ruinart, qui avaient mis en doute la dépendance de Glanfeuil relativement au Mont-Cassin cf. Acla sanctorum 0, S, 8,, Sœc. IV, par. 2», Observationes prœviœ ad. Histor, Translat. S, Mauri, n 6 ; et, .de fait, Tun et l'autre se laissèrent persuader, comme Tavoue D. Rui- nart Apologie de S. Maur, Digitized by Google SAINT-MAUR DE GLANFEUIL DU X AU XIII^^SIÈCLE 61 et encore celui de MabilloD, qui, s'appuyant sur une vieille charte, ex veteri membrana casinensi, donne à la visite du 10 mars un tout autre dénouement\ Est-il besoin de dire que ce Jean Marsicanus, successeur de Drogon démis- sionnaire, est introuvable dans nos archives angevines? Le Regeste de Pierre Diacre joue même ici de malheur car le cartulaire de Saint-Maur, peu coutumier de détails* aussi précis, déclare formellement que Drogon, après sa mort^ eut pour successeur l'abbé Guillaume* ». Nous serions pourtant, volontiers, moins sévère pour un bref du pape Eugène III, écrit de Tusculum, le 5 août pro- bablement en 1149" et p,ublié par le même Gattola, d'après ForiginaP bref rappelant simplement à Tabbé de Saint- Maur qu'il doit obéissance et soumission à celui de Mont- Cassin, avec visite tous les cinq ans; car il est possible, pro- * Suivant Mabillon Ann, ben., 1. LXXVI, n25, dernier vol., a Drogon^ introduit dans la salle capitutaire, fait un discours aux moines du Cassin. Il leur rappelle les liens d'indissoluble charité qui unissent à leur monastère Glanfeuil fondé par saint Maur et il ajoute qu'il est venu renouveler cette alliance. » Tout ceci est naturel et bien admissible. Ce qui Test moins, à notre avis, c'est la réponse prêtée par Pierre Diacre à l'abbé Sénioret,qui aurait allégué aussitôt, comme preuve de l'antiquité de cette alliance, la bulle d'Adrien 1er 782 et une lettre de Charlemagne dont il donne lecture, mais que Mabillon ne. publie pas. * • Defuncto vero predicto abbate [Drogone], Guillermus abbas iqui ei in regimine successit, Charte 60e, édit. Marchegay, p. 401. ' Datum Tusculani nonis augusti. » L'année n'est pas indiquée; mais on sait que le pape Eugène 111 séjourna à Tusculum seulement en 1149, du 8 avril au 25 novembre. Cf. Jaffé, Regtsta, * Histor, Abbatiœ Casin,, p. 303. — Nous avons inutilement cher- ché ce bref parmi les 1035 lettres ou privilèges d'Eugène III signalés par Jaffé Begesta, II, 1888, pp. 20-89 et p. 758. Dès 1147, au témoi- gnage des Annales Casinenses qui vont de l'an 1000 à 1212, a Ëugenius papa, Antisiodorum veniens, monasterium sancti Mauri sub obe- dientia cœnobii Casinensis manere confirmavit^ abbate prius ab obedientia episcopi Andegavensis soluto. » Edit. Gattola, Accestioneë ad ffist, abb. Casin., in-fol. 1734, ç. 829, cité par D. Bouquet, XIII, 736. On peut admettre ce passage, amsi que le bref du 5 août 1149, à condition toutefois d'insister un peu moins que le fait l'auteur des Annales sur l'exemption de la juridiction de rordinaire. Car le suc- cesseur d'Euçène Iil, en 1154, sera moins explicite sur ce point ; et quand, au siècle suivant, cette question d'exemption sera agitée entre l'évoque d'Angers et l'abbé de Saint-Maur, celui-ci n'aura à présenter aucune lettre pontificale vraiment démonstrative! Digitized by Google 62 REVUE DE L'aNIOU bable même, que ces dispositions, promulguées officielle- ment par la bulle de 1154, dataient déjà de quelques années, ayant été Tobjet d'un accord préalable conclu entre les Isupérieurs des deux monastères; il est même permis de conjecturer qu'elles remontent au susdit pèlerinage de l'abbé Drogon 1133 qui, en eQet, se rendit en Italie, sui- .vant la version de Mabillon, pour renouer et renouveler en la transformant l'antique alliance d'amitié fraternelle, unissant jadis la fondation de saint Maur à celle de son père et maître saint Benoît'. Quoi qu'il en soit, ûous avons la réponse de Tabbé Guillaume. Elle est adressée à l'abbé cassinien, et comme le bref ci-dessus, doit être fixé probablement à 1149, Guillaume se borne à constater que s'il a laissé passer le temps de la visite quinquennale, ce n*est point par mépris, mais à cause des difficultés et des frais du voyage, promet- tant, d'ailleurs, à son vénérable correspondant de le visiter à la première occasion*. Et de fait, le voyage ici projeté fut exécuté vers la fin de 1153. Du moins, nous sommes amenés à adopter cette date par celle de la bulle d'Anastase IV, obtenue le 13 janvier * Drogo... dixit quo pacto Glannafoliensis ecclesia a beato Maaro, saDCtissimi Patris Benedicti discipulo, exstructa faerit, et insolubili caritatis vinculo Casinensi sociata et adstricta. Qua propter illuc se venisse ut hanc confœderationem denuo sarciret ac renovaret. p ' R.[ainaldo], Dei gratia cardinal! presbytero et ecciesiœ Casinensis venerabili abbati, omnique conventui sibi a Deo commisso, G[uillel- mus] eadezn gratia abbas sancti Mauri cum suis subjectis. subjecti>- nem et obedientiam quam débet ecclesis Casinensi ecclesia sancti Mauri. Quia Casinensem ecclesiam non visitamus, sciatis rêvera quod non ex contentu [contemptu] proficiscitur ; sed diversa nobis immi- nent gravamina, labores scilicet itineris et sumptus, et alia qaibus indigemus. Sed, cum opportunitas se obtulerit, vel nos vel nuncii nostri vestro conspectui se representabunt ; domino quidem Simoni dilecto filio et consanguineo vestro, sanctœque Romanœ ecclesis subdiacono, obedientiam et reverentiam tanquam personœ vestr» exhibuimus. Rogamus itaque Paternitatem vestram ut, sicut bonum et pium Patrem decet, in temporalibus nobis subveniatis. Valete. » Édit. Gattoia, Hisi, abbatiœ Casin,, p. 303, ex originali. Une copie se trouve à la Bibl. Nat. Latin 12683, foi. 339. Digitized by Google SAINT MAUR DE OLANFËUIL DU X^ AU XIII SIÈCLE 63 de Tanûée suivante à la demande de Vabbé Cruillaume et aussi par un texte tronqué des Annales CassinenseSj rela- tif à 1153\ ainsi que par un diplôme du 27 décembre de cette même année, consigné dans le Regeste de Pierre Diacre. Bien que ce dernier texte, adressé parRainaud à l'abbé de Glanfeuil, et très probablement refait et embelli par le bibliothécaire du GassinS soit un peu suspect, — car il réédite toutes les clauses des bulles apocryphes d'Adrien et d'Urbain II * — cependant nous ne nous croyons pas autorisés à rejeter la conférence qu'il suppose entre les deux abbés et que devait couronner la bulle du 13 janvier 1154, connue du lecteur. D. Tosti croit que cette entrevue avait pour objet les intrigues des moines des Fossés, toujours désireux de recouvrer leur prieuré de Glanfeuil*. Nous pensons plutôt qu'il s'agissait de mettre ce dernier monastère à Tabri de la juridiction de Tévêque d'Angers, en particulier de préve- nir etd'empécher ce que les religieux de cette époque redou- ' Les Annales CasinenseSy 1000-1153, éditées par Gattola, Accès- siones ad HUt. abbatiœ Casin. 1734, p. 830, consacrent à Tannée 1153 six lignes y dont la dernière est ainsi libellée c Abbas monas- terii sancti Mauri ad hoc monasterium . * . . * . . * . » ' Gette charte de Tabbé Rainaud a été écrite t in Monte Casino^ anno Domini 1153, indict. 11^ 6 kal. januarii, per manum fratris Pétri, archibibliothecarii sancti Casinensis cœnobii... d Ëdit. par Gattola, ffUt. ahb. Casin,, p. 302, d'après le Regeste de Pierre Diacre, p. ^. n° 83. Trente ans avant de publier cette Hist abb. Casin. ^ Gattola avait écrit à D. Ruinart 9 nov. 1701 a neir anno 1153, Vilîelmo abate di S. Mauro anco fu benedetto in qaesto monasterîo da Rainaldo ». Correspondance inédite de MabiÙon avec l'Italie, in-8o 1849, III, p. 13â. Malheareusement il ne donnait alors aucune Sreuve de cette bénédiction abbatiale et oublie de la mentionner ans Bon grand ouvrage. * Signalons seulement une variante suivant la bulle de 1097, à défaut d-un moine de Glanfeuil digne des fonctions abbatiales, on devait choisir un religieux cassinien ; suivant la charte de 1163, dans le cas énoncé, Télection devait être faite consilio et lioentia abbatis Casinensis ». * Guglîelmo, abate di questo monastère [GlanafolioJ, erasi recato in Montecassino forse per richiamare contra i monacni Fossatensi che volevano cacciarsi nelle bisogne délia sua badia. » D. Tosti II, p. 111. Digitizedby Google 64 REVUE DE L* ANJOU taient si vivement laprofessiond'obéissancefaiiepavY^hhé entre les mains de Tordinaire, avant de recevoir de lui la bénédiction abbatiale \ Ce serment de soumission , — car une simple promesse était jugée insuffisante par l'autorité épiscopale*, — et qui devait être consigné par écrit, mal- gré les répugnances de Télu', devint, principalement au xii"* siècle, la source de grosses difficultés et de longs pro- cès. Tel abbé, pour n'avoir pas voulu céder, ne reçut jamais la bénédiction abbatiale et gouverna son monastère sans le bâton pastoral, sine cambuta pastorali*. Tel autre, ayant eu la faiblesse de faire cette profession, ne put rentrer dans son abbaye au retour de la cérémonie, il en trouva les portes fermées et dut démissionner*. Ici, c'est Geoffroy, abbé de la Trinité de Vendôme, qui, par un excès de simplicité acquiesçant au conseil dTves de Chartres, lui voue obéissance et ensuite s'en plaint amèrement*. Là, * Sur ce sujet, voir Mabillon Acta xanctorum Sœc. VI, pars 1*, n» 15 à 31 de la Préface; Bouquet XIV, pp. 31 à 23 également de la préface. * Tel n'était pas l'avis de Fulbert de Chartres, écrivant vers Tan 1008 à l'évéque d'Orléans L'abbé de Fleury vous doit la soumis- sion ; sacramenta vero et caetera quae ad legem mundanam pertinent, missa faciatis. » Lettre 17, dans Migne, P, L., t. CXLI, col. 308. Boson, quatrième abbé du Bec, interrogé à plusieurs reprises par l'évéque de Rouen, s'il veut être obéissant, répond volo, mais refuse de dire profiteur. Cf. Hist, de r abbaye du Bec, par le chanoine Forée, 11901, p. 289. ' Saint Anselme condamne formellement cette exigence épiscopale Toujours, dit-il, nous devons confesser par nos paroles et nos actions l'obéissance due aux supérieurs aux évéques ; mais le faire par écrit, alors que nous n'avons jamais manqué à nos devoirs, est certainement superflu. Si un prélat veut nous obliger à cet acte. Quand nous sommes élus abbés, A agit sans motif, sine ulla ratione neri videtur. » Lib. II, epistol. 53, dans Migne, P, L,, t. CLVlil, col. 1206. * Ordéric Vital, ad annum 1099, cité par Mabillon; n* 24. * C'est ce qui arriva, en 1110, à Guillaume, abbé de Saint-Germain- des-Prés. Cf. Bouillart, Histoire de Cabbaye de in-fol. 1734, p. 81. a Vous m'appelez votre profês, écrit-il à l'évéque de Chartres; il serait plus juste de dire que j'ai été sacré par vous... Par un excès de 8imlicité j'ai cédé à vos avis, péchant par ignorance ; vous, vous avez agi sciemment... » Lettre 7e du 3» livre, dans Migne, Pat, Lai, ^ Digitized by Google 8AINT-BIAUR DB GtANFBUlL DU X^ AU SIII^ SIÈCLB 65 c'est Tabbé de Marmoutier qui lutte longtemps et au prix de grandes dépenses , pour conserver ses privilèges d'exemption*. De pareilles difficultés pouvaient, d'un jour à l'autre, diviser Tévêché d'Angers et le cloître de Glanfeuil*. Si nous ne nous abusons, ce fut pour les prévenir que Tabbé de ce monastère se rendit en Italie et contracta alliance avec la célèbre abbaye de saint Benoit 1133 et 1153, obtenant du Souverain Pontife 1154 qu'en souvenir de saint Maur, ses successeurs seraient confirmés et bénits au Mont-Gassin et promettraient obéissance, non au prélat ôonsécrateur ni à l'évèque diocésain, mais à l'abbé même du Cassin. L'ex- plication, très vraisemblable en elle-même, reçoit une con- firmation nouvelle des circonstances qui, un siècle plus t. CLVII, col. 75. — Dans son opuscule I0, Geoffroy appelle cette profession c execranda promissio », Migne ibid,, col. 337. Ailleurs, il repousse le titre injurieux d'acéphales appliqué aux abbés non soumis aux évéoues c acephali non sumus, quia Christum Salva- torem caput haoemus, et post ipsum Romanum pontificem. Hoc caput haouit monasterium nostrum in initio sui et habebit, Deo aaziliante, usque in finem sœculi. » Ibid., col. 95. Cf. Chronic. Vin- docinense anno 1132, apud Marchegay, p. 173. * c Vous savez mifiiu iue moi combien cette fâcheuse contesta- tion a occaswtmé de frais au monastère et à vous de peines. Je vous conaeilie donc, l*abbé vous promettant Tobéissance qui vous est due, de consentir à la paix, afin que vous puissiez passer tranquillement le reste de vos jours... » Lettre d'Yves de Chartres à l'archevêque de Tours, dans Sfigne P. L., t. CLXII, col. 237. ' Nous sommes mal renseignés sur les relations des évéques et des abbés angevins du xiie siècle. Nous savons seulement qne les abbés de Saint-Florent> près de Saumur, n'étaient pas astreints à cette profession , objet de tant de controverses ; c'est ce que cons- tate le chroniqueur de l'abbaye € Quœ libertas hactenus manet inviolata, ut in subrogatione abbatum, quocumque loco sacratio [abbatialis] daretur ut vidimus et accipimus, nuilus Andegavorum prœsulutn professionem vel obedientiam expetivit. » ffist. Sancli Florentii Salmurensis^ dans Chroniques des Eglises d'Anjou^ de Marchegay 1869, p. 254. — Cependant c'était l'évoque d'Angers, semble-t-i], qui bénissait habituellement les abbés de Saint-Florent et de SainIrAubin; c'était lui qui leur donnait la juridiction spiri- tuelle. L'élu était présenté au prélat a ut episcopus [data benedic- tione consecrans, ajoutent certains textesj ex more ecelesiastico curam committeret animaram ». Cf. VHistoria Sancti Florentii^ éd. par Marchegay, pp. 296 et 323, la Chronic. S. Albini. Ibid., p. 26, et surtout le Cartulaire de Saint-Aubin, l, pp. 48-55. Digitized by Google 66 HfiVUB DB L'ANJOU tard, annulèrent la bulle d'Anastase IV Tévêque d'Angers, Michel de Villoiseau, réclamant alors pour lui-môme les droits concédés au prélat cassinien et exigeant en particu- lier de Tabbé de Saint-Maur t utsibiprofessionemfaceret idem abbas, et ipsum ad visitationem et correctionem admitteret » 1252. L'union des deux communautés dura un peu plus d'un siècle, /L'histoire en est peu connue. Notre abbé Guillaume II de Normandie, à la veille de sa mort, obtint d'Innocent III 23 mars 1203 n. st. la confirmation ou plutôt la réédition du pacte de l'an 1154*. Ses deux succes- seurs, Renaud, oublié jusqu'ici dans toutes les listes des abbés de Glanfeuil% et Aimery", observèrent sans doute fidèlement les clauses de ce pacte; mais il n'existe aucun texte à ce sujet. A la mort de ce dernier 1233 ou 1284, les religieux élisent leur prieur Etienne pour le remplacer, puis ils en donnent avis à labbé de Mont-Gassin, Landulfe\ qui répond en ces termes 25 avril 1234 ^ La balle d'Innocent III reproduit textuellement celle d'Anastase IV, sauf les souscriptions et quelque» modifications dans l'orthographe des noms de lieux. L'original se trouve au Mont-Cassin Capsula diplom. 2, n* 12. L'auteur de la Description illustrée du Mont-Cassin 1888, in-12, imprim. de l'abbaye place ce parchemin parmi ceux exposés au public à cause de leur intérêt spécial p. 187. Il en existe une copie à la fiibl. Nat. Utin 12683, p. 331. * Renaud, mort le 3 novembre, suivant le nécrologe de Saint- Maur cf. p. 438, associa deux moines de Saint-Aubin aux profits spirituels de son abbaye. La brièveté et l'intérêt de cette charte, éditée par M. Bertrand de Broussillon Cartulaire de Saint-Aubin, II, 1^9, p. 102 nous invitent à la reproduire ici Ego Rainaudus, Del gratia humilis minister ecclesie sancti Mauri, cum consensu et voluntate totius capituli, concessi Johanni Laguileir et Petro Loipaut, monachis beati Albini, commune beneficium et societatem nujus Ecclesie , tam in vita quam in morte ; audito eorum obitu , missam generalem in conventu et tricenarium missarum cum pane et vino ; et nomina eorum in martirologio scribentur. » L'éditeur date cette gièùe vers 12X; il faut la reculer de quelques années, puisque la ulle de 1203 suppose l'abbé Guillaume II encore vivant. D'autres associations analogues avaient été formées entre les deux abbayes. Cf. le même Cartulaire, pp. 83, 104, 105 et 108. * Le nécrologe de l'abbaye l'appelle Emmericus cf. p. 428 ; la lettre du 25 avril 1234, tiamericus. ^ * Landulfe siégea, de 1227 à 1236, dans des circonstancea diffî- Digitized by Google 8AINT-MAUR DB GLAI^FEUIL DU X* AU XIII SIÈCLE 67 * Nous avons reçu avec bonté la lettre par laquelle vous nous mandez le décès de votre père Aimery, d'heureuse mémoire, et nous faites en même temps part des dommages causés à votre abbaye par les inondations de la Loire et par d'indignes pillages. Tout en compatissant à vos malheurs, comme il convient à notre affection paternelle, nous rendons grâces à Dieu^qui préside aux vicissitudes des temps, assignant la limite de toute vie humaine et dirigeant à la fois les choses de la terre et celles du ciel... € Quant à votre prieur ^ frère Etienne, unanimement choisi par vous comme successeur d*Aimery et pour lequel vous nous avez demandé la bénédiction abbatiale, sachez que vos prières sont exaucées après avoir constaté la bonté, la douceur de ce religieux, nous avons approuvé son élection et procuré à Télu la consécration désirée. C'est pourquoi nous vous avertissons de le recevoir avec les honneurs qui lui sont dus et de lui obéir en tout, le considérant comme votre abbé confirmé par nous et bénit en ce monastère *... » Etienne garda peu de temps la direction de l'abbaye dès 1239 le convent de Glanfeuil est de nouveau assemblé dans la salle capitulaire pour procéder à une nouvelle élection. Au témoignage d'une longue et curieuse lettre écrite quelques mois après le vote *, Télu fut d'abord un religieux, vénérable au moins par son âge et une longue ciles, devant satisfaire à la fois le pape Grégoire IX et Tempereur Frédéric II. Cf. D. Tosti, Storia délia badia... II, pp. 183-304. — Pourquoi cet auteur, donnant à la fin de sa Storia IV\ 113-119 une liste chronologique des abbés, assigne-t-il à Landulfe, à ses quatre Srédécesseurs et à ses deux successeurs , des dates en contradiction agrante avec celles que lui-même fixe aux mêmes abbés dans le cours de son ouvrage , d'accord avec Gattola ? Ces dernières seules méritent créance. * Biblioth. Nat. Collection Rousseau, t. VII, no 2765. Edité par Gallia XIV, W* 20 des Instrumenta ecclesias Andegav. Marchegay Archives d'Anjou, p. 302 n'en donne qu'un fragment. * Lettre des religieux de Saint-Maur à l'abbé du Mont-Cassin vers 1241 ; éditée d'après l'original par Gattola, llisL Abbatiœ Casin., pp. 303-304, Digitized by Google 68 RJBVUB DB L* ANJOU pratique de la vie régulière, qui accepta la charge abba- tiale, puis démissioana aussitôt, à la condition d'être remplacé par son neveu Lysiard, profès et cellérier du même monastère. Cette prétention parut à plusieurs exor- bitante et anticanonique; et pourtant les onze membres du chapitre ' choisis comme arbitres pour donner un chef à la communauté se prononcèrent en faveur de Lysiard, dont la noinination fut ensuite confirmée par Etienne * du Mont-Cassin, le 4* décembre 1239'. Le nouveau prélat alla-t-il en Italie recevoir la bénédiction abbatiale? nous l'ignorons. Du moins ses religieux l'accusent d'avoir été installé par l'archidiacre d'Angers et, de plus, d'avoir donné à celui-ci un palefroi, à la suite et comme récom- pense, de cette installation * double infraction aux privi- lèges du couvent qui, jointe à quelques autres méfaits, souleva une tempête et bouleversa tous les esprits^ Qu'on en juge par les lignes suivantes, adressées de Glanfeuil à l'abbé du Mont-Cassin ^ D. Gattola, ibid., donne les noms et les titres de dix d*entre eax Geoffroy Bandoni, prieur de Bournàn; Jean, prieur d'Epei ne; Ernaud ou Arnaud [prieur de Bessé] ; Jean Noël [prieur] claustrai ; Etienne, aumônier; André, sacristain; Pierre, prieur de Soulangé ; Girard, prieur de Concourson ; Pierre, prieur de TIsie-Saint-Maur, et Laurent, prieur de Cru. — Pour Tidentification de ces divers prieurés, voir p. 201 et suiv. * Etienne fut nommé abbé du Gassin au plus tard en février 1339 D. Tosti, Storia délia badia..., II, 205. et non pas en 1349, comme l'indique la liste fautive donnée par Te même auteur IV, 115, cf. p. 66, note 4, — Peu de temps après l'élection d'Etienne, l'em- pereur Frédéric II, en guerre avec la papauté, remplit l'abbaye de soldats, n'y laissant que huit moines pour faire Toffice divin. ' Gattola, op, cit., p. 304, 2* coL, qui puise sans doute ces détails dans une pièce des archives de son abbaye {Capsula GXVI, fasci- cule V, n* o5, intitulée confirmatio facta a Stéphane, abbate Casi- nensi, litterarum conventuset capituli monasterii sancti Mauri super electione in abbatem dieti monasterii, facta in personam fratris Lascardi sic, cellararii et professi ejusdem monasterii ». J'ai inuti- lement demandé communication de ce document et de plusieurs autres conservés au Mont-Cassin. Pas de réponse. ^ 111e vero sic electus, ut magis ac magis simoniace haberet ingressum loci, archidiacono pro sua installatione contulit paiefre- dum. » Lettre des religieux déjà citée. Digitized by Google SAINT MAUR DE QLANFKUIL DU X^ AU XIII SIÈCLE 69 € Lysiard n'a pour lui, écrivent les moines, ni capacité, ni gravité des mœurs, ni la science du lettré, ni Thabileté de l'administrateur. Ceux qui voient juste le trouvent plein de défauts, coupable de dilapidations, de parjures et autres crimes qu'il est trop long d'exposer ici. Nous y revien- drons ; et s'il faut donner des preuves, nous en donnerons. Ces faits sont si notoires qu'ils atteignent non seulement sa propre personne, mais encore notre cloître et Tordre monastique tout entier. La honte qui nous couvre pourra- t-elle jamais être effacée ? c En effet, au préjudice de notre monastère et du vôtre, il a placé Saint-Maur sous la juridiction de l'évoque d'Angers, foulant aux pieds notre privilège d'exemption, violant le serment qui le lie au Mont-Cassin, enfin accu- mulant sur sa tète les notes de dissipateur, d'incapable, de parjure et autres vices énormes. De plus, il a encouru l'irrégularité et l'excommunication latœ senteniiœ^ pour avoir porté violemment une main téméraire sur ses frères en religion... Ignorant ce qu'est l'observance et la disci- pline monastique, incapable d'être utile prodessé à lui- même et aux autres, il est indigne de commander prœesse. ; mais comment comprendre parmi ces dernières un grand et noble monastère, tel que celui de Saint-Maur, gouverné par un abbé? De plus, les bulles alléguées, ne disant rien contre Ta utorité de l'évêque d'Angers, ne peuvent la supprimer. Ces raisons parurent décisives au cardinal Jean 17 janvier 1253 et au pape Innocent IV*, qui adressa à Michel de Villoiseau une longue lettre résumant tout le * Que signifie cette dernière partie de Targumentation monastique Dec per testes pars episcopi poterat in aliquo se juvare, cum ab eo recepti fuerint^ qui de jure ipsos recipere nec poterat, nec debebat »? * a De quibus non constare dicebat [procurator episcopi]. » Un S eu plus loin, on trouve de semblables reserves au sujet de la valeur e ces pièces contra non nuUa vero privilégia et ciausulas con- tentas in eis, pro episcopo dicebatur quod non erant originalia, sed ad instar privilegiorum aliorum concessa^ que minime apparebant, et idcirco partem monasterii non juvabant... » Ces paroles, croyons- nous, font allusion aux diverses bulles de Grégoire IV, 83o, de Benoit VI IL 1023, etc., publiées dansle^u//ar. Cnsinensfi, de Marga- rini, 1, 4-18, et qui rééditent et cQnfirtnent le privilège du pape Zacharie, 18 février 748 ; cf. D. Galand, HUt, mss. de Saint- Maur, pp. 130131. > c Nos igitur, hiis et aliis que fuerunt proposita coram nobis diligenter auditis , ipsisque Dommo Pape in fratrum presentia reci- tatis..., attendentes quod dictum monasterium sancti Mauri, per ea que facta fuerunt in judicio coram nobis, non con&tai esse aliquo- tenus ab Andegavensis episcopi jurisdictione exemptum.,. » etc. Digitized by Google SAINT-MAUR DE GLANFEUIL DU X AU XIII SIÈCLE 75 débat 5 février 1253, et aux Glanfeuil une autre plus courte, du 19 juin, les invitant à considérer désormais Tévéque diocésain comme leur père et pasteur, et à respecter ses droits \ Cette sentence mit fin à la juridiction cassinienne, les moines de Glanfeuil étant peu désireux d'obéir à la fois à deux maîtres. S'il est vrai qu'en 1267 Etienne, successeur de Tabbé Pierre, cédant à des instances déjà importunes, ait encore consenti à reconnaître les droits de l'abbé du Mont-Cassin ', dès Tannée 1271 il s'en dégage d'une façon définitive '. Et en 1288, une sentence de Nicolas Gellent, * c No8^ Yolentes ut idem episcopus, tanquam speculator in domo Domini constitutus, in gregem suuiu commisse sibi soUicitudinis debitum exequatur, ne idem grex, tanquam pastoris cura destitutus, per abrupta progredi valeat vitiorum , imiversitati vestre mandamus quatinus eidem episcopo, diocesano vestro. de cetero tanquam membra capiti in omnibus obedientes bumiliter et dévote, ipsi de juribus episcopalibus intègre respondere curetis. Datum Asisii, XIII, kal. jul., anno X\ » Edit. Elie Berger, BegUtre d'Innocent IV, n'6672. € Stefano abate di Glanafolio dechiara 1267 per publie© instro- mento, rogato da notaro Giacomo Tudinidi Podio...diessersoggetto a questo monasterio, con queste parole Insuper autem idem abbas sancti Mauri voluit et expresse consensiit ut prsefatus abbas monas- terii Casinensis cui subest pleno Jure... in ipsum abbatem sancti Mauri possit et debeat excommun icationis sententiam promulgare^ si non observentur et plene attendentur omnia supra dicta. » Cité par Gattola, lettre du 9 nov. 1701, dans Corresp, inédite de Mabillon, avec V Italie, par Valéry, in-8 Les armées ayant été licenciées Renou vint s'établir à Angers où il continua à s'occuper avec ardeur de minéralo- gie ce fut l'un d^s principaux collaborateurs de Merlet. Lors de la création de l'école centrale la chaire d'histoire naturelle resta vacante pendant deux ans, puis Renou en fut nommé titulaire, il fit un excellent professeur pratricien plutôt que théoricien, son cours était très suivi et jouissait d'une grande réputation, notons en passant qu'il eut comme élèves Bastard, Chevreul, Guépin, Millet. Ce fut pour appuyer la partie théorique de son cours qu'il fit aux administrateurs de Maine-et-Loire la demande des col- lections d'histoire naturelle entassées à l'évêché. Avec Renou le musée allait entrer dans une phase nou- velle, Renou collaborateur de Merlet allait être son digne continuateur, par ses excursions, il va augmenter* les col- lections, mais il s'attachera surtout à classer les échan- tillons déjà recueillis. Le 13 pluviôse an VI l' février 1798 il rapporte de Baugé plusieurs objets scientifiques pro- venant du cabinet de Latau, malheureusement cette col- lection était restée trop longtemps dans l'abandon et les oiseaux étaient dans un tel état de corruption qu'il n'en put * Renoa augmenta la collection minéralogî^ae de tout ce qai avait échappé au pillage et à l'incendie de son ancienne collection. Digitized by Google 92 REVUE DE ^L' ANJOU tirer aucun parti; en revanche les poissons, les crustacés, un requin et un crocodile étaient en bon état et méritaient de prendre place au musée. Les administrateurs de Maine-et-Loire ont bien attribué les collections à Técole centrale, mais ils n'ont rien fait pour qu'elles y soient transportées, aussi le 26 pluviôse an VI 14 février 1798 Renou se plaint que les salles de Técole centrale ne soient pas prêtes pour recevoir les objets d'histoire naturelle qui déposés sans ordre à l'évôché risquent de se détériorer. Une seule salle est enfin affectée aux collections c'était une grande mansarde de vingt mètres de long sur six de large, située au deuxième étage à l'extrême gauche de récole centrale actuellement galerie de gauche du musée de peinture. Les côtés étaient revêtus d'un blancen bourre, par conséquent, à raison de ce mode de construction la conservation des oiseaux allait se trouver dans les plus mauvaises conditions puisque l'intérieur des armoires était accessible à l'humidité du dehors et à toutes les variations de la température extérieure. Renou se contente cependant de cette galerie; secondé dans une faible mesure par Guilloteau et Cottin il fait de véritables prodiges, il parcourt le département, va à Paris en mars 1798 sur l'invitation de La Revellière; là Renou peut puiser dans les réserves des établissements de la capitale, il s'attacha surtout à y trier des suites d'objets qui pussent représenter toutes les grandes divisions des êtres telles qu'on les concevait alors. Chaque série était loin d'être nombreuse, mais au moins les familles principales y figu- raient, et cet ensemble suffisait à l'enseignement. Parmi les objets rapportés de Paris par Renou il faut citer un zèbre, un axis, deux panthères, un margay, un fourmilier, un cas- tor, des tatous, un pangolin et plusieurs singes, un nombre considérable d'oiseaux et de coquilles. Par l'intermédiaire de La Revellière Renou obtient douze belles plaques con- Digitized by Google LE MUSÉE d'histoire NATURELLE DANGERS 93 tenant des empreintes de poissons de Vestena Nova * acquises par Bonaparte pendant la campagne dltalie 1797. Mais la principale source d'accroissement furent les dons faits à Renou par ses concitoyens. Chaque année dans Fal- manach du département de Maine-et-Loire Renou faisait appel à la générosité des habitants de TÂnjou et leur donnait des conseils sur la façon de ramasser les échantillons, conseils qui à notre époque ne sont pas malheureusement suivis par beaucoup de géologues. D'ailleurs voici Tappel inséré dans Talmanach de Tan VII Le cours d'Histoire naturelle, enseigné à l'École cen- trale, en s'occupant des objets déjà connus et décrits dans les différents ouvrages qui en traitent, manquerait le but qu'il se propose s'il ne dirigeait pas Tinstruction vers l'utilité publique et, en particulier, vers celle de ce dépar- tement, en faisant connaître les productions de son terri- toire ; mais comme il est difficile d'atteindre à l'exécution parfaite d'un semblable dessein, sans le secours de ceux à qui l'expérience ou quelquefois d'heureux hasards ont fourni des observations utiles , nous devons inviter tous les citoyeiïs qui pourront nous donner des renseignements sur les productions naturelles qu'ils possèdent ou qu'ils ont observées, de vouloir bien tious en faire part. Ils ajouteront encore un grand prix à leur bienfait, s'ils joignent, autant qu'il leur sera possible, à la description détaillée, l'objet intéressant lui-même, ou au moins un échantillon, avec mention exacte et topograpbique du lieu où il aura été recueilli. Cette attention est infiniment importante, surtout lorsqu'il est question d'un minéral, afin d'en faire l'indication précise sur la carte minéralo- * Ces fossiles remarquables par leur conservation , appartiennen à r£ocène moyen du Vicentin , couches à poissons de Monte fioica ils sont actuellement, disposés par les soins de M. Desmazières^ secrétaire de la commission du musée d'histoire naturelle, dans une vitrine latérale du musée de paléontologie. Digitized by Google 94 REVUB DE l'aMJOU gique du département de Maine-et-Loire, dont nous nous occupons depuis plusieurs années. Pour bien remplir cet objet, il est essentiel de faire attention à tout ce qui se présente dans les ouvertures des différentes carrières, dans les approfondissements des puits et des mines; d'examiner, dans leurs profondeurs successives, Tétat des couches, des bancs ou lits des terres et des pierres, de prendre des échantillons de chacun d'eux, et de faire des notes exactes et détaillées sur leur marche ou direction, leurs situations plus ou moins incli- nées à l'horizon et leurs épaisseurs. On voudra donc bien, en suivant cette méthode, nous faire parvenir des mor- ceaux de ces différents bancs de minéraux et de pierres, ainsi que toutes les espèces de mines métalliques, des charbons de terre, des pierres à chaux, des marbres, des grès et des granits ; les tuffes, les pierres de taille de tous genres, les ardoises avec des empreintes de pyrites et qui ont une forme remarquable ou un brillant métallique, des cailloux cristallins et variés, ainsi que toutes les espèces de pétrifications, si abondantes dans ce département, de même que les incrustations des eaux minérales. Je prie également de ne pas oublier les terres de cou- leur et de qualités particulières, telles que celles employées dans les faïenceries, les poteries et les tuileries, tant de ce département que de ceux qui Tavoisinent; les terres à foulon, les marnes, les terres coquillières, avec l'emploi qu'on en fait ou qu'on en peut faire dans les arts et dans l'agriculture, font encore un objet bien important à con- naître. Enfin , lorsque la chasse ou la pèche procureront quelques animaux remarquables, et la végétation quelques plantes intéressantes, on peut être convaincu avec quelle reconnaissance nous les recevrons au nom de l'instruction publique et du bien général , auxquels tous les bons citoyens doivent être jaloux de concourir; et nous ne Digitized by Google LE MUSÉE d'histoire NATURELLE d' ANGERS 95 manquerons pas d'inscrire, au nombre des bienfaiteurs du Muséum d'Histoire naturelle ' des Écoles centrales de ce département, tous ceux qui auront contribué, par un moyen quelconque, à en augmenter la collection ou qui nous aurons fourni des observations dont la publicité pourra être utile. » Grâce à ces démarches de tous genres Renou réunit des matériaux extrêmement nombreux particulièrement en ce qui concerne la minéralog;ie, si bien que le 29 /irîmaire an VII 17 décembre 1798, l'administration communale désirant obtenir la création d*un Lycée à Angers peut écrire au Corps législatif r Nous avons réussi à attacher à TÉcole centrale un laboratoire d'Histoire naturelle qui sert aux démonstra- tions de ce cours. Il offre une portion précieuse de miné- ralogie, une collection rare et bien entretenue d'oiseaux, de coquillages, de quadrupèdes et de poissons. » Le Musée subit le contre-coup de l'état financier de la France ; les luttes que TÉtat est obligé de soutenir épuisent le trésor, l'argent fait défaut et, le 18 germinal an VIII 8 avril 1800, Lucien Bonaparte supprime dans les Écoles centrales les gardiens de cabinet et les adjoints aux pro- fesseurs qui sont c un abus et un luxe inutile ». Les acquisitions cessent également et Renou se consacre tout entier au classement des collections. Dès le 9 floréal an IX 29 avril 1801, bien que la classification ne soit pas terminée, le Musée et le cabinet de physique et de chimie sont ouverts tous les quintidi et décadi depuis 8 heures du matin jusqu'à 8 heures du soir. * Cette promesse n'a été riçoureusement exécutée qne près d*un siècle plus tard , sous Tadministration de M. Bouvet. Suivant l'im- pulsion donnée par M. Desmazières, nous accompagnons chaque échantillon du nom du donateur. Digitized by Google 96 RKVUB DB L* ANJOU A partir de cette époque, des échanges vont avoir lieu entre le Musée d'Angers et le Muséum de Paris ainsi qu'en fait foi un rapport de Montault-Desilles, préfet de Maine- et-Loire, au Ministre de l'Intérieur, le 28 messidor an X 17 juillet 1802. Ce rapport nous donne en outre un aperçu des collections du Musée Au Ministre de l'Intérieur , Le cabinet d'Histoire naturelle, lorsqu'il sera achevé, sera tout à la fois un objet de curiosité et d'instruction, soit par les richesses qu'il renferme, soit par la manière dont elles sont disposées, soit enfin par la beauté et la régularité du local. , la première nation du monde. Le chauvinisme, en Allemagne, est plus qu'un senti- ment, c'est une théorie, un dogme aux allures scientifiques. On distingue les races la germaine et la romane. On met, bien entendu, la germaine au premier rang, quoique la dernière arrivée sur la scène où se jouent les premiers rôles. Les philosophes formulent le système à grands frais d'abstractions, les érudits, à grands frais d'histoire, essaient de le justifier, les poètes le chantent... et l'âme du peuple vibre à leurs accents. » A ces vantardises des pédants tudesques Renan faisait cette fière réponse Nous nous défions d'une culture qui ne rend l'homme ni plus aimable ni meilleur. Je crains fort que des races , Digitized by Google LA LUTTE INDUSTRIELLE ET COMMERCIALE 123 bien sérieuses sans doute, puisqu'elles nous reprochent notre légèreté, n'éprouvent quelque mécompte dans l'espé- rance qu'elles ont de gagner la faveur du monde par de tout autres procédés que ceux qui ont réussi jusqu'ici. Une science pédantesque en sa solitude, une littérature sans gaieté, une politique maussade, une haute société sans éclat, une noblesse sans esprit, des gentilshommes sans noblesse, de grands capitaines sans mots sonores, ne détrôneront pas, je crois, de sitôt, le souvenir de cette vleiHe société française si brillante, si polie, si jalouse de plaire. Quand une nation, par ce qu'elle appelle son sérieux et son application, aura produit ce que nous avons fait avec notre frivolité, des écrivains supérieurs à Pascal et à Voltaire, de meilleures tôtes scientifiques que d'Alembert et Lavoisier, une noblesse mieux élevée que la nôtre au XVII" et au xviii siècle, des femmes plus charmantes que celles qui ont souri à notre philosophie, un élan plus extraordinaire que celui de notre Révolution, plus de faci^» lité à embrasser les nobles chimères, plus de courage, plus de savoir-vivre, plus de bonne humeur pour affronter la mort, une société en un mol plus sympathique et plus spirituelle que celle de nos pères, alors nous serons vaincus. avec son tact ordinaire, intervint dans la conversation, sans présentation, et, parlant de Londres, dit — Il y a le brouillard. C'est un climat insupportable. — Monsieur, nous n'obligeons personne à venir à Londres, dit sèchement le colonel. L'instant d'après, TAUemand revint à la charge. — A Londres, on ne trouve pas un domestique pour se faire servir. Le service des hôtels est odieux chez les Anglais. Ils sont obligés de faire venir des waiters d'Alle- magne. — Cela prouve, répondit le colonel, que nous sommes un peuple d'hommes libres ; nous laissons à d'autres le soin d'être un peuple de valets ! Nous non plus, nous ne serons jamais un peuple de valets et nous ne trouverions que difficilement notre place dans le monde germanique tel que les Prussiens l'ont construit actuellement. Tout nous appelle donc de l'autre côté la race, nos intérêts matériels, notre civilisation, le souci de notre mission dans le monde, le respect même de notre dignité. S'ensuit-il maintenant que nous devions chercher une aventure de guerre? Ah! non, certes. Notre intérêt évi- dent, nos tendances, nos idées d'humanité et de justice nous commandent de tout faire pour Téviter, ou, du moins, tout ce qui sera compatible avec notre honneur, notre situation de grand peuple qui n'entend pas déchoir. Nous ne chercherons donc querelle à personne et nous éviterons même l'occasion de heurter les gens querelleurs. Mais nous nous réservons le droit de choisir nos amis. Nous avons aussi le droit, nous avons même le suprême devoir de nous entendre avec eux pour une œuvre com- mune de civilisation ; de poursuivre, avec eux, la libération Digitized by Google 126 RBVUB DB L* ANJOU graduelle des opprimés partout où il 8*en trouve dans le inonde ; de donner^ avec eux, Texemple d'un peuple libre, développant partout et librement toutes les initiatives privées, toutes les franchises individuelles, au grand profit de sa collectivité. Nous aurons aussi le droit, à un moment donné, de demander au monde la fin du régime d*armemeQt à outrance, qui nous écrase tous et entrave tout progrès. Ce jour-là , il faudra bien en rechercher Torigine. Il existe en Europe un pays, un seul, dont la raison d'être, dont Tâme même est une caste militaire. Ce pays, c'est la Prusse. Elle s'est imposée à TÂllemagne et Ta militarisée, contrairement au génie véritable des Alle- mands — et c'est là le point sur lequel je voudrais insister pour ne pas être accusé d'être un germanophobe systématique. Si le P. Didon, dans un livre extrêmement curieux» a pu nous parler de l'Allemand bicéphale, si nous trouvons, à chaque instant des gens qui nous dépeignent TAllemand sous des couleurs très différentes, c'est qu'il y a deux Allemagnes, ou plutôt une Allemagne et une Prusse. Il y a une Allemagne qui fut jadis généreuse, bonne, laborieuse, qui fut empreinte d'un esprit philosophique supérieur, d'une grande intelligence et d'une grande largeur de vues, un peu rêveuse même; à côté de cela, il y a l'Allemagne militaire, dure, brutale, représentée par le Prussien, qui a posé son empreinte et sa botte sur la Confédération entière. Il n'est pas admissible qu'un peuple, qui fut jadis un peuple de penseurs, reste éternellement la nation de laquais dont j'ai parlé tout à l'heure, laquais capables de se transformer, à certaines heures, en reltres sous la baguette des sous-officiers prussiens. Renan, dans une lettre immortelle à un ami d'Alle- magne, a exprimé merveilleusement cette faillite morale Nous concevions, dit-il, l'Allemagne devenue nation Digitized by Google LA LUTTB mDUSTRIBLLB ET G0MMERGIAL6 127 comme un élément capital de Tharmonie du monde... Nous formions les plus belles espérances pour le jour où prendrait place dans la grande Confédération européenne un peuple philosophe, rationnel, ami de toutes les libertés, ennemi des vieilles superstitions, ayant pour symbole la justice et l'idéal. a Quel rêve nous faisions. . . Faire de grandes choses dans le sens marqué par le génie de TAllemagne, tel était le devoir de la Prusse, lorsque le sort des armes eut mis les destinées de TÂlIe- magne entre ses mains. Elle pouvait tout pour le bien, car la condition, pour réaliser le bien, c'est d'être fort. Qu'y avait-il à faire? Qu'a-t-elle fait? » Et il résumait son réquisitoire en ces termes Pour gagner l'humanité, il faut lui plaire, il faut être aimable. Or, vos hommes d*Ëtat prussiens ont tous les dons, excepté celui-là. Force de volonté, application, génie contenu et obstiné, ils ne se sont montrés inférieurs pour les qualités solides à aucun des grands génies politiques . du passé. Mais ils se sont trompés en se figurant qu'avec cela on peut se dispenser de plaire au monde, de le gagner par des bienfaits. Erreur ! On ne s'impose à Thumanité que par Famour de l'humanité, par un sentiment large, libéral, sympathique, dont vos nouveaux maîtres se raillent hautement, qu'ils traitent de chimère sentimentale et prétentieuse... Je ne visais pas si haut pour mes débuts et la première cime que je fis passer sous la semelle de mes souliers fut celle du Bédat, — nom peu fait pour la gloire. On appelle ainsi un gros mamelon dominant Bagnères de quelques centaines de mètres et sur le haut duquel a été érigée depuis lors une statue de la Vierge que viennent saluer au passage les processions des Rogations... On juge par là de la valeur de mon premier exploit ! J'en étais déjà pour- tant bien fier ; mais ma vanité ne connut plus de bornes quand l'un de mes cousins m'eût entraîné au haut du Monné de Bagnères, autre renflement plus élevé, il est vrai, mais sur lequel néanmoins les vaches viennent de temps à autre promener leur appétit et leurs méditations. Quand je fus arrivé là, quel coup au cœur et quelle gloire I Par une échancrure de la vallée de Gampan, étendue sous Digitized by Google SOUVENIRS d'Église 133 nos pieds, la vue portait jusqu'aux glaciers de Clarabide, dans ia région du port d'Oo, voisine de Luchon, Je ne savais ce qu'étaient cette clarté et cette blancheur mon cicérone obligeant me l'expliqua en me parlant de mon- tagnes toutes couvertes de glace Je n'aurais pas été si fier d'avoir découvert le Pôle Nord ! Aussi, dès ma rentrée au collège, ayant beau raconter puisque je venais de loin, je me iiàtai de me vante/ près de mes camarades d'être monté si haut, si haut, que j'avais vu en face de moi des montagnes de glace en plein été... Tous mes auditeurs, encore plus novices en alpinisme que moi-même, me regardèrent de travers et me firent durement sentir que je revenais du pays de Gascogne. Plus j'affirmais avec l'opi- niâtreté de l'orgueil blessé, moins ils voulaient m'en croire l'un d'eux mit enfin un terme à la querelle et le comble à mon dépit en me décochant une épithète fami- lière à notre patois angevin et qui peut se traduire par cette périphrase t Tu t'emballes! /> J'avais reçu une autre leçon de modestie, d'ailleurs, que l'incrédulité de mes camarades c'était le souvenir de ma tentative pour explorer le revers du Monné. Comme tant d'autres dans les montagnes, ce pâturage en pente douce sur Tune de ses faces aboutit vers l'autre à des rochers escarpés. Ne doutant plus de rien après mon escalade, je laissai mon compagnon achever tranquillemenf le petit déjeuner champêtre dont nous avions apporté les éléments et, sans l'en prévenir, je tentai un début de descente parles rochers. Je m'y pris bien d'abord, puis un peu moins bien, puis tout à fait mal gradation démontrant jusqu'à l'évi- dence que je n'avais rien d'un singe, pas même l'agilité. Je fis, sur des pierres roulantes, une petite glissade, arrêtée fort à point par un arbuste poussé au bord d'une étroite plate-forme ne semblant plus m'offrir que des parois à pic, sauf du côté où je l'avais abordée or, cette voie de salut me fuyait sous les pieds quand j'essayais de la gravir. Digitized by Google 134 REVUE DE L* ANJOU Qu'on juge de mon émoi ! Mon cœur battait à se rompre je sentais le vertige m'envahir, sur ce plateau où je crois bien aujourd'hui qu'on pourrait s'envelopper d'une cou- verture et ronfler en paix à poings fermés mais alors ! Je me préparais à comprendre plus tard» ne les connaissant pas encore par la lecture de Victor Hugo, les angoisses effroyables du misérable Claude Frollo accroché, dans sa chute du haut des tours de Notre-Dame, à la dernière sculpture qu'il eût pu saisir et demandant en grâce à Dieu de pouvoir fmir ses jours sur cette petite saillie, là, à quelques pieds au-dessous de lui... Je criai dès que ma gorge fut un peu desserrée ô terreur! rien ne répondit à mon appel. J'étais donc oublié» perdu dans la montagne » voué à un genre de mort... Grand Dieu, comment y songer ! Enfin, quand je n'avais bientôt plus de voix ni de forces, quand je me sentais abandonné de tous, le traître... non, le sauveur reparut. II m'avait vu tirer d'un côté et en avait fait autant d'un autre, trouvant le moment favorable pour fumer paisiblement une bonne pipe... C'était par dis- crétion qu'il avait respecté ma solitude, s'éloignant der- rière un mamelon qui l'empêchait d'entendre mes cris de naufragé. Il me lendit le bout de sa canne et en deux pas je retrouvai à la fois l'équilibre de mon corps et celui de mes esprits. Mais quelle épouvante m'avait bouleversé! Voilà ce que je me gardai bien de raconter à mes cama- rades en leur faisant part de ma découverte des glaciers... Que cet humble et véridique aveu soit, du moins, la tardive expiation de mon trop vaniteux silence I Je viens de dire que ces sensationnels épisodes se dérou* laient pendant les vacances de 1858. On ne sera donc pas surpris qu'à cette époque il ne fût bruit, à Bagnères-de Bigorre, comme dans tout le pays, que des événements extraordinaires dont Lourdes, du 11 février au 16 juillet de cette même année, venait d'être le théâtre. Une roule Digitized by Google SOUVENIRS D*éGLI8B 135 de vingt kilomètres seulement, parfaitement accessible, malgré son profil accidenté, relie les deux villes attirés par la prompte renomniée des apparitions et des premiers miracles, nombre de gens de la vallée de TAdour étaient arrivés à temps pour devenir à leur tour témoins et narrateurs enthousiastes des merveilles qui s'étaient pro- duites à la Grotte de Massabielle. Gomnie toutes les ondes sonores, ces premières vagues de la publicité, en se croi- sant dans tous les sens, avaient quelque peu confondu leurs échos et ce n'était certes pas chose facile alors, pour ne pas avouer que c'était chose impossible, de démêler la vérité, surtout à distance, dans le dédale des affirmations, des démentis, des rectifications, des enthou- siasmes et des dédains qui partaient en fusée avec une impétuosité toute méridionale. Dans le milieu où j'en entendais parler dominait un sentiment bien naturel chez des croyants et que saint Louis n'eût pas désavoué. C'était d'admettre pleinement la possibilité des faits miraculeux, mais d'en réserver l'examen à qui de droit avant d'y ajouter foi pour son propre compte. Nous avions parmi nous des pèlerins de la Salelte, et ceux-là surtout insis- taient sagement sur cette note de prudence. L'ardeur pieuse d'autres interlocuteurs poussait à la proclamation immédiate des miracles et quelque discussion eût pu sortir de là si un assistant avisé n'eût proposé un moyen de se mettre d'accord sur ce qui s'était passé à Lourdes c'était d'y aller voir. Aussi bien étions -nous indécis sur le programme du lendemain. L'incertitude du temps déconseillait une cavalcade ou une partie de montagne la route était praticable par tout état du ciel; elle ofl'rait, d'ailleurs, de belles vues sur la chaîne et, s'il pleuvait, eh bien! une voiture est un parapluie ambulant. C'est à ce bel argument, peut-être, et à la cote du baromètre que je dois d'avoir vu, à Lourdes, Bernadette Soubirous. Nous n'étions pas à Montgaillard que le brouillard Digitized by Google 136 REVUE DE L' ANJOU accroché aux moolagnes descendait dans la plaine. A la montée de la côte de Loucrup commençait une de ces pluies d'été des Pyrénées que doit bien connaître quiconque, ayant parcouru les pays enveloppés dans la boucle de l'Adour, a visité la région la plus abondamment pluvieuse de la France. C'est^sse^ dire que nous n'aperçûmes rien, ou à peu près, du merveilleux panorama de montagnes dont peut jouir un voyageur plus heureux ni le pic du Midi dominant les avant- monts qui, de Bagnères, le masquent en partie; ni son satellite vers les plaines le pic de iMontaigu, appelé dans cette région le pic d'Une Heure, car le paysan nomme ses montagnes en regardant le soleil, non pas une boussole, mais une montre à la main; ni la lointaine et vaporeuse perspective du Balaïtous, du Gabizos et des montagnes des Eaux-Bonnes, entrevues par delà les vallées d'Argelès et d'Arrens... Si ijous n'avions perdu que cette vue-là! D'autres voyageurs que nous déjeûnaient à Lourdes et le même désir les y amenait. Il fut convenu entre tous que nous ferions demander à M. le Curé de Lourdes l'auto- risation d'aller entretenir un instant la petite Bernadette chez les sœurs, dont elle fréquentait Técole le curé nous fit répondre en fixant une heure à laquelle lui-môme assis- terait à l'entrevue. Nous fûmes tous ponctuels au rendez - vous et, à l'heure dite, dans le modeste parloir où nous avions peine à trouver place debout, l'abbé Peyramale entra, suivi d'une sœur qui teftait Bernadette par la main. Je ne sais s'il serait conforme aux traditions du genre littéraire que j'ai abordé de décrire avec les détails les plus sensationnels toutes les circonstances de la scène, tous les épisodes de Tentrevue et de parler de mon impres- sion devant celle qui venait d'être à la fois témoin et acteur dans des événements surnaturels dont les consé- quences, que nul alors ne pouvait prévoir, ont tenu dans Digitized by Google SOUVENIRS d'Église ' 137 ma viB et occupent dans mes souvenirs une si large place. Hélas, dussé-je m'humilier, je veux demeurer sincère j'écrirais ainsi une page brillante peut-être, mais menson- gère. N'eû38é-je pas été presque un enfant, incapable de saisir ce que j'avais smis les yeux, bien moins encore de le juger, je puis à peine dire aujourd'hui que j'aie vu et entendu Bernadette. Elle ne parut que quelques instants devant nous, et dans notre groupe dominaient les visi- teuses c'est assez indiquer, sans manquer au respect ni à la charité, que la petite Voyante fut si promplement assaillie et si chaleureusement entourée qu'il ne demeura d'elle plus rien de visible à un bambin de quatre pieds de haut, relégué au deuxième plan, que le nœud de sa petite coiffe qui timidement et modestement s'abaissait, comme ses yeux, dans la direction de la terre. Quant à sa voix, je ne l'entendis guère que par procuration des questions se croisaient de toutes parts et tantôt le curé, tantôt la bonne sœur, qui les lui traduisaient, nous répétaient en français les réponses qu'elle y faisait en patois. Ainsi, bien qu'ayant abordé Bernadette, je ne puis dire que je l'aie vue de près. Je m'efforce de m'en consoler , en espérant que j'aurai toute l'éternité pour m'en dédommager! Faut-il interrompre cette confession par une parenthèse renfermant une confession nouvelle? Oui sans doute, puisqu'il va s'agir expressément, celte fois, de confes- sionnal. Deux ans auparavant, plus jeune encore ^^ on l'admettra sans discussion — et plus sensible, on le con- clura sans peine, aux impressions irréfléchies et exté- rieures, j'avais, au retour d'un pèlerinage familial à la Salelte, traversé le petit village d'Ars. Il était déjà en pleine renommée le saint curé Vianney, qui en a fait depuis lors la gloire en montant sur les autels, y vivait, y prêchait, y confessait. Je l'y ai vu c'est le sujet de l'un de mes plus vivants souvenirs, comme, hélas! la source^ Digitized by Google 138 ^ RBVUB DE l' ANJOU de Tuû de mes plus sincères regrets. Je vais m'expliquer sans détour. Il est difficile d*imaginer, quand on n'y a pas été mêlé, la foule qui, à certaines heures de la journée, versée de toutes parts par des voitures borgnes attelées de chevaux boiteux, remplissait la pauvre et étroite église, encombrait les rues tortueuses et refluait sur les quelques mètres carrés de terrain qu*Ars appelait alors sa place publique. La cohue se précipitant sur les pas de l'humble disciple de Jésus-Christ évoquait Timage des foules débordant sur les pas du Maître jusque dans le désert. Ici comme là, tout se confondait et se coudoyait la misère et Topulence, les haillons et le velours, la foi du publicain qui implore le miracle et la superbe du pharisien qui le discute ou même le raille; la piété et le scepticisme, Tadmiration et le dédain. Une note, du moins, différenciait ces tableaux séparés l'un de l'autre par dix-neuf siècles celle du cos- tume. Et je ne puis, en vérité, échapper à Tobsession d'un souvenir qui eût une fois de plus alimenté Timpitoyable verve du caricaturiste Cham, alors à l'aurore de la célé- brité. Emprisonnées dans ces cages odieuses de baleines ou d'acier qui devaient, pour obéir à la mode du temps, donner à leurs jupes une circonférence de dix pas au moins, et dont le nom même de crinoline est demeuré grotesque, les dames, pour serrer leurs rangs, pour arriver à bonne portée sur le passage du saint curé, se consumaient en efforts impuissants, dont je n'aurai pas le mauvais goût d'énumérer les conséquences aussi variées que ridi- cules. L'Empire, en disparaissant, a emporté les crinolines on se consolerait aisément, s'il n'avait emporté que cela ! Maift c'était le tout petit côté de l'étrange spectacle. Voir le saint homme, l'approcher, le toucher, lui parler, c'était l'ambition de tous pour beaucoup, le grand rêve était de se confesser à lui. Voilà pourquoi l'église regorgeait sans cesse jusqu'à l'étouffement pourquoi les abords du Digitized by Google SOUVENIRS d'égube 139 pauvre meuble vermoulu où il s'enfermait avec ses péoi- tents ressemblaient à un péristyle de matin d'un gala gratuit; pourquoi enfln il était attendu , urveiilé, épié par une troupe compacte de gens massés sur le trajet de quelques pas qu'il devait fair de sa cure à son église. Le voilà !» — A Finstant mème^ loin de s'écarter pour lui livrer un passage, les gens se précipitent comme pour le lui barrer. On se jette à genoux, on lui saisit les mains pour les baiser profilant alors de son impuissance à la défendre, on se rue sur sa pauvre soutane, déjà déchiquetée et passée à toutes les nuances de Tare-en- ciel ciseaux, couteaux, canifs font leur office dans ce larcin pieux. Je pus cette fois bien voir, et de près, cet homme extraordinaire, d'une taille médiocre, d'une contenance embarrassée, à qui ses longs cheveux blancs, ses yeux creux et fatigués, sa lèvre pendante, sa démarche hési- tante, son dos voûté, donnaient une physionomie timide et assurément peu avenante pour un enfant. Puis-je l'ajou- ter avec tous ses historiens, parce que j'en avais été frappé dès l'abord ? Cette note instinctivement répulsive s'aggra- vait d'une négligence — non moins complète qu'héroïque sans doute — dans les soins extérieurs de la toilette il eût fallu, je pense, remonter à Benoit Labre pour en retrouver un exemple aussi frappant pour l'esprit... et pour les sens! Poussé, tiré, porté, guindé, j'arrivai dans l'église avec le flot je vis le curé d'Ârs entrer au confessionnal et je fus témoin du dédain qu'il professait, à l'occasion, pour la maxime si souvent invoquée Chacun son tour, comme à confesse. » Un de ses pénitents s'étant retiré, la porte du , confessionnal s'entre-bâilla la tête ascétique du confesseur parut un instant. Il promena sur les assistants an regard avidement interrogé par tous et, marquant au doigt l'un d'eux, agenouillé à plusieurs rangs en arrière, il l'appela par un signe muet et le confessa sur-le-champ, au mépris du droit apparent de tous les autres. Digitized by Google 140 REVUE DE L* ANJOU Dès qu'il eut refermé la porte, mon émoi cessa mais mon aveu commence. Je tremblais que le geste indicateui' ne se dirigeât vers moi.' Bien qu'ayant pris rang, par obéissance, dans la foule de ceux qui attendaient^ je comp- tais que rheure du départ allait me délivrer car je ne voulais pas, je le dis bien, je ne voulais pas me confesser au curé d'Ars. Pourquoi cela? J'en conviendrai avec toute ma naïveté de douze ans il m'avait fait peur ! Peut-être un autre sentiment, à peine avoué, se dissimulait-il der- rière . celui-là. J'avais entendu parler déjà de ce don étrange de discernement des âmes, dont le saint homme venait de donner une preuve nouvelle sous mes yeux. Ih me semblait qu'un appel hors de tour et d'urgence ne pouvait lui être inspiré qu'en faveur des plus grands» saints ou des plus grands pécheurs je ne me souciais pas, à dire vrai, de paraître officiellement classé dana Tune ou l'autre catégorie. N'était-ce point aussi parfois un signe dé vocation extraordinaire que d'être ainsi distingué, pour s'entendre envoyer, comme d'office et de la part de Dieu, au séminaire ou au couvent? Et j'avais beau m'in- terroger, je ne me trouvais point d'aptitude pour endpsser une soutane, surtout dans le genre de celle du bon curé .. ' Par une transition à la hauteur des meilleurs effets de style de Pônson du Terrail, je reviens à Lourdes pour achever le récit de la première journée que j'y aie passée. La fin n'en démentit pas les malheureux débuts. Au sortir de notre visite collective à Bernadette, une proposition unanime se fit jour Maintenant, allons voir la Grotte! * Mais lés gens du pays nous firent charitablement remar- quer que nous allions perdre notre temps. La Grotte était fermée, de par l'autorité conjuguée de M. le Préfet et de M. le Maire une haute palissade en défendait les abords, et l'ange impitoyable de la commune, sous la livrée de garde-champêtre, en interdisait l'entrée, le bras armé Digitized by Google SOUVENIES D'ÉGUSE 141 du flamboyant carnet aux procès- verbaux. Que faire, devant pareille déconvenue, devant ce zèle, non moins , qui se vantait de protéger la foi simple et naïve contre les séductions de la superstition? Marcher quand même, en imitant sans le savoir Ténergie de l'amirale Bruat ou la crânerie de^ Louis Veuillot? Le projet en fut agité il y avait là des têtes du Midi, donc un germe d'émeute, prêt à fermenter. Mais il continuait à pleuvoir à torrents et Ton sait de reste que les grandes manifestations ne sont pas compatibles avec la pluie. Il eût fallu faire sous ces torrents un grand kilomètre , au dehors de la ville, par un sentier défoncé, raboteux, à peine tracé — co'mbien changé, depuis lors! — conduisant au bois communal de Subercarrère ; et cela pour voir quoi? Rien, puisqu'il était défendu d'approcher. Nos cou- rages amollis, détrempés, se rendirent, hélas! à de tels arguments, que n'approuverait pas un simple marchand de parapluies. Et c'est ainsi qu'ayant touché de si près le berceau des miracles, je n'ai pourtant pas eu le bonheur qu'aujourd'hui j'apprécierais à sa valeur, de contempler dans leur native et fruste beauté des lieux devenus depuis lors si fameux, et que j'ai visités tant de fois. A. Mauvip de Montergon. A mivre, Digitized by Google Digitized by Google M. LE BARON DE FONTENAY M. le baron de Fontenay s*est éteint le 3 janvier dernier» après deux mois de pénibles souffrances, au château de la Mothaye, à Tâge de 71 ans. Appartenant à une des plus vieilles familles d*Anjou qui a donné à la France un ambassadeur et deux lieutenants généraux, il était âls lui-même d'un capitaine des Gardes du Ctorps de Louis XVIII et de Charles X qui, en 1830, renonça à sa carrière au moment où tombait la monarchie légitime. Sa mère était M^^^ d'Andigné, de cette famille dont Thistoire se confond avec celle de l'Anjou. M. de Fontenay suivit la carrière de ses ancêtres et entra à Sainl-Cyr en 1855. Brillant officier de cavalerie sous TEmpire, il resta dans l'armée jusqu'en 1866. A cette époque il donna sa démission et épousa la fille d'un con- seiller à la Cour de Paris, M^*" Nacquart, celle qui toujours fut la joie de sa vie et qui, par les soins et le dévouement dont elle Tentoura, prolongea son existence et en adoucit les derniers moments. De cette union il eut deux enfants un fils, le baron Maurice de Fontenay, qui épousa la fille du marquis de la Grange, et une fille, mariée à notre compa- triote le colonel Charlery de la Masselière, qui commande le 2 dragons. L'inactivité pesait à cette nature ardente et énergique. En 1867, il entra dans les finances comme receveur parti- culier à Parthenay. L'année terrible le trouva à la recette Digitized by Google 144 REVUE DE L* ANJOU des finances des Andelys; mais son ftme de soldat et de patriote souffrait trop de ne pas mettre son épée au service de son pays; il partit pour Tarmée et fil, comme capitaine au 8 dragons, la campagne de la Loire, prenant part aux batailles autour du Mans. En 1875, il était nommé conseiller référendaire à la Cour des Comptes, où il passa vingt-quatre ans de sa vie, aimé et estimé de tous ses collègues auxquels sa retraite préma- turée laissa d'unanimes regrets. Malgré ses nouvelles fonctions, sa carrière première l'avait marqué d'un sceau trop indélébile pour qu'il l'aban- donnât entièrement; en 1878, à la formation de l'armée territoriale, il fut nommé chef de bataillon à Gholet, au 72* régiment territorial d'infanterie, dont quelques années après il prit le commandement, le gardant pendant quinze années. Si les travaux de la Cour des Comptes le tenaient trop souvent éloigné de notre déparlement, il venait du moins à chaque période se retremper joyeusement à Tair du pays au milieu de tous les gars vendéens et angevins, dont sa bonté, sa justice ferme mais bienveillante le faisaient adorer et auxquels, en rappelant le métier du soldat, il inculquait l'amour, si ancré en lui, de l'armée et de la patrie. Depuis 1896, M. le baron de Fontenay passait à Brion plus de la moitié de Tannée. Par trois fois ses concitoyens l'élurent conseiller municipal et c'est grâce à son dévoue- ment et à l'énergie qu'il sut communiquer à ses amis qu'aux dernières élections il parvint à rendre le Conseil municipal de Brion aux partisans de l'ordre et de la liberté. Aussi bien dans l'armée, dans les finances, qu'au Conseil municipal ou au Conseil de fabrique de sa paroisse, dont il était président, M. de Fontenay apporta partout une très grande largeur de vues, basée sur un esprit fin, cultivé et d'une droiture sans pareille. Digitized by Google M. LB I3ÂR0N DE FONTfiNAY 145 V. Le désintéressement était la règle de sa vie, il faisait le bien pour le bien, sans retour, ne se demandant jamais si les marques d'affection qu'il témoignait lui attireraient honneur ou popularité. En cela résidait sa grande influence et sa mort est pour Brion, pour le pays d'Anjou, une perte des plus cruelles, laissant un vide bien douloureux I Ses obsèques ont été célébrées à Brion au milieu d'une foule d'amis de tous rangs accourus pour lui rendre les suprêmes hommages. Cet homme si simple désirait qu'aucun discours ne fût prononcé sur sa tombe; seul, M. le curé de Brion a retracé en termes vibrants et émus l'existence de M. le baron de Fontenay, donnant en exemple à ses paroissiens la vie de ce grand chrétien et sa fin si admirable par sa résignation en la volonté de Dieu. 10 Digitized by Google Digitized by Google RÉSUMÉ DES Ihsenratioiis miUienilgipies faites peDlaiil ramiiie IIOS à rObservatoire de la Baumette près Angers p8kr M. pSSHlXTX Altitude, 30",52. Pression barométrique moyenne, 760°^°*,39; moyenne mensuelle la plus élevée, 768"*°*,1S en janvier; la plus faible, 752"™,90 en novembre; minimum absolu le 13 novembre à 41 h. du malin, 729'"",90; maximum absolu le 29 janvier à 1 h. du matin, 784"",97; écart extrême annuel, 55°»^07. Température moyenne de l'année, H%20; moyenne des minima sous Tabri, 6%83; moyenne des maxima sous l'abri, 15^,23; moyenne des minima en plein air, 6°,5I ; moyenne des minima sur le sol gazonné, 5°,86; moyenne des maxima en plein air, 17**,36; moyenne des maxima boule noire en plein air, 22S15; moyenne des maxima sur le sol gazonné, 21°,99; moyenne de la température d'une eau de source, 10*',42. Minimum absolu sous l'abri, le 2 janvier, — 8^8. Minimum absolu en plein air, le 2 janvier, — 10^,0. Minimum absolu sur le sol gazonné, le 3 janvier, — 9^3. Maximum absolu sous l'abri, le 27 juillet, 33%9. Maximum absolu en plein air, le 27 juillet, 39%4. Maximum absolu boule noire en plein air, le 27 juil- let, 44%2. Digitized by Google 148 REVUE DE l' ANJOU Maximum absolu sur le sol gazonné, Ie27juiilet9 46%7. Humidité relative, moyenne de l'année, 76; moyenne mensuelle la plus élevée, 89 en décembre; la plus faible, 66 en mai et juillet; minimum absolu, 28, les 27, 29 mai; maximum absolu, 100, en janvier, février, mars, avril, septembre, octobre, novembre, décembre. Nébulosité moyenne de Tannée, 6,70; moyenne men- suelle la plus élevée, 8,22 en décembre; moyenne mensuelle la plus faible, 5^20 en juillet. Insolation. Le soleif a brillé pendant 296 jours et û brûlé le carton de Théliographe de Campbell pendant heures environ. Pluie. Hauteur totale de Tannée, 553°^,8, tombée en 140 jours, et 32 jours de pluie dont la hauteur, n'ayant pu être mesurée au pluviomètre, a été observée au pluvios- cope; mois le plus pluvieux, août, 93°',2; mois le plus sec, janvier, 15°',2 le maximum en un jour a été de 34°>,2 le 4 juillet. Évaporation-, 990"%50 en 359 jours. Nombre de jours de gelée, 36; dont 18 en janvier, 4 en février, 2 en mars, 4 en octobre, 3 en novembre, 5 en décembre; de gelée blanche, 52; de rosée, 124; de brouillards, 41 ; de brouillards sur terre, 13; de neige, 6; de grêle, 6; de grésil, 3 ; de givre, 1 ; de verglas, 2; d'orages, 14; d'éclairs seuls, 4; de halos solaires, 25; de halos lunaires, 4; brume sèche avec odeur d'ozone le 4 mai toute la journée. Lueurs crépusculaires vives le 22 janvier et le 27 janvier, faible les 3, 5, 7 février. Fréquence des vents, 19 jours du N; 24 jours du NN-E; 72 jours du N-E; 18 jours de TEN-E; 14 jours de TE; 8 jours de TES-E; 8 jours du S-E; 2 jours du SS-E; 16 jours du S; 14 jours du SS-W; 40 jours du S-W; 42 jours de TWS-W; 37 jours de TW; 22 jours deTWN-W; 15 jours du N-W; 14 jours du NN-W. Le vent a soufflé 165 jours du Digitized by Google OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES 149 N au S en passant par TE, et 200 jours du S au N en passant par l'W. Vitesse moyenne annuelle du vent, en mètres, par seconde, 5°*,6; moyenne mensuelle la plus grande, 6°*,5 en mars; la plus faible, 3",1 en avril; plus grande vitesse du vent, en mètres, par seconde, 31"*, le 4 juillet à 6 h. 55 du soir, par vent S-W. Fort coup de vent du N-E et W le 17 juin , à 5 h. 15 du soir. Le 4 mars^ apparition du papillon Rhodocera rhamni et le 20 mars de la Vanessa polychloros. Le 7 mars à 1 h. du soir passages d'oies sauvages du SS-WauNN-E. Le 28 mars, arrivée de la fauvette à tête noire. Le 2 avril , arrivée de la huppe-huppe. Le 5 avril, arrivée des hirondelles. Le 6 avril, arrivée du coucou. Le 9 avril, arrivée du tort-col. Le 12 avril , arrivée du rossignol. Le 26 avril , arrivée des martinets. ^ Le 3 mai, arrivée du loriot. Observations sur le chasselas début de la feuillaison le 12 avril, fin de la feuillaison le 26 octobre; début de la floraison le 17 juin; milieu de la floraison le 23 juin, fin de la floraison le 26 juin; début de la maturité le 20 août; milieu de la maturité le 30 août. Grain très violent le 4 juillet, de 6 h. 12 à 7 h. 40 du soir du SS-W au NN-E. A 6 h. 80 il était dans toute sa force, la pluie était torrentielle, le vent, qui atteignait la vitesse de 31 mètres par seconde, brisait les arbres et emportait les toitures des maisons, l'intensité du tonnerre était très forte et les chutes de foudre continuelles. Très fortes oscillations du baromètre de 6 h. à 10 h. 30 du soir. Très belles et grandes taches solaires le 3 février et le 17 juillet. Digitized by Google 150 REVUE DE l' ANJOU Observations plnYiométrigaes en 1905» faites â, La Banmette prte Angers, par M. Ghenx, et à La Fn^eraie près Ghampigné, par M. Robert. La BAumms La Frogbuaik milUmUrM mUlimMTaB Janvier 13,2 37,7 Février 17,1 17,3 Mafs 68,8 89,7 Avril 30,6 35,0 Mai 34,8 3o,0 Juin 48,6 63,8 Juillet 60,1 29,0 Août 93,2 99,9 Septembre 58,4 ' 51,1 Octobre 26,8 26,0 . Novembre 84,6 113,3 Décembre 25,6 25,9 Total de la pluie. . . 553,8 623,7 Digitized by Google Résumé des Observations météorologiques faites à la Baumette près Angers Altitude 30 mètres 52 Janvier 1906 Moyenne barométrique 762'"°*,53; niinimum le 8, à 2 h. du matin, 745""", 50; maximum le 20, à 1 h. du soir, 774"",! 7 ; écart extrême, 28"",67. Moyennes thermométriques des minima, sous Tabri, 4S36; des minima sans abri, 8'*,82; des minima sur le sol gazonné , 3^,48 ; des maxima, sous Tabri, 9°,37; des maxima sans abri, 9°,82; des maxima boule noire, sans abri, 11%52; des maxima sur le sol gazonné, 10",64; d'une eau lie source, 7%50; du mois, 7%19. Minimum absolu sous Tabri, le 25, — 3^9 ; minimum absolu sans abri, le 25, — 5^,2; minimum absolu sur le sol gazonné, le 25, — 6%I ; maximum absolu sous Tabri, le 5, 13%7; maximum absolu sans abri, le 5, 43^,5; maximum absolu boule noire sans abri, le 31, 47%0; maximum absolu sur le sol gazonné, le 29, 15°,1. Humidité relative moyenne du mois, 83; minimum, 42, le 24, à 4 h. du soir; maximum, 100, le 26, à 7 h. du matin. Nébulosité moyenne du mois, 7,80; moyenne diurne la plus faible, 0,0, les 23, 24; la plus forte, 10,0 les 2, 17, !i7, 28. Nombre de jours de soleil, 23; nombre d'heures de soleil ayant brûlé le carton de Théliographe, 75 h. 60 environ ; fraction d'insolation , 0,29. Pluie totale du mois, 71°"",0, en 18 jours appréciable au pluviomètre et 1 jour appréciable au pluvioscope; la plus forte 14"'",6, le 3. Evaporation, 47n>'",50 en 28 jours. Nombre de jours que le vent a été 4 jour du N; 1 jour du NN-E ; 4 jours du N-E ; 2 jours du S-E ; 1 jour dû S; 6 jours du S-W; 9 jours de TW-SW; 4 jours de rw. Vitesse du vent en mètres par seconde, moyenne du mois, 7",4. Vitesse maximum du vent le 6, à 1 h. du soir, 23'",6, par seconde vent de TW. Gelées les 23, 24, 25; gelées blanches les 11, 15, 23, 24, 25 ; rosée les 9, 11, 14, 15, 16 ; brouillard le 26; halos lunaires les 11, 12. Digitized by Google 152 ' REVUE DE L* ANJOU Février 1906 Moyenne barométrique 757"*°*, 01 ; minimum le 10, à 9 h. du soir, 740""*, 70; maximum le 1% à 10 h. du matin, 771"»^34 ; écart extrême, 30".", 64. Moyennes thermométriques des minima, sous Tabri y 2*^,01; des minima sans abri, 1%53; de^ minima sur le sol gazonné, r,27; des maxima sous l'abri, 8%10; des maxima sans abri, 8%93; des maxima boule noire, sans abri, 11%09; des maxima sur le sol gazonné, 11^05; d'une eau de source, 6^,12 ; du mois, 5^,19. Minimum absolu sous Tabri, le 13, — 2% 7 ; minimum absolu sans abri, le 13, — 3% 5 ; minimum absolu sur le sol gazonné le 13, — 4'',0 ; maximum absolu sous Tabri, le 26, 12% 0; maximum absolu sans abri, les 23, 26, 16M; maximum absolu boule noire, sans abri, le 41, IS^'jO; maximum absolu sur le sol gazonné, le 20, 17% t. Humidité relative moyenne du mois, 82; minimum, 46, le 20 à 4 b. du soir; maximum, 100, les 8, 21, 22, à 7 h. du matin et 10 h. du matin. Nébulosité moyenne du mois, 7,45; moyenne diurne la plus faible, 2,8, le 20; la plus forte, 10,0, les 1, 16, 25, 26. Nombre de jours de soleil, 20; nombre d'heures de soleil ayant brûlé le carton de Théliographe, 86,55 environ ; fraction d'insolation , 0, 30. Pluie totale du mois, 61 """,6, en 16 jours appréciable au pluviomètre et 4 jours appréciable au pluvioscope ; la plus forte, 13"",8, le 25. Evaporation, 45"",80. Nombre de jours que le vent a été 3 jour du N ; 1 jour du N N-E ; 4 jour du N-E ; 1 jour du S-E ; 1 jour du S ; 7 jours du S-W; 2 jours de l'W S-W; 7 joifrs de TW; 2 jours de l'W N-W ; 3 jours du N-W. Vitesse du vent en mètres par seconde, moyenne du mois, 7", 2. Vitesse maxima du vent le 26, à 2 h* du soir, 18°», 2, par seconde vent du S-W. Gelées les 6, 7, 8, 12, 13, 14, 20, 21, 22; gelées blanchea les 5, 6, 7, 8, 12, 13, 21, 22, 28; rosée les 19, 20, 28; brouillard les 8, 21, 22, le matin; neige les 4, 9, 10, 12; grésil les 4, 9; halos lunaires faibles les 6, 13; colonne lumineuse au-dessus du soleil, le 28, de 5 h. 25 à 5 h. 47 du soir. A. Cheux. Digitized by Google CHRONIQUE Le 9 janvier, la sixième Foire aux Vins d'Anjou s'est ouverte sur le Champ-de-Mars de la ville d'Angers. M. Bordeaux -Montrieux, vice -président de la Société Industrielle et Agricole de Maine-et-Loire, qui présidait, en l'absence de M. le comte de Blois, retenu par la maladie, a remercié, dans un charmant discours, le Conseil général, l'Administration municipale de la ville d'Angers de la fa- veur spéciale qu'ils accordent à la Foire des Vins d'Anjou. D'ailleurs, la présence des membres du Parlement, le grand nombre des exposants et des personnes compétentes prouvent l'intérêt toujours croissant que l'on porte à cette réunion annuelle. M. le Vice-Président de la Société Industrielle et Agricole a montré ensuite le grand avantage de cette Foire, qui con- tribue à répandre en France l'usage hygiénique d'un vin naturel et généreux. Une France qui ne boirait que de l'eau aurait moins de courage et moins d'esprit. Ces expositions, du reste, multiplient les points de contact entre les producteurs , les intermédiaires et les consomma- teurs, non seulement à l'intérieur du pays, mais aussi à l'extérieur. Or, c'est encore servir la France qu'exporter ses produits. M. Bordeaux-Montrieux a tenu encore à signaler l'excel- lente organisation de ces Foires des Vins d'Anjou, où se réunissent, non seulement les viticulteurs et les acheteurs, mais aussi les hommes compétents qui composent la Sta- tion œnologique, sous l'habile direction de M. Moreau. Enfin, M. Bordeaux-Montrieux, rappelant l'Exposition d'Aviculture installée à côté de la Foire aux Vins et dont le succès a dépassé toutes les espérances, en a félicité l'orga- / Digitized by Google 154 REVUE DE l' ANJOU nisateur, M. le marquis de Dampierre. Puis, il a cédé la parole à M. Massignon, dont voici Pintéressant et spirituel discours Je veux vous dire quelques mots de la crise qui étouffe en ce moment la viticulture française. Quelles sont les causes de cette crise ? Quels remèdes peut-on y apporter ? Deux des principales causes de la crise sont la mode de délaisser le vin pour les eaux dites minérales et la surproduction. Il est bien porté aujourd'hui de faire fî du vin et de ne boire que des eaux minérales qui possèdent, comme le disent du moins les réclames, toutes les propriétés curatives. Il est certain que certaines de ces eaux sont de véritables et très utiles médicaments naturels. Mais, à côté de celles-là, combien d'autres, surtout parmi les eaux dites de table, ne sont que de l'eau de nos fleuves et de nos rivières mises dans de jolies bouteilles décorées de flambantes étiquettes. Vous êtes- vous quelquefois rendu compte du prix que sont vendues ces eaux à la barrique f L*eau le meilleur marché se vend 0 fr. 35 le litre, soit 70 francs la barrique; certaines, atteignant le prix de 2 francs le litre, vont jusqu'à 400 francs la barrique !!! Pendant ce temps-là, en Anjou, on vend dans certaines régions 25 francs la barrique, soit 0 fr. 12 le litre III Comparez ces chiffres et vous me direz si Teau minérale n*est pas pour nous une véritable ennemie. Une autre cause de malaise est la surproduction. Il est absolument évident que, la consommation n'augmentant pas proportionnellement à la production, il y a avilissement des prix. Les solutions proposées pour remédier à cette situation sont nombreuses; je ne veux en examiner que quelques-unes. Il faut d'abord chercher à augmenter la consommation par tous les moyens en notre pouvoir, par la parole, par la presse, les Expositions, les concours; il faut montrer au publie que nous pouvons lui vendre du vrai mn meilleur marché que de l'eau qui n'est pas toujours de la traie eau minérale naturelle. Il ne faut pas ménager notre concours à l'Union des Viticulteurs. J'entends souvent dire A quoi cela sert-il d'exposer son vin ? » Veuillez consulter les catalogues de nos foires; vous remarquerez tout de suite que ce sont toujours les mêmes qui exposent. Croyez- vous que c'est pour la gloire ? Que non ; c'est parce qu'ils y trouvent leur intérêt , parce qu*ils vendent, et je les en félicite. Puisque je vous parle concours, je vous annonce que l'Union exposera, comme les années précédentes, au Concours général de Paris, en mars. Digitized by Google CHRONIQUE 155 Paris est notre pins fort acheteur, et je vous invite à nous apporter de très nombreuses adhésions. Biep entendu , nous exposerons aussi à Angers en 1906 ; je pro- fite de Toccbsion qui m'est offerte pour remercier M. Vigé, com- missaire général de l'Exposition , qui a bien voulu mettre gracieu- sement à notre disposition une partie de. ses bâtiments et empla- cements, s J'en reviens aux eaux minérales. Croyez- vous qu'il ne serait pas juste que les eaux minérales subissent une forte taxe? Nous, viti- calteurs, qui faisons vivre de nombreuses familles ouvrières, en occupant souvent père, mère et enfants; nous qui sommes écrasés d*impôts de toutes sortes> foncier, prestations, droits de régie, etc., nous ne pouvons arriver à vendre nos produits, alors que des embouteilleurs d*eau, qui n^occupent qu*un très petit nombre d'ouvriers, vendent comme ils veulent une marchandise qui ne paie pas un centime d'impôt. Est-ce juste cela? Demandons un impôt indirect sur les eaux. Un autre remède à la crise est encore de limiter la production soit par une taille réduite, soit par un moyen radical l'arrachage I La taille se réduira toute seule, parce que les vignes recevant de moins en moins de soins donnent des rameaux de plus en plus faibles, qui ne permettent plus que des tailles courtes. Quant à l'arrachage il se pratique déjà dans certaines régions à vins trop faibles. Vous avez pu voir dans un journal viticole paru fin décembre, le dessin d'un arracheur de vignes. Ce dessin était suivi d'un article descriptif se terminant par cette phrase a Un certain nombre de ces machines ont été construites cet hitser à Arles !II » Cela c'est nn signe des temps. On a proposé encore nombre de solutions, telles que la taxe diffé- rentielle au profit des eaux-de-vie de vin frappant d'un droit supérieur les eaux-de-vie de grains et de betteraves. Telle encore la surélévation du droit sur les mous. Mais la maison brûle ; la viticulture est aux abois et tous ces remèdes ne pourront produire leur effet que dans un temps bien éloigné, et encore à condition que nous puissions les obtenir. Ce qu'il nous faut c'est une solution immédiate. C'est ce qu'a pensé l'Union des Viticulteurs de Maine et-Loire, en émettant, dans sa séance du 19 novembre, le vœu du retour pur et simple à l'ancienne loi sur les bouilleurs de cru. Il n'y a qu*à prendre le texte ancien et à bouter. Quel sera l'effet de cette distillation libre? Elle permettra de transformer en eau-de-vie des vins qui, trop faibles pour être livrés tels à la consommation, ne trouvent pas preneur et pèsent sur le marché. Les eaux-de-vie produites serviront soit à relever des vins trop faibles, soit à des usages industriels. Digitized by Google 156 REVUE DE L* ANJOU Le temps me manqne poar discuter ^mme il le faudrait cette grande question, vitale pour nous. Comme je vous le disais à Finstant, ce n'est pas Tannée prochaine qu*il nous faut cette loi, mais immédiatement. Nos représentants, sénateurs et députés, ont accueilli favora- blement le vœu de l'Union et je ne doute pas que tons auront à cœur d'assurer le salut de la viticulture française. Il me reste encore quelques mots à dire pour remercier le Conseil général et la ville d'Angers des subventions qu'ils veulent bien npus accorder, TAdministration municipale si bienveillante pour nous, nos collaborateurs toujours pleins de dévouement et d'entrain, M. le D' Sigaud, toujours le premier en tout et partout, MM. Bourcier, vice-président; Richou, de Boisard, Olivier Chaillou, Félix Fourmont, André Huau, Edouard Lafarge, Georges Prieur, Henry Sécher, Suaudeau, le commandant Ancelot. Merci enfin à la Presse pour son généreux concours qu'elle nous a toujours si gracieusement accordé. Le 21 janvier, la ville de Saumur, à son tour, inaugurait la sixième Foire aux Vins , avec un nombre moins impor- tant d'exposants que celui des années précédentes, pour cette raison que bien des propriétaires n'avaient voulu pré- senter que des produits exempts de la moindre imperfection. Le maire de Saumur, comme chaque année, avait invité à se réunir à la mairie les autorités administratives et les divers membres des corps électifs. M. Voisine, après avoir déclaré la Foire ouverte , adressa des remerciements et des compliments de bienvenue; puis il parla des maladies cryptogamiques, qui n'atteignent pas que le raisin et qu'il faut combattre énergiquement. M. Coisnon, délégué du ministère, prononça quelques paroles de remerciements à la municipalité et fit l'éloge des vins d'Anjou, M. de Grandmaison, député, qui s'était aussi rendu à la mairie, excusa M. le comte de Blois dont l'auto- rité en matière d'agriculture et de viticulture est indiscu- table. Puis M. Bacon prononça un remarquable discours sur Tannée vinicole. La dégustation commença immédiatement. On entoura plus particulièrement les tables où se tenaient les vins du coteau, de Varrains, de Brézé. Parnay, Souzay, Varrains, ont été fort goûtés, ainsi que d'excellents vins rouges, pas très colorés , mais droits de goût et suffisamment mûrs. Digitized by Google CHRONIQUE 157 Le 12 janvier, une assistance nombreuse et distinguée se pressait dans la salle des fêtes de THÔtel de ville, pour entendre la conférence de M. le D' Cerf sur Y Allaitement maternel et l'hygiène de l'enfance. M. Joseph Joûbert, conseiller municipal, présidait, assisté de M. Mingot, trésorier de la Goutte de Lait, et de MM. les D" Ganonne et Kiefler, médecins de l'œuvre. Avant de donner la parole au conférencier, M. Joseph Joûbert a fait Véloge de M. le D' Cerf, dont les travaux sur les maladies infantiles ont obtenu Tapprobation des maîtres les plus estimés de la science médicale ; puis il a établi la statistique 4e la mortalité des enfants en France, comparée à celle des autres pays. M. le D'f Cerf a parlé du nourrisson. Nous ne pouvons qu'exposer ici les principales idées de l'orateur; mais ce que nous ne rendrons pas, c'est le charme délicat, parfois touchant, dont M. le D' Cerf a su fleurir les théories techniques qu'il a si bien développées. Le petit être humain, en venant au monde, est le plus déshérité de tous les animaux. La seule chose qu'il sache faire, c'est téter. Il faut tout savoir pour lui et de ce tout qu'il faut savoir pour lui la mère ne sait généralement presque rien. Elle le saurait si on le lui apprenait. Le devoir strict du médecin est de vulgariser la science maternelle. M. le D' Cerf esquisse alors une étude de l'allaitement maternel, dont il montre les avantages et la simplicité. En regard, il expose la complexité et les dangers de l'allaitement artificiel, qu'on s'adresse au lait de chèvre, au lait d'ànesse ou au lait de vache. Le conférencier démontre ensuite les obstacles sociaux qui empêchent, dans la classe ouvrière surtout, les mères d'allaiter leurs enfants. C'est ici qu'intervient la Goutte de Lait. M. le D'Cerf fait l'historique de l'œuvre. M. le D' Sourice ouvrit la voie par un effort personnel, grâce à la générosité d'un donateur anonyme ; mais la Goutte de Lait, telle^ qu'elle fonctionne aujourd'hui, est due à l'initiative de M. le D' Monproflt. Actuellement , la Commission administrative est ainsi composée Président, M. Charles Bouhier, ancien maire d'Angers; vice-président, M. Avrilleau, banquier; trésorier, Digitized by Google 158 REVUE PB l'aNJOU M. Mingot; secrétaire, M. J. Joûbert, conseiller municipal; membres MM. C. de la Noue et Gourdon, conseillers municipaux, et J. Lemotheux, vice-président de la Caisse d*épargne d'Angers. MM. les D" Moreau, Ganonne, Lelièvre et Sigaud assurent le service médical. M. le D' Cerf indique le fonctionnement de ToBUvre, démontrant avant tout que la Goutte de Lait n'est pas une simple distribution de lait pur et stérilisé, mais une insti- tution où le lait est administré scientifiquement par ordon- nance et sous surveillances médicales. Le conférencier termine en montrant la portée sociale de l'œuvre et son utilité nationale. M. Joseph Joûbert s'est fait l'interprète de l'assistance en remerciant chaleureusement l'orateur et en faisant, en faveur de l'œuvre si Intéressante de la Goutte de Lait, un nouveau et pressant appel qui ne peut manquer d'être entendu. * * Le 5 février 1906 a eu lieu la neuvième conférence de la Société de Géographie commerciale , sous la présidence de M. le Dr Motais. Elle a été faite par le lieutenant Desplagnes, de l'infanterie^ coloniale, sur le Plateau central nigérien. Le lieutenant Desplagnes, lors d'un précédent séjour au Soudan français, avait été intrigué par la rencontre assez fréquente de monticules réguliers, parfois gemellés, situés le plus souvent à proximité ou au bord des cours d'eau. Il avait éventré un de ces monticules et grande avait été sa surprise en constatant que ces collines étaient des turauli contenant des vases, bracelets, colliers, fusaioles, etc., etc., de l'époque Sonray vni et ix siècle. * Ayant fait connaître les résultats de ses fouilles, le lieu- tenant Desplagnes obtint du Gouvernement une mission archéologique et retourna dans la vallée du moyen Niger et sur les falaises du Plateau central nigérien pour explorer et fouiller. De ce deuxième voyage il nous rapporte des travaux et des documents fort importants dont sa conférence nous donne une idée. A la suite du conférencier, nous apprenons à connaître l'orographie générale du Plateau central nigérien et nous y voyons en passant une confirmation de l'hypothèse orogra Digitized by Google CHRONIQUE 159 phiqne soudanaise émise en 1902 par le D' Barot et publiée dans la Géographie. Nous pouvons admirer les falaises abruptes du Bandia- gara et du Hombori, îlots escarpés émergeant sur la plaine Jusqu'à 5 et 600 mètres de hauteur. Puis nous parcourons les bords variés du Niger, ce géant aux mille formes de l'Afrique occidentale et les nombreux lacs qui Tentourent et vivent par ses inondations. Debô, Goudam, Korarou, Oumi, Dinguéré, etc., etc. Sur ces montagnes , au bord de ces lacs , vivait il y a huit ou dix siècles une population dense et industrieuse, qui fut refoulée au Nord et au Sud par les invasions Mandé venues de l'Est et dont les derniers représentants soiït les Sockos des îles nigériennes et les Habbèa des cimes rocheuses. Le corfférencier a éventré un grand nombre de monti- cules qui se dressent au bord des fleuves de ces parages et il a pu recueillir, au cœur de ces tombes silencieuses depuis tant de siècles, des précieux vestiges des civilisa- tions éteintes et oubliées. Ces documents, d'une valeur anthropologique énorme, se trouvent en ce moment au Musée du Trocadéro, Le lieutenant Desplagnes nous initie ensuite longuement à Tintimitô de la vie des populations nigériennes il nous apprend leurs coutumes étranges de gouvernement, d'asso- ciation, de mariage; nous montre leurs habitations en torchis dans la plaine, en terre battue dans la montagne, ornées toutes des images symboliques qui caractérisent les races ou les tribus ; il nous dévoile les croyances de ces peuples , leurs superstitions , leurs fétichismes , leur mode de travail, de culture, de commerce ; il nous fait assister à des scènes de genre très remarquables, telles que fiançailles, obsèques, danses, etc., etc. Enfin le conférencier nous donne par des chiffres précis l'impression de la richesse de ces pays , de leur production et de leur exploitation commerciale grâce à nos comptoirs disséminés un peu partout et aux immenses marchés qui se tiennent à époques fixes dans les environs des grandes villes de la plaine. Les principaux objets d'échange de ces pays sont le coton, le sel, les noix de kola, les bestiaux, les chevaux, les tissus indigènes , le beurre de Karité , etc. Digitized by Google 160 RKVtJE DE l' ANJOU Le développement économique de ces régions progresse dans des proportions surprenantes et nous permet d'espérer beaucoup de ces jeunes colonies africaines. Le conférencier termine sa conférence sur un proverbe très caractéristique dans sa forme comme dans son idée et qui est celui-ci a Contre la gale du chameau, on emploie le goudron; contre la misère, un voyage au Soudan. » Le 22 février 1906 a eu lieu la dixième conférence de géo- graphie sous la présidence de M. le D' Motais. M. Schwob, de Nantes, si connu parmi nous, a parlé de la lutte industrielle et commerciale entre le monde germa- nique et le monde anglo-saxon. Nos lecteurs ont pu apprécier, dans le présent numéro, la force d'argumentation et le charme de cette conférence. Le 9 mars 1906 a eu lieu la onzième conférence de géo- graphie sous la présidence de M. le D' Motais. Quittant les pays ensoleillés et tropicaux où elle nous invite généralement à voyager, la Société de Géographie nous a conduits, ce soir-là, sous le ciel bleu, parmi les innombrables golfes, isthmes, presqu'îles et îles de la Grèce moderne. Notre guide, fort intéressant, était M. le professeur Brizemur, ancien membre de l'École d'Athènes, qui nous a fait revivre parmi les Grecs d'aujourd'hui un peu des scènes glorieuses de THellade disparue. Nous avons parcouru avec lui la Morée et la Grèce pro- prement dite, du Pinde au Parnasse, à travers les ruines splendides de Delphes, Olympie, Corinthe, Athènes, Mycène , etc. Nous voyons, sous leurs aspects modernes et bien moins poétiques, Ithaque, Corfou, la Crète et les Cyclades ; nous nous étonnons de rencontrer, à côté des pylônes superbes du temple de Jupiter Olympien ou de la Tour des vents, les maisons pauvres, délabrées, nues de l'Athènes actuelle. Au travers des danses, des scènes de genres, des histoires de brigands, des traits de mœurs que le conférencier cite à l'appui de sa thèse, nos esprits trou- blés ne retrouvent plus la grâce, la beauté, la dignité des auditeurs passés de Sophocle et d'Euripide, mais des ana- logies bien plus réelles avec les mœurs et les habitudes des peuplades africaines que maints voyageurs nous ont appris Digitized by Google CHRONIQUE 161 à connaître. Et, enchantés du conférencier, mais désen- chantés de la réalité qu'il nous a fait toucher du doigt, en évoquant en notre mémoire ces syllabes si musicales dont nos imaginations s'enivrèrent Efxôç Zépiyèntta, tfOLvè, /oîo3ax- Tv>oç Edoç, nous ne pouvons nous défendre d'un sentiment de douloureux regret en constatant que de tant de Gloires et de tant de Beautés il ne subsiste vraiment que des ruines et des décrépitudes... Nous espérons donner dans notre prochain numéro tout ou partie de cette remarquable conférence de M. Brizemur. Parmi les conférences données à Angers, nous ne saurions manquer de distinguer celles du vendredi à TUniversité catholique. Elles ne contribuent pas peu à la renommée de cité intellectuelle » qui honore notre ville. Le vendredi 8 décembre, M. le comte du Plessis de Gré- nédan, professeur à la Faculté de droit, traitait du Paci- Jisme. Discutant la théorie et montrant les vices de l'action, le conférencier dénonce les erreurs et dangers de Tune aussi bien que de l'autre. Il dévoile la concentration de toutes les forces du socialisme, de la juiverie, de la maçonnerie, de Finternationalisme et de l'antipatriotisme au service du paci- fisme, chacune de ces sectes lui apportant son contingent d'aberrations et de malsaines passions. Puis, M. du Plessis montre habilement qu'il n'y a bien ou mal absolu ni dans la paix ni dans la guerre. Les sociétés se corrompent dans la paix continue ; il y a des guerres profitables au vaincu non moins qu'au vainqueur. Surtout, le conférencier prend bien soin de dégager l'Évangile du pacifisme. L'Évangile veut la paix, niais non pas au détriment de la justice et de la charité ; puis, pour arriver à la paix , il indique des voies tout opposées à celles que veut suivre le pacifisme, d'après lequel l'humanité doit poursuivre ses destinées dans la richesse et le bien-être, tandis que le grand Livre chrétien béatifie la pauvreté^ l'austérité des mœurs, la souffrance et le sacrifice. Un autre professeur de la Faculté de droit, M. Ernest Jac, ne s'écartait pas davantage de l'actualité », dans sa confé- rence du vendredi 15 décembre intitulée Un délit moderne II Digitized by Google 162 HEVUB DE l' ANJOU le chantage. Une invention en amène une autre-^Certaîne- ment, Ali-Baba aurait bien compté parmi ses quarante con- frères quelques publicistes w, si le journal avait eu, de son temps, la faveur dont il Jouit dans le nôtre. C'est la Presse » qui est la mère du chantage. Les grands che- mins sont maintenant assez bien gardés et la profession de détrousseur » sur routes a perdu de sa vogue. Un autre moyen d'extorquer l'argent d'autrui sur lequel il n'y a pas baisse bien sensible, tant s'en faut, c'est l'escro- querie, qui consiste à se faire remettre de l'argent en faisant croire à un crédit imaginaire. Le chantage , au con- traire, dédaignant le chimérique, opère dans le réel et obtient de l'argent par la menace de révéler tel fait inconnu de la vie passée de sa victime elle-même ou bien de ses ascendants, descendants, parents, associés plus ou moins solidaires. Le journal est l'instrument nécessaire et terrible de cette diffamation si redoutable pour les personnes et les familles. Aussi, avant la grande diffusion de la Presse, le législateur n'avait-il pas sévi contre le chantage. Il ne le fit qu'en 1863. Encore, poursuivant le délit, Jules Favre voulait-il écarter le mot, que le dictionnaire de l'Académie déclarait alors très familier ». Dans les éditions plus récentes du fameux dictionnaire , cette joli,e mention a disparu. Le chantage n'en est pas moins devenu de plus en plus familier » dans notre société moderne. M. le chanoine Dedouvres, professeur à la Faculté des Lettres, donnait, le vendredi suivant, la primeur d'C/h Chapitre de la Vie du P» Joseph du Tremblay le jeune homme dans le monde; ses séjours en Italie^ à Londres et à Paris. C'était mettre son auditoire ^en bon appétit du livre qui va prochainement paraître. C'était surtout une attention délicate envers les a habitués » de l'Université, qui s'en montrèrent très reconnaissants envers le conférencier du 22 décembre. — Les dernières années que le jeune baron de Maffliers passa dans le monde, avant d'entrer chez les Capucins, furent, de 1595 à 1598, remplies par deux grands voyages et un séjour à Paris. Le premier voyage, en Italie, amène M. Dedouvres à tracer le tableau de la vie intellec- tuelle à l'Université de Padoue, où le jeune homme complète Digitized by Google CHRONIQUB 163 ses études juridiques et littéraires. Henri IV ayant envoyé à Elisabeth un ambassadeur extraordinaire , au moment du traité de Vervins, pour la rendre favorable à la paix avec TEspagne, Joseph du Tremblay accompagna cet ambassa- deur en Angleterre. Enfin, à Paris, la future Éminence grise » fréquente beaucoup à l'hôtel de Bérulle, où elle rencontre la meilleure, la plus religieuse, la plus charitable société de ce temps-là. Les conférences, suspendues pendant les fêtes de Noël et du Premier de TAn, étaient reprises, le vendredi 12 jan- vier, par M. l'abbé Leroy, chargé de cours à la Faculté de Théologie. Certes, le sujet n'avait rien de profane et le docte professeur a fait à ses auditeurs l'honneur de ne les point traiter en profanes. On pouvait s'en douter à l'an- nonce delà conférence Les Israélites en Egypte; l'Exode, M. Leroy détermine l'époque à laquelle les Hébreux furent accueillis en Egypte, le temps qu'ils y passèrent, la date de leur expulsion, l'endroit où ils passèrent la Mer Rouge. Ce passage, selon lui, se serait effectué à un endroit qui correspond à peu près au milieu du Canal de Suez actuel. n y avait foule au Palais académique, le 19 janvier, pour la conférence très attrayante, promise par ce titre Deux prédicateurs populaires Saint-Vincent de Paul et le Bienheu- reux Curé d^Ars, par M. le chanoine Crosnier, professeur à la Faculté des Lettres. Le conférencier débute par une théorie de la prédication qui, sans en avoir l'air, valait un bon petit sermon sur le sermon et les dispositions d'esprit et de volonté que les gens du monde » devraient apporter au sermon. Puis, M. Crosnier montre ses deux héros », issus, l'un et l'autre, de cette forte race de paysans qui fournit au clergé français ses meilleures recrues, l'un et l'autre apportant dans la chaire ce bon sens , cet esprit pra- tique , ce langage imagé qui emprunte surtout ses figures à la nature dont ils ont, dès leur enfance de pâtres, développé en eux le très vif sentiment, méprisant l'un et l'autre la rhétorique et les formes convenues du langage , animés du môme zèle vraiment apostolique pour faire connaître la vérité aux plus simples et prendre de l'empire sur les Digitized by Google 164 RBVUB DE L*AKJ0U cœurs. Comparant, comme orateurs, le Saint et le Bienheu- reux, M. Grosnier paraît donner la palme de l'éloquence naturelle au Curé d'Ars, qui, après avoir laborieusement mis sur pied ses premiers sermons écrits, très péniblement et plus péniblement encore appris par cœur, devient un des plus grands et des plus puissants improvisateurs de la chaire chrétienne. M. François Saint-Maur, professeur à la Faculté de Droit, devant, le vendredi 26 janvier, proposer à Tattention de ses auditeurs Une République modèle^ aucun d*eux ne se fit d'illusions. On ne dit pas que la préfecture de Maine-et- Loire ait ordonné une enquête, comme autrefois quand elle rétablit l'Inquisition I pour savoir ce qu'avait bien pu débiter d'anarchique un évoque étranger » qui donnait une conférence sur Y Armée Juive I II s'agissait tout simplement alors de l'une des conférences de Mk' Legendre, doyen de la Faculté de Théologie, sur les Institutions hébraïques. Bre- douille pour Mk' Legendre, les enquêteurs » de M. le Préfet l'eussent été tout autant pour M. François Saint-Maur, qui, le plus tranquillement du monde, parla de la République d'Andorre , donna la géographie du pays , parcourut à grands traits l'histoire de ce petit peuple, depuis les origines jus- qu'à nos jours , décrivit fort agréablement les mœurs et les institutions. Les Catholiques c'était le titre un peu vague de la con- férence du vendredi 9 février. Salie comble le conférencier était M. René Bazin, de l'Académie française, professeur à la Faculté de Droit. Il y a beaucoup de bonnes vérités à dire aux catholiques par le temps qui court. M. Bazin est homme à les faire entendre sans froisser personne. Il aime la vigueur dans l'action , estime la correction dans les pro- cédés, admire la force d'âme qui sait, dignement et sans révolte, supporter tout ce qu'ont enduré les catholiques français; mais, avec de l'union et de l'abnégation, il les croit capables de se faire redouter et de reprendre dans la nation la place qui leur est due. Sous la forme d'une affiche électorale, qui lui paraît ingénieuse, mais aussi genre dans lequel il fait profession d'être tout à fait novice, le confé- rencier, en finissant, adresse un noble appel à tous les Digitized by Google CHRONIQUE 165 hommes d'ordre et de conscience, aux Français et aux Françaises, qui ont encore souci de l'honneur du pays et des familles. Cette fiction académique reposait agréablement des heurts de paroles et de gestes qui animent d'ordinaire la mêlée électorale. Nous empruntons au Journal de Maine-et-Loire le compte rendu de la conférence qui fut faite, le vendredi 2 février, sur Savorgnan de Brazza, explorateur français, par M. Joseph Joûbert, conseiller municipal d'Angers Celui qui allait devenir le généreux émule de Stanley, nous dit le conférencier, était d'origine italienne et le hui- tième de treize enfants. Ce sont les lectures de voyage écoutées en famille qui déterminèrent sa vocation. Il vint à Paris, au collège de la rue des Postes, se préparer au Borda et, en 1870, il prenait part aux opérations de notre flotte dans la mer du Nord; mais, cependant, il n'était naturalisé français que huit ans plus tard. Aspirant de marine en 1874, il sollicitait de l'amiral de Montaignac une mission au centre de l'Afrique. M. Joseph Joûbert nous dépeint le jeune explorateur luttant, dès cette première expédition , avec un héroïsme indomptable , contre les plus rudes épreuves. De Brazza s'attache à reconnaître le cours de l'Ogooué, qu'il suppose être la grande artère fluviale de ces régions équatoriales. Mais, au bout de deux ans de fatigues^ il constate à regret que ses espérances sont déçues et il revient à la côte avec ses compagnons après avoir parcouru kilo- mètres dans des contrées encore inexplorées. Pour récompenser sa valeur, la Société de géographie lui décerna, le 18 avril 1879, sa grande médaille d'or. C'est alors que de Brazza apprit que Stanley avait réussi à découvrir le cours du Congo. L'explorateur français résolut alors de lutter d'énergie et d'intrépidité pour reconquérir l'énorme avance qu'avait prise ^ grâce à ses puissantes ressources, son heureux con- current américain. Il gagna le bassin inférieur du Congo et y fonda Brazzaville, sur le Stanley-Pool. Puis il fit visite au roi Makoko et, par sa douceur, il décida le puissant roi nègre à abandonner de vastes terrains à la France, sur les rives mômes du Congo. Digitized by Google 186 REVUB DE L* ANJOU Le 7 novembre 1880, un événement fameux fut la ren- contre de Savorgnan de Brazza avee Stanley. L'explorateur français se trouvait dans le plus grand dénuement avec son escorte; son rival lui vint en aide. Mais F Américain chercha ensuite à corrompre, sans y parvenir, le sergent sénégalais Malamine , que de Brazza avait laissé à la garde du poste établi sur le Stanley-PooL En 1882, de Brazza découvrit les sources de FOgooué. Ainsi, le résultat de son deuxième voyage était considé- rable il avait fondé trois stations hospftalières et conquis pacifiquement les populations d'un territoire aussi étendu que le tiers de la France. De plus, il avait réussi à abolir l'esclavage dans ces régions; par une ingénieuse et patriotique convention, il avait établi que tout esclave qui toucherait le drapeau français serait libre, ce qui lui valut, pour plus tard, Tamitié d'un grand nombre de Noirs. Son retour dans la capitale fut un triomphe. La ville de Paris lui décerna une médaille d'or. Puis , la Chambre lui vota un crédit de francs et le Gouvernement le nomma Commissaire général de l'Ouest africain. On a critiqué, par la suite, l'administration financière de Brazza; mais, fait remarquer à juste titre le conférencier, il dépensa au Congo français presque tout son patrimoine. Dans des lettres pleines d'émotion, le grand explorateur, français, sans ressources, retraçait à sa mère les angoisses dont il était tourmenté. En 1887, les intrigues d'une bureaucratie tracassière firent relever brutalement de ses hautes fonctions , par une simple lettre de service, le gouverneur qui nous avait créé, par ses talents et son courage un empire africain plus vaste que la France. Mais, comme les grands caractères, il resta stoïque en face de l'adversité. Cependant, cinq ans plus tard, le Gouvernement répara cet acte de noire ingratitude et fit voter par la Chambre, à Savorgnan de Brazza, une pension nationale de francs. L^année dernière , on proposa au héros de retourner au Congo pour ouvrir une enquête sur les scandales coloniaux qui s'y commettaient. Il accepta et partit joyeux, bien Digitized by Google CHRONIQUE 167 décidé à agir selon toute justice, sans ménagement pour personne. Après quatre mois d'inspection et de fatigues incessantes, que partagea sa vaillante compagne, la com- tesse de Brazza, il mourut, épuisé par la fatigue, à Dakar, le 17 septembre 1905. La France, reconnaissante, fit au héros des funérailles nationales. Résumant ensuite Tœuvre immense de Savorgnan de Brazza et comparant la méthode de l'explorateur français avec celle de Stanley, le conférencier nous montre le carac- tère si diamétralement opposé de ces deux rivaux. Stanley avançait avec impétuosité, soutenu par de puis- santes sociétés financières et ne reculant pas devant Tusage meurtrier des mitrailleuses Maxim. Il brisait par la force tous les obstacles et toutes les résistances. De Brazza, tout au contraire, avec de maigres ressources et une faible escorte, n'usait que de moyens pacifiques. Une seule fois il dut repousser, pendant la nuit, à coups de feu, une violente attaque des terribles Apfourous^ A part cette exception, il procéda toujours avec une patience extraordinaire et la plus grande mansuétude. Il savait gagner l'esprit et le cœur des Noirs. Aussi, sa réputation de bonté se répandit- elle vite dans tout le centre de l'Afrique et, quand il reparaissait au milieu des Nègres, ceux-ci accouraient tout joyeux à sa rencontre en criant Notre père est revenu 1 Notre père est revenu I » Ainsi,aupointdevuemoral, l'Italien, devenu Français, a montré une grande supériorité sur l'Anglo-Saxon. Dans une vibrante péroraison, le conférencier a engagé les jeunes gens à se pénétrer d'un si bel exemple et à se laisser, comme Brazza, aller aux ardentes inspirations de l'enthousiasme qui fait jaillir le génie et engendre les héros et les martyrs. La conférence de M. Joseph Joûbert, faite dans un lan- gage imagé et animé d'accents patriotiques, a été très goûtée de la nombreuse assistance, qui l'a fréquemment interrompue de chaleureux applaudissements. » Brigandes! Oui, mais de bonnes brigandes », qui doivent habiter au Paradis un aussi bon quartier que le bon larron », celles dont M. le comte Raoul du Reau fai- Digitized by Google 168 REVUE DE l' ANJOU sait revivre la mémoire, le vendredi 16 février, d'après les Mémoires de M°» de la Bouëre et les Souvenirs inédits de M°* de Combourg. Ces Vendéennes héroïques , femmes de toutes les classes de la société, ont mérité ce nom par lequel leurs ennemis trahissaient la crainte qu'elles leur inspiraient elles le doivent à leur audacieuse énergie , à leur indomptable persévérance. Il eût été dommage de laisser dans l'ombre d'aussi belles physionomies, et l'on attend avec impatience la publication de la belle confé- rence de M. le comte du Reau, qui permettra à tous de contempler des exemples de vaillance aussi réconfor- tants. La géographie n'est plus la science aride qui rebutait si fort les écoliers, il y a quarante ans, alors qu'il leur fallait sur- charger leur mémoire de noms qui ne disaient rien à l'imagi- nation et presque rien à l'intelligence. On a changé tout cela. M. le chanoine Marchand, professeur d'histoire et de géographie à la Faculté des Lettres, le fit bien voir dans sa conférence du vendredi 23 février sur l'Or et les pays auri- fères. Quels pays, pour la plupart, ceux qui cachent les trésors et comme il faut qu'elle soit dévorante la soif des richesses qui pousse aux plus périlleuses aventures les chercheurs d'or » du Klondike et de la Sibérie I Les mines du Transwaal ont été l'enjeu d'une guerre qui a mis en émoi l'univers entier. L'Australie, la Californie sont encore d'autres patries de l'or. Mais , voici que le précieux minerai gisait près de nous, sur la terre d'Anjou, sans que nous y prissions garde. Nul doute, car M. Marchand fait passer sous les yeux de ses auditeurs des échantillons recueillis aux mines qu'on recommence à exploiter à Saint- Pierre- Montlimart. Il n'est pas douteux, en effet, qu'à l'époque romaine, on ait déjà extrait de l'or, et par d'excel- lents procédés, sur ces mêmes parties du territoire angevin. La dernière conférence fut celle du vendredi 2 mars. M. Henry, professeur à la Faculté de Droit, voulut bien rappeler ses Souvenirs d'Espagne, d'octobre 1905 , et les communiquer à ses auditeurs. Sous sa conduite, ils visitent la vieille ville de Santo-Domingo de Silos et saluent la colonie bénédictine émigrée de Solesmes en 1880, admirent Digitized by Google CHRONIQUE 169 les cloîtres romans et examinent les chartes de la biblio- thèque ; puis, les voici en visite chez le senor juge, le médecin et le pharmacien ; ils le suivent infandum ! jus- qu'à la taberne », après avoir inspecté l'école des ninos, où toujours règne le crucifix. On va môme à Tenterrement sans trop de tristesse et Ton est témoin très joyeux d'une fôte patriotique où les enfants dansent au son des casta- gnettes devant la statue de Notre-Dame. Dans son intrépi- dité, sans peur et sans reproche », M. Henry n'hésite pas à revenir seul, la nuit tombée, à travers la forêt jadis hantée par les brigands de Gil Bias on est heureux de le retrouver, la vie sauve, surtout quand on apprend que maintenant les voleurs, faisant mal leurs affaires dans les forêts, fréquentent bien davantage les wagons de chemin de fer I Mais, nous sommes rendus à Madrid allons à la Faculté de Droit ses étudiants sont des étudiants modèles... comme ceux d'Angers, naturellement la charité de M. Henry n'en connaît point d'autre sorte. Nous passons à Saragosse, mais pas pour prendre la ville d'assaut notre siège est fait! » Dans le voisinage, se trouve le couvent bénédictin de CoguUada une bonne surprise nous attend le Père prieur très hospitalier, est une moitié d'Ângevin ». Même accueil nous attend auprès de l'excellent pasteur qu'est le curé de Puebla. Enfin, nous ne pouvons manquer Tarragone, que les Pères Chartreux commencent à mettre en renom dans l'univers entier. Une heure seulement s'est passée mais, en une heure, nous avons beaucoup vu, beaucoup appris et beaucoup retenu. Décidément, les voyages instruisent tous les âges. Cinquième Concert populaire. La Symphonie fantastique de Berlioz a obtenu auprès du public son succès habituel. M. Brahy est un admirateur du Maître et Ton s'en aperçoit à la magistrale interprétation qu'il donne de ses œuvres et principalement de la Fantas- tique. Le programme comportait, en outre, Catalonia, rhapsodie espagnole assez originale d'Albeniz, et le Prélude du troi- sième acte de Lohengrin de Wagner. Digitized by Google 170 BEWK DE l' ANJOU M. Goûtran Ârcouêt nous charma avec le Concerto pour piano de Grieg, dont il sut exprimer délicatement la mélan- colie et les rythmes étranges. Deux pièces de Godard et de Moskowski, jouées en bis et merveilleusement rendues, donnèrent au public l'occasion de lui confirmer, par de nouveaux applaudissements, ceux qu'il lui avait prodigués après le Concerto de Grieg. Sixième Concert populaire. A tout seigneur tout honneur. Saluons, avec tout le res- pect et Fadmiration qu'elle mérite, la belle Symphonie en la de Beethoven, rendue d'une façon impeccable par M. Brahy et ses vaillants musiciens et rendons hommage à Viviane , poème vraiment symphonique de Chausson, et à Y Ouverture d'Hansel et Gretel, si fantaisiste, d'Humperdinck. M. Béguin, la basse chantante de notre théâtre, a chanté avec conscience et méthode Y Air d'Hérode de Y Enfance du Christ, de Berlioz, et a été fort applaudi. M. Bilewski, un jeune violoniste, ancien élève du regretté M. Lynen et qui fait honneur à son maître, a montré, dans un Concerto de Lalo, de très belles qualités de son, d'archet et de style. G est un violoniste de bonne école, pour qui l'avenir est plein de promesses. Septième Concert populaire. Cette séance était consacrée à la musique russe. Malgré l'intérêt que présentaient les œuvres exécutées, on eût été heureux d'entendre entre chacune d'elles quelque morceau d'une facture différente, détruisant la monotonie qui résulte forcément d'une succession de pièces ayant la môme origine, une inspiration puisée à la même source slave. La Suite moyen âge de Glazounow, Y Ouverture-Rhapsodie de Gabrilowitsch, Sadko de Rimsky-Korsakowetle Caprice brillant sur le thème de la Jota Aragonèse de Glinka, ont été très goûtés de l'assistance et nous ontfait juger delà valeur des compositions russes. Mais le grand succès de la matinée a été pour le pianiste. M. Gabrilowitsch est resté le virtuose remarquable, à la sonorité puissante, au jeu mélancolique et vigoureux que nous avions applaudi l'année dernière. Son interprétation vibrante du Concerto en si bémol ÛQ Tschaikowski, le charme Digitized by Google CHRONIQUE 171 avec lequel il a rendu le Nocturne^ la Vahe, la Polonaise et la Berceuse de Chopin, cette dernière jouée en bis, ont con- quis tous les suffrages. Huitième Concert populaire. Le concert commence par Y Ouverture de Don Juan de Mozart et se termine par Y Ouverture de Frithiol de Th. Dubois, exécutées avec une égale perfection. L'exécution de Faust-Symphonie de Listz fut l'occasion d'un véritable triomphe. L'orchestre s'y est montré supé- rieur à lui-même. M. Brahy, dont on ne saurait trop admirer le grand sens musical et la prodigieuse mémoire, mène cette œuvre colossale avec une sûreté et une science incomparables, communiquant à ses musiciens sa foi et son enthousiasme. L'orchestre, sous son habile direction, semble se jouer des difficultés dont est hérissée l'œuvre de Liszt. Les solistes ont droit à toutes nos félicitations, ainsi que la chorale Sainte-Cécile et M. Nelson, le baryton de notre théâtre, qui interprétèrent le chœur final et le solo de la troisième partie. L'enthousiasme est à son comble et, par trois fois, le public et les musiciens, debout, acclament le héros de la journée, M. Brahy. Le succès fut grand aussi de M^i Amsden , soprano dra- matique, qui a chanté avec un talent très sûr, une remar- quable intelligence et une voix agréable l'air àUphigénie en Tauride de Gluck et celui ù!Obéron de Weber. Les applau- dissements ne lui furent point non plus ménagés et elle les méritait. Le samedi 27 janvier 1906, eut lieu l'assemblée générale statutaire du Syndicat d'initiative de l'Anjou, dans la salle de l'Hôtel de Ville, sous la présidence de M. Joxé, maire d'Angers, assisté de M. Proust, premier adjoint. Au bureau avaient pris place MM. Joxé, maire d'An- gers; Proust, premier adjoint; D' Motais, président du Syndicat; D' Peton, de Saumur; Bordeaux-Montrieux , Gâtumeau, Vêlé, Louis Cointreau-May. Quatre-vingts sociétaires environ avaient tenu à être présents à cette assemblée importante, pour entendre l'exposé des travaux du Syndicat pendant Tannée 1905. Digitized by Google l7â REVUE DE L'aNJOU Après quelques mots aimables de M. Joxé, félicitant le Syndicat d'initiative de son but et de sa vitalité, celui-fei donne la parole à M. le D' Motais qui, en l'absence du secrétaire général, M. le D' Lepage, retenu à la chambre par suite d'un accident grave , fait l'historique du Syndicat et retrace tous les travaux accomplis au cours de l'exercice qui vient de se terminer. Il dit, notamment, que notre nouveau préfet, M. Bouffard, a bien voulu accepter de faire partie de notre Comité d'honneur; que régulièrement nos bulletins trimestriels paraissent et que cinq commissions furent nommées et fonctionnent d'une façon remarquable sous Thabile direc- tion de leurs présidents respectifs. M. le Président rappelle ensuite le succès de la fête d'inauguration dans la salle des fêtes du Grand-Hôtel, où nous applaudîmes l'inoubliable conférence de M. Boland, délégué spécialement par le T. G. F. et la spirituelle allocu- tion de M. Farges, secrétaire général de la Fédération d'initiative du sud-centre. Il fait part de relations déjà établies avec tous les autres syndicats d'initiative de France, a la Société anglaise >, l'Entente cordiale », le Nord touriste », etc., etc. Il annonce la formation du Syndicat d'initiative en Tou- raine, dans le Loir-et-Cher et dans la Loire-Inférieure. Ces groupements, joints au nôtre, formeront dans un avenir peu éloigné, une fédération des Syndicats de la Loire. L'union faisant la force », il y a tout lieu d'espérer des résultats extraordinaires de l'entente des syndicats de toute la région de la Loire. Ceux-ci attireront et retiendront chez eux, dans tout le parcours de notre beau fleuve, les touristes étrangers et français, qui ne connaissent que la très peu précise formule les châteaux de la Loire ». M. le Président remercie tout particulièrement M. Vallée, agent voyer en chef, du travail très considérable qu'il a accompli pour l'élaboration du guide du Syndicat. L'Anjou a été divisé par lui en 14 excursions très intéressantes. Des cartes spéciales et des gravures photographiques, dues à Tobligeance de M. Cauville, donnent une grande précision à ces documents. Ayant ainsi parlé des faits accomplis et ayant adressé des remerciements à la municipalité et au Touring club de Digitized by Google CHRONIQUE ' 17S France, aux Chambres de commerce d'Angers, de Saumur, de Cholet, à la Société des Ardoisières pour leur subven- tion, à la presse pour son empressement à favoriser Tex- tension de Toeuvre entreprise, M. le D' Motais envisage l'avenir et toute la tâche qui incombera au Syndicat dans Tannée qui commence. Il annonce que notre salle de dépêches, située place de la Gare, sera ouverte au public et aux touristes d'une façon permanente dans quelques semaines et que le secrétaire se tiendra constamment à la disposition de tous; puis, qu'une fête des Arts » aura lieu le dimanche 4 mars. Celle-ci comprendra comme attraction principale, un concert extra ordinaire donné par TAssociation artistique », une récep- tion aux Amis des Arts ». Le Syndicat, manifestant ainsi son premier effort touristique en attirant en Anjou nos voisins de toute la région, ne s'en tiendra pas là. Dans une séance qui aura lieu à l'Hôtel de Ville, il proposera aux bureaux des Syndicats de la Loire-Inférieure, de la Tou- raine et du Loir-et-Cher, spécialement convoqués à cette fête, de former avec l'Anjou une Fédération de Syndicats de la Loire. Si, comme tout porte à le croire, cet acte important se réalise, notre Fête ^es Arts » marquera une date dans l'histoire du tourisme de notre région. M. le Président, développant son programme, est amené à dire combien ses efforts tendront à resserrer les relations qui unissent le commerce, les industries de la ville et du département et le Syndicat. Il insiste sur le but même du Syndicat, qui est de mettre en valeur les richesses naturelles, artistiques et indus- trielles du pays, de faire apprécier l'Anjou comme il 1er mérite, à attirer et retenir les étrangers dans le départe- ment, d'où un bénéfice immédiat pour tous et les petits commerces en particulier. Aussi le Syndicat d'initiative a-t-il l'intention de se mettre en rapport avec les syndicats professionnels déjà existants et plus particulièrement avec le syndicat du commerce angevin, fondé, il y a quelques années, par M. Cointreau père, qui en est le président aujourd'hui encore. Enfin, M. le Président soumet à l'assemblée une très importante question. M. Vigé, directeur de l'Exposition Digitized by Google 174 REVUB D8 L* ANJOU d'Angers a proposé au Syndicat de prendre Tinitiative de réunir tous les industriels et commerçants angevins, dans le but de nommer un comité de patronage de cette Exposition. Celui-ci donnerait Tappui moral nécessaire à la réussite et contribuerait ainsi, par les relations de chacun, au succès d'une œuvre qui fera beaucoup de bien au commerce de notre ville. L'assemblée adopta, à Tùnanimité, le principe de ce projet et chargea son bureau de faire le nécessaire et de s'entendre avec M. Vigé. Pour terminer ce programme, M. le D» Motais, président, émet, dès maintenant, l'idée d'une fête spéciale Jointe à une exposition rétrospective , de nos sculpteurs et peintres angevins, à l'occasion du cinquantenaire du grand sculpteur angevin, David d'Angers, mort en 1856. Des applaudissements nombreux se font entendre de toutes parts après cet exposé si clair et si précis de M. le Président. Puis, M. Louis Cointreau-May donne lecture des noms des 175 sociétaires inscrits avant la fin de l'année de 1905, qui seront considérés comme membres fondateurs et des nouveaux 50 adhérents de l'année 1906. M. Gâtumeau, trésorier, donne connaissance de son rapport établissant le compte de l'année 1905. M. Cochard, président de la Commission de vérification, prend la parole et, en quelques mots aimables, félicite M. le Trésorier de sa gestion et assure l'Assemblée de la parfaite régularité des écritures. Par acclamations sont nommés membres du Comité M. Roger de Terves, président de la Société hippique de Maine-et-Loire; M. Plaçais, secrétaire-adjoint pour Paris; les présidents des cinq commissions MM. Vallée, Roche, Chouanet, Duvivier et Cochard. Le bureau prend en considération un vœu de M. de Mon- tergon demandant à obtenir de la Compagnie des chemins de fer une réduction de 50 0/0 sur les billets d'aller et retour Angers- Paris, pendant la période du Salon d'Auto- mobiles en 1906, pour les membres du Syndicat d'initiative. Cette séance, fort chargée et très intéressante, dans laquelle a été manifestée à tous l'activité de notre jeune Syndicat, fut levée à 7 heures. Digitized by Google CHRONIQUE i7S On lit dans le Petit Courrier, à la date du 5 lévrier La soirée mondaine et artistique de la salle des Quin-» conces a obtenu plein uccès. Deux œuvres intéressantes y ont été représentées. La première pièce était de Théodore de Banville les Fourberies de Nérine. Théodore de Banville, le maître tant regretté, lut bien le poète par excellence. Plus que de Hérédia il mérite cette épithète de ciseleur de vers » , dont on a tellement abusé qu'elle deviendra banale. La maestria de Tauteur des Odes funambulesques émerveillait Sainte-Beuve. Le grand critique disait de lui Il est de ceux qui, venus tard et des derniers par Tâge, ont eu Tenthousiasme des commencements ; qui ont gardé le scrupule de la lorme; qui savent, pour Ta voir appris à lorte école , le métier des vers ; qui les lont de main d'ouvrier, c'est-à-dire de bonne main qui y donnent de la trempe, du ressort; qui savent composer, ciseler, peindre. » Les Fourberies de Nérine avaient pour interprètes sur la scène des Quinconces M^^^^ Aida de Romain et M. de la Boutetière. W^? Aida de Romain , dont Tâme et le cœur spnt Irôlés par l'aile mystérieuse de la Muse, a donné un caractère d*originalité réelle au personnage de Nérine, montrant l'exacte compréhension qu'elle possède de Banville et de Molière. Elle était admirablement secondée par M. de la Bou- tetière, dans le rôle de Scapin. • Scapin lut l'un des principaux personnages de la comé- die italienne. Molière le naturalisa Irançais et s'inspira même de la tradition, tel que Tavait implantée chez nous Francesco Gabrieli, sous Louis XIII. Le Scapin de Ban- ville procède naturellement de son cousin moliéresque il est de la môme lamille. M. de Boutetière a joué ce rôle difficile avec tact; il y a apporté une excellente diction et une grande souplesse. La deuxième partie de la soirée était remplie par la représentation du Jeu des Ans et de l'Amour » , l'œuvre très fine de MM. Aderer et Ephralm, si pleine d'ironie et de lantaisie. Le style est élégant et lacile, exprimant des Digitized by Google t78 RKVUB DB L' ANJOU nuances délicates. Il est superflu de dire que notre excel- lent confrère , M. Aderer, fut acclamé ; ce n'était que justice et nous sommes tout particulièrement heureux de constater Taccueil mérité, accordé par une société, éprise d'art et de beauté, à l'une des personnalités les plus en vue du jour- nalisme. Aux bravos de Tassistance, nous nous permettons de joindre les nôtres. L'œuvre de notre confrère parisien était très bien inter- prétée par Mme la comtesse Aubaret, M^* de Romain, M. de la Boutetiôre, M. Gasnier, MM. de la Grandière et de La Villebiot. Charmante soirée dont le succès est le résultat des efforts de tous et dont Thonneur doit être partagé entre les auteurs, leurs interprètes et les organisateurs. — S. » Voici les résultats d'un concours théâtral, organisé récem- ment par la Vie Angevine, Le 17 janvier 1906, les membres du jury chargé de se prononcer sur le classement des œuvres présentées au concours organisé par la Vie Angevine se sont réunis sous la présidence de M. Louis de Romain. L'ordre suivant pour les cinq pièces reconnues les meilleures a été définitivement arrêté 1. Le Missel, 1 acte en vers, de M. Charles Berjole, 35 rue Lareveillère, Angers ; 2. Agence impromptue, comédie de M. Henry Thouvenin, d'Angers, professeur de littérature à Dijon; 3. L'Orage, comédie dramatique de M. Eugène Roussel, licencié es lettres, 20 rue de la Pitié, à Paris, originaire d'Angers ; 4. Biscaret, poète, comédie de M^i Emile de Bled Gilberte Allien, rue des Aix; 5. C'est la faute au ministre, comédie de M. Henry Coûtant, littérateur à Paris , 28 rue Lauriston , originaire de Cholet. Des mentions sont accordées aux trois pièces suivantes Le Soupçon, Le Phare et Devant témoins. Quinze manuscrits avaient été envoyés. Le jury était composé de MM. de Romain, Morin, direc- teur du théâtre; La Perrière, Bonhomme. Mahier, Philouze, Desrivaux, Simon, publicistes à Angers. Digitized by Google CHRONIQUE 1*77 M. de Romain présidait et a dirigé les opérations du jury avec la compétence et le talent qu'on lui connaît. Cet essai a parfaitement réussi; il faut en féliciter M. Bourgeois qui en avait pris l'initiative. Nous lisons dans V Angevin de Paris La Société des Artistes Angevins s*éveille à la vie avec une force dont nous n'avions pas douté. Le nombre de ses membres associés se multiplie et le cadre de ses membres d'honneur s'élargit pour le plus grand bien de nos artistes. Il nous est particulièrement agréable de noter l'excellent accueil qui lui a été fait dans les milieux artistiques d'An- gers et dans la colonie angevine de l^aris. M. Gilles Deper- rière , président de la Société des Amis des Arts d'Angers , s'est inscrit le premier comme membre d'honneur. L'exposition de peinture et de sculpture , qu'elle orga- nise en ce moment avec activité, s'ouvrira le 12 mars à la Nouvelle Comédie ex-Bodinière, 18, rue Saint-Lazare. Le hall si apprécié des amateurs ♦ parisiens offrira, dans un cadre agréable, les œuvres de presque tous nos artistes angevins à la curiosité déjà éveillée de nos compatriotes et des chercheurs d'art. De remarquables envois assurent d'ores et déjà le succès de cette première manifestation artistique. . A la fin du mois de mars, au jour de la clôture de l'exposition, V Angevin de Paris organisera une matinée théâtrale dans la salle môme de la Nouvelle Comédie, illustrée déjà par les intéressantes initiatives de notre distingué compatriote M. Bodinier. Au cours de cette solennité seront jouées quatre œuvres dramatiques ange- vines, deux actes en vers et en prose Le Missel, de M. Berjole; C^est la faute du ministre, de M. H. Coûtant; L'Absence, de M. C. Legras, et un à-propos de M. Bureau; à cette occasion , le jury du concours de poésie de Y Angevin de Paris décernera le prix tant attendu et lecture sera donnée du rapport. Le musée de FHÔtel Pincé vient de recevoir pour les collections d'architecture, fondation MoU, une suite de 12 Digitized by Google 17S tlBVtJB t>B tÀNiOU cinq magnifiques dessins du monument de TÂmiral Coligny , élevé à' Paris, rue de Rivoli, par le célèbre architecte SceUier de Gisors, mort récemment, et trois superbes des- sins de la Table de Fablius Rufus, découverte à Pompéi en 1863, et d'une vasque du musée de Naples, de l'éminent architecte de la Cour des Comptes, M. Moyaux, membre de l'Institut. L'exposition de ces œuvres, dues à la munificence de Mme veuve SceUier de Gisors et de M. Moyaux par l'entre- mise de M. Gilles Deperrière, secrétaire de la commission du Musée, nécessitera un remaniement des collections qui ne permettra de les exposer que dans quelque temps. M. Dussauze, le conservateur du musée de l'Hôtel Pincé, dont chacun connaît l'excellente initiative, mettra en bonne place ces œuvres d'art. Récemment, on a pu lire, dans YAuiarité, Tentrefilet suivant tout entière écoulée dans ce département, est l'existence modeste et laboriease d'an sage qui sait trouver son bonhear en Digitized by Google 186 REVUE DE L'aNJOU soi> prèe de soi, sans aller le chercher aa loin. Né à Beanfort, le 23 février 1823, il débutait dans renseignement, à Angers, comme instituteur-adjoint, le 1" octobre 1841; en mai 1845, il devenait instituteur titulaire à Sainte-Gemmes et y restait cinq ans ; appelé à Saint-Georges en juillet 1850, il ne quittait ce poste qu'en 1860, pour celui de Durtal. Nommé au Lycée d'Angers le 1^' mai 1867 et chargé de la direction de la classe primaire, il ne devait plus abandonner sa chaire que pour jouir, à partir du 1*' octobre 1891 , d*un repos amplement mérité par cinquante ans d'un labeur ininterrompu. Un arrêté du 17 novembre 1891 nomma directeur honoraire M. La Bessière, qui avait reçu les palmes académiques dès l'année 1856 et la rosette d'officier de l'Instruction publique le 1 janvier 1880. Plus de quatorze années se sont donc écoulées déjà depuis le jour où, admis à la retraite, M. La Bessière cesse ses fonctions de professeur et de directeur de l'Externat primaire du Lycée d'Angers; mais partout encore» dans nos classes primaires et enfantines, restent visibles les traces de son activité féconde, l'empreinte de son action organisatrice. N'est-ce pas lui, par exemple, qui les a enrichies de la plupart de ces gravures, de ces ingénieuses collections d'objets les plus divers qui lui servaient, qui servent encore à éveiller les jeunes curiosités , à donner aux petits enfants, ignorants de tout, ces premiers enseignements si fructueux qu'on est convenu d'appeler des a leçons de choses ». Don plus précieux encore que son musée pédagogique» M. La Bessière créa, par son exemple et par son influence de directeur, une tradition toujours vivante parmi les maîtres et les maîtresses de votre petit Lycée, tradition d'affectueuse douceur, de patience et d'indulgence inlassables avec les enfants, de cour- toise affabilité et d'inépuisable complaisance avec les familles. Ces qualités, chez M. La Bessière, formaient le fond môme de son caractère; aussi ne se démentaient-elles jamais I Sa bonté était comme proverbiale, on en retrouve l'expression saisissante dans le buste qui orne le jardin. L^esprit, chez lui, n'était pas moins bon que le cœur; je n'en veux ici d'autre preuve que cette géographie et cette carte de Maine-et-Loire qui furent, à l'époque de leur apparition, des œuvres véritablement remarquables , tant par la sûreté et l'abon- dance des renseignements que par la façon nouvelle et supérieure dont y était conçu l'enseignement de la science géographique, resté jusque-là, dans les écoles» beaucoup trop étroit, trop exclusif et trop aride. Telle est. Messieurs, résumée à grands traits, la vie universi- taire de M. La Bessière elle fut une longue, constante et infati- Digitized by Google CHRONIQUE 187 ^ble application à raccomplîssement da devoir professionnel ; on doit l'admirer et Tenvier comme on doit s'incliner respectueasement devant la vie privée, qui fut sans tache. Une mort douce, discrète^ si j'ose dire, a mis fin brusquement il cette longue et calme existence ; mais, bien que dépouillé de son cortège ordinaire de sonfiErances et d'angoisses, la mort cruelle était une séparation; aussi est-ce le coeur rempli d'un chagrin véritable qu*au bord de cette tombe, devant cette famille en larmes, j'adresse à notre collègue disparu un suprême hommage et un dernier adieu, X*** Digitized by Google 188 REVUE DE l' ANJOU A travers les Livres et les Revues Sous ce titre 1870, souvenirs d'un médecine' ambulance et de régir fient, M. le D"" S. Gripat vient de publier un petit livre, qui se vend au profit de l'œuvre de la Croix- Rouge et que je recommande avec grand plaisir à nos lecteurs. Tout en racontant avec une émotion communicative les tragiques événements auxquels il fut mêlé de près, en 1870, M. le D^ Gripat a voulu, dans cet ouvrage, attirer l'atten- tion publique sur une question dont elle se désintéresserait trop facilement, sous prétexte que tout est prêt la question des Sociétés de secours aux blessés militaires. Voici, en effet, la conclusion de l'auteur le meilleur moyen de recommander son ouvrage , c'est de citer cette page tout entière. En admettant, que la guerre doive éclater demain , comment seront soignés nos soldats? J'aime à croire que le Corps de santé militaire assurera fort bien les services de la ligne de combat et ceux de la ligne de concentration , que les évacuations se feront rapidement par le retour des trains qui auront amené à la frontière les soldats et les convois de ravitaillement. Mais les trois sociétés de Secours aux blessés préposées à la lourde tâche de desservir les ambulances de répartition et les hôpitaux auxiliaires du territoire sont-elles en mesure de le faire ? Quand on voit quelle avance ont sur les nôtres les sociétés de la Croix- Rouge chez les Allemands et quand on connaît le luxe des précautions grâce auxquelles ils savent si bien propor- tionner Teffort au besoin , on peut répondre hardiment Non, nous ne sommes pas prêts. Nos Sociétés ont des comités partout, c'est vrai ; elles recrutent du personnel, récoltent matériel et argent, d'accord. Mais tout ce qu'elles font, tout ce qu'elles ont Digitized by Google CHRONIQUE 189 semble minime à côté de ce qui existé en Allemagne. Là, les sociétés de Croix-Rouge s'étendent comme un réseau sur le territoire entier ; il y en a de toutes les confessions , pour toutes les classes de la société , pour tous les offices , pour tous les dévouements. On sait combien il faudra de dizaines de mille infirmiers , on les a , car la population est nombreuse, et on les instruit sérieusement. U Allemagne est organisée pour la guerre, elle s'y attend ^ s'y prépare toujours. Les sociétés de toute sorte rivalisent pour la propagande; il en est qui contiennent plus de adhérents. Chacune connaît son rôle et la mobilisation sera facile , car il y a au-dessus de toutes un comité central qui coordonne les efforts et, à la tête de ce comité, la main vigoureuse de l'empereur et celle de l'impératrice. A Berlin, relié par des voies spéciales au centre du réseau des chemins de fer, existe un grand dépôt d'où tout le matériel des sociétés peut être mobilisé six heures après la déclaration de guerre. On sait, en effet, qu'alors il faut être rapidement prêt, et tout est prêt, môme un trésor de secours analogue au trésor de guerre. a En France, qu'y a-t-il en face de cela? Seulement trois sociétés de secours aux blessés, qui travaillent et font de la propagande, mais qui perdent souvent de vue que leur unique fonction est de se préparer à la guerre. La guerre ! On a beau ne pas la vouloir, elle nous menace pourtant; il faut y croire, y pei^ser toujours, s'y préparer constamment, oublier cette maudite politique qui nous divise, nous énerve, affaiblit le pays, et bien savoir qu'au jour du danger, demain comme en 1870, la France ne sera jamais assez riche de vies ^ d'énergies et de dévouement ! » Le volume des Mémoires publiés par la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts, en 1905, vient d'être dis- tribué. Il contient les notices suivantes Souhaits de nouvel an, par M. L. Dedouvres ; La charrue Brabant double; agriculture^ science et art, par M. A. Mauvif de Montergon; Un prisonnier de guerre en 1815 Souvenirs du capitaine de Gauville, par M. H. du Mas ; Les pierres à serpents, par M. le D^ Labesse ; La personnalité dans Vécriture, par M. le Yï^ Ad. Nicolas Digitized by Google 190 RBVUB DB l'AMJOV Ancienne Académie d'Angerê Leê É tiques d'Angers ei V Académie y par M. F, Uzureau; Remplacements militaires pendant la guerre de Succession d'Espagne, par M. du Brossay ; Le projet de biographie d'un grand diplomate angevin, par M. Eusèbe Pavie ; Une cloche du XYI^ siècle, pôr M. L. de Farcy. Notes sur l'époque révolutionnaire La lettre de Dieu, par M. René de la Perraudlère ; Les Lemacxon et le Dictionnaire historique de Maine-et- Loire, par M. Paul Brichet; Les paroisses du pays chùtetais 1727-1728, p9^ M. F. Uzureau ; Le Curare, par M. le D» Labesse ; Les fouilles archéologiques de Knossos Crète, par M. Joseph Joûbert; Note sur la diagnose des champignons; les pr^/ugés de cueillette et de cuisson, par M. le D' Labesse ; Un manuscait enluminé pour Pierre de Laval, abbé de Saint-Aubin d'Angers, par M. Paul de Farcy ; Un nouvel appareil à anesihésie L^Inhalateur chlorofor- mique de Vernon-Harcourt , par M. le D' Monproflt; L'Église des Ursules, par M, Fabbé Rondeau; Les Sépultures princières à la Cathédrale d'Angers^ par M. L. de Farcy. M. Joseph Joûbert, notre distingué collaborateur, a publié dans la revue Portugal em Africa un important article sur Pedro Savorgan de Brazxa, explorador francez. Cet article, qui a été tiré à part, forme une jolie brochure de 30 pages, ornée de deux gravures représentant l'intré- pide pionnier que fut Savorgan de Brazza. A signaler encore Dans le Bulletin de la Commission historique et archéolo- gique de la Mayenne des Notes sur Château-Gontier pendant la première moitié du XVI I^ siècle ^ par M. du Brossay ; Dans la Revue des Facultés catholiques de l'Ouest ^ un article de M. Tabbé Uzureau sur les Mémoires de M^^ de la Moch^'f^ueUn et M. de Barante ; Digitized by Google CHRONIQUE 191 Dans les AnnaleB Fléchoises, les Inondations du Loir^ Pierre Dubuisson au Lude, Y Élection de la Flèche [1593-1598, par M. L. Calendini ; la Béatification de sainte Chantai à la Flèche, par M. Vabbé Uzureau; Histoire anecdotique de la Révolution à la Flèche, par M. L. Calendini. A la dernière heure, j*ai reçu le nouveau roman de M" Mathilde Alanic, le Devoir d'un fils. J*en parlerai dans le prochain fascicule et je pourrai, sans doute, compter un succès de plus à l'actif de notre sympathique compatriote. Ch. U. Le Directeur^érant 6. 6RASSIN. Angera, Imp. Oennain et G. GxaMiii. — Digitized by Google Digitized by Google UNE SOIRÉE CHEZ LE VICE -ROI DU PETGHILI Mercredi, 16 novembre /y04 Aujourd'hui, 20^ jour de la 10 lune de la 29'-30" année de S. M. ^wang-Hsu, Tlmpératrice vient d'atteindre sa 70" année et la Chine entière célèbre, en grande pompe, Tauniversaire de sa naissance. Depuis hier, la fête a commencé. Les drapeaux blancs sur lesquels se tordent des dragons violets ou verts; les oriflammes multicolores où se lisent, écrits en caractères d'or, des souhaits de longévité et de bonheur ; les lanternes chinoises en papier gaufré, rouges, jaunes, blanches, vertes; les transparents coloriés représentant des animaux fantastiques, des poissons géants, des chimères, des dra- gons, des bêtes d'apocalypse aux formes extravagantes, pavoisent, décorent, illuminent les maisons JDasses, les façades de bois sculpté noir et or, le faite des édifices, les angles retroussés, hérissés de monstres et de chiens . célestes », des pagodes, des portiques et des yamens. C'est le soir, neuf heures sonnent. Les chaloupes mises à la disposition de ses invités par le Vice-Roi Yuan-Shi- Kaï, font entendre leurs sifflets et leurs sirènes à Tappon- tement de la China Merchants Steam Navigation Com- pany ». 13 Digitized by Google 194 REVUE DE l' ANJOU Sur les ponts, dans les salons de ces chaloupes, se pressent les offlciers des diverses nations représentées à Tien-Tsin, des fonctionnaires et des commerçants. Pour la première fois, les dames européennes, améri- caines et japonaises sont admises à la fête impériale. Et elles sont presque toutes venues, curieuses de voir se déployer, dans le Yamen dont l'entrée leur fut interdite jusqu'ici, la splendeur extrême-orientale des réceptions du Vice-Roi. Lentement, au milieu des jonques nombreuses, les chaloupes remontent le Peï-Ho, dont les eaux jaunes, si horribles sous la vive clarté du jour, sont magnifiées, ce soir, par les reflets des lumières vertes, des lumières rouges, des lumières blanches, étagées en guirlandes, en grappes, en girandoles, tout le long du fleuve, dessinant, • au-dessus du Bund », les bizarres contours de grands arcs triomphaux. A côté du palais, un appontement a été improvisé ; une rampe très raide donne accès aux chaloupes. Nous sommes arrivés. Par le large portail, à gauche duquel se dressent quatre mâts mandarinaux peints en rouge, portant, vers leur sommet, des sortes de hunes où se tiennent les guetteurs du feu, nous pénétrons dans la première cour du Yamen. Des réguliers » présentent les armes. A la porte de la seconde cour, des gardes, de taille gigantesque, rendent les honneurs. A droite et à gauche, des mandarins, en vêtements d'apparat, la tête coiffée de chapeaux de cérémonie surmontés des boutons dorés, blanc opaque ou cristallin, bleu opaque ou transparent, corail, avec ou sans lettre d'or, qui différencient leurs neuf classes, forment la haie. Derrière la rangée de gauche, une musique militaire salue d'accords retentissants l'entrée des invités de marque. Tout au fond, à droite de la haute vérandah sculptée, superbement illuminée et décorée, s'ouvre la salle de réception , sur le seuil de laquelle des mandarins Digitized by Google UNE SOIRÉE CHEZ LE VICE-ROI DU PETCHILI 195 interprètes attendent les hôtes du Vice-Rôi pour les con- duire et les présenter. Au centre de la vaste salle, prodigieusement fleurie de chrysanthèmes, de camélias et d'azalées, en face de la scène théâtrale où le spectacle est déjà commencé, entouré des hauts dignitaires de la providce, personnages superbes et hautains, vêtus de longues robes de soie et de velours, Yuen-Shi-Kaï reçoit ses invités. Son costume, en entier, est en soie jaune d'or. Sa taille moyenne, sa corpulence, sa physionomie expressive, ses yeux très vifs dénotent la force physique, Ténergie et la volonté. Des interprètes se tiennent près de lui. Ils traduisent les paroles des arrivants et ses réponses courtoises. A ceux-ci le Vice-Roi tend sa main robuste, grasse, aux doigts courts, et il a des sourires et des mots aimables pour chacune des dames qui lui sont présentées. Quelques degrés de marbre, que couvre un tapis épais, donnent accès aux salons secondaires, confortablement meublés et décorés avec goût. Dans ceux de gauche et de droite des buvettes sont installées; des buffets sont dressés dans la grande salle, de chaque côté de la scène. Les liqueurs, le whisky, le Champagne sont versés à profusion; sur les tables des buffets s'entassent les pâtés, les viandes froides, les poissons, les sandwichs, les gâteaux, les sorbets, les glaces et les fruits, présentés dans de la vaisselle d'argent qui brille doucement sur les nappes fleuries de chrysanthèmes blancs, roses et jaune d'or. Par une longue allée de chrysanthèmes qui traverse une salle, où fonctionne, hélas! un cinématographe, on parvient à une galerie brillamment éclairée, pavoisée d'oriflammes, ornée d'arbustes et de fleurs. A droite, dans un salon où les meubles européens se mêlent harmonieu- sement aux paravents japonais, aux vases, aux bronzes et aux laques de Chine, la Vice-Reine reçoit, ayant auprès Digitized by Google 196 REVUE DE L* ANJOU d'elle la femme de son fils et une dame allemande qui lui sert d'interprète, M"* Von Henneken. Très simple, non fardée, vêtue d'une tunique de couleur sombre et d'un pantalon très large, de même nuance, la Vice-Reine se lève pour accueillir, avec une grâce parfaite, chacun de ses visiteurs. Sa belle -fille, elle, très peinte, ses yeux obliques, agrandis par un cerne noir, brillent étrangement dans sa face invraisemblablement rose et blanche. La représentation théâtrale bat son plein. Aux sons assourdissants d'un orchestre de guitares, de sistres, de tambours, de gongs, de flûtes, de cymbales et de claque- bois , des acteurs, magnifiquement vêtus, s'agitent, dansent, déclament; leurs voix gutturales s'efforcent en vain de surmonter les bruits, les grincements, les éclats inharmonieux des instruments de musique. Il en résulte un ensemble atrocement discordant et criard, que dominent, avec une continuité extrêmement pénible pour nos oreilles européennes, les sons aigus et secs des fâcheux claque- bois. Voici que les hauts mandarins, s'avançant vers les dames étrangères, ofi'rent à chacune d'elles un bouquet de fleurs naturelles composé avec cette science de la couleur qui dis- tingue les peuples d'Extrême- Asie. Puis, avec une grâce et une courtoisie parfaites, s'inclinant profondément devant elles, ils les invitent à s'approcher des somptueux buffets. C'est vraiment un spectacle nouveau et inoubliable que celui de ces grands personnages de la Chine, en longues robes d'étofi'es précieuses, ayant sur le dos et sur la poi- trine les emblèmes brodés d'or et de soie de leur dignité militaire ou civile, coifl'és de leurs chapeaux de cérémonie à plume de paon ou de corbeau que surmonte le bouton Digitized by Google UNE SOIRÉE CHEZ LE VICE ROI DU PETCHILI 197 mandarinaly conduisant vers les"" tables surchargées de mets, de friandises et de fleurs, des femmes étrangères en tenue de soirée. Gela parait d'autant plus étrange que chacun sait le mépris que les Chinois affectent pour les femmes à Texté- rieur de leurs gynécées. Cette admission de l'élément féminin à la fête de ce soir est d'ailleurs une révolution inattendue dans leurs coutumes ancestrales. Sur la scène, à présent, alternent, dans l'exécution parfaite de leurs prodigieux exercices, des acrobates et des jongleurs. Leurs costumes de féerie, en soie» en velours, en brocart, des nuances les plus vives et les plus bizarre- ment associées, vermillon et bleu turquoise, orange et vert mousse, violet évoque et jaune d'or, chamarrés d'or et de broderies, étincelants de paillettes, se détachent violemment sur le vélum cramoisi, à haute frise verte brodée de fleurs et de feuilles d'or, qui forme le fond de la soène. Ayant dans chaque main un sabre court, à large lame, en forme de yatagan, des objets de guerre aux formes .étranges et archaïques, des éventails ou des boules de métal, qui sonnent comme des grelots, les jongleurs font assaut de sang-froid et d'adresse. Les acrobates sont d'une souplesse, d'une agilité et d'une force remarquables. Mais, si l'on fait abstraction du milieu, du décor, de l'orchestre nouveau, tout cela ressemble étonnamment aux jongleurs et aux acrobates que nous sommes accoutumés à voir dans les pays occidentaux. * » * Plus intéressant, à coup sûr, est le spectacle qu'offrent la salle où se tient le Vice-Roi et les salons adjacents. Digitized by Google 198 REVUE DE L ANJOU Il est près de onze heures. Les invités retardataires sont arrivés depuis longtemps. Le Champagne a délié les langues, des présentations ont été faites la glace est rompue. Fort galamment, le Vice-Roi s'est assis à côté de la femme du général Lefèvre, commandant le corps français d'occupation, et il lui exprime, ainsi qu'aux dames qui l'accompagnent, le très vif plaisir que lui cause leur présence. Il va ensuite de groupe en groupe, au hasard des rencontres, et il a pour tous des paroles de sympathie courtoise. Assis sur les chaises rangées devant la scène, sur les fauteuils des salons, debout autour des buffets dans les galeries du vestibule, les mandarins, les dames étrangères,- les membres des divers corps consulaires, les officiers des contingents d'occupation, les fonctionnaires, les indus- triels et les commerçants sont maintenant mélangés. Les toilettes claires des dames tranchent délicieusement sur la somptuosité sévère des uniformes d'occident, la splendeur soyeuse des costumes chinois. Les consuls, comme les officiers, sont en grande tenue. Sur les bro- deries d'or ou d'argent, qui leur font d'éblouissantes cuirasses, leurs décorations, aux rubans multicolores, étincellent sous la lumière crue des lampes électriques. Les spencers rouges des officiers anglais, les dolmans noir et or des artilleurs français, les tuniques gris-clair des officiers allemands, celles bleu pâle des chasseurs d'Afrique, bleu-noir des officiers d'infanterie ou du génie français ou des officiers japonais et italiens, les redingotes blanches des officiers autrichiens, les épaulettes, les torsades, les pattes d'épaule, les soutaches, les aiguillettes, les galons, les dragonnes d'or ou d'argent, les poignées ciselées, dorées, nickelées des épées et des sabres, les Digitized by Google UNE SOIRÉE CHEZ LE VICE ROI DU PETCUILI 199 fourreaux d'acier, les éperons blancs ou couleur d'or, les grands cordons, les plaques, les cravates, les croix, les médailles constellant les poitrines, suspendues aux cols, barrant les torses d'une ligne de couleur voyante, tout cela s'harmonise pleinement avec les robes de soie, de satin broché de velours frappé, avec les longues tuniques a ux^ manches larges, doublées de fourrure ou de soie mauve, rose, violet pâle, cerise ou blanche, ayant sur la poitrine et sur le dos un cercle ou un carré multicolores, au centre desquels sont brodés différents mammifères, suivant le grade des mandarins militaires dont ils sont rinsigne, ou s'éploient, pour les mandarins civils, vers une lune de soie rouge ou de ôorail, d'hiérarchiques oiseaux d'or. Çà et là, quelques habits noirs » détonnent parmi ces uniformes de parade et ces costumes de gala. , Peu à peu , des clans se sont formés. J'observe plus particulièrement celui des Japonais, dont l'attitude se ressent forcément des événements actuels, peu faits, à la vérité, pour amoindrir leur orgueil, leur croyance exagérée à la supériorité de l'Empire du Soleil levant sur les autres nations asiatiques, sur les nations européennes même, leur dédain, à peine dissimulé, pour les barbares d'Occident. Les uniformes galonnés, chamarrés, ne leur siéent pas mieux que l'habit à queue qu'ils portent avec une extraor- dinaire raideur. Leurs femmes ont conservé, heureusement, le costume national longues tuniques rayées de couleur sombre, marron, gris-bleuté, ardoise, à très grandes manches pagodes, recouvrant des kimonos de soie aux vives nuances, larges ceintures pliées, en forme de sac, au milieu du dos; hautes et larges coiffures piquées d'épingles d'écaillé ou de métal orfèvre et pareilles à des Digitized by Google 200 REVUE DE L* ANJOU casques d'ébèae; mules de paille blanche, liées par des rubans aux pieds, très petits, qui enveloppent des chaus- settes blanches aux orteils séparés. Avec des sourires, des minauderies, des saints trois fois répétés, qui plient en deux leurs corps graciles, des pré- sentations ont lieu entre les dames nippones. Elles causent dans ce japonais moderne qui a supplanté, on ne sait trop pourquoi, l'harmonieux et sonore Yamato », la langue primitive, que n'entendent plus, paralt-il, que quelques privilégiés érudits de la cour impériale et quelques € Gueichas ». Aucune de ces dames japonaises, du meilleur monde, d'ailleurs, n'est vraim^t jolie. La plupart ont la peau bronzée, les dents irrégulières et longues, les yeux sans éclat. Elles ne rappellent que bien vaguement les rieuses mousmés des yoshiwaras » , les avenantes t djoros » à la figure blanchie et rosée par les fards, aux yeux peints^ aux lèvres recouvertes d'une couche de carmin , si délicieuse- ment vêtues de kimonos soyeux, si attirantes et d'un charme si troublant avec leurs sourires ingénus, leurs regards craintifs et leurs grâces d'enfants. Dans la grande salle se sont maintenant rassemblés la plupart des invités. Ici, l'élément français domine; là, c'est rélément anglais, russe ou allemand. Les Belges et les Italiens sympathisent plutôt avec les Français, les Autrichiens, les Américains, les Suédois avec le deuxième clan. Les Japonais papillonnent, avec des saluts intermi- nables et d'énigmatiques sourires. Autour de la femme du Consul général de France, M™ Rocher, un cercle s'est formé. Là s'échangent les impression^ de l'heure , les appréciations sur la fête de ce soir. Et voici que Yuen-Shi-Kaï s'approche, très courtoisement. Digitized by Google UNE SOIRÉE PHBZ LE VICE-ROI DU PETCHILI 201 et cause longuement avec les personnes ainsi réunies. On dirait qu'il veut donner une seconde preuve d'attention marquée pour les représentants de cette nation qui leur fut clémente pendant les hostilités, qui fusionne le plus amicalement, depuis la paix, avec la population chi- noise. Et ceci me rappelle ce qu'a narré Pierre Loti dans son beau livre, Les derniers jours de Pékin y au sujet des statuettes de terre cuite fabriquées dans ce Tien-Tsin où nous sommes. Elles représentaient, jusqu'à la guerre, ces statuettes, des personnages chinois guerriers au^ armures formi- dables, acteurs en de fantastiques costumes de théâtre, coiffés de casques extravagants aux plumets énormes et aux géantes antennes; la face couverte de masques étranges, couleur d'or, ayant de longues barbes écarlates ou bien des masques blancs et imberbes, des bouches rouges et des tatouages noirs, ou, encore, mi-partie blanc et rouge, marron, jaune éclatant, avec de longues mous- taches polychromes; c'étaient aussi des mandarins en cos- tume de ville ou de gala, des actrices, des chanteuses, des femmes de toutes conditions, avec la reproduction exacte de leurs vêtements aux nuances si diverses, et enfin, et c'est là peut-être le triomphe de ceux qui façonnent ces objets, d*un art très réel, des mendiants, de ces innombrables mendiants qui pullulent, notamment dans la capitale, où ils forment une corporation puissante et redoutée. Or, après les événements de 1900, d'autres types avaient été créés par d'ingénieux modeleurs. Us représentaient les soldats des diverses nations envahissantes. Les visages de certaines des statuettes nouvelles exprimaient la colère, la haine, la férocité, et leurs mains étaient armées de sabres nus, de cravaches et de bâtons* Ces statuettes ne repré- sentaient point des français. A ceux-ci, au contraire, on avait fait des figures sou- Digitized by Google 202 REVUE DE l' ANJOU riantes sous le béret de campagne et, sur leurs bras, ils portaient, fraternellement, des bébés chinois. Et je ne puis m'empêcher de rapprocher, mentalement, cette manifestation tangible du jugement du peuple chinois sur nos troupiers, toujours humains pour le vaincu, la période des combats terminée, et les attentions, très évi- dentes et très caractérisées, que le vice-roi du Petchili a, ce soir, pour les dames françaises. * * * 'm Sur chacune des faces latérales de la salle de réception et sur celle qui regarde la scène, une sorte de galerie vitrée règne à hauteur d'étage. Derrière les glaces transparentes, des figures de femmes, d'enfants, de jeunes gens, d'adultes, se pressent, curieuses du spectacle que présente le théâtre et la grande salle, si extraordinairement peuplée. Cette foule, comme celle d'en bas, est vêtue de ses atours de fête. Au-dessus des guirlandes et des enroulements de chrysanthèmes, d'azalées et de camélias, courant le long des frises en arabesques polychromes, les robes de soie, aux teintes éclatantes^ apparaissent, dans un pêle-méle chatoyant, comme d'énormes fleurs. Cependant, l'heure avance; déjà les groupes se sont éclaircis. La Vice-Reine a regagné ses appartements; dans les tribunes vitrées restent seuls, maintenant, des jeunes femmes et des enfants, aux visages fardés, étranges, sous leurs chevelures noires traversées d'épingles de métal ou d'écaillé et piquées de fleurs artificielles aux voyantes couleurs. Sur la scène, ce sont, à présent, de jeunes enfants qui jouent. La musique barbare des gongs, des cymbales, des flûtes et des claquebois résonnent plus bruyamment, semble-t-il, dans la salle qui se vide lentement. Digitized by Google UNE SOIRÉE CHEZ LE VICE-ROI DU PETCHILI 203 • Les grands mandarins, aux somptueux costumes brodés de fleurs et de chimères, se sont de nouveau réunis derrière le Vice-Roi, debout, maintenant au milieu du hall. Les invités défilent devant lui. Et ce sont, comme à Tar- rivée, des salutations, des sourires, des poignées de mains, des paroles aimables, des formules de courtoisie échangées par Tintermédiaire d'interprètes obséquieu- sement empressés. Pendant ce temps, graves, silencieux, énigmatiques, avec leurs yeux bridés que voilent des lunettes rondes, à la forte monture d*or ou d'écaillé, de hauts fonctionnaires et des mandarins des classes élevées regardent disparaître, peu à peu, la foule bigarrée et quelque peu bruyante des invités du Vice-Roi. Dans la grande cour d'honneur, la musique joue les hymnes nationaux dés diverses puissances, à mesure qu^apparaissent sur le seuil du grand hall les diplomates et les officiers. La garde présente les armes. Au dehors, une foule grouillante, maintenue en bon ordre par les agents de police armés de bâtons, contemple le. défilé. Le sifflet des chaloupes à vapeur se fait entendre; les voitures, les breacks, les djinrickshas, les chaises à porteurs se pressent vers la sortie, cependant que passe, au travers de la populace, un long cortège carnavalesque de chinois montés sur de longues échasses, ayant sur la face des masques grimaçants, coiffés de chapeaux et de casques de théâtre, aux antennes, aux panaches, aux élytres multicolores, porteurs de dragons rouges et de chimères vertes, poussant des cris gutturaux, frappant avec frénésie sur les gongs, sur les cymbales, sur les tambours, ou soufflant à pleins poumons dans des flûtes ou dans des trompettes. Une lueur inaccoutumée plane au-dessus de la cité chi- noise prodigieusement illuminée. Aux carrefours ont été construites des sortes de tribunes, éclatantes de lumières, Digitized by Google 204 RBVUE DE l' ANJOU décorées de fleurs, d'oriflammes et de drapeaux ornés, iavariablement, du dragon impérial. Des odeurs de vic- tuailles, de musc, d'opium, flottent dans l'air. Des orchestres diaboliques jouent éperdûment. Des pétards éclatent de toutes parts. Des fusées montent dans le ciel, d'une limpidité sereine, vers la lune blanche et les astres d'or pâle. Une rumeur, semblable au murmure éternel de la mer, s'élève des rues étroites où des flots humains coulent sans trêve, du canal et du fleuve encombrés de jonques, des larges artères où furent les remparts crénelés,* les portes formidables, les donjons cornus qu'ont rasés ces européens et ces japonais, reçus ce soir avec tant de grâce envelop- pante et de courtoisie exquise par l'influent Yuan-Shi-Kaï. * ♦ ♦ Après une navigation lente, qui nous parait interminable, tant est grande la hâte de rejoindre son home, à travers une nuit glaciale, nous débarquons enfin, non sans diffi- cultés, à un appontement quelconque, éclairé vaguement par la lueur jaunâtre d'un réverbère. Ici, c'est le silence, l'obscurité. Vers le nord, une brume pourprée indique seule la cité chinoise, pleine de lumière, de rumeurs et de bruits. La nuit s'est brusquement assombrie et, du ieu où nous sommes, cette brume ardente, qui se détadhe dans le lointain sur un vélum bleuâtre, constellé de points d'or, a l'aspect menaçant et farouche d'un glaive ensanglanté allongé sur le ciel. Albin Sabatier. Digitized by Google UN PEINTRE LUDOIS ANTOINE- MARIE BROSSIER 1739-1823 Ce n'est certes pas un artiste extraordinaire que cet inconnu dont nous venons vous entretenir aujourd'hui. Son nom mérite cependant d'être tiré de l'oubli, tant à cause du nombre de ses œuvres que de son illustre frère. Nous avons dit ailleurs ce qu'était la famille d'Ântoine- Marie Brossier ^ Fils de Gaspard Brossier, maître cordon- nier et sacriste au Lude, et de Marie Guiet, il naquit le 3 septembre 1739 et fut baptisé le même jour, en l'église du Lude, par M. Cebron, curé de Saint- Vincent *. Pendant que son frère Gaspard-Marie suivait, au diocèse d'Angers, sa vocation sacerdotale, Antoine-Marie se des- tinait à l'état religieux. Quels furent ses débuts? Nous l'ignorons. Nous ne le rencontrons qu'au commencement de la Révolution. A cette époque, il est gardien des Gordeliers de Bresçuire '. * L. Calendini, Simple note sur Gaspard-Marie Brossier Bévue de V Anjou, t. L, pp. 61-64. * Parrain, le s' de Launav, aubergiste; marraine, Marie-Thérèse Grille, tous deux du Lude Reg. de rEtat-Civil de Saint- Vincent-du- Lude. ' Breaaoire, arrondissement des Deux-Sévres. Digitized by Google 206 REVUS DE l' ANJOU Le 13 floréal an II S il présente à la municipalité du Lude les pièces qui constatent son ancienne résidence et le dépôt qu'il a fait à Bressuire de ses lettres de profession. Son désir est de se fixer au Lude et de renoncer aux fonc- tions ecclésiastiques. En conséquence, un certificat de résidence lui est accordé, qui est renouvelé les 25 prairial et 25 fructidor suivants *. En Tan V, le 27 frimaire, il donne son acte de soumis- sion c Je reconnais que l'universalité des citoyens fran- çais est le Souverain '. » En 4796 il va exercer le culte catholique au Breil *. Il avertit de sa sortie la municipalité ludoise, le 12 ventôse '. Là il toucha sa pension de 800 livres. Il en revient au bout de dix-sept mois le 2 prairial an VI \ Le 16 suivant il fait à la municipalité du Lude déclaration de son nouveau domicile, le secrétaire note qu'il a déjà juré le serment de haine à la royauté, d'attachement et fidélité à la Répu- blique et à la Constitution de l'an III et qu'il a prêté serment à Noyant \ Le 2 pluviôse, an VII, il prête, comme instituteur particulier », un nouveau serment de haine*. Un mois plus tard il présente à la municipalité et en requert l'en- registrement immédiat les deux pièces suivantes l** Certificat de prestation de serment, à Noyant, de Antoine-Marie Brossier, ministre de culte exerçant à * 2 mai 1794. * 9 juin, 11 septembre 1794. Reg. des délibérations du Conseil municipal du Lude. » 17 novembre 1796. * Le Breil, canton de Noyant, arrondissement de Baugé Maine- et-Loire. » 2 mars 1797. * 22 mai 1798. ^ Brossier signe fr [ère] Brossier » Régi de la Municipalité du Lude. ' 21 janvier 1799 mêmes registres. Digitized by Google ANTOINE-MARIE BROSSIER 207 Breuil, 58 ans , se conformant à Tarticle 35 de la loi du 19 fructidor an V. Je jure haine à la royauté... » Presta- tion faite le 1" vendémiaire, an VI ^ 2^ Attestation datée de Bressuire, 22 brumaire an Vil *, par laquelle les citoyens Grenon, aubergiste, 55 ans, demeurant à Saint-Porchaire; René Rondenet, coutellier à Bressuire, officiers municipaux notables en 1792, disent qu*étant à leur connaissance connu que les registres de la municipalité ont été incendiés ou perdus depuis la guerre de Vendée, ils certifient et attestent pour notoriété publique à qui il appartiendra que la loi du 14 mars 1792 a été promulguée... et que dans la huitaine, le citoyen Antoine-Marie Brossier, ci-devant gardien des Cordeliers de cette commune, a fait et prêté ce serment à la liberté et à l'égalité, tel que la dite loi le prescrit et qu'il s'est au surplus toujours comporté en bon patriote et vrai républi- cain, en fait de quoi nous avons signé... ' » Depuis ce temps, Antoine-Marie Brossier demeura au Lude. Il dut rétracter ses serments, car le 4 germinal an XI il était chargé par Monseigneur de Pidoll, évêque du Mans, pour procéder aux cérémonies religieuses d'usage pour la mise en possession » de Nicolas-François Guillaume nommé curé du Lude *• Retiré au Lude, dans la Grande Rue, il jouissait de la considération des habitants du Lude, qui rappelèrent au Conseil municipal et au Conseil de fabrique. Quand, en 1811, la municipalité désire avoir des vicaires, elle déclare qu'un des prêtres habitués, Antoine Brossier, est trop vieux » pour exercer cette fonction. Il y resta ainsi jus- qu'à sa mort, qui survint le 20 juin 1823, à 10 heures du * 22 septembre 1797. 12 novembre 1798. » Cette présentation est du 7 ventôse an VII, 25 février 1799 mêmes r^istres. Archives municipales du Lude Digitized by Google 208 REVUE DE L ANJOU matin, à son domicile. Le leodemain il était inhumé au Grand Cimetière'. Telle est, en résumé, la vie d'Antoine-Marie Brossier. Dès avant 1790 il avait manifesté du goût pour la pein- ture *. De celte époque nous ne connaissons rien. En effet, deux de ses tableaux seulement sont datés. L'un, sur toile, représente saint Nicolas et le miracle des trois enfants haut. 1"*40, larg. 4"20. On peut lire au bas du tableau _ S. NICOLAS BROSSIER PRETRE PINXIT 1803 XI REPVBLIC. Les visages sont vulgaires, seul le coloris est assez vif. L'autre, également sur toile, est déjà connu \ Il repré- , sente saint Augustin avec les titres de plusieurs de ses ouvrages. Sur un piédestal on lit PEINT PAR BROSSIER PRETRE 1810 Cette œuvre haut. 1"25, larg. 0"*90 est d'une composi- tion banale et faible. Meilleure est la peinture sur bois appendue au-dessus de l'entrée de la sacristie. Composée de trois panneaux horizontaux, haute de 0"»76 sur 1°*08 de large, elle repré- sente la rencontre de Jésus et de Marie sur la voie dou- loureuse. Deux lettres enlacées se détachent en noir à droite du tableau IB. La tonalité du tableau est monotone, triste comme le fait qu'il rappelle. La figure du Christ, bien en relief au * Registres de TEtat-Civil et de la paroisse du Lude. * Abbés Esnault et Denis. Dictionnaire des Artistes manceaitx, t. I, p. 99. * Revue citée p. 63. Digitized by Google t ANTOINE-MARIE BROSSIER 209 milieu de la scène, se détache complètement inspirant la tristesse et la compassion. Seule, la Vierge, vue de dos, est peu réussie. Elle a la mine d'une grosse paysanne et est couverte d'un large manteau gris sale. Une semblable signature se remarque au bas d'une toile haut. l'HO, larg. 1™25 représentant l'adoration des bergers /B. Cette peinture est moins bonne que la précédente; elle révèle chez son auteur l'ignorance com- plète de Tanatomie. Trois autres tableaux, bien que non revêtus de signa- tures apparentes, sont absolument du même goût, de même coloris, r La descente de croix, sur toile haut. l'^gO, larg. 1"'50 ; 2^ Notre-Dame de Pitié haut. 1»°75, larg. 0°^90. Les jambes du Christ sont amaigries à plaisir. Les deux anges qui assistent à la scène o&t un air des plus indifférents; 3'^ Sainte-Marie-Madeleine haut. l^'QO, largeur 'i°50, plus sombre est le coloris de ce tableau dont la base est rongée par l'humidité. En somme sept tableaux conservés en l'église du Lude peuvent être attribués à Antoine-Marie Brossier. Ce nombre est suffisant, ce semble, pour lui réserver une place parmi les artistes manceaux. Ces notes brèves n'ont pas d'autre but. Puissent-elles nous faire connaître d'autres œuvres de notre peintre ludois ! Louis Calendini. 14 Digrtized by Google Digitized by Google Le retour à la Province et les Écrivains d'aujourd'hui Lorsqu'il y a de cela quelque cent cinquante ou deux cents ans, dit M. Brunetière S un Lesage, l'auteur de • Gil^BlaSy qui était de Sarzeau, ou un Duclos, Fauteur Telle est la conclusion de toute philosophie un peu libre, de toute analyse sérieuse de Tidée du Moi ». Nous sommes avant tout et par-dessus tout des êtres d'habitude. Un ensemble de coutumes nous mène, que nous ne saurions contrarier absolument. Ceux qui se piquent de dilettan- tisme et qui, en apparence, vont butinant les fleurs les plus diverses et se prêtant aux sentiments les plus con- traires, sans se donner à aucun, sont encore guidés dans leurs diverses expériences par une grande idée direc- trice dont ils ont plus ou moins conscience, mais qui n'en existe pas moins. A quoi sert d'aller chercher très loin l'émotion de l'âme ou le plaisir des yeux, quand notre propre pays nous réserve de continuelles surprises? Sans parler du pitto- resque de nos provinces, croyez-vous qu'au seul point de vue psychologique elles ne nous offrent pas autant de res- sources que les grandes villes du monde où nous pourrions demeurer? On parle toujours de cosmopolitisme, mais a-t-on bien examiné le sens et la valeur de ce mot presti- gieux? Assurément, les cités cosmopolites ont pour l'ama- teur d'àmes un intérêt de premier ordre. C'est en ce qui regarde le conflit sur un même point du globe des races ^ Léon Daudet, op. 7., p. 106 Digitized by Google RETOUR A LA PROVINCE ET ÉCRIVAINS d'aUJOURD*HUI 221 les plus opposées. Mais, quand vous aurez étudié la situa- taon sous toutes ses faces, si vous avez un outil d'une remarquable finesse, vous serez bien prêt de dire avec Paul Bourget Plus on fréquente les cosmopolites, plus on constate que la donnée la plus irréductible en eux est € cette force spéciale de l'hérédité qui sommeille sous Tuniforme monotonie des rapports superficiels, prête à € se réveiller aussitôt que la passion remue l'arrière-fond c du tempérament. » Et puis, dans une ville à laquelle aucun lien ne nous rattache, il est vite émoussé, le plaisir de l'observation faite sans but. Tous les cosmopolites le .reconnaissent et, s'ils trouvent un certain charme dans les exercices spiri- tuels auxquels ils se livrent, ce n*est jamais sans une véritable fatigue, née de ce besoin même de Tâme qui veut des racines, des habitudes fixes, enchaînées les unes aux autres et indépendantes de tout choix raisonné, de toute délibération personnelle. c Les ancêtres que nous prolongeons, dit M. Barrés \ ne nous transmettent intégralement Théritage accumulé € de leurs âmes que par la permanence de Taction ter- ce Tienne. C'est en maintenant sous nos yeux Thorizon qui cerna leurs travaux, leurs félicités ou leurs ruines que r nous entendrons le mieux ce qui nous est permis ou défendu. De la campagne, en toute saison, s'élève le chant des morts. Un vent léger le porte et le disperse comme une senteur. Que son appel nous oriente! Le cri r et le vol des oiseaux, la multiplicité des brins d'herbe, la ramure des arbres, les teintes changeantes du ciel et c le silence des espaces nous rendent sensible, en tous c lieux, la loi de l'éternelle décomposition, mais le climat, . — Richard de Tussac — Desvaux 1822-f988. Ainsi que nous venons de le voir, la lettre du ministre derintérieurj, datée du 25 pluviôse an XII 15 février 1805» suivie le 3 ventôse 23 février d'un arrêté préfectoral, mettait à la disposition de la ville, pour l'installation des établissements scientifiques qu'il contient, les bâtiments de Tancien grand séminaire. Le musée avait donc un local, restait à choisir un conservateur. Nul autre n'était mieux désigné pour remplir ce poste que Renou qui, depuis huit ans, avait contribué si puis- samment à sa création; c'est ce que comprit la municipa- lité d'Angers et, le 2 frimaire an XIV 18 octobre 1806, le maire prend l'arrêté suivant Le maire de la ville d'Angers, considérant que les dépôts scientifiques existant en cette^ ville ayant été mis à la charge des communes, il doit prendre les mesures et employer les moyens convenables à leur entretien et à leur conservation; c Considérant que le cabinet d'histoire naturelle n'étant pourvu nouvellement d'aucun administrateur, il est indis- pensable d'en confier le soin à des hommes éclairés qui Digitized by Google 228 RBVUE DE L*ANJOU voudront bien en prendre la charge et de leur donner des aides intelligents qui puissent, sous leurs ordres, travailler à Tentretien de ces établissements; Considérant que M. Renou, professeur d'histoire natu- relle de Tex-école centrale de Maine-et-Loire, a rempli avec zèle, activité et complaisance pendant son exercice la fonc- tion de conservateur et quMl est disposé à continuer ses soins dans la seule vue d'être utile à la chose publique arrête ance et de Navarre; les députés de la Convention, actuellement en mission à Nantes, seraient remis comme otages. Au lieu de se laisser intimider par cellte proclamation, les Nantais y répondirent par le serment de donner à Tunivers un grand et terrible exemple de ce que peut inspirera un peuple Tamour de la liberté, la haine de la tyrannie ». Avec le même langage déclamatoire et pom* Digitized by Google SUR LES CHEMINS DB VENDRE 253 peux, ils appelèrent à leur secours les départements voisins. Ils élevèrent des redoutes et accrurent le chiffre de leur garnison. Les Vendéens, sûrs de vaincre, ne se pressaient pas. Le 26, ils bivouaquaient à Saint-Georges-sur- Loire; le 27, à Ancenis; le 28, ils se séparaient en deux colonnes. L'une, sous le commandement de Cathelineau et de d'Elbée, se dirigea vers Nort, pour y passer TErdre et pouvoir attaquçr Nantes par la route de Rennes. L'autre poursuivit directement son chemin, conduite par Bon- champs et Stofflet. Le 28 au soir, les Nantais aperçurent des feux de bivouac et entendirent les paysans souffler dans des cornes de bœuf pour se rassembler par paroisse. Le 29, fête de saint Pierre, à deux heures du matin, le premier coup de canon retentit. C'était Charette qui le tirait. Sur les instances de Lescure, le chef de la Basse- Vendée avait accepté de combiner son action avec celle de la le roi, quittant son cercle Digitized by Google LB MBNUBT DU ROI 265 de belles dames, avait dit Je voudrais danser un joli menuet; où donc est la marquise? » La marquise, c'était alors ma grand'mère ; comme plus tard M°* de Pompadour. . . a Voilà pourquoi, au palais de Versailles, les grands jardins de Lenôtre me laissent froid comme eux. Je ne vais point y rechercher la trace des idylles disparues ; je n'accorde pas un regard aux tableaux où Van der Meulen illustra notre histoire; mais j*aime à me promener dans ces grandes salles où passait la Cour et que traversa mon aïeule. Nous ferons un jour ce pèlerinage; nous évoque- rons, dans la galerie des Glaces, les habits brodés, les talons rouges» les dentelles légères des robes, les sujets galants des éventails qui s*inclinaient pour les confidences, toute cette foule parfumée et discrète comme un billet d'amour, tournée vers le fond où le Roi , sous la lumière miroitante des lustres, danse le menuet avec la marquise de Ghateauguyon. Pendant dix ans le Roi, les hauts seigneurs, les dames, et les généraux qui gagnent des batailles, et les diplomates qui en profitent, et les ministres graves, et les ambassadeurs compassés» tout ce qui parut d*illustre et de brillant à la Cour vit danser ma grand'mère. Elle inspira des passions, répondit à quelques-unes, causa quelques duels et beaucoup de jolis vers elle était dame de la Cour, elle y jouait son rôle. Elle y donna toute son âme, tout son esprit, toute sa jeunesse. Puis, le jour où elle- se sentit vieillir, elle dansa un dernier menuet et, le lendemain, quitta discrètement la Cour. Elle se retira dans ses terres de Bretagne, près de Rennes, et on ne parla plus d*elle à Versailles. C'était ce qu'elle voulait les femmes de ce temps-là, mon cher, étaient des femmes de goût. Elle ne connut point M"''' de Pompadour, elle ignora la du Barry et acheva de vieillir parmi ses souvenirs. Un jour — oh ! bien longtemps après — le Roi vint Digitized by Google . R£VUE DE L ANJOU en Bretagne; la Cour le suivit et, comme il était à Rennes, on lui parla de Chateauguyon, où était ma grand'mère. Le Roi eut un sourire triste et dit Faites demander à M"^ la Marquise si elle veut bien me recevoir ». C'était sa jeunesse qui lui revenait en tête ! M°* la Marquise reçut le Roi ce fut l'arrivée du prince Charmant dans le palais de la Belle au bois dor- mant. Le grand parc ouvrisses grilles, le vieux château s'illumina et, sur les marches du haut perron, les laquais poudrés, à la livrée des Chateauguyon, attendirent, tout raides et torches en mains, l'arrivée du visiteur. Ma grand'mère s'était réveillée d'un seul coup. Deux doigts de rouge lui avaient rendu sa jeunesse, et la mouche avait repris sa place familière sur la fossette, fraîche comme jadis. Elle mit sa robe de cour, celle du dernier bal, jeta un coup d'œil à son miroir et sourit la marquise de Chateauguyon pouvait reparaître devant la Cour. Et, quand le Roi, le vieux roi, descendit de son carrosse au bas de l'escalier, il s'arrêta stupéfait devant cette petite marquise qui venait à lui avec les trois révé- rences d'honneur. Il lui baisa les doigts et dit, en soupi- rant un peu Marquise, c'est donc toujours le printemps, en Bretagne? » — t Sire, lui répondit-elle, c'est qu'on y vit des souvenirs de Versailles! » Le Roi sourit tristement et entra. Comme sa suite entrait derrière lui, un orchestre éclata. C'était le dernier désir de ma grand'mère. qui s'exprimait en musique. Le roi comprit, prit la main de la marquise et, étant venus tous deux en place, ils cojmimencèrent le menuet, • Admirez son ciel, ses montagnes, ses * Albert Damont. Eâsai sur PEphébie atiiqne, I, p. 190 et suiv. Digitized by Google 278 REVUE DE l' ANJOU raisins, ses bonnes manières, vous serez son ami, il vous cueillera quelques fleurettes des champs, vous souhaitera bonne santé et bon voyage. Car il est très vaniteux. Il reconnaît pourtant une sorte de supériorité à l'Européen. Il faut le traiter comme un enfant si on le brusque, il se froisse et est capable d'un coup de tête. S'il constate qu'on sait ce qu'on veut, qu'on est froid et résolu, il renonce à son indiscipline naturelle et devient même^dévoué. Il se plaint toujours de sa pauvreté; mais il est d'une sobriété extrême, et il ne mendie pas. Sur la route parfois un enfant sort d'un fourré, et vous suit quelque temps avant d'oser tendre la main; leplussouvent, il vous jettera un bouquet cueilli à la hâte au bord du chemin, et il attendra que l'admiration du lordos pour ce geste charmant lui rapporte son petit profit. Si vous le décevez, il vous fera le geste de malédiction. Mais on n'est jamais harcelé comme en Italie. Quand il le peut, il est hospitalier. Il vous fait coucher sur le plancher parce qu'il n'a pas de lit , mais il vous abandonne la meilleure chambre. Sa table n'est pas abon- dante ; mais, s'il a dans son assiette un bon morceau, il le fera passer dans la vôtre, à peine goûté. Il supplée à la quantité des plats par celle des paroles. Sa conversation n'est jamais sotte. Il devient facilement éloquent je l'ai vu gracieux à la fin d'un repas de noces, véhément dans une discussion politique, pompeux pour célébrer notre 14 juillet. Tous orateurs », leur disais-je parfois. En France surtout, on juge trop facilement un peuple sur quelques spécimens rencontrés au hasard, et qui sont presque fatalement des pires. Un voyageur parcourt en hâte l'Italie; il soufl're de la nonchalance du facchino, de l'insolence des cochers de Naples, du cynisme des garçons d'hôtel, de l'inlassable lamentation de la tribu quéman- deuse, des importunités et des filouteries de ce monde de la rue. Quel beau pays, dit-il, mais quel sale peuple! Digitized by Google LA GRÈCE ACTUELLE 279 C'est qu'il n'a pu goûter la gentileza » d^ vrai Italien, sa courtoisie, son obligeance désintéressée, — parfaite- ment ! — et cette hospitalité cordiale du patron de Talbergo, qui vous fait une famille pour vos quelques jours de pas- sage y et n'en grossit pas sa note. Parce qu'un aventurier levantin a eu la main trop agile sur le tapis vert, ou parce qu'un Calchas d'opérette triche au jeu, le nom de Grec est devenu synonyme d'escroquerie ou de déloyauté. Le meilleur moyen peut être dç fuir ce Grec de légende c'est d'aller en Grèce. Comme toute région qui vit du voyageur, Athènes, Olympie, Delphes, Patras ont leurs hôteliers rapaces, les exigences de leurs voitu- riers et la surenchère de leurs commerçants. Mais il est presque toujours facile d'obtenir des symphonies » rai- sonnables. Le vrai vol est à peu près inconnu. II n'y a peut- être pas de pays où les bagages se gardent mieux tout seuls. Je me reproche encore la surprise un peu douloureuse qui altéra le visage d'un chef de gare, de qui je sollicitais un bulletin, pour une malle qui devait rester trois jours dans un hall, exposé à tous les vents... et à tous les passants. Dans les campagnes, on juge que l'opulent étranger doit payer un tribut à la nation pauvre qui l'attire de si loin, elles prix sont d'une exagération naïve. Une cuiller est un instrument utile, deux cuillers sont du luxe, trois cuillers deviennent une magnificence qu'on n'évaluera jamais trop cher. Lorsqu'on a passé la nuit dans une maisonnette transformée pour l'occasion eq hôtellerie, et qu'on a chaussé ses guêtres pour le départ, c'est le moment de régler ses comptes. Le total est stupéfiant. On discute ; les badauds s'assemblent. Chacun vous affirme d'abord que la note est exacte, mais tout le monde sourit. Qui va être attrapé ? Le lordos ne le prendra pas au tragique; le lordos doit mettre les rieurs de son côté. Il plaisantera ; puis il fera lui-même son compte, posément, résolument, montrera qu'il accorde le double du juste prix et déposera Digitized by Google 280 REVUE DE l' ANJOU ses drachmes dans une main qui ne les refusera pas. L'opi- nion est pour lui ; un peu jalouse d*un argent si vite gagné, elle murmure Après tout, c'est vrai ; ces gens ne sont pas des Turcs; ce sont des chrétiens comme nous ! — Et Ton se quitte bons amis. Les saints sont beaucoup fêtés en Grèce. Je raconterai ici la Saint-Georges, à Arachova, riche village du Parnasse. Nos amis de Delphes nous promettent depuis longtemps que nou la passerons bonne ». Il faut partir dès le malin ; car il y a plus de deux heures de chemin. Bientôt la cara- vane de mulets s'avance sur la grand'route; les bêtes secouent leurs clochettes, qui en\plissent le ravin sonore d'une joyeuse harmonie; les^ cavaliers, la plupart assis, laissent pendre, sous la fustanelle bien blanche, leurs jambes, chaussées de galoches à pompons. Leur gaieté s'ex- prime par des chants, dont le chromatisme nasillard nous paraîtrait un peu funèbre, si le bleu du ciel et la pureté de l'air ne nous dilataient largement les poumons et Tâme. On arrive à la région des vignes; elles s'accrochent déses- pérément au flanc de la montagne. La large route fait des lacets que nous abrégerons voici le. sentier étroit et pier- reux qui escalade les pentes. Les montures se mettent à la file. A force de coups de reins, et se retenant des quatre pieds dans les descentes, elles nous amènent en vue du village en fête. On entend le tintement aigu du modeste bourdon de Téglise l'office est commencé. Sur la place, des groupes bavardent; dans la nef, on en fait autant, tandis que les chantres,psalmodient du nez en deux chœurs qui ne manifestent aucun souci de s'accorder. Parfois, une sorte de guichet s'ouvre dans la paroi historiée, qui sépare les fidèles du sanctuaire. Un pappas à longue barbe lance une bénédiction farouche. Le volet se referme, et la cérémonie mystérieuse s'achève loin des regards. Un pétard éclate sur le seuil. La foule se range autour de la place; la gar- nison, qui comprend sept hommes de diverses armes. Digitized by Google LA GRÈGE ACTUELLE 281 rend mollement les honneurs. Une courte procession s'avance, de pappas chevelus et barbus, et d'enfants de chœur portant avec une sainte familiarité les icônes décou- pées au haut d'un bâton. L'officiant, avant de terminer les prières, envoie dire que c'est le moment de braquer les appareils photographiques. On prend des vues. L'astynome commandant lève son képi et pousse les vivats en l'hon- neur de la famille royale. C'est fini. Il faut songer mainte- nant au festin. / Nous parcourons les ruelles cahoteuses. A chaque carre- four, un large brasier a été étendu. Enfilés sur de longues perches, des agneaux entiers, victimes obligées de ces réjouissances, sont tournés lentement et emplissent l'air d'une odeur de rôti , qui n'a plus été sentie depuis Pâques. On nous offre partout des apéritifs variés entrailles grillées, fromage à la crème, verres de vin. Monsieur le Maire, qui est nçiédecin, et qui sait les bonnes façons, y ajoute la tasse de café, les confitures de cerises et la chartreuse. Il est temps de se mettre à table. Autant de services, autant de plats d'agneau. Quelques tiges d'ail nouveau aiguisent Tappétit. Le vin est excellent. Le dessert nous apporte des fruits cueillis avant l'heure, la tasse de café turc et le verre de mastique. Pendant ce temps, les jeux se sont organisés. La course se fait sur une pente semée de cailloux coupants, où Tassis- tance a peine à s'agripper. Deux bergers, pieds nus, s'élancent d'en bas. Nous admirons leur agilité et leur endurance, et, comme certains profils ont des lignes clas- siques, que le prix est un agneau tenu dans les bras, que le départ est précédé d'au moins trois discours, dont l'un pour recommander le silence, nous n'avons pas de peine à évoquer les tableaux champêtres de Moschos ou de Théocrite. Ce sont les danses qui attirent le plus la foule. Elle y trouve la meilleure expression de sa joie tranquille, et des Digitized by Google 282 REVUE DE l' ANJOU traditions nationales, sauvées de la domination musul- mane. Les hommes et les femmes ont formé deux chœurs distincts. Celles-ci, qu'on nous avait vantées, ont revêtu, pardessus leurs robes, une longue tunique blanche qui, peu serrée à la taille, ne leur confère aucune élégance. Le tablier qu'elles ajoutent, et une sorte de basque à poils ras, les alourdit encore. Elles ont les cheveux nattés et séparés en bandeaux. Quelques-unes se sont cuirassées de médailles dorées, qui leur font une poitrine étincelante et barbare. Les hommes ont plus de grâce et de souplesse. Dix de part et d'autre, ils se tiennent par la main, et la file évolue lentement. Le premier, le coryphée, est le seul qui danse vraiment, de la main libre et des jambes. Ses mouvements sont variés et onduleux; ce sont plutôt des attitudes rythmées, qu'il semble choisir à son gré, bien que toujours dans^le même ordre de gestes, et qui sont à peine esquissées par les autres, jusqu'au dernier, où l'im- pulsion donnée parait s'éteindre. Parfois, le jeune hdmme s'anime et se permet un ou deux bonds. Le chœur des femmes reste toujours mesuré et presque solennel. Il y a un vrai contraste entre cette danse calme, un peu mélan- colique et pourtant impressionnante, et la musique qui la soutient. L'orchestre essentiel ne comporte que deux ins- truments une sorte de grosse caisse et une flûte. Tandis que la peau tendue est frappée à tour de bras, et vous secoue de ses vibrations sourdes, la flûte vous perce les oreilles de ses trilles aigus et précipités. Les joues gonflées, les yeux brillants, le flûtiste se livre à son inspiration mo- notone; il poursuit le danseur, comme pour l'exciter, . l'enivrer, lui communiquer peu à peu l'influence du dieu qui l'anime. Je ne sais si c'est Apollon ; mais il est évident que nous ne sommes plus de cette école de musique. Nous songeons au retour. Le village continuera à se divertir ainsi, sans cris, sans désordre, dans la paix dorée du soleil couchant. Si les gestes ne sont pas les mêmes. Digitized by Google LA GRÈCE ACTUELLE 283 si nous accordons aux anciens une réalisation plus satis- faisante de la beauté, n'est-il pas vrai que les successeurs n'ont pas des mœurs tellement différentes? Que ce soient le sang et la tradition » ou que le climat et le pays leur aient imposé des coutumes semblables, un peu du passé classique revit parmi eux , et il suffit d'un désir bienveillant pour le découvrir sans trop de peine. LA RELIGION ET LA LANGUE Les Hellènes appartiennent à la religion grecque ortho- doxe. C'est un christianisme qui a moins évolué que celui d'Occident. Comme tout ce qui vit en Orient, il semble s'être figé dans ses formules, dans ses rites et dans ses observances. Je ne voudrais rien dire de choquant ni d'aven- turé, dans un sujet toujours délicat, et que je n'ai pu pénétrer beaucoup. Il m'a paru que la morale chrétienne n'avait plus qu'une influence d'habitude, chez un peuple qui sourit de tout, mais qui conserve des foyers secrets. J'ai rencontré, même dans les campagnes, plus d'un Grec sceptique mais ce scepticisme est intellectuel, et s'allie aveaun respect irraisonné et tenace de superstition ainsi autrefois les Athéniens se moquaient agréablement de leurs divinités et condamnaient à mort Socrate pour avoir nié les dieux nationaux. Le triple signe de croix, les cierges devant les images saintes, et surtout les jeûnes nombreux et longs, rigou- reusement observés, de fréquentes fêtes chômées telles sont les principales manifestations de leur vie religieuse. Pendant le jeûne qui précède la Panaghia d'Août Assomp- tion, je faisais une excursion en Béotie, guidé par le fidèle et industrieux Tsacalos. C'était au plus fort de la chaleur. Mon programme prévoyait dix jours bien remplis. Aussi partions-nous dès le matin. Je m'asseyais sur le dos d'un mulet, le vigoureux et ardent iMarco, chéri de son Digitized by Google 284 REVUE DE l' ANJOU maître, et qui le méritait bien. Mdn agoyate suivait à pied. De temps en temps rEffendi descendait et était assez oublieux de sa dignité pour céder sa place au Romios, et se dégourdir les jambes. Le soleil de midi ne nous arrêtait que le moment du repas. Les vivres étaient peu abondants des œufs durs, une boîte de sardines à Thuile vite épuisée, deux petits canards sauvages achetés une drachme à un chasseur du Gopaïs, du fromage sec, quelques raisins dorés subrepticement cueillis. Jamais je n'ai tant marché, me disait Tsacalos; Monsieur, vous me ferez mourir. i> Il ne ma pas expliqué ses idées religieuses; mais, malgré mes exhortations, et ma casuistique sans doute relâchée, il ne voulait rien tempérer de son abstinence, ne mangeant que le matin et le soir. A vrai dire, je n'ai jamais pu découvrir quelle était sa nourriture, probablement à base de pain trempé dans l'eau fraîche, comme je Tai vu faire maintes fois aux ouvriers des fouilles. Dans la solitude des montagnes, nous rencontrions parfois une modeste cha- pelle, consacrée à Saint Hélie, ou à Saint Jean, ombragée de deux ou trois platanes. Il y déposait sa modeste offrande, et il avait bien 1-air de consentir ce sacrifice comme rançon des chutes, mauvaises rencontres, fièvres et autres malé- fices. Le clergé séculier est marié, et ne semble pas jouir d'un prestige spécial. Les moines habitent des couvents, presque toujours bâtis dans des sites admirables. Ils ont des terres, qu'ils cultivent ou font cultiver, et des trou- peaux. Quelques-uns sont des sortes de retraités, qui viennent habiter une petite maison dans l'enceinte du monastère, et finir leur vie dans le calme. A certaines heures, la cloche de Téglise les appelle à la prière. Ils semblent avoir une dévotion de tout repos, et tenir leur sérénité en garde contre les préoccupations scientifiques. Quand on passe le seuil voûté de leur enceinte, ils vous accueillent aimablement; un papous en robe noire, jaunie Digitized by Google LA GAÂCB ACrUELLB 285 par Tusage, conduit à Técurie votre^mulet; un pupille imberbe, le chignon attaché derrière la tête, vous mène versThigoumène, ou vers quelque autre dignitaire, dont vous serez l'hôte tant que vous voudrez demeurer, à charge d'une offrande proportionnée et volontaire. Toute cette Église relève du Synod^ sacré, dont le pré- sident est le métropolite d'Athènes. Elle ne dépend d'au- cune autre, et elle est ainsi purement nationale. C'est ce qui lui conserve une puissance réelle. Les Grecs la consi- dèrent comme un lien qui les rattache, même au loin, à la patrie commune. Ainsi les colonies antiques empor- taient les dieux de la cité et pouvaient, en leur nom, récla- mer protection et assistance. Une autre part de leur patrimoine sacré, c'est leur langue. C'est encore un bien qui leur tient à cœur, et auquel ils ne souffrent pas d'attaque. D'abord, il n'y a pas de doute là-dessus, ce qu'ils parlent, c'est bien le grec, celui- là même que nous étudions dans nos classes. Entendons- nous aucune langue parlée ne peut rester invariable dans le cours de plusieurs siècles. Joinville et Rabelais ont écrit en français nous ne les lisons pas sans difficulté. C'est ainsi que, si l'on joue Antigène dans le texte de Sophocle, comme je l'ai vu en avril 1905, au Stade d'Athènes, les modernes Hellènes n'en comprennent pas tout, et tant s'en faut. Mais, vocabulaire, flexions des noms et des verbes, accent le fonds est le même, modifié, simplifié, suivant les lois d'évolution des langues. La syntaxe est ce qui a été le plus altéré sauf quelques tournures spéciales, elle s'est beaucoup rapprochée de nos constructions de phrases. Notre prononciation classique est artificielle, nous le savons. Ils prétendent que la leur est conforme à l'ancienne, et il est vrai que l'orthographe de certaines inscriptions d'époque romaine leur donne raison surplus d'un point, notamment sur le son i, attribué à plusieurs voyelles et diphtongues. Il est impossible toutefois que l'évolution n'ait pas agi Digitized by Google 286 RKVUB DE l' ANJOU aussi là-dessus. Gefa déroute en tout cas rhelléniste euro- péen, qui trouve encore, dans certaines gutturales ou sifflantes, un obstacle à la conversation courante. Le long asservissement des Grecs, en comprimant leur vie nationale, avait aussi appauvri et contaminé leur langue. Plus d'administration indigène, plus de littéra- ture, plus d'art. Les termes qui les nomment, ou dont on en discute, avaient disparu. Beaucoup d'objets usuels même avaient reçu des noms turcs, ou italiens. L'indépendance donna un renouveau à tout. La langue devait suivie le mouvement ; chasser les mots étrangers, compléter le voca- bulaire, à mesure que les institutions se créaient et que les horizons s'élargissaient tel fut le programme de Télite intellectuelle et sociale qui se dégagea d'abord. Peut-on leur reprocher, quand ils avaient besoin de mots pour nommer un préfet ou un chemin de fer, d'en avoir demandé à leurs ancêtres? Mais ils n'ont pas cru que ce fût assez ils ont dès lors entrepris une réforme de leur langage, cherchant à reproduire les expressions et les tournures de phrases des grands classiques, essayant de remonter le cours des âges et n'y réussissant qu'à moitié, créant ainsi une langue artificielle sans saveur, sans grâce, sans souplesse, qu'ils appellent purifiée^ et dont ils ne savent nettement jusqu^à quel point ils la purifieront. Pour rinstant, les puristes » triomphent. Grâce aux livres, aux journaux — qui sont très nombreux et avide- ment lus partout — et aux écoles, cette langue est connue de tous. Elle a été adoptée par les salons et est devenue la marque du bon ton. Le vieux dialecte sert dans le peuple; il est réputé campagnard et grossier. Quelques érudits formés aux Universités étrangères ont bien essayé de réagir. Ils ont soutenu qu'une langue ne se manipule pas de la sorte, que c'est un organisme vivant qui ne s'accroît que par une nourriture bien digérée, et qui doit suivre son évolution naturelle; que le grec moderne, avec ses alliages Digitized by Google LA GRÈCE ACTUELLE 287 et sa rudesse, est imagé, solide, plus riche qu'on ne le croit, plus apte à créer une littérature vraiment nationale. Mais on ne les écoute pas. MM. Psichari et Palli sont traités de barbares et de faux frères. Ils ont composé des livres qu'on accuse d'être un ramassis polyglotte et caco- phonique, écume sur tous les rivages de la Méditerranée. La querelle est vive. En décembre 1901, elle a été san- glante. Nous avons vu les rues" d'Athènes pleines d'un peuple en révolte, l'Université en état de siège, l'armée de terre tenue en échec, les marins s'avançant en colonnes et, attaqués à coups de revolver, faisant feu sur la foule. J'entends encore ces salves retentissantes et je vois ces fuites éperdues, ces cadavres sanglants emportés à la hâte. La religion et la langue étaient en cause. Un journal avait osé publier une traduction des Évangiles en grec populaire. Ce n'était pas seulement une œuvre antipatrio- tique; la vulgarité du style en faisait une profanation. La reine, qui l'avait provoquée par piété, le itoétropolite, qui l'avait approuvée, durent reconnaître leur erreur. Il fallut excommunier, brûler les exemplaires. Nos histo- riens à la minute évoquèrent Byzance' et le filioque et traitèrent ces émeutes de théologiques. En réalité, c'était le soulèvement d'un peuple ombrageux qui croyait menacée sa double tradition nationale, la païenne dans la langue, la chrétienne dans l'Évangile. LE GOUVERNEMENT ET LA POLITIQUE En 1830, les puissances protectrices décidèrent de donner un roi aux Hellènes. Ce fut un prince bavarois, Othoiï, qui accepta ce trône tout neuf. Il y resta assis trente ans , sans sécurité. En 1862, s'étant absenté, il fut prié de rester chez lui , en compagnie de sa virile épouse , la reine Amélie. Depuis 1863, c'est le roi Georges, venu de Dane- mark, qui règne. Autant qu'il m'a semblé, les Grecs se Digitized by Google 288 RBVUB DE l'aNJOD sont fait, à Tégard de la famille royale, une sorte de loya* lisme. Habilement, le roi s'est maintenu au-dessus où à l'écart de leurs querelles politiques, fortifiant sa situation et assurant à ses enfants de bonnes alliances. Le gouvernement est exercé par un Conseil des Ministres et par une seule Chambre, issue du suffrage universel. L'électeur a une haute opinion de ses droits et de son pouvoir. II se dit Par, mon bulletin de vote, je suis le maître. C'est moi qui fais mon député, et mon député fait les lois. La loi est donc mon œuvre. On est toujours supé- rieur à son œuvre. Si une loi me gêne trop, je me dispense de Tobserver. Si les pierres d'un pont, d'une ruine, d'un parapet s'adaptent bien à une bâtisse personnelle, il est assez juste que j'en profite. Cela appartient à l'Etat? Mais l'État, c'est moi. Si l'on a besoin d'un emploi dans ma famille, à quoi sera bon le député que j'ai nommé, sinon à me le procurer? Si j'ai un procès, à qui appartient son influence sinon à ma cause? Le député, à son tour, soutient les ministres, tant qu'ils lui procurent les moyens d'aider ses électeurs et surtout ses comatarques ou chefs de groupes. Comme ces liens politiques sont sujets à ruptures, les majorités sont instables et les barrières entre lé gouvernement et l'oppo- sition aisément franchies. De là, non pas une véritable anarchie, car ce peuple, d'abord enivré de liberté, s'est peu à peu assagi, a senti la nécessité du contrat social et, capable de coups de tète, conserve toutefois habituellement un certain laisser-aller qui permet à la machine administrative de fonctionner vaille que vaille; mais l'indiscipline, l'intrigue, une surabondance de fonctionnaires, le délabrement des tra- vaux publics, de mauvaises finances, enfin un état politique ruineux, dont tout le monde est cause et dont tout le monde souffre. Bien que les conceptions gouvernementales ou sociales Digitized by Google LA GRÈCE ACTUELLE 289 soient sensiblement les mêmes chez tous les citoyens, il s'est pourtant formé des partis. Ce sont plutôt des groupe- ments autour d'un homme. Il y en avait récemment deux principaux les Théotokistes et les Delyannistes. On se battait à force de discours, de manifestations et de manœuvres parlementaires, surtout à chaque fin d'année, au moment de voter le budget. Ce n'était pas, d'ailleurs, que les programmes fussent très différents. On s*accordait pour promettre le renforcement de l'armée, une réforme de l'administration, et surtout un équilibre plus exact des finances. Seulement, tenu par sa clientèle électorale, le gouvernement ne pouvait rien accomplir de tout cela. L'opposition le réclamait avec une énergie croissante, jusqu'à ce que, devenue la majorité et appelée aux affaires, elle faillit à toutes ses promesses et que, les rôles étant intervertis, la situation restât absolument la même. Ce qui changeait, c'était la tribu fidèle des fonctionnaires, qui suivait ses ministres dans leur disgrâce et dans leur restauration. Cela ne pouvait durer. La pauvreté générale diminuait; le désir de tous en devenait plus pressant de porter remède au mal d'argent auquel l'État était sur le point de succomber encore. On n'a pas oublié la faillite officielle de 1893. J'emprunte ici à une récente lettre, signée Andréadès, et publiée dans la Revue des Études grecques, le récit des améliorations enfin votées par Tunion de tous les partis L'administration était devenueTesclave de la politique. Depuis quelques aûnées des efforts méritoires ont été faits en vue de son affranchissement. Ils ont pris la forme de lois décentralisatrices. La première en date est la loi de 1896, sur l'instruction primaire; elle a débarrassé les instituteurs des interventions des députés en les soumet- tant au contrôle des inspecteurs généraux, fonctionnaires que le ministre ne peut ni révoquer ni déplacer. La loi de 1900 sur le commandement général de l'armée, votée 19 Digitized by Google 290 REVUE DE l' ANJOU par une Chambre Théotokiste, a eu un but analogue à la loi précédente, œuvre d'un cabinet Délyannis. La loi votée il y a deux mois septembre 1905 met également l'ensei- gnement secondaire à Tabri d'interventions extérieures. Enfin, la loi sur les pensions édicté que les fonctionnaires ayant quinze ans de service ne pourront être révoqués que pour des raisons déterminées et sur la décision d'un conseil supérieur indépendant de l'exécutif... Indépendamment de la confection de ces lois, la Chambre s'est montrée très laborieuse ; elle a voté la con- vention relative au raisin de Corinthe et a eu le rare cou- rage de réduire le nombre de ses membres de 234 à 175. » Oa appréciera en effet cette amputation faite sur elle- même par une assemblée. Mais on remarquera aussi qu'il reste encore beaucoup de représentants, pour un pays dont la population égale celle de quatre ou cinq de nos départe- ments moyens. Chacun touche drachmes fr. par session. Les nomarchies ou préfectures sont au nombre de 16, et les éparchies, ou sous-préfectures, de 72. Comme j'assistais aux dernières fouilles de Delphes, il y avait trois groupes d'ouvriers, un au Musée, un autre à Marmaria; le troisième explorait la Nécropole sous ma direction. Les deux premiers étaient surveillés par deux épistates, fonctionnaires à 60 drachmes par mois, choisis parmi les citoyens influents du village. Je n'avais pas d'épistate. Huit jours avant déterminer, je vis un palikare cossu assis dans mes tranchées, un brin de paille entre les dents. Que viens-tu faire ici ? » lui dis-je. Je suis épistate, me répondit-il; nous sommes deux nouveaux. On a enlevé 20 drachmes à chacun des deux anciens, pour constituer ainsi trois traitements de 40 drachmes, et on a voté une égale somme pour le quatrième. » — Mais, repartis-je, nos fouilles vont s'achever bientôt. Ton emploi, qui n'est pas fatigante va se réduire à rien. » Il se contenta de sourire ; et son sourire disait Qu'importe ! Tant que Digitized by Google LA GRÈCE ACTUELLE 291 mon député sera au pouvoir, il trouvera bon que je sur- veille des fouilles qui n'existent pas, et que je sois ainsi récompensé de services autres, mais réels. » Ces histoires sont d'hier, ou d'avant-hier. L'excès du mal appelle les remèdes, et je pense que le vent de réformes qui souffle aujourd'hui a emporté tous nos épistates de paille. LES RESSOURCES Le moderne Hellène a du goût pour le négoce et la banque. Il ne trouve à l'exercer chez lui que dans de mi- nimes proportions. Aussi n'hésite-t-il pas à s'expatrier. Beaucoup vont à Constantinople, à Smyrne, à Alexandrie, à Marseille. Il n'est pas rare qu'ils y fassent d'honnêtes fortunes. Les heureux n'oublient pas leur patrie, et quan- tité d'établissements, hôpitaux, lycées, musées, biblio- thèques, proclament sur le sol Athénien la générosité des fils lointains. Une émigration assez considérable a pour rendez-vous l'Amérique. Il parait que l'Arcadie n'est plus la terre for- tunée , car elle en fournit une grande part. Les premiers qui se sont installés là-bas ont prouvé leur succès en envoyant au village quelque argent; ils ont fait venir leurs frères et cousins. Une étude de leurs colonies américaines nous dirait qu'ils vendent surtout des fruits et des denrées, et que peut-être Plutus n'est pas aussi favorable à tous. J'en ai rencontré qui partaient pleins d'espoir, et d'autres qui sont revenus riches seulement de désillusion. Ceux-là sont d'ailleurs, je crois, peu nombreux. Le Grec n'aime guère le sillon journalier. Mais s'il est resté amateur d'aventures, il faut en accuser ses mon- tagnes. Depuis longtemps déboisées, elles ne recueillent plus l'eau des pluies. C'est à grand peine que, sur les dernières pentes, des terrasses consolidées de murs, retiennent la terre. On y plante des oliviers, aussi loin Digitized by Google â92 REVUE DE l' ANJOU que la source voisine veut bien aller les arroser ainsi eu est-il de la sainte fontaine de Gastalie. Mais ces oliviers donnent des fruits et une huile qui ne passent pas la fron- tière. Le tabac est cultivé avec succès, dans la plaine de Thes- salie, et maintenant aussi le coton dans l'ancien lit du Gopaïs. Ce que Ton rencontre en excursion, ce sont de grands troupeaux de brebis et surtout de chèvres. Celles-ci s'ac- crochent ^ux rochers, rongeant l'espoir de la végétation, ou se réunissent autour d'une citerne, tandis que le berger, son fusil sur Tépaule, appuyé sur son long bâton recourbé, découpe sur l'horizon une silhouette qui n'est pas sans noblesse. Ces bêtes fournissent d'abord le lait et le fro- mage, et alimentent ensuite le marché des cuirs. En réalité, la seule production facile et abondante de la Grèce, c'est le raisin. Les vignes s'épanouissent dans les dépressions ou tapissent les pentes jusqu'à plus de 700 mètres. Quand les grains dorés mûrissent sous les feuilles, le garde-champêtr§ s'établit, son fusil entre les jambes, dans une cabane de branchages , élevée sur quatre longues perches, pour dominer la situation. Redoutable au voleur, il consent à descendre de sa forteresse pour offrir lui-même une lourde grappe au voyageur altéré. Il ne faut pas croire que tous les vins ont la saveur douce- reuse du Samos, bien connu chez nous. Il y en a de forts, de piquants et de mousseux. Ils sont tous généreux et très bons. Mais ceux qu'on boit sur place sont une déception pour le palais de l'étranger; ils sont toujours additionnés de résine. On prétend que cela supplée à l'habileté du vigne- ron, et qu'on ne les conserve qu'à ce prix. Pour mon compte, je le trouvais tonique et j'ai gardé du rézinato le meilleur souvenir ; mais je dois avouer que très peu d'Euro- péens partageaient mon goût. Le vin grec ne s'exporte pas en grandes quantités. Le Digitized by Google LA GRÈGE ACTUELLE 293 vrai commerce, le seul , est celui du raisin sec. Aussi est-il la grande préoccupation nationale, le thermomètre de la prospérité publique. Et je^laisserais ici une grave lacune, si je ne parlais de la crise du raisin sec. Elle est née de la surproduction. Comme il arrive tou- jours pour les industries rémui^ératrices, quand le paysan a vu son voisin vivre facilement de sa vigne, il n*a plus eu qu'une ambition planter, et planter encore. Mais le plum-pudding n'est pas extensible à Tinflni. D'autre part, la crise viticole qui sévissait en Espagne, et surtout en France, s'est arrêtée. Notre vigneron, récoltant assez de vin et presque trop, n'a plus eu besoin du raisin sec pour en fabriquer. La Grèce s'est vu fermer un de ses débou- chés. Les producteurs n'ont plus trouv^à vendre. Le gou- vernement lui-même a été pris dans le malaise, parce qu'il touchait en nature un impôt de 35 p. 100. De là accumu- lation chez les particuliers et dans les greniers de l'État d'une marchandise qui ne s'améliore pas en vieillissant. Les paysans de Pyrgos commençaient à Vimpatienter dan- gereusenient. On proposa plusieurs solutions, entre autres, d'accorder un monopole à une compagnie anglaise. Gela ne sa^fit pas. On vient enfin de dénouer la situation d'une ma- nière qui parait salutaire. Je l'expliquerai en peu de mots. Il s'est fondé une société qui , ayant réuni un capital , se charge d'être intermédiaire entre le producteur, le con- sommateur et le gouvernement. Au producteur, elle achète sa récolte à des prix moyens, suffisamment rému- nérateurs. Elle s'occupe de trouver des clients et de main- tenir ses tarifs, pour en tirer un bénéfice. Elle assure à l'État une redevance fixe et le débarrasse à bas prix d'un vieux stock qu'il n'avait plus espoir de placer. Grâce à cette convention, l'espoir Venait, et il y a lieu de croire que l'argent deviendra moins rare. Diverses autres entreprises ont apporté de l'or, et le change, qui était encore à 170 pour 100, en 1900, était tombé, en 1905, à 125, Digitized by Google 294 REVUE DE L' ANJOU LES VOYAGES ET LA SÉCURITÉ Il y a trois moyens de transport en Grèce les chemins de fer, les voitures et le mulet. En 1900, il existait deux grandes lignes celle de Volo- Kalabaka pour la Thessalie, celle de Pirée-Athènes-Pélopo- nèse, qui, bifurquante Corinthe d'une part vers l'Ouest sur Patras et Olympie, descendait d'autre part au sud jusqu'à Calamata, extrême pointedela Morée, après avoir envoyé un embranchement sur Nauplie, à TEst. Depuis cette époque, des progrès importants ont été accomplis. Pyrgos-Olympie a été relié à Calamata, en sorte qu'on peut faire le tour du Péloponèse, sans malheureusement passer par Sparte, qu'on laisse sur sa droite en remontant. L'amélioration la plus féconde a été la construction de la ligne Pirée-Macé- doine. Je l'appelle ainsi pour indiquer tout de suite le but qu'elle cherche à aUeindre. Pour l'instant, elle s'arrête à Dadi, un peu au-dessus de Chéronée. Elle traversera la Thessalie du Sud au Nord, et se heurtera à la frontière turque. Son avenir est évidemment de rejoindre le Grand Orient, et de se mettre ainsi en relations avec l'Europe centrale. Mais, quand cette ambition se réalisera-t-elle? Il faudrait pour cela que la Macédoine fût pacifiée; et les affaires de ce pays encore soumis au Sultan paraissent si inextricables, les compétitions si vives et si malaisées à satisfaire, que le jour de la solution est lointain, et qu'il ne sera pas possible avant longtemps de gagner Athènes sans poser le pied sur un bateau. Le voyageur venu d'Occident reproche aux trains grecs de manquer de rapidité. Habitué qu'il est à brûler les étapes, il ne montre aucune indulgence pour le flegme oriental, et il oublie qu'à mesure qu'on avance vers les pays du soleil, le temps cesse peu à peu d'être de l'argent. S'il a tout loisir pour admirer le paysage, il doit aussi Digitized by Google LA GRÈCE ACTUELLE 295 constater quelles difficultés perpétuelles on a dû vaincre, que la ligne est presque toujours à flanc de montagne, avec de multiples sinuosités, qu'une fois entré dans une cuvette, il faut souvent en faire le tour pour trouver la porte de sortie, qu'enfin des chemins de fer de petit trafic ne peuvent ni dépenser beaucoup de charbon, ni se dispenser de desservir toutes les stations. Les wagons sont d'ailleurs assez confortables. Les gares sont presque toujours munies d'un petit buffet en plein vent, où Ton peut se procurer soit la nourriture suffisante pain, poissons frits, œufs durs, fromage, soit des douceurs, comme les oranges, le loukoumi ou le verre de mastique. Des voitures, je n'ai qu'un mot à dire ce sont des lan- daus, habituellement attelés de deux chevaux. Dans Athènes, ils l'emportent souvent en somptuosité sur nos fiacres parisiens. Mais il leur arrive d'aller dans quelque petite ville, continuer, à la queue de deux haridelles dispro- portionnées, une vie de poussière et de cahots, qu'ils n'achèvent jamais. Faute de routes, le charroi n'existe pas. Les transports se font à dos de mulets. Dans les lentes chevauchées soli- taires par les sentiers abrupts, on entend parfois une har- monie de clochettes qui s'avance. C'est une caravane ; et, la rencontre mettant en présence deux bêtes entêtées, les conducteurs ont peine à dégager l'étroit chemin. Bien que j'aie plutôt trouvé des chevaux pour traverser l'Arcadie, c'est le roussin célèbre qui est l'animal ordinaire du paysan grec. Il n'est pas de grande taille ; il ne dépasse qu'à peine son frère plus faible, l'âne, dont se contentent les familles pauvres. Mais il est robuste, sobre, résistant, et il a le pied d'une sûreté faite exprès pour les raboteux escaliers que l'on monte ou descend sans relâche, dès qu'on pénètre à l'intérieur du pays. Quand on veut se donner la joie peu confortable, mais vraiment pittoresque, de passer le Taygète, ou de décou- Digitized by Google 296 REVUE DE L' ANJOU vrir dans sa magnifique solitude le temple de Bassai, ou de reprendre les expéditions d'Hercule au Stymphale et dans rÉrymanlhe, il faut d'abord négocier le louage d'une . monture et de son inséparable maître. Ce n'est pas très difficile, parce que le paysan, rarement retenu dans son village par son travail, joint au désir du gain inusité un goût d'aventures et de nouveauté qu'on ne rencontrerait guère chez nous. Sur la place ou dans le cabaret, on fait connaître sa requête. Alors, les hommes se consultent. Bientôt un négo- ciateur s'avance c'est le cafetier ou le maître d'école, ou un agoyate déjà éprouvé. Les conditions se discutent, aimable- ment, mais sans hâte. Il faut savoir prendre un air détaché, ne pas ramener toujours la conversation sur le marché en cours — à moins qu'on ne soit décidé à semer lor dans la contrée — manifestermêmeunecertainevelléité de renoncer à son excursion. La question mûrit peu à peu. Il ne reste plus que des détails à arranger il n'est pas inutile de tout prévoir et de tout régler avec précision. Déjà, on installe sur le dos des bêtes une armature de bois faite pour porter les , fardeaux plutôt que les hommes, et qui, malgré un renfort de couvertures, n'aura jamais le moelleux désirable. Au moment de partir, et déjà assis au milieu de vos bagages, dans un réseau de ficelles, il vous vient à l'idée de demander à vos guides s'ils savent bien la route. — Par- faitement ! répond le chœur des agoyates. A moins d'une journée de leur village, vous vous apercevez que le chemin qu'ils connaissent n'est pas celui que vous projetiez de suivre. C'est alors qu'il est nécessaire de se montrer résolu. Votre Joanne vous créera une supériorité. Quand vous les aurez une fois forcés à quelques heures de marche noc- turne pour grimper au gîte fixé, ils ne tenteront plus de vous conduire sournoisement au kani de la vallée. Ils s'in- génieront à découvrir la bonne direction parmi les sentiers de chèvres qui s'entrecroisent. Alors, ce seront des conci- Digitized by Google LA GRÈGE ACTTUELLE 297 lîabules aux carrefours, des appels jetés au tsopani solitaire, dressé parmi sa forêt de cornes bêlantes, ou accroupi auprès de son feu. — Nous allons bien à Andritzena? — Oui! — Le chemin est direct? — Oui, isia, isial tout droit. Enfin la meilleure volonté pour ne pas s'égarer, et la vigilance dans les mauvais passages. Et ils ne sont pas rares, ces mauvais passages. On ne peut rien imaginer de plus cahoteux, abrupt, zigzagant, pierreux et glissant que ces escaliers usés par le pied des mulets. Les montées ne donnent que des secousses. Les descentes sont fertiles en émotions. Voir les oreilles de sa monture s'abaisser peu à peu, sentir son arrière train tendre vers la perpendiculaire, suivre les deux pieds de devant qui hésitent avant le ressaut, risquer un œil vers le précipice prochain il y a des minutes angoissantes. Pour un peu on négligerait de regarder le paysage. Et pourtant, malgré la lenteur du voyage, rien de plus varié. Les aspects de Thorizon changent à chaque détour. On longe un étroit ravin , où rbumidité du ruisseau a fait pousser les lauriers roses et le platane; bientôt on traverse ce ruisseau à gué, auprès des ruines d'un pont; puis, on escalade la pente opposée. Le spectacle s'élargit les lignes des sommets se dessinent avec précision. Presque toujours le bleu foncé d'un golfe apparaît, à moins que ce ne soit retendue irisée de la mer elle-même, assoupie sous le soleil. Ce qui est le plus intense et le plus délicieux, à mon avis, c'est l'impression de solitude qui vous pénètre. On chemine de longues heures sans rencontrer personne; le guide qui s'attarde en chantonnant sa mélopée étrange vous devient lointain; on oublie tous les liens qui vous rattachent au monde; l'air est léger; on va sans souvenirs, sans espoirs, tout à Theure présente. Les vagues réminis- cences qui vous flottent par l'esprit évoquent des divinités bienveillantes et discrètes ; on a bu de Teau du Léthé, on est transporté avec un corps aérien dans les Champs- Digitized by Google REVUE DE L ANJOU Élysées, pour une vie sans joie et sans douleur, d'une sérénité immuable et douce. Serons-nous éveillés de ce rêve par Tescopette du Roi de la Montagne ? Il n'est pas probable. Peu de pays sont aussi sûrs que la Grèce d'aujourd'hui il y a des brigands, mais point d'apaches. Les temps héroïques du brigandage sont passés. Les bandes qui opéraient naguère aux portes même d'Athènes pouvaient prétendre continuer la guerre de par- tisans; sans doute il ne restait plus de Turcs à chasser. Mais que le gibier fût l'Européen ou le frère Hellène, c'était toujours la même vie libre et accidentée, c'était l'affût derrière le rocher, la bataille rangée contre les uni- formes réguliers, l'influence, le profit, même un peu de gloire. Un ministre vigoureux, Tricoupis, si je ne me trompe, mit fin à de si beaux exploits. Depuis lors le bri- gand n'a plus rien de patriotique. Chaque province a le sien, mais il est isolé. Ce n'est plus une nature chevale- resque, éprise de hauts faits, c'est un contumace; Chez un peuple nerveux, où la loi n'a.\as encore pu empêcher le port des armes, une querelle est dangereuse; on tire son couteau, on épaule son fusil, un mauvais coup est vite donné. Que faire en présence d'un cadavre? L'air des pri- sons n'est pas aussi sain que celui de la montagne. Le mieux est de fuir. Sans doute il faudra désormais vivre de rapines et éviter la rencontre des gendarmes. Mais les amis sont là on pourvoira au ravitaillement, on ralentira le zèle de la maréchaussée. Si le fugitif est modéré, il pourra se maintenir longtemps en marge de la loi. Sa situation se gâte s'il devient trop actif, trop exigeant. La suprême maladresse serait de s'attaquer à un étranger. Dans ce cas, les ambassades réclament, les brigades se mobilisent et surtout^la tête du malheureux est mise à prix. Mille drachmes ! Il y a des amitiés qui résistent à cela, mais pas toutes, jamais toutes! On raconte dans le Digitized by Google LA GRÈCE ACTUELLE 299 pays beaucoup d'histoires de trahisons; certains faux- frères portent le poids de la réprobation publique. Comme j'étais à Delphes, Tan dernier, on m'a montré sur la route un homme qui passait, le fusil sur Tépaule, l'œil inquiet C'est un berger, me dit-on; il a ces jours derniers tué un brigand ; sa vie n'est pas sûre. » Ainsi s'établissent de véritables vendettas. Dans mon récent voyage d'ailleurs, j'ai vécu dans une atmosphère de bri- gandage. C'était le juge d'instruction qui, sur la ligne de Pyrgos à Patras, descendait a toutes les stations et tenait de mystérieux conciliabules avec l'astynomie convoquée ; un brigand courait dans le pays; les journaux en parlaient, mais la femme que j'interrogeai dans le v^agon prit la mine de quelqu'un qui ne veut pas se compromettre. C'était encore l'inquiétude de l'astynome de Distomo, en apprenant que je voulais traverser le Kirphis, et la diplo- matie de mon hôtesse, M" Loukas, pour me diriger sur un autre chemin. Je fus contraint d'accepter l'escorte de deux gendarmes, c Vous avez donc des brigands par ici ? » leur disais-je. Non, non, mais enfin les précautions ne font pas de mal. » La vaillance de nos gardes ne fut pas mise à l'épreuve et l'astynomie provinciale, après nous avoir déposés sains et saufs en des lieux mieux famés, reprit son poste et sa sérénité. Ainsi nul ne sera détourné, par crainte, de par- courir cette terre de nos ancêtres à tous'. L'ami des choses d'autrefois y verra ses souvenirs classiques prendre couleur et s'animer, et la beauté harmonieuse se révélera à lui parmi les ruines dont les habitants d'aujourd'hui ne sont pas de trop indignes gardiens. D. Brizemur. Digitized by Google Digitized by QooglQ Pourquoi ?... Hier, passant devant ta porte A rheure douce où le jour fuit, Lorsque la brise tiède apporte Le premier souffle de la nuit, récoutais si, de ta voix claire, J'allais reconnaître l'accent; Et te devinais, jeune mère. Endormant ton petit enfant. Car, l'an dernier, sous le vieux tremble. Dans la fraîcheur des soirs d*été. Sur ce banc nous causions ensemble De ta proche maternité- Eh bien ! cet ange à tête blonde Que le Seigneur te promettait, Est-il apparu dans ce monde Tel que ton cœur le souhaitait? Est-ce un garçon?. . . Sa lèvre rose A-t-elle un céleste souris? Quand sur toi son œil bleu se pose Penses-tu> mère, au paradis?. . . Tout en devisant de la sorte Je fixais longuement ta porte. Quand un vieux, sortant du jardin, Me ditp en étendant la main Voici la maison de la morte. » Digitized by Google 302 REVUE DE L ANJOU Ce fut un matin de printemps Qu'on vint chercher la jeune mère. Les voisins avaient, sur sa bière, Mis des gerbes de fleurs des champs; Tout en égrenant leur rosaire, A travers Tépaisse bruyère Ils la suivirent à pas lents. Dans la nef de Téglise antique On la déposa près du chœur, Devant le même autel rustique, Où, dans sa parure angélique, Elle avait rêvé de bonheur. Puis vers la funèbre vallée Qu'arrosent, hélas ! tant de pleurs, La foule partit, désolée, Le long de la route isolée Où neigeait l'aubépine en fleurs.' Tandis qu'une main étrangère Agite le frêle berceau, Tu dors au lit froid du tombeau L'étrange sommeil, jeune mère. Tu dors. . . et le matin vermeil Caresse tes fenêtres closes ; Et ton seuil se couvre de roses Comme pour fêter ton réveil ! . . . Tu dors... et les rayons de feu A midi baignent ta demeure ; Au-dessus du toit où l'on pleure Le ciel est toujours aussi bleu!... Là-bas l'horizon radieux, Tout auréolé de lumière. Digitized by Google POURQUOI?... 303 Me parle encore de prière Et d'infinis mystérieux ! . . . Les arbres que tu préférais Versent toujours leur frais ombrage Sur le banc, tout verdi par Tâge, Où tu ne reviendras jamais ! . . . Et bientôt ton fils, en tremblant. Fera, dans l'aube ensoleillée, Ses premiers pas sous la feuillée Où tu Tattendais en rêvant! . . . Tu dors. . . et Tesprit plein de toi, Lorsque tombe l'heure du rêve, J'erre en me demandant pourquoi Tout par une larme s'achève ? Pourquoi le flot coule toujours Sans jamais baigner même rive? Pourquoi je ne puis, en son cours, Suspendre l'heure fugitive ? Pourquoi la fleur qui, ce matin. S'ouvrait, embaumant la prairie, Sur la pâle mousse, demain, Sera déjà toute flétrie ? Pourquoi, pourquoi ne pas pouvoir Vivre près de tous ceux qu'on aime, Bien longtemps. . • jusqu'au dernier soir Où sonne le départ suprême? Et pourquoi Dieu prive, ici-bas, De l'amour le plus vrai sur terre. Tant d'êtres qui ne sauront pas I^ douceur d'iin baiser de mère?. . . Juliette Saillant. Digitized by Google I • Digitized by Google SOUVENIRS D'EGLISE ftuitej VII Lourdes suite Les événements de 1870 ouvrirent Tère des pèlerinages à Lourdes par trains spéciaux j'ai eu déjà, en parlant de M. Houdet, l'occasion d'en raconter les débuts. Ce mouve- ment extraordinaire et inattendu dure encore; comme le disait de la Renommée le poète antique, il semble alimen- ter sa vigueur par son activité même, et puiser sans cesse des forces nouvelles dans son propre élan Mobilitate viget, viresqae acquirit eundo. On pourrait en expliquer les origines par une raison fami- lière, mais qui a le mérite de tenir en deux lignes c'est que le peuple est un grand enfant, et que les enfants se jettent à genoux au coup de tonnerre. Devant les malheurs publics, un scepticisme de surface ne saurait tenir. Après les désastres de Tannée terrible, Tânie de la nation s'était comme ressaisie, et les traditions séculaires de la France se réveillaient, en ranimant cette foi chrétienne que les tempêtes peuvent ébranler parfois, sans la déraciner jamais. Le premier pèlerinage dtocésain d'Angers à Lourdes eut lieu en 1872. Il y avait alors à Angers une modeste librai- Digitized by Google àÛé kBVUB DB L^ANJOt rie religieuse dont l'adresse était rue Baudrière, près la fontaine Pied-Boulet. Noms vieillots et charmants, tout parfumés de moyen âge ! Ils semblent suffire à évoquer d'eux-mêmes, par-delà les ravages des rescindements > contemporains et les placages de façades insipides ou tapa- geuses, rimage de la vieille rue. Ne la revoyez- vous pas grimper en tire-bouchon , au milieu des maisons à pans de bois, alignées en coup de vent et surplombées par de vieux pignons curieux qui se penchent pour regarder les pas- sants? Vers le bas Tantique fontaine, surmontée de la classique pyramide en granit, et dégorgeant Teau pardon griffon de cuivre, abreuve et arrose le quartier. Et quand la Maine, à la moindre crue, y déverse l'inondation, à toutes les portes se b&tissent des appontements et des trottoirs de fortune le cas est prévu , et le matériel fait partie du mobilier obligatoire des maisons. Vieux tableaux, vieux souvenirs ! Les noms survivent encore mais la rue de jadis est en train de mourir. Quant au libraire, il est mort, lui, depuis longtemps il s'appelait Gastineau.  sa clientèle religieuse et cléricale le père Gastineau débitait volontiers le mysticisme sur le comptoir, et le mystère dans son arrière-boiltique. C'est là que grâce à la confiance dont il ne se montrait pas prodigue, et dont il m'honorait d'autant plus, je lus dans le plus grand secret, après des serments dignes de conjurés antiques, le pam- phlet des Propos de Labiénus, l'un des plus virulents qu'ait inspirés le second Empire, dont alors Topinion publique commençait à pressentir la chute. De foi ardente, d'opinions tranchées et d'humeur facilement belliqueuse, Henriquinquiste » comme lé roi et Veuillotiste • comme VUniverSy le bon Gastineau traitait de Turc à More l'usur- pateur du trône de France, le créateur de l'unité italienne, et le complice de la spoliation de la Papauté. Survinrent la guerre et ses désastres alof s le digne homme versa à corps perdu dans les prophéties. II en sortait de terre, à Digitized by Google ^> ddUVENIRS D*BGLISfi àÛt ee moment-là; les vieilles reverdissaient, les nouvelles germaient tous les jours. Pour lui , et grâce à lui bientôt pour moi, Nostradamus, le solitaire d'Orval, la religieuse de Blois» le curé Souffrant n'eurent plus de secrets. Il m'attirait dans ses coulisses, et là, une main en cornet à mon oreille, Toeil au guet sur la porte fermée» me révélait la date assurée et prochaine du retour du grand Monarque. Il ajoutait par malheur, de temps à autre, quelques nou- velles sensationnelles et décisives que les journaux, sui- vant lui , ou ignoraient, ou avaient défense de publier. C'est ainsi que j'appris, pendant le siège de Paris par les Allemands, qu'un cercueil magnifique avait été transporté en grande hâte et en grand mystère de Versailles à la frontière, renfermant le corps de l'empereur Guillaume, tué par un éclat d'obus. Le moyen, après cela *, de mettre en doute Timminehce de la victoire et la certitude de la Restauration ! Que le lecteur ait bien garde, je l'en prie, de chercher dans ce souvenir ce que je me défends absolument d'y mettre une intention satirique et l'esquisse d'une carica- ture. J'ai un trop sincère respect pour la foi et le dévoue- ment d'un brave homme à l'honneur de qui je vais dire tout-à-l'heure la part méritoire d'initiative qu'il a prise k l'organisation de nos pèlerinages angevins à Lourdes. Ce n'est pas même un portrait individuel que j'entends retracer. Pour être sincères, sachons l'avouer, nous qui avons traversé ces temps calamiteux secoués, s'il m'est permis de me servir ici de cette image nautique, pendant de longs mois de tempête, par un effrayant tangage entre le désespoir et l'espérance, sans pouvoir connaître au juste ce qui se passait et d'où nous en étions; semblables à un navigateur qui trouve sa boussole affolée et les phares éteints, nous ne savions pas nous défendre de l'obsession de ces prophéties. Il y avait des degrés, évidemment, selon la tournure et la culture des esprits. Tel savant com Digitized by Google âl08 RBVUB DE L^ANiûO mentait l'Apocalypse; tel chanoine, ancien professeur crhistoire, mettait d'accord la religieuse de Blois avec les Écritures. Quant au bon peuple, sa part, on se l'imagine assez, c*étaient Tengouement, Temballement, la folie. Si encore Ton n'eût déraisonné que sur l'avenir! Mais, sans parler d'autres sentiments moins avouables, la crédulité des g^s ne connaissait vraiment plus de bornes. Je ne puis me défendre d'en citer un invraisemblable et authen- tique exemple. Dans mon propre canton, un maire averti, et pour le moins aussi vigilant qu'une oie du Capitole, avait posté à demeure sur le bord de la rivière des gardes nationaux chargés de saluer à balle et de couler à fond — j'ai besoin de protester que je n'invente rien — un grand tonneau qui devait descendre nuitamment au fil de Teau, cachant dans ses flancs le Roi et le Pape ces deux conspirateurs venaient renverser la République et dans ce but livrer la France aux Prussiens! Décidément, la garde nationale avait du bon. On a pu voir déjà, par mon propre exemple, qu'elle servait au besoin à rendre mo- destes les chefs de bataillon on voit maintenant qu'elle avait son utilité pour révéler les imbéciles. Que d'ailleurs on ne recherche ni la commune ni le nom du magistrat municipal dont je raconte les hauts faits. Il est mort depuis longtemps quand ils ont tant d'esprit, les maires vivent peu. Le généreux élan des Nantais vers Lourdes enthousiasma le bon Gastineau. Centre d'une clientèle religieuse et ecclé- siastique, il n'eut pas de peine à l'enflammer au contact de sa propre ardeur, et l'idée de partir d'Angers à Lourdes pour la première fois en pèlerinage diocésain se répandît comme une traînée de poudre. Un vicaire général accepta volontiers de propager et de diriger le mouvement. Seule- ment il y fallait une autorité plus haute, et le consente- ment de l'évoque d'Angers. Cet évèque était alors m FreppeL Digitized by Google SOUVENIRS D*ÉGUSE 309 • Il suffit de prononcer ce nom pour évoquer le souvenir de resprit le plus élevé , le plus ouvert aux idées supérieures et généreuses, et par un don qui est le signe des grandes intelligences, le plus prompt à abandonner une conviction, quelques nombreuses et puissantes raisons qu'il eût accu mulées pour la défendre, dès qu'on lui présentait un seul argument dans lequel, à rencontre de son propre avis, il reconnût la vérité. Mais ce n était pas toujours chose facile que de découvrir et de formuler cet argument vainqueur. Qui n'allait pas droit au fait, ne touchait pas du premier coup au tuf de la question, perdait son temps, et facile- ment TÉ véque, qui ménageait et défendait le sien, mettait fin par un geste significatif à une visite inutile. Gastineau en fit répreuve. Là où il s'attendait peut-être à être accueilli par des félicitations, il fut repoussé avec perte. Je me hâte d'ajouter que des interventions plus autorisées triom- phèrent de rhésitation épiscopale, et que le pèlerinage, véritablement et canoniquement diocésain, partit sous la direction de Tabbé, depuis lors M»' Chesneau, le vicaire général qui en avait accepté le patronage. Les années suivantes, et tant qu'il vécut, Gastineau demeura mêlé à l'organisation des caravanes d'Angers à Lourdes. Son fils Emile succéda longtemps à ses fonctions et à son dévouement il en reçut une récompense dont seule la foi d'un vrai chrétien peut goûter l'austère et sur- naturelle beauté. En mai 1899, depuis longtemps malade, irrémédiablement condamné, il demanda comme une grâce d'être emmené par nos Hospitaliers angevins à un dernier pèlerinage de Lourdes. Pendant quatre jours ce qui restait de vivant de lui, apporté sur un brancard au pied de la Grotte, excita notre admiration et émut notre pitié. Il expira dans le train du retour son corps seul rentra à Angers, enveloppé des prières et couvert des larmes de sa veuve, qui avait eu le courage de consentir au voyage et de l'y accompagner. Et nous, déjà vieux fidèles des routes Digitized by Google 310 RBVUK DS l' ANJOU de Lourdes, dous qui tant de fois, en chaDtant le dermer vers de notre cantique angevin, avions demandé De terminer au Ciel notre pèlerinage, nous nous disions que l'âme d'Emile Gastineau avait pris une voie meilleure, et bifurqué vers le Paradis. W^ Freppel ne consentit à aucune époque à conduire en personne ses diocésains à Lourdes. De nombreux et brillants pèlerinages angevins s*y succédèrent cependant sous son épiscopat il les autorisa toujours, sans les provoquer ni même les encourager jamais. A plusieurs reprises j'eus l'honneur de l'entretenir de ce sujet, j'en- tendis chaque fois des objections dont la valeur ne se mesurait pas à celle de l'esprit érainent qui me les oppo- sait. Je ne fais nulle difficulté de le reconnaître, il ne m*appartenait à aucun titre d'exiger que là-dessus ua évèque me livrât le fond de sa pensée. De plus qualifiés que moi n'en ont pas eu davantage la confidence. Mais il est permis peut-être aujourd'hui, sans manquer de respect à une si grande mémoire, et bien au contraire en lui ren- dant hommage par cette recherche, de se demander les raisons intimes de l'abstention de M' Freppel, car per- sonne ne se contenterait de les trouver dans une suspicion de tourisme profane aux Pyrénées, ou dans une accusation de concurrence aux pèlerinages à des sanctuaires diocé- sains que l'illustre évèque avait relevés de leurs ruines ou de leur oubli, et remis en honneur. L'éminent Alsacien devait sans doute à son origine une volonté d'acier et une ténacité de granit. Vers une œuvre longuement mûrie et résolument fondée il faisait converger, sans en rien laisser distraire ni détourner, toutes les forces et toutes les ressources dont il pouvait disposer. Ce fut par excellence sa conduite inflexible dans la restauration de l'Université d'Angers ^ l'acte le plus fécond de son épisoo- Digitized by Google 6UVENIRS D*éGLI8E 311 pat, comme le plus durable honneur de sa vie. On sait, pour le dire en passant, que 3*il releva la gloire de cette fondation, une loi jalouse lui interdit d'en relever le nom L'avenir se montrera à la fois plus libéral et plus équitable. Et c'est pourquoi , je Tespère bien, quand sera dissipée répaisse fumée de nos discussions civiles, quand l'histoire et la justice auront retrouvé leur sincérité et leurs droits, on pourra lire, sur les murs de la grande rue aboutissant comme une avenue à TUniversité d'Angers, le nom de Freppel plutôt que celui de Paul Bert! L'évoque d'Angers ne perdait aucune occasion de mani- fester sa reconnaissance envers ceux qui alimentaient ou administraient, en faveur de TUniversité naissante, des ressources financières qu'il considérait à juste titre comme le trésor de guerre de la liberté d'enseignement. Ce senti- ment trouvait une contre-partie naturelle dans sa défiance vis-à-vis de tout ce qui pouvait, à ses yeux, compromettre ces libéralités, menacer d'en tarir les sources ou d'en dériver les affluents. De là, très certainement, l'un des motifs de sa froideur envers les pèlerinages lointains. Ce sentiment était-il justifié? Ma longue fréquentation des pèlerins m'a de plus en plus porté à en douter. Ni l'éco- nomie du pauvre, souvent péniblement amassée en vue d'un pèlerinage à Lourdes longtemps rêvé, ne fût allée à la quête pour l'Université d'Angers; ni l'opulente offrande du riche ne se fût augmentée de la somme dépensée pour le voyage. Il m'a toujours semblé que ces courants de géné- rosité, alimentant des œuvres essentiellement diverses, bien qu'également chrétiennes, ressemblaient à ces grands fleuves dont des montagnes délimitent nettement les bassins et qui se jettent dans le même océan sans avoir pu jamais mêler leurs cours et confondre leurs eaux. Un argument sonnant et matériel était-il le seul contre lequel nous ayons eu à lutter dans la pensée de M^ Freppel? y ose formuler ici une autre conjecture. Cet esprit, d'une Digitized by Google 312 REVUB DE L* ANJOU rigueur puissante, d'une perspicacité prophétique» redou- tait à régal d'une erreur les exagérations dans l'interpré- tation de la vérité. S'il admettait, de toute la fermeté de sa foi catholique et de toute la solidité de sa science théolo- gique, le pouvoir de la prière et l'efficacité des moyens surnaturels, jamais, plus encore par doctrine que par tem- pérament — et certes ce n'est pas peu dire — il ne consentit à les séparer de l'action, de la lutte, du combat. La prière de Moïse sur la montagne avait à ses yeux pour corollaire, je serais tenté de dire pour justification, la bataille des Israélites dans la plaine. Or, que pouvait-il voir? Les foules, épouvantées des événements de la veille, anxieuses de ceux du lendemain, se précipitaient aux sanctuaires lointains pour y entendre affirmer avec une conviction sincère et communicative, en prose par les ora- teurs, en vers par les auteurs de cantiques, que le Sacré- Cœur, Notre-Dame de Lourdes, saint Michel sauveraient la France, que la France ne pouvait périr... Mais en même temps, — affligeant et décevant contraste I — de jour en jour, dans les affaires publiques., dans la direction donnée à la défense religieuse, on sentait uU/Coup de plus vers la gauche à la barre du gouvernail ; les catholiques reculaient sans cesse et les libertés chrétiennes reculaient avec eux... N'a-t-il donc jamais pu redouter que pour toutes cesmasscB populaires, enivrées, au nom de leur foi, d'espérances enthousiastes, un excès de confiance spéculative ne se tra- duisit parfois en inertie pratique? N'a-t*il pas craint, je le répète, que ce sentiment si légitime du recours à la misé- ricorde et à la puissance de Dieu, sentiment qui trouvait partout des encouragements dans la presse populaire catho- lique, dans la création de ligues de propagande et de prières, dans l'appel même aux grands pèlerinages, ne dégénérât pour beaucoup d'esprits en une sorte de mysti- cisme politique, énervant les volontés par une attente vaine et inconsciente du miracle? Ne prévoyait-il point là, Digitized by Google SOUVENIRS D*éGLISB 313 grâce à la netteté et à la portée prodigieuse de son coup d'œil, un danger d'affaiblissement pour la résistance catho- lique, une préface à des événements où son rôle devait un jour devenir aussi douloureux qu'impuissant? Voilà mon hypothèse et je ne la donne qu'à ce titre. On saura peut- être quelque jour si je me suis trompé. Une plume dont rien ne peut égaler Tautorilé, si ce n'est la finesse» retrace en ce moment les souvenirs d'un homme d^église mêlé de près, à titre de secrétaire particulier, aux épisodes les plus intéressants et les moins connus de la vie religieuse et politique deM*' Freppel. Cette considération seule aurait dû m'interdire de parler ici, avec tant d'étendue et d'in- compétence, de Tillustre évoque. J'ai pour excuse la valeur et la taille de cette grande figure, dont Ta venir, quand les événements contemporains seront connus et remis au point, révélera la véritable mesure. Ainsi, vu du pied de ses glaciers, le Mont-Blanc confond sa cime avec les autres sommités neigeuses le recul seul fait apparaître le colosse. Ce que Tévêque d'Angers n'avait pas consenti à faire avec nous, il le fit seul en 1891. Il visita Lourdes, et cette visite suffit à anéantir en un moment toutes ses objections d'autrefois. Il ne fit pas difficulté de Tavouer il n'avait pas soupçonné un pareil spectacle. C'est le spectacle surna- turel — est-il besoin de le dire? — dont il entendait parler, et qui l'avait surpris, ravi, ému dans l'âme ; c'est à celui-là d'abord que s'ouvrent des yeux tels que les siens. B 321 L'éminent compositeur M. Rabaud. Je laisserai à d'autres plus autorisés le soin d'apprécier son génie. Mais e Syndicat d'initiative lui est profondément reconnaissant d'avoir pris part à notre fête et par lui-même et par son œuvre superbe. M. Reder, dont l'audition fut un enchantement. Nos membres d'honneur \ M. le Maire, qui nous accorda gracieusement la décoration de nos mes. M. le Préfet qui a bien voulu accepter de prendre place dans notre Comité d'honneur et nous a fait le plaisir, en son absence, de nous déléguer M. Le Fournis, conseiller de préfecture. En souhaitant la bienvenue à M. le Conseiller, nous le prions de présenter à M. le Préfet nos remerciements de son très bienveillant accueil. ligr Rumeàu, pour atténuer, autant qu'il est possible, nos regrets de son absence, veut bien nous déléguer l'un de nos plus dévoués coUègues, M. le chanoine Urseau, dont la science n'a d'égale que la courtoisie et l'afTabilité, à laquelle tous ici nous rendons hommage. M. le général Halter nous fait l'honneur de ne pas nous abandonner dans sa retraite. Le Syndicat lui en est reconnaissant. Le Parlement est représenté par M. le D' Bichon, député. Au nom du Syndicat d'initiative, je le remercie de s'être dérobé à ses occupa* tions pour nous donner ce témoignage de sympathie et je me permet- trai de lui indiquer tout à l'heure l'appui que nous réclamerons des membres du Parlement, pour le bien de notre pays. Le président du Touring-Club, actuellement en Corse, nous délègue l'iin des nôtres, M. Louis Cointreau-May. Nous chargerons le délégué du Touring-Club de dire au secrétaire du syndicat qu'il est le plus aimable et le plus dévoué des collaborateurs. MM. les Pr^idents, Vice-présidents et Secrétaires de Blois, Nantes, Guérande, nous constaterons un peu plus tard de quelle importance fut votre présence à notre fête. Pour le moment, nous tenons à vous dire combien elle nous est agréable. M. Bordeaux-Montrieux, président de la Société des Ardoisières d'Angers ; M. Cointreau, M. Lafarge, représentent les grandes indus- tries du pays. La presse d'Angers et plusieurs organes importants de la région ùous ont fait l'honneur d'accepter notre invitation. Nous devons interpréter leur présence comme une nouvelle marque de sympathie pour l'œuvre commune des Syndicats et pour la Fédéra- tion prochaine. Dans ce cortège très imposant de toutes les autorités, dé toutes les Sociétés, de tous les corps élUs, il nous manquait encore quelque chose, et la jeune et brillante association des Étudiants d'Angers vient de combler cette lacune. . *^ _. ai Digitized by Google ^ 322 REVUS DE l'anjou Par son adhésion à notre œuvre, elle nous apporte l'admirable pres- tige de la jeunesse, l'ardeur et l'entrain du moment, les longs espoirs et la foi dans l'avenir qui la caractérisent. Nous souhaitons cordiale- ment la bienvenue à nos jeunes amis. Un coup d'œil jeté sur cette salle vous permet de remarquer com- bien toutes les opinions y sont diversement représentées. Ce privilège est l'un de ceux auxquels le Syndicat attache le plus de prix. Ce n'est pas le moment des profondes considérations philosophi- ques. Laissez-moi seulement vous soumettre une comparaison de circonstance. Au dehors, le temps est dur ; le vent souffle, chassant les nuages en bourrasque ; ses sifflements aigus semblent formés d'un grand nombre de voix discordantes c'est la rafale électorale qui passe. Ici régne une' chaleur aimable. A travers les flots du vin d'Anjou généreusement versés par nos collègues, la lumière se tamise, blonde et douce, et, dans cette atmosphère apaisante, si quelque efferves- cence s'agite, elle est légère et souriante comme la mousse qui pétille dans nos coupes. Vous tous. Messieurs, qui brassez les grandes affaires du pays, vous ne nous en voulez pas, nous l'espérons, de vous avoir un instant dis- traits de la politique pour fraterniser chez nous. Les Syndicats d'initiative sont un des rares refuges où V entente cordiale /rançai>e s'épanouit dans toute sa bienfaisante action. Vous me pardonnerez. Messieurs, de m'ôtre un peu complu à cons- tater la bienveillance et la sympathie dont le Syndicat est entouré et ce sentiment ne peut vous déplaire, puisque c'est vous-mêmes qui Vavez fait naître en nous. Mais, Messieurs, vous vous êtes peut-être demandé dans quel but nous vous avions conviés à ce rendez -vous. Pourquoi le Syndicat d'initiative a-t-il organisé la fête des Arts? La réponse sera précise. Faire connaître et faire aimer V Anjou dans toutes ses richesses de Vart ou de la nature, telle est la première partie du programme du Syn- dicat. Quant aux beautés de la nature, la saison ne permettait guère de les apprécier. Nos coteaux n'ont point encore dépouillé la livrée grise et terne de l'hiver; dans les vallées, nos haies d'aubépine entr'ouvrent à peine leurs petites prunelles blanches aux premières sollicitations du printemps, et notre grand fleuve débordé teinte ses flots du sang et de la chair de nos montagnes déboisées. Mais, à défaut de nos floraisons supert>es, de l'harmonieux épanouis- Digitized by Google CHRONIQUE 323 Mmeiit de nos printemps ; du magnifique déclin de nos automnes ; à défaut de notre beau ciel de juillet qui, comme un œil trop vif se voi* lant d'attendrissement, s'estompe de la tiôde haleine de nos cours d'eau et du reflet velouté de nos prairies ; A défaut de ces beautés, que vous reviendrez voir, Messieurs, il nous reste, pendant la dure saison, nos chefs-d'œuvre du passé et nos sociétés d'aujourd'hui, que nous avons cru dignes de l'attention de nos hôtes. Sur ce point, nous n'insisterons pas ; nous laissons à nos voisins à juger si l'art angevin leur aura donné l'impression et le souvenir que nous souhaitons. Pour nous, nous aurons la conscience d'avoir tenté de remplir la promise partie de notre tâche Faire connaîtra et faire aimer V Anjou, Le Déoeloppement du Tourisme^ seconde partie du programme du Syndicat, entra également dans nos vues. Depuis plusieurs années, la presse d'Angers, de Nantes, de Tours émet ridée de relations plus fréquentes, d'un rapprochement plus étroit entre ces centres voisins. L'idée est excellente et nous l'avons réalisée en vous priant. Mes- sieurs nos hôtes de la région, d'assister à notre Fête des Arts. Nous avons fait ainsi du tourisme, à court rayon, sans doute, mais du tourisme quand même, avec tous ses avantages Mouvement profitable aux arts, au commerce, à l'étude plus appro- fondie de notre région, qu'il faut bien connaître avant de la faire admirer aux étrangers. Relations amicales utiles à nous-mêmes, M. Sch wob le faisait ressor- tir tout récemment dans un langage charmant. Blaisois, Tourangeaux, Angevins et Nantais ne sont pas coulés dans un moule uniforme et» par notre pénétration réciproque, il est plausible d'admettre que nous corrigerons mutuellement nos petits défauts, tout en développant nos grandes qualités. Nous avons commencé, Messieurs. Nous vous remercions d* avoir bien voulu répondre à notre appel et nous sommes à votre disposi- tion si, de votre côté, vous croyez devoir donner suite à notre initia- tive. Mais ce n'est pas tout. Le Syndicat d'initiative de l'Anjou s'est énergiquement multiplié dans le cours de cette première année. Après s'être révélé aux Angevins, pour qui le mot de Syndicat d'initiative était inconnu, hier il contractait une alliance étroite aveo l'industrie et le commerce; aujourd'hui, il devient l'associé et le commensal de nos sociétés artistiques. Digitized by Google 324 REVUS DB l' ANJOU Cette prospérité individuelle ne suffisait pas à son ambition. H rêvait d'une fédération des Syndicats d'initiative de la Loire. Mais pour une Fédération» il faut des fédérés qu'à cela ne tienne ! Dans l'espace de quelques mois, soit directement, soit par influence de voisinage, il s'adjoint les Syndicats de Tours, de Nantes et de Blois. Les éléments d'une Fédération étaient donc constitués. Nous aurons l'occasion, plus tard, de revenir sur le rôle considé- rable des Fédérations de Syndicats d'initiative. Je ne vous en énumère aujourd'hui que les traits principaux Développement du rayon de propagande des Syndicats ; influence — grâce à leur grande surface d'action, aux graves motifs d'intérêts qu'ils mettent en jeu, à l'appui des autorités et des membres du Par- lement de toute une région — sur les pouvoirs publics et sur les che- mins de fer. Cette influence est telle qu'elle surprend les assemblées officielles Conseils généraux, Chambres de commerce. Conseils géné- raux, qui n'obtiennent, qu'à grand'peine, des chemins de fer, de faibles concessions. Messieurs, j'ai l'honneur de vous annoncer qu'aujourd'hui les bases de la Fédération de la Loire ont été arrêtées entre les Syndicats de Blois, Tours, Angers, Nantes et Guérande. Notre Fête des Arts marquera donc une date mémorable dans l'his- toire du tourisme de notre région. Le Syndicat de l'Anjou tient à grand honneur d'avoir été le berceau de la Fédération de la Loire. Et maintenant, mes chers collègues, maintenant que nous avons tloublé nos propres forces par celles de notre union, nous pouvons marcher hardiment à la conquête de l'avenir. Les débuts sont difficiles; puis, l'œuvre se développant, la responsa- bilité devient de plus en plus lourde. Mais nous planerons au-dessus de toutes les petites misères, de tous les petits obstacles qui se jettent dans les jambes de grandes entreprises rien ne nous arrêtera plus. Par nos syndicats, par notre fédération, Guérande qui semble d'un autre siècle ; les ruines pittoresques de Clisson ; la grande cité indus- trielle de Nantes ; les magnifiques châteaux du Blaisois et de la Tou- raine, ces archives si merveilleusement enluminées de l'histoire de France, recevront les visites de tout un monde de touristes. Et ce joli pays d'Anjou où la poésie semble partout jaillir du sol ; légère et gaie comme l'aigrette de lumière qui se joue sur chaque flot de la Loire ; immuablement grave ou souriante dans les lignes imposantes ou gracieuses de nos monuments antiques ; S'élançant vers le ciel avec les flèches de nos cathédrales et les cimes de nos futaies; où se repliant, timide et méditative, sous le demi- jour mystérieux de nos vitraux ; Soulevant, d'une main pieuse, les tombes illustres où glt la gloire des Plantagenets; les ruines où dort le Passé ; ou jetant sur le Présent son Digitized by Google CBRONIQUB 325 riche manteau de verdure et de fleurs, de pampres et de grappes dorées. Ce pays d'Anjou, trop peu connu jusqu'ici des étrangers, deviendra, mes diers collègues, pour les parties si diversement intéressantes de notre Fédération, le centre d'excursions où l'on se repose dans la dou- ceur de vivre et dans l'harmonie parfaite des choses. Messieurs, Au nom du Syndicat d'initiative de l'Anjou, je lève mon verre Au maître éminent qui a bien voulu nous apporter, non seulement son ceuvre puissante, mais, en la dirigeant en personne, l'inspiration même de son génie ; A M. le Maire, à M. le Préfet, à Mgr l'Ëvêque d'Angers, à M. le général Halter ; A M. le député Bichon ; A M. l'Ingénieur en chef ; A M. r Agent-voyer en chef ; *. » A tous nos Membres d'honneur, présents ou absents ; Au Touring-Qub de France ; A nos associés de ce jour, la Société des Amis des Arts, la Société des Ck>ncerts populaires, la direction du Théâtre. Nous gardons une impression durable de leur courtoisie si parfaite et de leur collabora- tion si dévouée. Notre plus cher désir serait que ce souvenir fût réci- proque ; A nos hôtes des Syndicats voisins qui, suivant une formule célèbre, sont devenus aujourd'hui nos alliés et amis ; A la presse d'Angers et de la région, que nous remercions de son concours dans le passé en lui demandant plus que jamais son aide pour l'avenir ; Aux Sociétés, corps élus ou Compagnies, qui nous subventionnent! A notre collègue et ami, M. Gointreau père, président de l'Associa* tion des industriels et commerçants angevins, 4^i veut bien, si nou^ ne nous abusons, nous faire l'honneur de croire que nous pourrions être les dignes héritiers d'une société qu'il dirigea ; A nos jeunes amis de l'Association des Etudiants; à toutes les Sociétés adhérentes ; Et j'ajoute personnellement A vous, mes chers coUaborateurs, qui savez rendre les relations charmantes, le travail facile et ta responsa- bilité moins lourde. A M. Berjole, ce jeune artiste dont vous entendrez tout à l'heure une ceuvre charmante. Le Missel M. Berjole, à qui tous les talents sont familiers, a bien voulu dessiner cet artistique menu que vous avez sous les yeux. Enfin, nos palais reconnaissants ne doivent pas oublier MM. Ghe- . reau, Ackermann-Laurence et de Luze, Ghaussepied, Gilles Deper- rière, Q. Grassin, Perrault, D' Quintard, Bourcier, Massignon, Ck>i6- Digitized by Google RBVUB DB L ANJOU treau. Nous defvons à nos généreux collègues le plaisir d^apprécier largement les délicieux produits de TAnjou. Â' vous tous. Messieurs, qui nous faites Thonneur de vous asseoir à notre table» hommages et remerciements. Vifs applaudissements. Nenviime Concert populaire. Ce concert, l'une des attractions de la fête des Arts, organisée par le S3rndicat d'initiative de l'Anjou, a jeté donné en présence d'un auditoire nombreux. Le succès a été grand pour le compositeur Rabaud, dont l'ins- piration et la science musicale ont été très appréciées dans la Symphonie en mi mineur et l'orchestration des Chants religieux de Beethoven. Grand a été aussi le succès de M. Jan Reder, baryton des Concerts Colonne^ avec les airs d' Aulide de Gluck et les Chants religieux de Beethoven. Au programme figuraient en même temps une sélection des Maîtres Chanteurs de Wagner, des Airs de Ballet de Grétry et VOui^erture TEuryanthe de Weber, de vieilles connaissances qui ont eu leur part habituelle d'applaudissements. Deuxième Concert extraordinaire. En vedette sur l'affiche, les noms de M"» Auguez de Mon- talant et de M. Alfred Cortot devaient amener grande affluence d'amateurs de musique dans la salle du Qrque-Théâtre. C'est ce qui eut lieu et personne n'a été déçu dans ses espérances. La matinée fut superbe d'un bout à l'autre. L'orchestre fut yraiment supérieur dans VOuverture de Geno- çeva de Schumann, le Choral de A. Bertelin et surtout VOuver* tare de Tannhauser de Wagner, dirigée par M. Brahy avec une . conviction et une autorité indiscutables. M. Alfred Cortot, le pianiste aimé des Angevins, a joué avec le talent qu'on lui connaît la Symphonie sur un thème montagnard de V. d'Indy et la Fantaisie hongroise de Liszt, a Acclamé, trois fois rappelé, M. Cortot nous égrena dans un mouvement verti- gineux les innombrables perles semées par Daguin dans une petite pièce que Diemer a rendue célèbre et dans laquelle le chant du coucou faisait, sous le règne de Louis XV le Bien* Aimé, le bonheur de nos arrière-grand'mères ». Mo> Auguez de Montalant, dont tout le monde connaît l'im- mense talent» a vraiment été incomparable. Ce fut un véritable Digitized by Google CHRONIQUE 327 enchantement de l'entendre détaUler l'air de Béatrix d* Etienne Marcel et la Cloche de Saint-Saêns. Quel recueillement la servit pour dire mélodieusement la Procession de C. Franck et quelle grâce séduisante elle mit dans la Naïade d^Armide. Elle fit bisser ce dernier air par un public enthousiaste et charmé. » Dixième Concert populaire. La série des concerts a été dignement terminée le 1' avril. Le programme était des plus variés et les œuvres choisies offraient le plus vif intérêt. On a successivement applaudi VOui^erture de Benvenuto CeUini de Berlioz, la Deuxième Symphonie en ré de Beethoven, le Concerto pour flûte, hautbois, violon et trompette, avec orchestre, de Bach ; V Apprenti sorcier, poème sympho- nique de Dukas, et VOuverture de la Fiancée vendue de Sinetana. La présence de M. Maurice Dambois ajoutait à l'intérêt du concert. Ce jeune violoncelliste a reçu du public une ovation bien méritée par le talent et le charme avec lesquels il a dit les Variations symphoniques de Boelmann , V Elégie de Fauré et le Rêçe d'enfant de Schumann, agréablement accompagné par la harpe de M. Durand. En terminant ce compte rendu du dernier concert, nous adressons nos bien vifs remerciements à la Société des Concerts, qui nous a fait passer d'agréables matinées, à M. Brahy et aux musiciens de l'orchestre, dont nous n'avons cessé de dire les grandes qualités et que nous serons heureux d'applaudir l'année prochaine. Sept séances de musique de chambre ont été données dans la salle des Amis des Arts. Les noms seuls des artistes composant le quatuor étaient une garantie pour les amateurs de bonne musique. Aussi ne cessèrent-ils d'exprimer par des bravos enthousiastes leur satisfaction à MM. Mambriny^ Chapelier, Bailly et Becker, qui, -pendant o^ soirées, ont dépensé à pleins archets les trésors de leur science musicale. Ajoutons que Tinté- rôt des séances fut rehaussé par la présence de MM. Arcouët, Berthelin, Walther, Straram, Fichet, Jamar, Jénot, Alfred Cor- tot, M**» Yolande de Stocklin, Amsden, qui vinrent faire consa- crer leur talent par les applaudissements d'un public vraiment select et compétent. Digitized by Google 32S RBVUB DB l'aNIOU Au nombre des communications qui ont été faites à la der- nière réunion du Comité des Beaux-Arts des départemenUi figure un mémoire de notre savant collaborateur, M. le chanoine Urseau, sur la chapeUe de la Sorinière, en Saint- Pierre de ChemiHé. Voici en queb term^ le Journal OffUid du 21 avril résume la communication de M. Urseau On entend M. le chanoine Urseau Charles, correspondant du Comité à Angers, sur la cbapeUe du château de la Soriniére, en Saint-Pierre de Chemillé. Ce travail met en lumière une œuvre peu connue et peu accessible au public. Ce sont trois peintures miu^ales La Naii- çUé et V Annonce aux bergers y F Adoration des Mages et Saint Christophe, qui décorent une chapelle de château du commence- ment du xyi siècle. Ces peintures,' malheureusement en partie gâtées par une maladroite restauration, sont datées par les armoiries qui les accompagnent et sont curieusement décrites par l'auteur du mémoire. M. le chanoine Urseau ne s'est pas contenté de nous faire connaître ces peintures. Il a également commenté un groupe de sculpture un peu antérieur, représentant la Vierge de Pitié, aecompagnée de saint Jean, groupe d'un caractère assez excep- tionnel, en ce qu'il participe à la fois de la figure classique de Notre-Dame de Pitié et de la Mise au tombeau. La pittoresque notice de M. Urseau contient en outre de nombreux renseignements tir\és des archives du château sur la date de la construction de la chapeUe et les alliances de la famille de la Sorinière. » •♦• Notre distingué collaborateur, M. Joseph Joûbert, vice-prési- dent de la Société des Etudes Coloniales et Maritimes de Paris, sur la demande de 1' Alliance française », a fait, au mois de mars dernier; une série de conférences en Hollande, notamment à Amsterdam , à Rotterdam et à Leyde, le premier centre uni- versitaire des Pays-Bas, où il a reçu un accueil des plus gracieux de la part des comités de cette utile association, qui a pour but, comme on sait, la propagation de notre langue, à l'étranger ; il a été r^ndu compte de ces conférences dans les principaux organes de ces villes, tels que le Leidsch Dagblad, le Nieuwe Rotier- damsche Courant, VAlgemeen Hundelsblad et le De Telegraf d'Amsterdam. ^ Digitized by Google CHRONIQUB 329 Le conférencier, a dit le RoUerdamsch Nieuweàbladj a piqué la curiosité des auditeurs lorsqu'il a modestement rappelé qu'au milieu du xyii siècle un de ses ancêtres, à la suite de la prise de la petite lie de Noirmoutiers par la flotte de notre illustre amiral Tromp, avait été emmené comme otage à Rot- € terdam et retenu deux ans captif dans les prisons de l'Ami- ff rauté D. Notre érudit compatriote a aussi fait, plus tard, à VAteneo çeneto de Venise, deux conférences successives, Tune sur Savor- gnan de Brcizza et l'autre sur les Fouilles archéologiques de Knossos Crète, devant de nombreuses notabilités scientifi- ques et un auditoire d'élite, dans lequel figurait la mère du grand explorateur de l'Afrique Êquatoriale, la comtesse Anna di Seregho AUighieri. M. J. Joûbert fut présenté en termes très aimables par le eomte F. Nani Mocenigo, président de ce célèbre Institut et éminent historien de la Qté des Doges, qui commença par témoigner avec une grande courtoisie de l'amitié de Venise et de ritalie pour la France en ces termes qu'a reproduits la Gazetta de Venezia Certain, dit l'orateur, d'être le fidèle interprète de vos pen- c sées. Messieurs, avant tout j'envoie un salut à la noble, che- c valeresque et généreuse nation française, à laquelle nous c unissent tant de liens de sympathie et de gratitude pour le relèvement de notre patrie, à la France, si cruellement éprou- c vée ces jours-ci par la catastrophe de Courrières, qui l'a c frappée, et nous pouvons l'assurer que nous avons, nous aussi, partagé avec non moins d'intensité la douleur de la nation c sœur. Et à vous, M. Joûbert, comme témoignage sincère de ces c paroles, nous envoyons un salut cordial, heureux si de retour dans votre patrie vous emportez dans votre esprit un fidèle c souvenir des sentiments que nous vous avons exprimés, avec toute l'affection qui déborde de notre cœur. » Ces paroles furent vivement applaudies de l'assemblée et provoquèrent une chaleureuse manifestation francophile. Dans sa nouvelle conférence, le lendemain, sur le Palais de Minos, t M. J. Joûbert, a dit VAdriaiino de Venise, a commencé en donnant une pittoresque description de l'île de Candie, la Sicile de la Méditerranée orientale », à laquelle sont unis c tant de poétiques légendes, tant de souvenirs classiques ; le prodigieux, labyrinthe de Dédale, le Minotaure, le sage Digitized by Google 330 flEVVB DB L* ANJOU Minos. D'ailleurs cette a Perle des îles helléniques » n'est-elle pas, depuis des siècles, liée à l'illustre histoire de Venise? Et a à ce propos l'orateur entonna un hymne magnifique à la 0 mémoire de la domination vénitienne dans l'Archipel et la mer Egée et à la gloire de Saint-Marc, évoquant les plus R fameux exploits des Vénitiens, les hauts faits de nos plus intrépides et glorieux héros qui, à Candie et à Chypre, s'im- mortalisèrent au cours de sièges restés célèbres dans les annales de l'histoire. » La conférence sur Savorgnan de Bra^za a aussi été donnée au Circolo fUologico de Milan, par M. J. Joûbert, qui termina, dit La Perseveranza de cette ville, en rappelant les motifs d'alTec- tion réciproque de l'Italie et de la France et manifesta des sentiments de si cordiale amitié et sympathie pour notre pays que les auditeurs qui l'auraient applaudi pour le plaisir qu'ils avaient éprouvé en l'écoutant, saluèrent d'applaudisse- ments sa péroraison pour l'extrême amabilité qu'il témoignait t spontanément à notre chère Italie ». Nous prions M. Joseph Joûbert d'agréer tous nos compliments pour le succès qu'ont obtenu ses conférences en Hollande et en Italie. Les conférence^ données à la salle du Quinconce, sous les aus- pices de la Croix- Rouge, ont obtenu un grand et légitime succès. Le 20 mars, M. le D' Brin a parlé des blessures de guerre. Le savant praticien a signalé, avec des détails très impression- nants, les genres, la gravité des blessures causées par les engins modernes, et indiqué leurs remèdes. Les chirurgiens militaires distinguent les blessures faites par les gros projectiles et celles faites par les balles. Les progrès terribles de l'artillerie ont multiplié les fragments des obus, dont chacun se brise aujourd'hui en 400 ou 450 mor- ceaux, au lieu de 20 à 30 autrefois. Quand le projectile éclate sur un point, il lance ses débris à 300 mètres en arrière et à 900 m. en avant. Autrefois, les boulets pouvaient produire, en roulant, de grosses bosses sanguines sur les soldats ; le remède, alors, était facile il suffisait d'un coup de bistouri. Aujourd'hui, les explo- sions causent des désordres anatomiques considérables et sou- Vent indescriptibles, tant les chairs sont déchiquetées. Les blessures par balles sont plus faciles à étudier et à décrire. Digitized by Google CHRONIQUB 331 Quand les belles atteignent un homme en rasant la face du corps, elles tracent des éraflures ou des sillons. Quand elles frappent perpendiculairement, elles s'enfoncent dans les tissus et, ordinairement, traversent le corps de part en part. On ne constate presque plus de blessures borgnes ou en culs-de-sac. Autrefois, quand les balles se heurtaient à un tissu osseux, elles le contournaient et ressortaient en traçant un séton. Actuelle- ment, elles traversent simplement les os ou les brisent en éclats. L'entrée du projectile est à peine visible, la sortie très large. On a fait, à ce sujet, des expériences sur des cadavres, à diffé- rentes distances. Jusqu'à 400 ou 500 mètres, c'est la zone d'ex- plosion ; toute la partie atteinte est réduite en miettes. De 500 à 900 et mètres, c'est la zone de perforation. Les os spon- gieux sont traversés comme du beurre ; les gros os sont fracturés en longues esquilles, en étoiles. Comme ces fragments adhèrent encore au périoste, on peut les réunir et obtenir la guérison. Après mètres vient la zone d'éclatement, plus dangereuse que la précédente ; enfin, la quatrième zone ,très reculée, puis- qu*à 3 kilomètres la balle Lebel traverse encore le corps humain, est la zone de contusions. Dans la période d'explosion, les blessures sont horribles, la tête, les cuisses, le cœur, le foie sont broyés. Ces terribles effets ont fait croire, dans la guerre des Boërs et dans la campagne de Mandchourie, à l'emploi de balles explosibles. Russes et Japo- nais se sont accusés réciproquement à ce sujet. Mais on a constaté qu'aucun des belligérants n^avait eu recours à ces projectiles barbares. D'après une théorie émise par Huguet, en 1848, longtemps combattue en France, mais soutenue de nos jours par les Alle- mands, c'est la pression occasionnée par les balles qui fait éclater les tissus. Pour démontrer cette opinion, on a tiré sur des réci- pients vides et sur des récipients remplis d'eau. Les premiers étalent traversés par les balles avec une section nette à l'entrée et à la sortie du projectile ; les second éclataient. Par la diminution de volume et de poids, on a tâché de faire de ^ la balle Lebel un projectile moins meurtrier ; on a visé à rendre l'ennemi impropre au combat plutôt, qu'à le tuer. Mais, par son augmentation de vitesse, la balle est devenue beaucoup plus dangereuse. La balle humanitaire reste donc encore à trouver. Toutefois, à cause de sa rapidité, on considère aujourd'hui la balle comme aseptique. Aussi, on n'explore plus les plaies ; on se Digitized by Google 332 REVDB DB L* ANJOU contente d'en laver le pourtour. C*est le système qu'ont employé les Japonais et ils ont obtenu environ 98 % de guérisons parmi Jes blessés. Autrefois, presque tous les blessés mouraient. M. le D' Brin décrit ensuite l'état des malheureux atteints par un éclat d'obus ; c'est tantôt la prostration complète, tantôt une galté exubérante, tantôt une folie furieuse. Dans le premier cas, le chirurgien, avant d'opérer, doit ranimer le malade par des injections d'éther et de l'huile camphrée. Les accidents nerveux sont, d'ailleurs, beaucoup moins nom- breux dans le parti victorieux et chez les hommes non alcooliques. En terminant, le conférencier engage les futures infirmières à se familiariser avec ces détails, afin de pouvoir seconder plus efficacement le corps médical, dont^ elles seront les auxiliaires indispensables sur le champ de bataille. Le 23 mars, M. le D' Cocard a traité la question de l'alcoo- lisme. Quand on parle de l'alcoolisme, a dit le savant conférencier, on regarde toujours vers la classe ouvrière ; mais ce fléau sévit dans toute la société. Les eaux-de-vie fines et naturelles sont atissi nocives que les trois-six et le tord-boyaux. On a même constaté que plus les alcools étaient élevés, plus ils étaient toxiques. Certains organismes résistent plus longtemps au poison ; mais, pour tous, c'est finalement la même conclusion fatale. L'alcool produit des lésions à l'estomac, au foie, aux intestins, dans le système nerveux, etc. Il favorise le développement des microbes et donne un caractère grave aux maladies même bénignes. Il développe surtout la tuberculose et l'on a constaté que, sur 100 phtisiques, 91 étaient alcooliques. Aussi l'on répète, en manière de proverbe La tuberculose se prend smt le zinc ». Les ravages de l'alcoolisme dépassent ceux des tremblements de terre et des guerres les plus meurtrières. C'est qu'en effet l'homme ou la femme atteint de cette maladie la transmet à ses enfants. Si l'on n'y porte un énergique remède, la mortalité finira par l'emporter sur les naissances et c'en sera fait de notre race. Le 30 mars, M. le marquis de Dampierre avait pris pour sujet France et Allemagne, Il a été très applaudi. M. le marquis de Dampierre a débuté par des considérations du plus haut intérêt sur la situation politique extérieure. A ses Digitized by Google CHRONIQUE 333 yeux» Tin conflit entre la France et TAlIemagne est, tôt ou tard» inévitable, en raison de l'ambition démesurée et des besoins d'expansion économique de notre voisine. M. de Dampierre rend d'ailleurs hommage à l'habileté de nos diplomates qui, naguère, à Algésiras, au contentement de toute l'Europe, ont su, en conservant une attitude ferme, écarter cependant la menace du conflit. Mais toute crainte ne saurait être écartée à l'avenir, parce que la véritable rivalité est entre l'Angleterre et l'Alle- magne et que celle-ci, pour lutter contre sa rivale, a besoin de s'accroître par la guerre » et qu'elle a intérêt, en conséquence, à chercher querelle à ses voisins. M. de Dampierre en conclut que la Croix- Rouge doit s'orga- niser fortement et il donne à ce sujet d'intéressfints détails sur l'organisation des Croix- Rouges allemandes, qui sont à la fois décentralisées et fortement hiérarchisées. Nous ne devons pas U0U9 laisser .distancer par elles. L'éloquent conférencier rend justice à l'œuvre déjà accompUe et il y note l'influence décisive des femmes. La plus grande partie de l'œuvre leur revient et c'est un hommage qu'on est heureux de leur rendi»e. M. le mar- quis de Dampierre souhaite que les hommes, en Fr^ce'*, imitent les femmes si dévouées à la Croix-Rouge. En Allemagne, les Croix- Rouges sont fortement aidées par la colla]toration des hommes. Nul doute qu'en France elles le seront aussi, si les hommes, toujours si admirablement prêts à se dévouer au pays avec cette fameuse furia française », veulent apporter leur dévouement à une œuvre de charité qui peut avoir moins de panache que le courage militaire, mais qui a son atiité urgente et sa très grande beauté morale. A la réunion du 6 avril, ce fut le tour de M. le D' Lepage. Le savant praticien a fort intéressé l'auditoire en l'eptretenant des causes des maladies en général. Les agents pathogènes qui engendrent les maladies se divisent en quatre catégories les agents mécaniques^ compre- nant tous les objets qui peuvent contusionner ou blesser ; les agents chimiques aliments, etc.; les agents physiques froid, chaleur, etc.; les agents animés parasites, microbes. Avant les travaux de Pasteur, on croyait à certaines rpaladies spontanées ; mais, aujourd'hui, on admet que toutes les causes des maladies sont externes. Cependant, une affection actuelle peut avoir pour origine première une maladie guérie depuis longtemps Digitized by Google 334 RBTUB- SK Ainsi, une fièvre typhoïde peut laisser é^k ftm^es morbides qui, plus tard, exerceront leur funeste influence svriai oi^ane. Les maladies ne se développent que sous Tinfluence de condi- tions spéciales dépression physique, morale, froid, chaleur. C'est sur les eiïets de ces deux derniers éléments que M^'le D' Lepage veut particulièrement attirer notre attention. L'éclosion d'une infection microbienne, dit-il, dépend souvent de la température. Pasteur a communiqué le charbon mortel ti des poules en leur refroidissant les pattes et à des batraciens en élevant leur température à 30 degrés. L'homme peut vivre sous toutes les latitudes ; il peut même^ par progression, supporter pendant quelques instants une tem- pérature dépassant 100 degrés. Mais, en général, l'habitant des climats tempérés souffre beaucoup plus dans les régions tropi- cales que dans les pays froids. Les effets locaux de la chaleur sont les brûlures, que l'on divise en six degrés. Les deux premiers degrés ne sont pas dangereux ; mais les autres deviennent graves. Cependant, ce qui fait la gra- vité d'une brûlure, c'est son étendue plutôt que sa pi^ondeur. Les premières choses à faire, quand les vêtements d'une per- sonne brûlent, c'est de rouler la victime à terre, d'éteindre le feu avec de l'eau, à moins qu'il ne s'agisse de pétrole ou d'essence ; ensuite, il faut recouvrir les parties brûlées de compresses de ouate imbibée d'eau fraîche, etc., en ayant soin de ménager l'épiderme. Sur l'état général, la chaleur produit l'anémie, des insolations, des congestions, etc. Quand une personne est ainsi frappée d'ac- cident subit causé par la chaleur, il faut la transporter à l'ombre, lui donner un peu de boisson fraîche* En général, il faut, pendant l'été, éviter les boissons alcooliques. Les climats froids sont généralement plus sains que les contrées chaudes, pourvu que l'air ne soit pas agité. C'est le vent qui rend le froid insupportable et dangereux pour les organes. Les explo- rateurs des régions arctiques supportent facilement 40et 45 degrés d'un froid sec. Au milieu de cette atmosphère calme, on ne s'aperçoit pas que la température est si basse. L'humidité est aussi nuisible que le vent. Les changements brusques de température sont particulière- ment à redouter. Le froid peut produire sur le corps et sur les organes des acci- dents analogues aux brûlures ; il développe les microbes de rangine et de la pneumonie. Digitized by Google CHRONIQUE 335 En outre, il peut occasionner des paralysies, des congestions pulmonaires et cérébrales. Quand une personne est ainsi frappée, il ne faut pas la trans- porter subitement dans un local chaud ; il faut s'efforcer de réta- blir la circulation. Cette très instructive causerie a été accueillie par des applau- diissements unanimes. Le jeudi 5 avril, pour fêter le vingt-cinquième anniversaire de sa nomination au poste de conservateur du Musée archéolo- gique, M. Auguste Michel offrait à ses amis, chez M. Jahan, un déjeuner intime auquel assistaient MM. Joxé, maire d'Angers ; Proust, Baron et Lépicier, adjoints ; Dainville, architecte dépar- temental honoraire ; Joubin, bibliothécaire de la ville ; Deper- rière, président de la Société des Amis des Arts; Dussauze, architecte départemental ; Briand, conservateur du Musée de Château-Gontier ; Sachet, archiviste départemental ; Launay, le chanoine Urseau, Huault-Dupuy, de Farcv. Bouvet, Cayron^ Rohard, Marchand et Philouze. Le menu était illustré de deux vues du vieil Angers, rue i oiis- saint et la promenade des Lices en 1828, d'A. Michel pore, et la rue ded Lauriers en 1865, de M. A. Michel fik. Déjeuner exquis et d'une intimité charmante. Au dessert , M. Michel lève sa coupe de Champagne Monsieur le Mairb, Messieurs les Adjoints, Mes chers Collâoues et Amis, Rien de vrai, et je m*en aperçois, en ce moment, comme le dicton anglais qui a baptisé l'heure du toast l'heure terrible, surtout avec un programme aussi maigre que le mien. Forcé de vous parler de mon union, vieille d'un quart de siècle, avec le Musée, dans ces longues années de ménage presque sans nuages, je ne vois que deux dates à relever A. Michel, conservateur-adjoint, i^ qiars 1861-14 novembre 1895; Conservateur, 14 novembre 1895-1906. Avec cet aride sommaire, impossible même de sauver la face. En y réfléchissant, je me suis aperçu que ce qu'il fallait conter c'était votre histoire, et non la mienne. En effet, c'est grâce à vous et par vous que ce mariage fui fait. Chargé par M. Quitton, lors de la création des Commissions des Musées, de l'organisation de celle du Musée Saint-Jean, j'avais trouvé près de vous le plus gracieux concours. Digitized by Google 336 REVUE DE L'ANJOU En rendant compte au maire de votre acceptation, grande fut ma surprise d'apprendre que je n'étais plus des vôtres, mais que, sur la demande de MM. Eugène Lelong et Port, je venais d'être nommé conservateur-adjoint. Par cette décision, si je vous perdais comme collègues, je vous retrouvais à mes côtés comme conseillers et comme amis, par consé- quent rien, heureusement, n'était changé au début ; le bon M. Godard, conservateur en chef, me regardait avec les yeux du grand vizir rece- vant le fatal cordon envoyé par le grand seigneur et se pensait Frère, il va. falloir mourir. Une loyale explication arrangea tout et la paix et l'amitié régnèrent dans le ménage. VouB Ai'en voudriez si je ne vous disais le regret que j'éprouve à ne pas voir près de nous, retenus par diverses causes, nos amis d'Espi- nay, Prieur, Lemesle, Lelong, Planchenault, Bessonneau, Brunclair, auxquels, pour les bonnes et réconfortantes lettres qu'ils m'ont en- voyées, j'adresse un grand merci. Je veux aussi donner un pieux souvenir à mon prédécesseur, à qui revient tout l'honneur de la création du Musée et qui m'a si bien tracé la voie que, plus tard, je n'ai eu qu'à la suivre. N'oublions pas l'excellent M. Giffard, si dévoué à tous les Musées de la ville. En présence de son fils, dont là nomination au poste de chef de cabinet du ministre de l'Instruction publique a comblé de joie tous ses amis d'Angers, je tiens à rendre hommage à la mémoire de mon vieil ami Port, à qui je dois tout. Je n'oublie pas tout ce que j'ai appris de hû^ au cours de nos conversations dans nos promenades à travers l'Anjou. Presque dès votre entrée en fonctions. Messieurs, par vos pressantes démarches et avec le bienveillant concours de la municipalité d'alors, vous avez obtenu ce jardin, qui fait au Musée un cadre de verdure et de fleurs rappelant le square de Cluny. Laissez-moi vous conter un détail que vous ignorez peut-être. M. le Maire avait presque promis le terrain pour y élever un orpheli- nat et résistait à vos demandes Voyons, dit-il, avez- vous quelques objets bien encombrants. Prenez possession du terrain, faites et faites vite. » Grâce à la colonnade, huit jours après, la situation était sauvée et le square vous était acquis. On a toujours à apprendre en archéologie et, dès ce jour, j'eus la notion exacte de l'utilité et du respect qu'on doit aux objets encom- brants. A vos sollicitations sont dues bien d'autres améliorations. Pour ne citer que les principales, mentionnons, avec le concours de la Ville et de l'État, la restauration du cloître, où mon ami Dussauze a mis le meilleur de son' goût et de sa science la Bibliothèque de Mgr Barbier de Montault y sera classée; avec le concours de l'administration Digitized by Google GBRONIQUB 337 Hiuniclpale, Textension dans une partie des greniers Saint-Jean du Musée lapidaire et tout récemment la restauration des deux portads du Présidial et du couvent de la Visitation, vieux souvenirs de monu* ments angevins disparus et relevés par vos soins dans le Jardin. En 1895 eut lieu à Angers une exposition d'Archéologie. A ce moment, j'ai pu apprécier combien m'était précieuse votre collaborft> lion et celle de tous les membres du Comité, tout particulièrement de H. de Farcy, qui nous a toujours si gracieusement accordé son appui. Que pourrais-je dire de votre contrôle et de votre surveillance ? Jamais contrôle plus doux et surveillance plus amicale n'ont existé. Aux heures difficiles, votre expérience, vos bienveillants conseils, votre habileté à élucider les questions embarrassantes m'ont toujours sou- tenu et encouragé. Grâce à vous, Monsieur le Maire, à vos collègues, à vos prédéces- seurs, eux aussi, soucieux du bon renom de la Ville et de sa réputation artistique, bien des choses ont pu s'accomplir, facilitées par l'amour que tous nous portons à notre beau pays d'Anjou. Jamais, mes chers collègues des musées et mes amis de la Presse, toujours prêts à recevoir mes articles archéologiques, je n'ai fait en vain appel à votre amabilité. J*allais oublier qu'en ce temps les fiches sont à la mode et je veux, M. le Maire, m'en offrir une sur le compte d'un de vos employés. J'ai à vous signaler la parfaite obligeance et le concours toujours assuré que j'ai rencontré chez M. Rohard. Je vous ai si souvent vu, mon cher ami, lever les bras au xsàel d'un air désespéré, quand j'entrais dans yotre bureau, disant ; a Que me Youlez-vous encore ? » Gomme consolation, je devais bien, pour votre collaboration de vingt ans, vous dénoncer publiquement. L'amitié dont vpus m'avez honoré, Messieurs, sera, jd le dis ici» non sans orgueil, le plus beau souvenir de mon existence. Si j'ai pu faire quelque chose, c'est à vous que je le dois et, du fond du cœur, Je vous dis merci. Tous épris du beau, nou9 avons goûté ensemble les saines et pures Jouissances qu'il révéla à ses adeptes, justifiant la pensée des anciens. Je vous demande donc de vider fraterneilement nos CQupes. A l'Amitié» à TArt, à l'Archéologie. Applaudissements. M. Joxé répond à M. Michel MlSBIXUJiSi Je serai l'interprète 4^ vos sentiments, j'en suis persuadé, en remer* eiant chaleureusement l'honorable M. Michel des bonnes paroles que» dans son discours. Il a bien voulu nous adresser. Si mes souvenirs sont fidèles, ce ne sont pas des noces d'argent que nous devrions célébrer aujourd'hui, mais bien de$ noces d'or, eu égard ' au nombre d'années de fonctions. 32 Digitized by Google I RBVUB DB L ANJOU i Je me rappelle, en effet, qu'il y a fort longtemps l'un de nos admi- - nistrateurs des postes qui, plus tard, est devenu directeur général et qui s'occupait d'art, m'avait cité le nom de M. Michel, avec qui il était en relations à Angers. En 1888, lorsque j'ai eu l'honneur de faire partie de l'Administra- tion municipale en qualité d'adjoint aux Beaux-Arts, M. Michel était déjà membre de toutes les Commissions de nos Musées. Aujourd'hui, Messieurs, nous trouvons notre honorable amphitryon toujours aussi dévoué, aussi zélé dans les nombreuses fonctions qu'il remplit et qui sont les suivantes Au Musée d'Archéologie, dont il est le distingué directeur ; au Musée des Beaux-Arts, au Musée de Pincé, à l'École régionale des Beaux- Arts, aux Amis des Arts et, enfin, aux bibliothèques de la Ville. La bonne ville d'Angers, Messieurs, a le don particulier de retenir le dévouement et l'affection de ses enfants. Il est peu d'Angevins cependant, je suis heureux de le proclamer ici, qui l'aient servie avec plus de désintéressement, de dévouement et qui lui aient consacré plus de travail que M. Michel. Vous serez tous avec moi, j'en suis persuadé, Messieurs, pour émettre le vœu que ce dévouement sans borne, ce travail incessant soient récompensés par une distinction que tous au fond du cœur nous dési- gnons. Je lève mon verre en l'honneur de notre cher concitoyen et je bois à la réalisation du vœu que nous venons de former. Bn faisant le compte des sommes que nous avons recueillies pour les victimes de Courrières, j'ai trouyé un décime qui date du xvujp siècle, je me suis empressé de l'échanger pour en faire don à M. Michel. Je le prie de vouloir bien l'accepter. J'ajoute qu'il n'enrichira guère ses collections. Bravos. . M. Dainville porte ensuite le toasi suivant Ghbb Monsibub Michbl, La délicate pensée qui vous a porté à nous réunir autour de vous à l'occasion du 25* anniversaire de votre union avec le Musée d'archéo- logie ne pouvait que nous prouver une fois de plus combien cette union est intime. Continuateur de M. Godard dans son œuvre d'orga- nisation et de développement du Musée, vous avez en nous des colla- borateurs dont l'estime affectueuse et dévouée ne vous fera jamais défaut. Tout jeune, cher monsieur Michel, vous avez eu le goût de tous les arts et celui de la science archéologique. Vos études de dessin, vos recherches personnelles comme adolescent vous avaient valu, dès cette époque, cette réputation qui décide quelquefois des vocations. La vôtre a été favorisée par le mouvement qui portait à cette époque les esprits dis- Digitized by Google ÊHHONIQUfi 339 tingués vers l'étude de Thistoire par les documents. Vou^ avez donné à M. Godard, fondateur du Musée d'archéologie, une collaboration, non seulement désintéressée, mais éclairée, dévouée, ardente, et, avant toute attache officielle au Musée d'archéologie, vous aviez ainsi, en rendant service à M. Godard, rendu de plus grands services à la Ville et votre nom devait être désormais attaché au Musée d'archéologie par des liens indestructibles qui nous permettent d'en célébrer le 25 anniversaire et qui, nous l'espérons, se prolongeront encore longtemps. Mais il est une chose aussi, cher monsieur Michel, que mes collègues et moi, qui vous connaissons depuis bien longtemps, nous ne pouvons passer sous silence, dût votre modestie en souffrir ; ausfîi ne ferai-je que l'indiquer. C'est l'unité de votre vie, ce désir ardent d'être utile, de rendre service. Nous vous avons vu, dans vos rapports avec M. Godard, plein de déférence pour lui, renonçant volontiers à votre propre sentiment, tout en le réservant, avec modestie. Nous avons quelquefois dû vaincre cette modestie pour amener M. Godard à partager votre avis. Directeur du Musée d'archéologie, membre d'un grand nombre de Commissions municipales dans lesquelles quelques-uns d'entre nous figurent aussi Commission de la Bibliothèque publique ; Commission du Musée des Beaux- Arts ; Commission du Musée d'Architecture ; Commission de l'Ëcole régionale des Beaux-Arts ; Et parmi les sociétés artistiques Membre de l'Association des Concerts populaires; Membre de la Société des Amis des Arts, dont vous êtes le vice- président ; Par l'aménité de votre caractère, votre ardente activité pour leur bon fonctionnement, par ces irrésistibles sentiments des besoins de ceç Commissions et de ces Sociétés, vos collègues, voas ont nommé secré- taire, renouvelant votre mandat et le rendant ainsi perpétuel, faisant un appel ardent à votre dévouement, sachant bien que vous êtes l'âme de ces Commissions, et vous vous laissez vaincre, n'ayant jamais su ce que c'était que de refuser un service. Qier monsieur Michel, nous avons voulu vous laisser de notre longue collaboration et de la joie que nous procure cette réunion un souvenir durable. ' Nous vous prions d'accepter ce bronze, œuvre d'art d'un Angevin d'un grand talent, M. Saulo, élève de notre ancienne École municipale de dessin, médaillé aux Salons de Paris et Angevin comme vous. Puisse ce souvenir, indépendamment de sa valeur artistique et du nom de son auteur, toucher votre cœur et vous prouver que le nôtre bat à l'unisson. Applaudissements. Digitized by Google 340 REVUE DE L*ANJOU M. Michel, très touché, remercie. La viDe d'Angers, qu'il aime tant et connaît si bien et à laquelle il rend tous les jours, dans le domaine de l'archéologie et de l'art, de si éminents services, s'associera tout entière à cet hommage rendu à l'aimable et érudit conservateur du Musée Saint- Jean. Au milieu des vieilles choses du passé, M. Michel a gardé la jeunesse du cœur. Esprit délicat, ouvert à tout ce qui est beau, il a pu se rendre compte, non sans émotion, des unanimes et chaudes sympathies dont il est justement entouré. ♦♦♦ M. Baruk, médecin-adjoint è l'asile de Sainte-Gemmes-sur- Loire, vient d'être nommé directeur médecin en chef à l'asile d'AIençon. M. Dubourdieu, médecin en chef de l'asile de Saint-Robert d'Isère, a été nommé directeur médecin de Sainte-Gemmes, en remplacement de M. Petrucci, appelé à faire valoir ses droits à la retraite. La carrière de M. le D' Petrucci fut admirablement remplie. Né à Château-du-Loir, dans la Sarthe, après avoir été élève au Lycée de Laval, M. Petrucci fit ses études médicales à l'École de Médecine de Tours, dont il fut lauréat médaille de bronze, 1859, 1860 ; médaille d'argent 1860-1861 ; médaille de vermeil 1861- 1862. Il fut également nommé au concours, en 1862, prosecteur d'anatomie à la même école. Après avoir été interne en médecine à l'Hospice général et au quartier d'aliénés de Tours, M. le D' Petrucci débuta, comme aliéniste, à l'Asile de pijon, en 1867, en qualité de médecin- adjoint de 3 classe. îl fut élevé sur place à la 2 classe, en août 1869, et à te 1" classe en août 1871. Nommé médecin en chef de la section des femmes de l'asile de Maréville, près Nancy, le 29 août 1871, il fut chargé du cours de clinique mentale à l'Ecole de Médecine de Nancy. En 1872, M. le D' Petrucci devint directeur médecin en chef de l'asile de Dijon, où il fut élevé sur place à la 4 classe, en 1875, et à la 3 classe en 1879. C'est à la fin de l'année 1879 que M. le D' Petrucci fut nommé directeur médecin en chef de l'asile de Sainte-Gemmes-sur- Loire. Il y fut élevé à la 2^ classe en 1882, à la l' classe en 1885 et à la classe exceptionnelle en 1888. Il avait été déclaré admis- sible, avtc le numéro 3, au concours pour l'inspection générale en 1880- Digitized by Google CHRONIQUE 341 En raison de sa haute compétence, il fut chargé de rorganisa- tion du neuvième Congrès des médecins aliénistes et neurolo- g^tes, qui se tint à Angers du 1^' au 6 août 1898 et auquel il prit ime part remarquable en qualité de secrétaire général. Président de la Société de Médecine d'Angers en 1898-1899, il fut chargé de cours à TÊcole de Médecine d*Angers. Malgré ses nombreuses occupations, M. le D' Petrucci trouva le temps nécessaire pour s'occuper des intérêts de ses concitoyens et fut conseiller municipal de la commune de Sainte-Gemmes- sur-Loire de 1884 à^ 1892. Délégué cantonal pour l'Instruction publique, depuis de nombreuses années, il est officier d'Académie. Pendant l'année terrible, M. le D' Petrucci fit bravement son devoir. Nommé chirurgien de la garde nationale de Dijon, par arrêté du 22 septembre 1870, il prit part aux combats de Talmay et de la défense de Dijon 30 octobre 1870 et à ceux de Talant et de Pouillé-sous-Dijon 21, 22 et 23 janvier 1871. Il fut attaché au service des varioleux de Dijon pendant l'épidémie de 1871. Tels sont les états de services éminents de M. le D' Petrucci, services que M. le Ministre de l'Intérieur lui-même vient de reconnaître en les récompensant de la médaille d'honneur de l'Assistance publique. Au moment où il prend sa retraite, nous adressons à ce fonc . tionnaire distingué, qui est aussi un honmie aimable, l'exprès* sion de notre sympathie et nos meilleurs souhaits. Cette année encore, le rapport présenté au Comité de l'Asso- ciation des Journalistes parisiens, dans l'assemblée générale du 17 mars 1906, a été rédigé par notre distingué collaborateur, M. Joseph Denais. Le procès- verbal de la réunion porte que la lecture du compte rendu de M. Joseph Denais a été interrompue par des applau- dissements unanimes et répétés longuement ». Nous lui offrons tous nos compliments pour les témoignages de sympathie dont il a été l'objet dans cette circonstance. VAngeifin de Paris avait organisé, à la Bodinière» dans le cou- rant du mois do mars dernier, une exposition des œuvres des Artistes angevins. Digitized by Google 342 REVUB DE l' ANJOU Voici les noms de ceux de nos compatriotes dont les travaux ont figuré à cette exposition PEINTURE AUeaume Ludovic Repos à r ombre ; Un petit bras de la Marne ; Fleurs TEupatoire / Matin à Jahlines, Aridas Auguste Paysage du Lot place de Castelnau ; Prunes d'Agen ; Paysage limousin les Chastenet ; Figurine ; Fleurs hortensias ; Vue de Castelnau. Axilette Alexis Deux portraits. Mme Arc Valette Barque en Loire ; Vieux logis d! Anjou ; Jardin à Chinon. ' Bricard Xavier Portrait M" Marie-Louise B. . . >* -^^ PorU de Saint- Ursanne ; Coin de ferme. Cesbron Achille Roses blanches ; Rosier rose ; Culture de rosiers près d'Angers ; Vue d'Ecouflani ; Les Gouffres de la Reuse Jura suisse. Cesbron Charles Coup de soleil ; Portail intérieur du Narthex de Vézelay ; Intérieur de réélise de Fécamp ; La Porte du Jubé Saint-Êtienne du Mont ; Place de la. Concorde ; Place de la Madeleine ; Le Luxembourg La Seine au Pont-Marie ; Les Tui- leries ; Porte de sacristie à Tolède ; La Porte du Cloître ; Cim^ièn^ * normand, Chayllery Eugène-Louis La Compteuse ; Nature morte ; La Brodeuse ; Un p^it coin d'intérieur de ferme aux Lambardières Anjou. Chivot Georges Les Fours à chaux à Angers ; U Etang Saint- Nicolas à Angers ; Portrait dur^ jeune homme diaprés Rembrandt ; Personnages d'après Callot ; Intérieur ; Portrait de J/" V. C...; Vieux Bouquins, Launay Albert Portrait de Georges Chepfer ; La Ville, Noire vue d'une terrasse en Reculée ; Intérieur de paysan breton ; Un bras de Loire aux Ponts-de-Cé ; Le matin à Montmartre ; Une boire aux Rosiers-sur-Loire ; L'Etang Saint-Nicolas ; SUfiouette parisienne ; La Sylphide silhouette parisienne ; Portrait du petit Chepfer ; Parisienne, Lebasque P. Sur Veau. Leroux-Cesbron Charles Le Thouet à Saint-Florent. Massard Charles Portrait de la comtesse M. dA . . . Mette Lucien Vieilles maisons à Lisieux ; Le dépôt des machines à la gare Montparnasse ; Coin de ferme en Normandie Un vieux portier. Digitized by Google CHRONIQUE 343 Mignon Jules Portrait de Af" Y. /...; Coquelicots ; Sur la falaise Boulogne-sur-Mer ; Soleil du matin dans les champs à Monligny-sur-Loing ; Lever du soleil en automne ; Paysage ; Vue du port Boulogne-sur-Mer ; Vue du port. Ruel Albert- Victor Le petit Pont bords du Loir à Seiches. Tessier Un bon verre de vin. Tranchand Charles Le Soir au bord de la Loire. Volot Jacques Nu de femme ; Le Pont de Puieaux ; Ville d'Eu; Vue générale du Tréport ; Falaises. Delaunay Pierre Parc Monceau ; Villa des Ternes ; Soleil couchant Bretagne ; Le Nuage bords de la Loire ; Temps plu- vieux ; Tronc de saule ; Mai ; La Pierre Bécherelle ; Beau temps. Mignon Lucien Vieux toits à Angers ; Intérieur ; Marché autour des Halles ; Le Matin ; Mon fils et mon chien. SCULPTURE Chesneau Portrait. J. Desbois Bronzes. Grégoire René Buste jeune Romaine ; Portrait de M^^ L... L'Hoest Portrait de ilf> P. Popin; Portrait de Jf Paul Popin. Legendre Maurice-Louis Portrait de M. Jules Breton ; Vase Bacchus et les Faunes . Saulo Georges-Ernest Diane ; Coin ; Buste d^ enfant. ARCHITECTURE ET ARTS APPLIQUÉS Bans Henri Croquis de Lisieux ; Croquis de chalets suisses ; HonfUur la place du Marché ; Un Bavin à Bagatz. Leclerc Marc Décor au pochoir ; Les Camélias. La restauration de la rosace et de la verrière du transept sud de la Cathédrale est terminée. L'arcature en pierre a été refaite tout entière, sauf quelques colonnettes et plusieurs chapiteaux, qu'on a eu Theureuse idée de conserver comme témoins. La verrière a été non seulement remise en plomb, mais res- taurée avec un soin exquis et un très grand talent par M. Carot, peintre verrier à Paris. Plusieurs panneaux n'existaient plus ils ont été reconstitués par l'artiste, avec une telle perfection que l'œil le plus exercé ne peut les distinguer des parties anciennes. L'ensemble de cette restauration fait le plus grand honneur à Digitized by Google 344 RBVUB DE L* ANJOU MM. Raulin et Dussauze, architectes. Piii8sent41s bientôt entre- prendre lé même travail pour la rose du transept nord ! Nous avons appris avec le plus grand plaisir que notre dis- tingué collaborateur M. Etienne Port, professeur au collège de Saint-Nazaire, a été nommé chef adjoint du cabinet du Ministre de rinstruction publique. M. Etienne Port est né à Angers. Il est le fils de M. Célestin Port, ancien archiviste de Maine-et-Loire et membre de l'Institut Le Jury du concours organisé par le Journal, à l'occasion du troisième centenaire de Pierre Corneille, vient de décerner à l'una- nimité une première mention à M. Alfred Coupel, auteur d'un poème en l'honneur de Corneille, Alfred Coupel, avocat à Paris, est Angevin ; il est de la Haie- Longue, près Rochefort-sur-Loire, et fut élève du lycée d'Angers. Au Concours international des jeux olympiques d'Athènes, notre compatriote M. Maurice Lecoq a remporté le premier prix nie tir au revolver libre à 25 mètres. Nous apprenons avec plaisir que M. Maurice Durand, après avoir subi trois épreuves d'architecture pour le concours de Rome grand prix, vient d'être admis comme logiste, c'est-à- dire dans les dix premiers ayant droit au concours. M. Durand, élève de M. Deglane, a fait une partie de ses études à l'Ëcole régionale des Beaux-Arts d'Angers. A l'occasion du Congrès des Sociétés Savantes, qui s'est réiuii à Paris dans la semaine de Pâques, notre aimable et érudit coQaborateur, M. le chanoine Urseau, a été nommé oflScier de riastmetion publique, et M. Lebas, capitaine à l'Ëcole de cava l^e de SanuB; èffloier d'Académie. M. Gâtumeau, propriétaire des Petites Voitures d'Angers, vient d'être nommé officier de l'ordre du Nicham-Iftikhar de Tunis. Digitized by Google CHBONIQTTE 345 Nous avons le regret d'apprendre la mort de M. Théobald de Soland, ancien eonseiller général, ancien député de Maine-et- Loire, et celle de M. le comte de Blois, sénateur et conseiller général de Maine-et-Loire, maire de Daumeray, chevalier de Malte, commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. On a bien voulu nous promettre, sur l'un et sur l'autre, une notice que nous publierons prochainement. M. Félix Morry, ancien magistrat, ancien rédacteur en chef du Petit Courrier, est mort, à Angers, le 27 mars dernier. M. Félix Morry était né à Angers le 13 mars 1836. Entré dans la magistrature, il eut la carrière la plus brillante et fut successi- vement substitut à Saumur, substitut du procureur général à Angers, procureur de la République au Mans, avocat général à Douai et conseiller à la Cour d'Angers. Révoqué en 1883, au moment de l'épuration de la magistra- ture, il 9e tourna vers le joiu'nalisme et fut pendant- de longues années rédacteur en chef du Petà Courrier. On sait quelle place prépondérante il occupa dans la presse angevine et combien, tout à la fois, la vigueur et le charme de son très remarquable talent d'écrivain étaient appréciés. Le 2 mai ont eu lieu, en l'église Saint- Joseph, les obsèques de M. le D' Bodinier, médecin-major de l' classe à l'hôpital mili- taire d'Angers, chevalier de la Légion d'honneur. Au cimetière, M. le D' Hébert a prononcé le discours suivant Mbssibttbs, Au nom de la Société des sciences médicales d'Angers, au nom des médecins civils ses amis, permettez-moi d'adresser un affectueux sou- venir, un dernier adieu à Monsieur lé docteur Bodinier, médecin major des hôpitaux militaires de cette ville. Tous ceux qui ont connu cet homme de bien, d'une si grande affabi- lité de manières, d'une si grande bienveillance, regretteront comme moi la perte de ce cher collègue. Praticien distingué et savant, il avait su conquérir la sympathie» l'affection de tous ceux qui l'approchaient. Il avait fait de nombreuses campagnes comme médecin militaire. L'avenir brillant s'annonçait devant lui. Malade depuis quelque temps déjà, on lui conseillait le repos dont il avait si grand besoin. Digitized by Google 346 REVUE DE l' ANJOU Mais les petits soldats malades étaient là, nombreux dans les hôpi- taux et le bon père de famille qu'il était , tenait jusqu'au bout à se dévouer pour eux. Il voulait chaque jour pouvoir remplacer près du lit de douleur le père et la mère absents et substituer son cœur au cœur de ceux que le service de la chère patrie avait pour de longs jours éloignés du foyer. Il est resté là renversé sur le champ de bataille médical, champ de bataille plus meurtrier souvent que celui que les balles et les obus détruisent. Dans le carnage de la mêlée, on marche, on s'entraîne. Dans la salle d'hôpital, en soignant les autres, on tombe lentement, avec patience et sans bruit. Oh ! le noble dévouement, mon cher et 'vgretté ami. Aussi, quand nous vous voyons disparaître vous, médecins mili- taires, il nous semble qu'un morceau de ce cher drapeau se détache pour toujours de sa hampe et nous rende notre souvenir plus pénible, notre chagrin plus intense. Et maintenant, comment apporter un peu de consolation à ceux qui restent ? Chère Madame Bodinier, chers petits enfants, permettez-moi main- tenant de tourner mes regards plus haut. Celui que vous avez perdu était un bon chrétien, un loyal soldat. Quand on a toute sa vie servi si fidèlement son Dieu et sa patrie, la récompense est donnée. Prenez courage, absent de cette terre, il ne vous oubliera pas là- haut Aussi, cher et regretté collègue et ami, non, ce n'est pas d'un adieu, mais d'un espoir en Dieu que je salue votre cercueil, M. le D' Lepage, président de la Société de Médecine, a pris ensuite la parole et s'est exprimé en ces termes Lorsque VOfficiel nous annonce la nomination à Angers d'un méde- cin militaire, nous nous empressons, médecins angevins, de lui sou- haiter la bienvenue ; quand un avancement mérité le fait s'éloigner de notre ville, nous sommes heureux de lui adresser toutes nos félici- tations. Et aujourd'hui c'est sur le bord d'une tombe qu'au nom de la Société de médecine je dois prendre la parole pour adresser un suprême et bien pénible adieu au major Bodinier, mort en médecin et en soldat, victime du devoir professionnel. Nommé, il y a près de cinq ans, à notre hôpital militaire, il nous arrivait précédé d'une réputation de confrère serviable et courtois, de travailleur infatigable, et je me rappelle aujourd'hui, non sans émo- tion, la lettre élogieuse que m'écrivait alors l'un de ses anciens chefs, devenu son meilleur ami, après deux années de campagne passées ensemble au Tonkin. Digitized by Google CHRONIQUE 347 Nous ne tardâmes pas à juger par nous-mêmes le D' Bodinier et à apprécier comme il le méritait le savant, le médecin et l'ami Chargé du service important des fiévreux, il y puisait le sujet de judicieuses observations cliniques qu'il publiait ou apportait à nos réunions scientifiques. C'est à ces réunions, ainsi qu'à l'Hôtel -Dieu que, plus en contact avec lui, ses confrères angevins apprirent à connaître les qualités éminentes de ce caractère d'élite. Combien j'en ai goûté pRis intimement le charme, au cours des nombreuses heures qu'il voulut bien me réserver, pendant les mois de repos forcé que je viens de subir ! Parlant de ses chefs avec reconnaissance, de ses collègues avec bien- veillance, il ne connaissait ni l'envie, ni la haine. Heureux du bonheur des autres, il trouvait le sien dans l'accomplissement du devoir. Inca- pable d'une bassesse, il n'aurait pas voulu dévier de la ligne qu'il s'était tracée pour atteindre un but qu'il espérait ne devoir qu'au mérite' Toujours prêt à ^être utile, il nous écoutait avec complaisance quand nous venions lui recommander les jeunes gens que les exigences du service militaire confiaient à ses bons soins. Et ceux-là, comme tous ses malades du reste, devenaient l'objet de toute sa sollicitude. S'il leur donnait tout son temps, il leur accordait aussi tout son cœur ; d'une physionomie toujours souriante, il savait par de bonnes paroles faire oublier l'éloignement de la famille, cette grande consolatrice au moment des souffrances. Le Bon Major que c'était ! » me disaient tout simplement hier encore, les larmes dans les yeux,' deux de ses anciens soldats. Résigné ée de Peinture, il fut fortement question de le placer au rez-de- chaussée dans les salles de droite, mais ce local humide et sombre ne convenait guère à un Musée d'Histoire natu- relle et heureusement le Conseil municipal ne crut pas devoir se rendre aux raisons que le Directeur du Musée de Peinture opposait au refus de Boreau. ^ Les raisons que donne M. le Conservateur du cabinet d Histoire naturelle, disait-il, sont f.»rt bonnes assurément; cependant vous devez comprendre que si nos salles inlérieures compro- mettent la conservation cies ois^aux enjpaillés, elles ne sont pas plus saine^, pas plus propres à recevoir nos tableaux qui s'y perdent et que s'il fiiut absolument faire un choix, il vaut mieux nffrir in sacrilice tous nos canards Digitized by Google LE MUSEE D HISTOIRE NATURELLE d' ANGERS 357 et conserver nos chefs d'œuvre; on trouve chaque année de nouveaux oiseaux tandis qu'il ne se fait plus des Mignard, des Ruisdaël, des Philippe de Champagne, etc. » Malgré tout le Musée d'Histoire naturelle ne fut pas installé dans les salles du rez-de-chaussée, on lui affecta au premier étage le local qu'il occupe aujourd'hui. Le 8 mars 1849 a lieu l'inauguration du nouveau Musée, mais Renaud n'achève pas la nouvelle installation il meurt du choléra le 27 août Î849; à la suile de ce décès le premier adjoint prend le 24 décembre 1849 un arrêté réorganisant le per- sonnel du Musée d'Histoire naturelle. Cet arrêté est ainsi conçu Nous, premier adjoint délégué par absence de M. le Maire d'Angers, en ce moment à l'assemblée législative, Voulant pourvoir à l'emploi de sous-conservateur du Muséum d'Histoire naturelle que remplit provisoirement le sieur Deloche depuis la mort du sieur Renaud, arrivée le 27 août 1849, Et mettant à profit pour l'organisation du personnel de cet établissement important les propositions contenues dans un rapport de M. Boreau sous la direction duquel il est placé, en même temps que le Jardin des Plantes de la ville, € Arrêtons Article PREMIER. — A l'avenir, età partir du P' janvier prochain 1850, le personnel du Musée d'Histoire naturelle d'Angers dont M. Boreau continuera d'être le directeur sera organisé de la manière suivante Art. 2. — La dénomination de sous-directeur attribuée jusqu'ici au préparateur surveillant est supprimée. Art. 3. — Il y aura un aide naturaliste pris parmi les hommes de science amateurs surtout de l'histoire natu- relle. Ses fonctions, essentiellement subordonnées à celles Digitized by Google 358 REVUE DE l' ANJOU du Directeur, consisteront à seconder le Directeur dans toutes les parties du service; il devra donner au moins six heures de travail par semaine, divisées en deux ou trois séances suivant les besoins. Il sera chargé des écritures pour les étiquettes, cata- logues, etc., travail auquel il pourra se livrer chez lui. Il devra faire le plus possible des excursions pour ramasser des insectes destinés à former une collection départementale, ou tous autres objets de nature à enrichir le Musée. Art. 4. — Il sera affecté à titre d'indemnité ou de traitement à celte fonction une somme annuelle de cinq cents francs, payable sur le fonds alloué au budget de la ville pour le personnel du Muséum. € Art. 5. — Le second surveillant, dont la place a été créée par une délibération du Conseil municipal du 10 août 1847, prendra le titre de préparateur gardien du Muséum. Le titulaire de cet emploi, placé sous les ordres de M. le Directeur, devra se conformer strictement à toutes les injonctions et instructions qu'il en recevra dans Tintérêt du service, soit directement, soit par Tintermédiaire de l'aide naturaliste. Il est seul préposé, avec responsabilité, à la garde et surveillance de rétablissement dans toutes ses parties. Il en aura seul aussi les defs. Il devra tout son temps à rétablissement, il lui est défendu de se faire remplacer par qui que ce soit dans Texercice de ses fonctions. C'est à lui qu'est dévolu le soin spécial de préparer les oiseaux et les animaux destinés aux collections. Ces prépa- rations auront lieu dans le laboratoire et à l'aide du maté- riel appartenant à l'établissement. Il lui est expressément défendu de faire ou de laisser sortir de l'établissement confié à sa garde, sous quelque prétexte que ce soit, aucun objet faisant partie des collections, sans une autorisation Digitized by Google LE MUSÉE d'histoire NATURELLE d' ANGERS 359 écrite de M. le Directeur, même quand ces objets seraient demandés par des personnes ayant fait don de collections Comme aussi d'ouvrir les armoires au public et de laisser toucher aux objets qui sont exposés. Toute acquisition ou toute autre dépense faile sans autorisation, même en vue d'accroître les collections, reste- ront au compte du préparateur. Art. 6. — Le préparateur sera logé dans la partie du Muséum qui lui sera assignée, le plus près possible de rétablissement confié à sa garde. Il jouira en outre d'un traitement annuel de mille francs voté au budget de la ville. RiCHOU » Par un arrêté du 2 janvier 1850, Deloche est nommé préparateur gardien du Musée d'Histoire naturelle. Enfin, le 13 janvier, Aristide Ollivier, pharmacien de Técole spé- ciale de Paris, est nommé aide naturaliste, mais un mois plus tard, le 14 février 1850, il se désiste sans avoir paru au Musée. Il n'eut d'ailleurs pas de successeur et la nouvelle organisation fut abandonnée. Le nouveau local du Musée d'Histoire naturelle présen- tait les mômes inconvénients que l'ancien; le plancher était si peu solide qu'on dut entourer le centre de la salle d'une balustrade en bois plus que simple au dedans de laquelle étaient exposés à l'air libre les grands quadru- pèdes et les cétacés. Par suite de cet état et à cause de la grande vogue dont il était l'objet, le Musée n'était ouvert qu'avec précaution; c'est ainsi qu'en 1850, le jour de la Fête Dieu, Deloche lutta pendant pbis de 3 heures contre le flot compact de curieux qui se ruait sans nlàche pour envahir la deuxième salle où, grâce à des efforts inouïs, il parvint à ne pas admettre plus de 50 à 60 personnes à la fois. Cet état de choses ne pouvait durer, aussi l'administration municipale résolut du réparer le plancher, on s'aperçut Digitized by Google 360 REVUE DE L*ANJOU que toutes les poutres étaient brisées ou fatiguées, par suite il fallut refaire complètement le plancher, d'où nou- veau déménagement des collections \ Les choses étaient remises en élat lorsqu'en 1851 la ville vote un crédit pour réparer les différents Musées et, le 20 mars 1851, M. Doboys E. R., maire de la ville d'Angers, c prévient ses concitoyens qu'à partir de ce jour, les Musées d'Histoire naturelle, d'Antiquité et de Peinture seront fermés pour l'exécution des travaux de ces diverses collec- tions ». Les travaux aussitôt commencés durèrent jusqu'au 6 novembre 1854, c'est-à-dire pendant plus de trois ans. Durant tout ce temps, Boreau avait fait mettre les collec- tions d'Histoire naturelle en sûreté et sans trop en déranger Tordre dans l'appartement autrefois occupé par le Recteur de l'Académie. Les salles une fois réparées M. Dainville, alors architecte de la ville, est chargé de l'appropriation de ces salles. Le plan accompagné des devis est dressé le 14 janvier 1859. n est approuvé par M. Montrieux, maire d'Angers, le 25 janvier et par le préfet Bourlon de Rouvre, le 21 février 1859. Ainsi qu'on peut le voir sur ce plan, le Musée d'His- toire naturelle comprend un vestibule de 7 mètres de long donnant accès dans deux grandes galeries, celle de gauche réservée à Tornithologie mesurant 22 mètres de long, celle de droite longue de 17 mètres; à cette dernière sont annexées deux petites salles de 7 à 8 mètres, dont l'une possède une magnifique cheminée renaissance et est desservie par l'escalier de la tourelle. Dans la grande galerie de droite les vitrines du pourtour étaient destinées à la minéralogie. Au centre, une grande cage vitrée, occu- pant toute la hauteur, contenait les grands mammifères, • \ C'est éicîilement en \SiO que noreau obtint de la ville un crédit de t^K îiaiics pDui' !a I•e^tuu^alioIl de i'ocaiier du cabinet d'Histoire naturelle. Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google LE MUSÉE d'histoire NATURELLE d' ANGERS 361 mais, dès cette époque, Beraud constatait qu'on ne pouvait plus faire entrer en fait de mammifères que quelques petites espèces, la place fait déjà défsut, la collection de coquilles vivantes était reléguée, faute de place, dans un petit cabinet dépendant de la salle à la cheminée renaissance. Ainsi, dès le début, le nouveau Musée va manquer d'espace, par suite le classement est rendu sinon impossible du moins très difficile et les difficultés vont augmenter avec le temps, à mesure que les collections vont s'accroître. Boreau reste directeur du Musée d'Histoire naturelle jusqu'à sa mort, survenue le 9 juillet 1875, toutefois c'est Deloche qui est malheureusement le véritable maître de la place \ Le 1^ novembre 1875, M. Lieutaud prend la succession de Boreau comme Directeur du Jardin des Plantes et du Musée d'Histoire naturelle. Le docteur Lieutaud, professeur à l'École de Médecine, sera trop absorbé par ses multiples occupations pour ne pas négliger un peu le Musée. Il continue l'administration de Boreau, en donnant tous ses soins au Jardin Botanique; malgré toute son activité, il est obligé de laisser la direction effective du Musée à Deloche. Deloche était certes un préparateur habile. C'est à lui que nous devons en grande partie la belle collection orni- thologique; en revanche il n'avait aucune connaissance en géologie et paléontologie; c'est ainsi que sur le registre d'entrée, il donne à un trilobitela dénomination de poisson. H méprisait d'ailleurs ces deux sciences et entassait pêle- mêle tout ce qui s'y rapporte; c'est à ce fait qu'il faut attribuer la perte de la majeure partie de la collection du carbonifère de Maine-et-Loire, \collectioii donnée par ^ Deloche était considéré par la plupart de ses concitoyens comme le seul Directeur du Musée dMiistoire natun-Ile et c est en celle qualité que nous le trouvons inscrit parmi les membres de la Société Linnoenne de Mainc-ei-Loire. Digitized by Google 362 REVUE DE L* ANJOU M. Fagès, ingénieur des mines de Chalonnes, à la suite de l'exposition qui eut lieu à Angers en 1864, et surtout, perte irréparable, la majeure partie de la collection Millet. L'ordre qui régnait dans les galeries n'était qu'apparent, presque rien n'était classé, les catalogues n'étaient pas dressés et cet établissement, véritable Campo Santo des richesses scientifiques amassées depuis trois quarts de siècle, était inutile à l'étude. Cette situation était trop défavorable à l'essort du Musée d'Histoire naturelle et, le 23 juin 1880, sur la proposition de M. Georges Bouvet, conseiller municipal, le Maire d'Angers remplace le Directeur unique des établissements scientifiques par deux Directeurs ayant des fonctions dis- tinctes; Tun Directeur du Jardin Botanique, l'autre s'oc- cupant uniquement du cabinet d'Histoire naturelle, cette dernière place est accordée à M. le docteur Trouessart. Pour aider le Directeur dans sa tftche, le Maire nomme une commission permanente de contrôle et de surveillance du Musée d'Histoire naturelle. Cette commission se compose de sept membres, dont un président et un secrétaire'. Le 2 tnars 1882 M. Guitton, maire d'Angers, préside la pre- mière séance. Cette nouvelle organisation change les habitudes de Deloche, qui ne peut s'y faire, aussi neuf jours après son installation, la commission se réunit pour régler un diffé- rend survenu entre M. Trouessard et Deloche. La commis- ^ La commission du Musée dHistoire naturelle a subi depuis sa fondation de nombreux changements dans sa composition, nous donnons ici les noms des membres de cette commission, dans leur ordre de succession et avec la date de leur nommination Raimbault iJr Meleux 1882, De Tarlé 1892, AUard Gaston 189S. Debard 1882, balimier 1882, Préaubert Ernest 1884. Aubert 188^, Coulfon Olivier 1904. Bouvet 1882, Lavennier 1895, Gauvin 1904. Gallois 1882, Surrault 189;J Lieutaud 1882, Desmazières 1895, Bernier 1904. Digitized by Google LE MUSÉE d'histoire NATURELLE D ANGERS 363 sion ne p8rvient pas à régler le différend et Deloche donne sa démission le V avril 1882. Ce départ va causer un grand vide dans le Musée, car Deloche emporte une collec- tion de petits oiseaux en duvet qu'il avait déposée au Musée, mais dont il s'était réservé la propriété. Cette collection comprenait V Caille mâle et femelle et 18 petits ; 2* Poule d'eau et 5 petits ; 3" La petite hirondelle de mer, 1 petit et 2 œufs; 4° Le Sterne Pierre Garnier, 1 petit et 1 œuf; 5° Sterne épouvantai! , 3 petits et 2 œufs ; 6 2 petites perdrix Bartavelles et une dans Tœuf ; 7° t Grèbe Castagneux, i petit et 2 œufs; 8* Perdrix grise et 5 petits ; 9*» Râle de genêt et 8 petits ; 10tence actuelle de la Vendée. — Anniversaire du 10 août. — Plaiiites de Lécluse. — Réorganisation de la Garde-nationale. — La société des défenseurs des droits de Thomme demande des renseignements sur la guerre de Vendée et des Chouans. — Taxe pour le beurre. ^ Manque de zèle des sociétaires pour assister aux séances. Le quintidi, seconde décade de prairial, Béritault-Grand- inaisoa a demandé à faire son rapport sur la mission dont Je directoire avait été chargé, de s'informer, auprès des ouvriers, du prix qu'il en couterolt à la société pour faire placer le bonnet de la liberté sur le clocher, ainsi que pour les quatre oriflammes sur les clochetons. Il a dit qu'il étoit impossible, suivant le langage des couvreurs et du ferblantier, qu'il en coûte moins de six cent livres. Plu- Digitized by Google 414 REVUE DE L* ANJOU sieurs orateurs ont parlé sur ce rapport et, d'après divers développements, Bérilault a demandé, sur Timpossibilité reconnue de se procurer la matière nécessaire, que la sociélé nommât un commissaire, pour obtenir de Tadminis- Iration du district une certaine quantité de fer-blanc en le payant; observant que, d'après l'inspection des choses, il étoit impossible, à cause de la dépense énorme qu'entral- neroit cette opération, de placer les oriflammes désirées. Il a observé que, dans le cas où Ton n'obtiendroit rien du district, on pourroit mettre en réquisition les bidons et autres usiensiles en fer-blanc, qui peuvent exister dans la commune. Lorier a répliqué au préopinant, qu'il étoit plus qu'inu- tile d'envoyer un exprès à Baugé, puisqu'il étoit possible d'écrire pour connoître les dispositions du district à»cet égard; que même on pouvoit s'adresser à Haran, qui mettroit toute la célérité dans sa réponse, qu'à ce moyen le directoire devoit être chargé de faire cette demande. — La société s'est décidée en faveur de cette proposition et elle a chargé son directoire d'écrire à Haran. Ici Forest a monté à la tribune pour faire à la société l'ofl'rande, aux conditions d'une indemnité réglée à l'amiable, d'environ soixante feuilles de fer -blanc, employé en gouttière, qu'il a chez lui. Cette offre ayant été reçue avec plaisir, la société a chargé le citoyen Ricou de visiter de suite le fer-blanc de Forest et de faire, séance tenante, son rapport. — Ricou, après s'être acquitté de la commission, a dit à la société que le fer-blanc de Forest n'étoit pas propre à faire un bonnet de la liberté, étant d'une mauvaise qualité. » Le second décadi, prairial, fête de l'Être Suprême S Béritault-Grandmaison a obtenu la parole et a fait pari à la société de ce que le directoire du district de Baugé avoit ^ V. Denais, Monographie de Notre-Dame de Beaufort^ p. 478. Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE BEAUFORT-EN- VALLÉE 415 répondu négativement à la demande qu'elle a voit formée, H y a peu de jours, pour se procuren du fer-blanc. Il a observé que le refus n'avoit d'autre motif que Timpossibi- lité où se trouvoit Tadministration d'en fournir aucune quantité; en ajoutant que, si la société persistoit dans son désir de placer sur iHmpérial du clocher un bonnet de liberté, il faisoit la motion qu'il fût employé à sa confection du cuivre de vieux chaudrons, ce qui s'est pratiqué ailleurs et ne seroit pas moins solide et beaucoup moins dispendieux. Cette motion n'a pas été mise aux voix, parce que le président a observé qu'avant toute entreprise il étoit de la sagesse de la société de raisonner avec elle-même et de consulter ses finances qu'il ne croit pas actuellement dans un état très avantageux ; que dans tous les cas cette ques- tion lui paraissoit susceptible d'une très grande réflection, puisqu'on supposant môme une nouvelle contribution de la part de tous les membres, il falloit prendre en considé- ration que les facultés de la majeure partie en souflriroient peut-être trop dans des tems aussi calamiteux, à cause de la disette. Digneron, en appuyant ces réflexions, a dit qu'il n'eslimoit pas que cette dépense dût nécessairement être supportée par la société populaire, mais bien par la muni- cipalité, qui de droit est chargée de faire disparoître et remplacer le signe de la superstition qui dans ce moment surmonte le clocher. c Faute d'un arrêté du représentant et devant le refus de la société, Poullot dut attendre et faire de nouvelles démarches. C'était beaucoup d'embarras pour une simple démission de petit officier municipal ! Poursuivant son ordre du jour, la société discute sur l'inculpation faite au citoyen B., en ce que D., marchand de vin en cette commune, avoit entendu dire par un particulier buvant du vin chez luy que ledit B. avoit vendu du vin au-dessus du maximum; le citoyen D., entendu contradictoirement avec ledit B., ayant accusé la fausseté de ces propos, le désaveu a servi suffisamment à la justification dudit B.». Il est ensuite décidé, sur la demande du citoyen Digneron, que les papiers-nouvelles seront lus tous les jours de poste et € que le secrétaire ou son adjoint sera tenu de se trouver lesdits jours, à l'heure de trois heures précises en la salle populaire, pour en faire lecture aux citoyens assemblés à cet effet et conformément aux règlements ». Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE BEAUFORT EN- VALLÉE 423 Lecture faite de Tacle constitutionnel, Audio commu- nique une commission qui lui a été adressée par l'admi- nistration du district, pour faire brûler les herbes et bois propres aux salins qui se trouvent complantés sur les diffé- rentes communes du canton ; il rappelle la loy du 29 ger- minal qui détermine la manière d'y procéder et invite la société à le seconder dans cette entreprise ». » Sur la motion d'Audio, Lorier ayant obtenu la paroïé, a monté à la tribune et a proposé à rassemblée, pour moyen plus expéditif, d'engager tous les citoyens à se lever en masse pour affectuer l'arrêté du district et pour en diriger la marche; il a demandé qu'il soit nommé douze comonis- saires. » B., trouvant, sans nul doute extravagante la proposition de Lorier, mais craignant probablement de froisser le sen- timent populaire qui semblait être avec ce dernier, émet une proposition plus raisonnable. Il a observé que la levée en masse pouvoit effrayer les citoyens de la campagne, qui ne sauroient pas les motifs de cette démarche et pourroient craindre de voir leurs fruits dévastés, mais qu'il conviendroit que la société populaire donnât l'exemple de cet acte de civisme, pourquoy 51 invi- toit les membres à se faire inscrire pour commencer dès demain l'extraction des herbes et la continuer par section». La société donne raison à Lorier, qui reprend sa motion. Nous lisons en effet au procès- verbal que l'assemblée, prenant en considération les besoins de la République, a arrêté qu'il seroit nommé douze commissaires pris dans son sein, qui, à la tête d'un certain nombre de républicains, dont ils prendront la liste dans les quartiers de la commune, se chargeroient en tous les endroits désignés d'effectuer ladite opération ». Cinquantecinquième séance. — Vingt thermidor. — Après la lecture du procès- verbal, communication est faite t d'une lettre du vingt-neuf messidor, écrite par la société monta- Digitized by Google 424 REVUE DE L* ANJOU gnarde d'Alençon à celle-cy, par laquelle elle demande des détails sur l'existence actuelle de la Vendée. La société a arrêté que son président feroit une réponse par le premier ordinaire. On a ensuite agité la question de quelle manière elle seroit rédigée. Lorier a observé que Beaufort, sans être fort éloigné de la Vendée, ne communiquoit pas avec cette contrée malveillante y que les rapports qui en étoient faits, souvent vagues et contradictoires, n'avoient pas assez d'autanticité pour pouvoir les transmettre au loin; en conséquence, il a opiné pour qu'il soit répondu dans les termes de la fraternité et que, po^ir le surplus, la société d'Alençon soit reportée à la lecture des différents rapports faits à la Convention et consignés dans les feuilles publiques, notamment de celuy de Barrère. Le président ayant observé que ces rapports n'étoient pas exacts, un membre a soutenu qu'on ne pouvoit pas tenir un autre langage, sans s'exposer à commettre, soit une erreur de faits, soit une indiscrétion, tous les rapports de la Vendée faits dans ce pays étant incertains. € Poupard-Mauru a dit qu'il ne falloit pas induire en erreur une société conQante dans notre sincérité, que son avis étoit ou qu'on ne répondît point à la société d'Alençon, ou qu'on répondit à la société populaire d'Alençon que la Vepdée n'étoit pas encore finie, puisque nous remportions tous les jours des avantages sur les brigands, ce que nous savions par différents rapports faits par plusieurs per- sonnes. En conséquence il a été d'avis que les faits soyent transmis tels qu'ils sont rapportés dans le pays. Le président a consulté l'assemblée sur les deux pro- positions et, la majorité ayant paru douteuse, l'appel nomi- nal a été réclamé. Il en est résulté que vingt-cinq voix ont été pour la motion de Lorier et vingt-sept pour celle de Mauru En conséquence la société a chargé son président de rédiger la réponse dans le sens proposé par ce dernier. » Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE BEAUFORT-EN-VALLÉE 425 Le tririi, 23 Thermidor, anniversaire du 10 août 1792 approchait. Lorier pense que cette date ne devait pas passer inapperçue ; il observe que le peuple français n'avoit véri- tablement commencé sa régénération qu'à cette époque où la liberté, l'égalité, filles de la nature avoient remporté sur le despotisme la victoire la plus signalée ; en consé- quence, il demande que cet anniversaire soit célébré par une fête civique ». La société charge son président de rapporter cette motion à la municipalité. Cinquante-huitième séance. — 3 Fructidor. — Lécluse, ayant obtenu la parole, a observé à l'assemblée que, pendant son absence, des personnes mal intentionnées avoient répandu malignement qu'il avoit écrit à son épouse que les signes du fanatisme existoient encore ; il a nié formelle- ment un propos tenu par la discorde, en disant qu'il n'y avoit que des fanatiques même qui pou voient tenir un pareil langage. Le même, toujours séant à la tribune, a invité la société à faire une adresse de félicitations à la Convention sur la découverte de la conspiration du Catv lina moderne dont la tête a payé le tribut dû à ses forfaits. c L'assemblée a décidé que le citoyen Lécluse se join- droit au directoire pour y rédiger, de concert avec les membres, l'adresse ci-dessus mentionnée. Lécluse, continuant d'occuper la tribune, a demandé la réorganisation de la garde nationalle, en en prouvant la nécessité. Ne nous endormons point, a-t-il dit, dans une profonde sécurité, tandis que nos frères veillent de toutes parts pour déjouer les complots tramés par la scélératesse et le fanatisme. Imitons nos frères, dont la vigilance active les met en état d'arrêter les progrès des brigands qui nous environnent au midy, les scélérats de la Vendée et, au nord, les anlropophages chouans dont la cruauté ne cesse de dévaster nos contrées. Attendrons-nous le terme des dangers qui nous menacent pour nous réunir? Non, notre zèle pour Tinlérêt général ne doit pas souffrir une telle Digitized by Google 426 REVUE DE l' ANJOU négligence. Rallions nous donc pour notre sûreté, et qu'au premier signal nous puissions de concert, sous la direction de nos chefs, arrêter les progrès d'une guerre désastreuse et funeste à tous. € La réorganisation ayant été décidée, il a été arrêté que le président de la Société populaire s'atournerait vers le district pour obtenir son agrément et lui faire sentir la nécessité de cette démarche ; il a même été décidé de plus, que la Société pouroit agir révolutionnairement à cet effet. Elle a ensuite chargé Audio, Tun de ses membres, de cette réorganisation et de faire assembler les sections, le décadi prochain, dix fructidor. » Le Secrétaire donne lecture t d'une lettre de la Société des deffenseurs des droits de l'homme, séante à Angers, par laquelle elle demande des renseignements sur la guerre de la Vandée et des chouans ; sur la proposition de Lecluse il est arrêté qu'on en fera une seconde lecture au décadi prochain ». Le citoyen Béritault-Grandmaison monte à son tour à la tribune pour faire part à l'assemblée des moyens dont s'est servi le Maire de la commune des Rosiers pour procurer du beurre aux habitants de cette commune. Après avoir taxé chaque particulier de la campagne, de fournir une certaine quantité de beurre , il S3 trouve que cet expédient a d'autant mieux réussi qu'il est facile à ces particuliers de fournir ce qu'on leur demande, vu que c'est à tour de rôle et que, parconséquent, ils ont la facilité de procurer ce comestible sans se trouver au dépourvu ; il demande que la société invite son président de s'atourner vers la municipalité pour lui Taire part de ce projet et l'inviter à employer la même ressource, se qui deviendroit d'une grande utilité vu la réussite qui en est résultée à la commune des Rosiers. — La Société fait droit à la demande du pétitionnaire ». Après Béritault-Grandmaison, Vinfatigab^e Lécluse Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE BEAUFORTENVALLÉE 427 prend de nouveau la parole pour demander que rassemblée s'occupe plus sérieusement de ses fonctions, en se réu- nissant comme le dit le règlement, deux fois par décade, savoir le quintidi et le décadi ». Il invite les sociétaires à adopter sa proposition tant pour leur intérêt que pour celui du public ». Cette motion laisserait supposer que le zèle se relâchait chez bon nombre de sociétaires, qui manquaient les séances sans segêner» Du moment que l'intérêt public était mis en avant et que leur propre intérêt était en jeu, tous, bon gré mal gré, devront s'exécuter; la proposition de Lécluse est adoptée. Il n'y aura plus d'hésitation, plus de manque de zèle; Tappel nominal fait à toutes les séances forcera tout le monde à marcher. . . jusqu'à nouvel ordre! Abbé G. Hautreux. A suivre. Digitized by Google t Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A ANGERS PENDANT LE XIX SIÈCLE suite École Saint-Julien L'institution Saint-Julien est en faveur jusqu'en 1809. Chaque année, les Directeurs procèdent à de solennelles distributions de prix » où les meilleurs élèves font assaut de savoir et de mémoire ^ ». Le programme de la fête est adressé au Grand Maître de l'Université, qui se fait un devoir d'en accuser réception . M. le Préfet, j'ai reçu avec votre lettre les quatre exemplaires des exercices littéraires des élèves de l'École secondaire établie à Saint-Julien d'Angers et je vous remer- cie d'avoir bien voulu me les adresser. Paris, 27 octobre 1808 Signé Fourcroy, conseiller d'État *. » Mais ce bel élanr touche à sa fin ; le Lycée réclame, pour suivre ses cours, tous les élèves âgés de 10 ans et plus, et ceux-ci doivent en outre payer une rétribution dite univer- sitaire dont est responsable le chef d'école. Ces deux obli- gations sont coûteuses et donnent souvent lieu à des super- ^ Pour avoir une idée de ces joutes oratoires, on peut lire dans V Anjou historique, l' année. Une distribution de prix au Collège de Beaupréau. * Archives départementales, Collèges et Pensions. Digitized by Google 430 REVUE DE l' ANJOU chéries d'un côté et à des menaces sans fin de l'autre. Les renseignements qui suivent en font foi. Pour être sûr de leur exécution, un registre d'inscription, coté et paraphé par le Recteur, est remis, en 1810, à l'en- trepreneur, pour y inscrire, sans aucun blanc, avec la date de l'entrée et de la sortie, les noms et prénoms des élèves et les versements trimestriels de la rétribution universitaire ». Une colonne comporte la date de l'envoi de la quittance au Recteur. Sur les vingt-quatre pages du registre, 132 noms figurent sur les premières pages ; 33 noms sont accompagnés de la mention du versement pour trois" trimestres 5 francs par élève, le quatrième est coté 1 fr. 66. Au total 20 francs pour le premier quart, autant pour le second ; 25 francs pour le troisième et seulement 8 fr. 30 pour le dernier. Les observations contenues dans la colonne extrême ont rapport au degré d'instruction des enfants et à l'état de pauvreté des parents. Malgré la précaution, on lit sur la cinquième page Le trente avril 1810, Nous, Recteur et Inspecteur de l'Académie d'Angers, après avoir demandé le registre d'ins- cription des élèves pour la rétribution de l'Université, M. Papin nous ayant répondu qu'il n'en avait point tenu, nous lui avons ordonné de transcrire sur-le-champ , sur le présent registre, tous les élèves qui ont suivi les cours de sa pension depuis le 1^^ novembre 1808 jusqu'au 1^ novembre 1809 ; cette transcription ayant été faite, nous avons vérifié le nombre des élèves depuis le numéro premier jusqu'au 132^ inclusivement. Nous avons trouvé 66 pensionnaires et un pareil nombre d'externes. Procédant ensuite à la vérification des sommes dues à l'Université pour la durée du temps pendant lequel chaque élève a suivi le cours, Nous avons reconnu que les 66 pen- sionnaires produisent une somme de neuf cent quarante- quatre francs cinquante quatre centimes et que les 66 Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A A>ÏGERS 431 externes donnent celle de neuf cent quarante-sept francs quatre-vingt-six centimes. Lesquelles deux sommes réunies forment la somme totale de fr. 40, due par M. Papin à l'Université. Nous avons demandé audit M. Papin de nous représenter les quittances de versement. Il nous a répondu qu'il n'avait fait encore aucun versement. Sur quoi nous avons clos le présent arrêté de compte, nous réservant de prendre les mesures convenables pour la con- servation des droits de l'Université Impériale. — Signé Ferri de Saint-Constans, F. Fourcas. » Aux dispositions prises contre lui M. Papin répond à la date du 13 mai 1810 Monsieur, ayant reçu hier votre arrêté du même jour contre moi personnellement, je me suis présenté aujourd'hui pour vous communiquer de vive voix les réflexions que fait naître la seule inspection de cet arrêté, mais n'ayant pas eu l'honneur de vous parler, je prends le parti de vous écrire 1° L'association entre M. Cinet et moi n'étant dissoute que du 15 avril dernier, l'arrêté devait nous être commun ; 2^ L'exemple constant d'une résistance opiniâtre aux règlements de l'Université m'est attribué un peu trop gratuitement. Le 12 mars 1809, j'écrivais à Son Excel- lence le Grand Maître de l'Université et sa réponse du 5 mai suivant me fut transmise par vous le 15 du même mois. Comme fêtais renvoyé vers vous pour recevoir la solu- tion des difficultés que j'avais proposées à Son Excellence, je me présentai chez vous et votre réponse fut que vous n'en saviez pas plus que moi sur leur objet. Cependant de la solution des difficultés qui m'embarrassaient dépendait la régularité de la rétribution des élèves. N'ayant point eu d'éclaircissement, j'ai dû rester dans la même incerti- tude, et c'est ce que j'ai fait. Je suis donc coupable de n'avoir pas deviné ce que vous ne saviez pas vous-même', ou ce que vous n'avez pas voulu me communiquer. a 30 Vous considérez comme inexacts les renseignements Digitized by Google 432 REVUE DE L' ANJOU contenus dans le registre d'inscription de nos élèves et vous prétendez que le nombre de ceux qui ont reçu une instruc- tion primaire est exagéré. J'offre de prouver, par l'examen le plus scrupuleux de nos registres, que le nombre de nos élèves pour l'instruction secondaire a toujours été depuis 40 jusqu'à 60, dans les années où notre maison florissait le plus et l'inspection de mon registre prouve qu'ils étaient 43 dans le cours de l'année scolaire 1809, époque où nous n'avions point de rhétorique et où les classes de 2, 3 et 4 étaient presque nulles. D'ailleurs j'offre tous les moyens pour se procurer les renseignements nécessaires sur l'exac- titude de mon registre. 4° Vous ne vous contentez pas d'imputer la résistance aux règlements de l'Université ; vous m'accusez encore de résistance aux lois. Avez-vous bien réfléchi, Monsieur le Recteur, sur les conséquences de cette accusation, que vous consignez dans un arrêté qui doit être transmis à un Mi- nistre ? Je ne me permettrai aucune réflexion sur une expres- sion que je me plais à croire être échappée à votre plume. Je vous dirai seulement que, malgré l'opinion défavor^ible que vous avez conçue de moi, opinion que je n'ai point méritée, je vous invite à retirer votre arrêté, pour éviter la justifica- tion que je serais forcé de faire de ma conduite, tant auprès de Son Excellence le Grand Maître qu'auprès du public, de qui dépend mon existence. Cet arrêté n'est connu que de vous, de votre secrétaire et de moi ; veuillez l'anéantir et je vous promets de l'oublier et de ne le communiquer à per- sonne. 5° Vous avancez qu'en n'exigeant pas le prix de la rétribution de tous nos étudiants, j'ai exposé les autres insti- tuteurs à perdre une partie de leurs élèves. Mais où sont allés ces élèves ? Est-ce dans notre maison ? L'inspection do notre registre fait voir que, depuis le mois d'avril jus- qu'aux vacances, nous en avons perdu 55, et ce, pour leur avoir demandé la rétribution pour l'Université. Si ces pro- Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A ANGERS 433 pos absurdes ont été tenus par les instituteurs d'Angers, c'est une calomnie et, au lieu de la prendre pour vérité, vous deviez. Monsieur, examiner mon registre, qui vous fournirait une réponse sans réplique. - Si vous aviez l'intention d'anéantir mon établissement, vous pouviez me le dire dès le premier j our que vous êtes venu chez moi avec Messieurs les Inspecteurs. Mais il ne convenait point à la place que vous occupez de chercher à me désho- norer par de fausses inculpations ; et vous devez croire que je chéris trop ma réputation pour souffrir qu'on la déchire impunément. Je pense aussi, Monisieur, que vous n'avez arrêté les comptes que sauf erreur de calcul, parce que aucun des règlements n'est juste. J'ai sur cela plusieurs éclaircisse- ments à demander ; et si, renonçant à votre arrêté, comme je l'attends de votre justice, vous voulez me fixer un jour et une heure où je puisse conférer avec vous sur ces comptes, j'aurai l'honneur de vous faire apercevoir les erreurs et nous aviserons aux moyens de les redresser. J^at tends de vous une réponse et je suis, avec un sin- cère respect, votre très humble et très obéissant serviteur. — Signé Papin. » MM. Papin et Cinet produisent un état des droits univer- sitaires dus par leurs élèves depuis le l*" novembre 1806 jusqu'au i^^ octobre 1810. Il comprend 45 noms d'élèves, dont 27 sont d'Angers, 9 de diverses locaUtés de Maine-et- Loire, 2 de la Sarthe et 2 de la Mayenne. Pour deux élèves du môme nom Gaudré, il est mis à l'un Bernard, majeur ; saas père ni mère et parti pour l'armée » ; à l'autre Éléonore, majeur ; voyageur ; sans savoir où il est ». A Gaultier René, de La Bohalle, on note Parti pour l'armée ». A un élèv^e de la Mayenne Sans père ni mère, demeure inconnue ». â8 Digitized by Google 434 REVUE DE l' ANJOU Pour un autre Abandonné de ses parents passés en Italie et rainés ». Autre u Ses parents, pauvres, demeurent aux Gardes, près Cheinillé ». Pour un élève d'Angers Pauvre ». Autre. Demeure inconnue ». A rélove Dimet, d'Angers Fils de la gouvernante des enfants de M. le Préfet » ; puis Paiera ». Lebrun, d'Angers S'adresser à M"^ Drouin, institu- trice, rue Fidélité ». Fleuri, d'Angers Refuse de payer comme élève de M. l'Ëvêque ». Mercier, d'Angers Son père commande la compagnie départementale ». Quatre élèves portent la mention Paiera en foire Saint-Martin ». Cinq autres Paiera ». Un autre Ne refusera pas de payer à la Saint-Martin ». Un autre Ne refuse pas, mais ne paye point ». Un autre Ne répond point ». Un autre N'a pas répondu aux lettres envoyées ». Pour huit élèves, il y a Refuse de payer ». Les sommes dues sont néanmoins portées en regard du nom de chaque enfant. Le total est de 382 fr. 05. La cote la plus faible est de 1 fr. 66 sept élèves. La plus importante 38 fr. 18 est attribuée à celui qui ne refuse pas mais ne paye point ». La liste des élèves pour l'exercice scolaire 1809-1810 commence à la page 7 ; elle comprend 77 élèves. Aucune somme ne figure aux colonnes consacrées aux versements. Après le dernier nom, on lit Le 5 mai 1810, Nous, Recteur et Inspecteur de l'Aca- démie d'Angers, continuant notre vérification, nous avons Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES ▲ ANGERS 435 fait transcrire sur ce registre, les noms des élèves présents au 1^ novembre 1809, avec les entrées et sorties survenues depuis cette époque ; il en résulte 1° Que depuis le 1^^ novembre 1809 au 1^^ janvier 1810, il y avait 35 pensionnaires et 23 externes, qui ont produit ensemble la somme de 189 fr. 24 ; puis 11 externes appre- nant à lire et à écrire et 2 élèves pauvres. 2,66; des maxima sur le sol gazonné, 38^,20; d'une eau de source, 13°,63; du mois, 18^41. Minimum absolu sous l'abri, le 2, 7^,5; minimum absolu sans abri, Ir» 2, 7*^,3; minimum absolu sur le sol gazonné, le 6, 5%6; maximum absolu sous Tabri, le 26, 3r,7; maximum absolu sans abri, le 26, 37^,9; maximum absolu boule noire sans abri, le 26. 42*^,0; inaximuiu absolu sur h? s-»! le 23, io"*?. Humidilé relative moyenne du mois, G! ; minimum, 31. les 6,7, à 10 11. du malin et l h. du soir; maximum; le 17 100, à 7 h. du matin. NébulosUé moyenne du mois, 4,04; moyenne diurne la plus faible. les 5, 27; la plus forte, 10,0 le 1*^ Nombre d»\jours de soleil, 29 nombre d'heures de soleil ayant brûlé le carlon de 313 h. environ; fraction d'insolation, 0,65. Pluie totale du mois, 9™"', 2, en 3 jours la plus forte 6»"'",6, le 16 Evaporalion, 15d'"'",30. Nombre de jours que le vent a été 2 jours du NN E ; 13 jours du N-E ; 3 jours de TEN-E ; 1 jour de TE ; 1 jour du S-E; 2 jours de l'WS W; 3 jours de l'W; 2 jours de rWN W; 2 jours du N-W; 1 jour du NN-W. Vitesse du vent en mètres par seconde, moyenne du mois, o'",5 Vitesse maximum du vunt le 29, à 1 h. 44 du malin, lb"'.3, par seconde vent de TWS-W. Hnsée Us 2. 3. 4,N réunions du Vin cP Anjou., 'puisque, le lundi 18 juin, malgré Digitized by Google CHRONIQUE 475 les rigueurs d'une température déjà sénégalienne, nous nous retrouvions, à 7 h. 1 /2, dans les salons du Cardinal, aussi nom- breux que de coutume, autour des tables semées des fleurs de l'été. te menu, qu'illustrent traditionnellement quelques afiîches réduites de la maison Cointreau, nous offrit, sinon de l'imprévu et du rare, tout au moins la suite consciencieuse que voici; nous avons fait honneur à ces plats. Que nos lecteurs nous pardonnent! saint-germain printannier royal truffe saumonée a la gelée de porto filet de bceuf a la godard chaudfroid de volaille SALADE PETITS POIS AU BEURRE BOMBE PRALINÉS DESSERTS VINS COTEAU d'aY, SAINT-JULIEN POMMARD 1889 ANJOU 1900 CAFÉ, LIQUEURS a Et l'on but du Cointreau . . . par plaisir et par tradition. Au dessert, après que les propos se furent tus, devant MM. Gauvin, le nouveau député d'Angers, le D' Ruault, Gabriel et Georges Ri chou, Jcuniette, Plaçais, Fouillaron, Mallet, Cormeray Durand, Tréhet, René et Jules Martin, Gachet, Boussion, Robert père et fils, D" Chaillous, Ballu, MavSson de Torcy, Gournay, Mabille, Laigre, Texier, Popin, Girard, André, Vétault et Bureau, directeur et rédacteur de VAn^rçin de Paris, Décard et Coûtant, le D' Furet, président, prit la parole avec cette simpli- cité charmante qui est la meilleure éloquence des fins dîner-^ angevins ... et autres. Étaient excusés MM. de Grandmaison, de Blacas, déput '*i de Maine-et-Loire ; Barillet, architecte ; L. Chaillous, Martineau ; Leroux-Cesbron, le plus aimable des secrétaires Peyssonnié, Laurent, Roger, Lorin et Bore. Parmi les convives, le D' Furet se plut à saluer d'une bien- venue amicale notre excellent ami Décard, de FOdéon, q je des devoirs professioimels avaient, jusqu'à co jour, tenu écarté de nos soirées, et M. Gauvin, lo nouvel élu d'Angers, que le Vin Digitized by Google 476 REVUE DE L* ANJOU d'Anjou fut heureux de compter parmi les siens, dès l'ouverture de la nouvelle Chambre. • Aux applaudissements de tous, M. Gauvin, qui, venu fraî- chement des. bords de la Maine semble en avoir gardé la savou- reuse sincérité et le bon garçonnisme, remercia le Vin d^ Anjou, de son cordial accueil et promit d'être fidèle a ses périodiques réunions Comme le vin de chez nous, dit-il gentiment, à ce que nous appelons le goût de revenez-y », vos dîners angevins, Messieurs, sentent cje revenez-y » et je reviendrai ! . Après le dîner, le café et les liqueurs ayant été justement savourés parmi la fumée des cigares, de délicats artistes complé- tèrent le charme de la soirée. Décard fut ce qu'il est toujours dans ses monologues, fin et simple diseur, que nous applaudis sons longuement, M. de Kerloy, de l'Alhambra, chanta avec un sans-gêne très montmartrois d'irrévérencieuses chansons poli- tiques dont chacun n'eut qu'à rire, et M"» Arnold DeKgat, da rOpéra-Comique, suivie de M. Paulmier, l'excellent artiste de rOdéon, cueillirent tous les deux de justes lauriers. Une très spirituelle Revue de Marinier clôtura la soirée. Elle fut la gaîté même, parce qu'elle était pleine d'esprit et du meil- leur. . . » Le concours de boules de fort, organisé par V Angevin de Paris, sous les auspices de la municipaHté des Ponts-de-Cé, a eu lieu, aux Ponts-de-Cé, pendant le mois dernier. Il a duré deux jours. Voici la liste des récompenses obtenues i^^ prix, 500 francs et la Coupe, L'Ordre, Ponts-de-Cé. ; 2*' prix, 200 francs et deux breloques en or, L'Union, Ponts- de-Cé ; 3 prix, 100 francs et deux breloques en or. Les Amis d'Angers, 57 points ; 4 prix, 100 francs, deux breloques en or et deux boules d'honneur, La Roche- Foulques, Soucelles, 50 points ; 5^ [>rix, 100 francs et deux breloques en or, La Joie, Ponts-de- Cé, 4îi points ; 6^ prix, 100 francs et deux breloques en or, La Gaîté, Pel- louailles, 47 points ; 7** prix, un panier de Champagne Monitor, Le Bon-Coin, Corne, 48 points ; Digitized by Google CHRONIQUE 477 8 prix, trois bons complet, chaise, 100 kilos de blé, offert par M. Joubert, Le Bon Conseil, Angers, 44 points ; 9 prix, deux épingles de cravate, U Avenir, de Rochefort, 39 points ; 10 prix, deux boules d'honneur, Le Cercle Saint-Joseph, Denée, 38 points ; lie prix, deux boules d'honneur, Le Pigeon Fleuri, 37 points ; 13 prix, deux boules et deux épingles de cravate. Le Zéphir, Ponts-de-Cé ; La Tour-da- Moulin, 36 points ; 14 prix, deux épingles de cravate, U Union, Soucellcs, 34 points ; 15 prix, deux épingles de cravate, Les Quinœnces, Angers, 32 points ; 16 prix, deux épingles de cravate, Le Haut- Pressoir, Angers, 31 points. Cette manifestation de joueurs de boule a été remarquable. Nous en félicitons les organisateurs. La vilfe des Ponts-de-Cé gardera longtemps la mémoire de ce championnat. Sous ce titre État des travaux de la Loire, extrait du procès- verbal de la séance du 6 juin 1906, on lit dans la Loire Navi- gable a M. l'ingénieur en chef Cuënot fait connaître qu'il a adressé à l'Administration supérieure deux rapports, le premier sur les effets des crues, le second sur le programme des travaux à effec- tuer en 1906. Les conclusions du premier de ces rapports sont les sui- vantes K 1° Les crues ont toujours agi dans le même sens, creusant et élargissant le chenal dans la direction tracée, la crue la plus forte et la plus longue, de près de 6 mètres au-dessus de l'étiage, produisant l'effet le plus important. 2o Les ouvrages tracés, suivant la direction moyenne des mouilles et des seuils, exercent, malgré leur faible relief, une action de direction qui ira en s'accentuant à mesure de leur achèvement et de la constitution des plages, qui renforceront leur effet. 3^ Il y a actuellement quatre biefs bien distincts dans la section et par suite quatre seuils, sur lesquels le mouillage serait de 1 m. seulement, au moment de l'étiage. Partout ailleurs on Digitized by Google 478 REVUE DE L ANJOU aurait 1 m. 50 au moins. Il est à présumer que, pendant la pé- riode des basses eaux, on aura réalisé, sur les 5 kilomètres amé- nagés, un mouillage minimum de 1 m. 20, Le second rapport fait connaître le programme des travaux qui seront exécutés pendant la campagne de 1906, et qui seront les derniers effectués à titre d'expériences, sur le crédit total de francs. Ces travaux comprendront l'aménagement de la Loire depuis l'embouchure de la Maine jusqu'au bras de la Guillemette, et le calibrage du bras de Chalonnes depuis son entrée jusqu'à sa sortie au droit de Montjean, sur une longueur de 12 kilomètres environ. Le programme primitif s'étendait sur une longueur de 14 kilomètres à partir de l'embouchure de la Maine ; on aura aménagé à la fin de 1906 25 kilomètres environ, en comptant pour 5 kilomètres le bras de la Guillemette, qui est naturellement bien calibré et bien alimenté, La dépense effectuée à la fin de la campagne 1905 s'est élevée à fr. 54, $e décomposant ainsi Travaux proprement dits, fr Sondages, acquisition de matériel, etc Total égal, fr. M Les dépenses à crfectuer en 1906 pour parfaire le programme atteindront francs environ. La dépense totale à la fin de 1906 montera ainsi à francs. Il restera en réserve une somme égale, dont une légère partie sera employée pour l'entre- tien et les parachèvements. Le prix de revient kilométrique des 25 kilomètres aménagés ne dépassera pas francs. Si ce prix se maintient jusqu'à Nantes sur les 55 kilomètres qui séparent Montjean de Nantes, on atteindra à peine fr. pour cette partie, y compris tous les frais d'étude et d'expé- riences. » Les 6, 7, 8 et 9 juillet se tiendra, à Bergerac, le 5 Congrès du Sud-Ouest navigable en vue de l'amélioration des voies navi- gables dans le bassin de la Garonne. La Société la Loire Navigable y sera représentée par son pré- sident, M. Lynier. Parmi les questions portées au programme figure, en effet, celle du canal de la Garonne à la Loire. Digitized by Google CHRONIQUE 479 Voici les œuvres des artistes angevins, nés ou habitant dans le département, qui figuraient, cette année, au Salon des Artistes français I. Peinture M. Alleaujne Ludovic, né à Angers, boulevard Saint-Ger- main, 80, Paris. — 23, La sagesse fait arrêter la Fortune sur la ville de Laval par le Travail, la Prévoyance et V Economie plafond pour la caisse d'épargne de Laval. — 24, Femme sous le vert des feuilles. Mme Arc Valette Louise, née à Saumur, à Longue Maine- et-Loire. — 44, Le jardin des roses, M. Ghayllery Eugène-Louis, né à Angers, rue Cyrano de Ber- gerac, 11, Paris. — 370, La petite Parisienne, — 311, Le petit frère et la sœur. M. Duchemin uaniei, né à Segré, rue de Bourgogne, 57, Paris. — 555, Le Village de Mennecy Seine-et-Oise. M. Jean- Jules-Raymond Coignaud de Fontanes, né à Angers, rue du Dragon, 18, Paris. — 637, Intérieur de V atelier J„, M. Fournier Hippolyte, né à Rablay Maine-et-Loire, Gon- nord, par Chemillé. — 649, Prière du soir, M. Louvet Camille, né à Lille Nord, avenue Jeanne-d'iVrc 46, Angera. — 1070, Minutes fugitives ; vers le matin, M. Luzeau-Brochard Fernand-Adolphe, né à Cholet, rue Boissonnade, Paris. — 1078, Partant pour le baptême, M. Morin Vital, né à Cholet, rue de Vaugirard, 95, Paris. — 1217, Départ pour la pêche, M. Tessier Louis-Adolphe, né à Angers Maine-et-Loire, rue Franklin, 88, Angers. — 1597, Repos, IL Cartons, Aquarelles, Pastels, Dessins, Miniatures M. Astruc Zacharie, né à Angers, rue Théodore de Banville, 8, Paris. — 1763, Travesti, aquarelle; Le carnaval s'en va, les roses sont écloses, M, Duchemin Daniel, né à Segré Maine-et-Loire, rue de Bour- gogne, 57, Paris. — 2086, Au pays d'Anjou gouache. IIL Sculpture M. Astruc Zacharie, né à Angers, rue Théodore de Banville, 8, Paris. — 2801, Le repos de Prométhée, groupe plâtre acquis par l'Etat. Digitized by Google 480 REVUE DE l' ANJOU M. Aubert Paul, né à Aix Bouches-du-Rhône, rue de Léten- duère, 32, Angers. — 2803 biSj Tambourinaire de Provence^ sta- tuette plâtre. M. Castex Louis, né à Saumur, rue Saint-Lambert, 38, Paris. — 2948, Peinture florentine^ statuette plâtre ; 2949, Le père Etienne^ mon voisin^ buste plâtre patiné. M. Gayron Louis-Maurire, né à Paris, rue Fulton, 90, Angers, élève de Paul Aubert. — 2950, L'Aïeule, buste plâtre. M. Chesneau Georges, né à Angers, rue du faubourg Saint- Honoré, 170, Paris. — 2965, Portrait de M, G,.., buste plâtre. M. Huault-Dupuy Robert, né à Angers, rue Tarin, 2, Angers, élève de Paul Aubert. — 3204, Chanteur de rue, étude, médaillon plâtre. M. Morice Léon, né à Angers, rue Franklin, 64, Angers, élève de M. Brunclair. — 3390, Un Panneau, comprenant quatre médaillons bois et un bas-relief plâtre ; 2. Portraits d'enlants ; 3. Sainte Gécile ; 4. Saint Jean ; 5. La Douleur, plâtre. M. Perrotte Philippe, né à Brain-sur-rAuthion, rue Ghap- tal, 71, à Levallois-Perret. — 3436, Portrait du jeune Henri M., buste marbre. — 3437, Portrait de Mlle Anna P., médaillon terre cuite. M. Porcher Eugène, né à Fonte vrault, rue Didot, 99, Paris. — 3465, Portrait de M. le baron G. de Grandmaison, député de Maine-et-Loire, buste plâtre. M. Ruillé Geoffroy comte de, né à Angers, rue François 1^^ à Paris. — 3512, Chasseur du premier Empire, plâtre. M. Saulo Georges- Ernest, né à Angers, rue Maurice-Mayer, 4, Paris. — 3513, Portrait de M. ^e^^flc, commissaire de police, buste plâtre. IV. Gravure eis médailles M. Grégoire René, né à Saumur, rue Leclerc, 1, Paris. — 3673, Un cadre contenant trois médaillons plâtre 3674, Un cadre contenant quatre médaillons plâtre et métal. M. Mattei Louis-Octave, né à Vern Maine-et-Loire. — 3701, Un cadre contenant des plaquettes et médailles argent. V. Architecture M. Alleaume Auguste, né à Angers, rue de Bootz, à Laval. — 3740, Relevé d'une verrière du xvi^ siècle Sainte-Catherine de la chapelle de Flavières à Brecé Mayenne, aquarelle ; 3741, Relevé Digitized by Google CHRONIQUE 481 -de panneaux et fragments divers de peinture sur verre du xiii et jcvi siècle, aquarelle. M. Guyon Georges, né à Angers, à Saint-Maurice Seine, avenue de l'Asile, 14. — 3858, Œuvre de la Chaussée du Maine^ patronage et dispensaire. M. Laurentin Maurice, né à Gholet, à Cholet, rue du Deveau. — 3885, ChéUeau du Puy-du- Fou, dessin à la plume ; 3886, Vieilles rues Angers et empirons, dessins à la plume. VI. Gravure et Lithographie M. Huault-Dupuy René-Valentin, né à Angers, rue Denis- Papin, 14, Angers. — 4258, Une gravure, eau forte. Croquis •d'OrienL Mlle L'Hermitte Amélie, née à Candé, rue Victor- Massé, 17, Paris. — Une Litographie, Après la Guerre, d'après Paul Legrand. Mlle Poynot Gabrielle, née à Montreuil-Bellay, rue Mayet, 6, Paris. — Une Gravure, eau forte. VII. Art décoratif M™ Gilles-Deperrière Pauline, née à Orléans, rue Talot, 4, Angers. — 4476, Une vitrine contenant un col, deux manchettes -et un bonnet, dentelle Renaissance à l'aiguille. M. Mette Lucien, né à Angers, rue Vandamme, 67, Paris. — 4858, La Charité, offrant aux vieillards asile et repos, vitrail destiné à l'hospice Debrousse, à Paris ; 4839, Vitrail pour un iôtel particulier, avenue des Ternes. M" Morin Marie-Thérèse, née à Angers, rue Tarin, 21, à Angers, élève de M. Tessier. — 4866, Orchidée, éventail, aqua- relle. ^ M. ^uénard Armand-Pierre-Louis, né à AUonnes Maine-et- Loire, boulevard Richard-Lenoir, 83, Paris. — 4898, Vitrine -contenant objets d'art en matières précieuses et diverses. VIII. Dessin, Aquarelles, Pastels M. Mignon Lucien- René. — 1865, Portrait de M^^ Jeanne Bouché^ •muse des Halles en 1905 ; 1566, Portrait de Miss Glady W... Voici la liste des artistes angevins qui ont exposé à la Société nationale des Beaux Arts. 31 Digitized by Google 482 REVUE DE L' ANJOU I. Peinture M. Lebasque Henri, né à Champigné, boulevard Clichy, 36, Paris. — 742, U Escarpolette ; 743, Le quai à Pomponne le soir ; 744, Trois enfants en bateau ; 745, La Maine à Pomponne ; 746, Une laveuse ; 1kl, Effet d'hiver, M. Mignon Lucien- René, né à Angers, rue du Cardinal- Lemoine, Paris. — *864, Portrait d'artiste ; 863, Après le bain. On lit dans la Revue des Musées et Monuments de France, tP 4, page 58 A signaler, au département des estampes de la Bibliothèque nationale, l'entrée d'une curieuse gravure sur bois, donnée par M. le chanoine Urseau, d'Angers. Cette estampe, qui mesure hauteur 0"^,41, largeur 0"^,20, devait vraisemblablement cons- tituer un souvenir du pèlerinage de Notre-Dame du Puy d'Amiens. L'ensemble do la composition est contenu dans un encadrement formé dé deux colonnettes et d'une arcade sur- baissée ; le haut représente la Vierge du Puy au-dessus des armes de France, soutenues par deux anges ; les armes d'Amiens, au chef de France à la pointe de gueules diaprée, se trouvent au-dessous de ce premier motif ; elles sont sus- pendues à un arbre et ont pour supports héraldiques deux licornes accroupies ayant la couronne autour du col. On voit, immédiatement au-dessous, la salamandre de François \^ et le mot Amiens en lettres capitales, tenant toute la largeur de la planche. Ce spécimen, très rare, de l'imagerie populaire au commen- cement du xvie siècle, est traité d'une manière un peu fruste dans le goût des cartes de Martial Gué ; le caractère des têtes est franchement naturaliste et fait penser à certains types des gra- vures sur bois do Pigouchet. Cette estampe a été enluminée en quatre tons jaune clair, jaune verdâtre, violet pourpre, ver- millon » Le 17 mai on a découvert, dans les travaux de déblaiement opérés sur le terrain de l'ancien couvent de la Visitation, Tinscrip- tion suivante, gravée sur le tuf Digitized by Google i CHRONIQUE 483 CETE PIERRE A ETE POE... PAR MONSEIGNEVR LILL... STRISSIME E REVEREN, DISSIME H ARNAVLD EV... D ANGERS CE IX F E V... ER 1662 EN L HON DE I... ET EN MEMOIRE Ï3E . . , F. DE SALES. Elle a été transportée au musée Saint-Jean par les soins de M. Michel, le distingué conservateur de ce musée. Au cours du Congrès annuel de la Société française d'Ophtal- mologie, qui s'est tenu à Paris dans la première semaine de mai, un Syndicat général des Oculistes français, comprenant l'una- nimité des oculistes de Paris et de la province, a été fondé. Le bureau de cette importante association a été constitué de la manière suivante Président, M. le P' Motais, d'Angers ; vice-présidents MM. les D" Abadie et Chevallereau, pour Paris; MM. les D'8 Lagrange, de Bordeaux, et Bourgeois, de Reims pour la province ; secrétaire général M. le D' Cosse, de Tours ; secrétaire M. le D** Vignes, de Paris ; trésorier M. le D^ Gen- dron, de Lorient. Nous adressons à M. le D' Motais tous nos compliments pour cette marque d'estime et de confiance que viennent de lui donner ses savants collègues. M. le D' Trouessart, bien connu à Angers, a été nommé pro- fesseur au Muséum de Paris, où il fera des cours sur l'ornitho- logie et sur les mammifères. M. Trouessart a été directeur du Musée d'histoire naturelle d'Angers de 1881 à 1885. Toutes nos félicitations. L'Académie a décerné, au cours de sa séance extraordinaire, Je prix Archon-Despérouses fr. comme suit fr. à notre distingué collaborateur, M. Auguste Dupouy, professeur de rhétorique au lycée d'Angers, pour son volume 31* Digitized by Google 484 REVUE DE l' ANJOU Partances ; 500 fr. à M. Emile Depax ; 500 fr. à M. A. Prouvost ; 500 fr. à M. Georges Druilhet. Nous prions M. Dupouy d'agréer nos bien sincères félicitations. Notre compatriote, M. L'Hoest, sculpteur, a obtenu, conjme récompense, au Salon de 1906, une des bourses de voyages annuelles. Nous lui adressons nos compliments sincères. Les obsèques de notre compatriote M. Onésime Monprofit, rédacteur à VEcho de Paris où il écrivait sous le nom de Per- tinaXy frère de M. le D^ Monprofit, ont été célébrées à Saint- Pierre de Chaillot, à Paris, au commencement du mois de mai. Après le service funèbre, devant le porche de l'église, M. Henry Simond, directeur de VEcho de Paris, a adressé quelques paroles d'adieu à M. Monprofit, rappelant qu'il fut l'un des plus anciens collaborateurs du journal, évoquant les souvenirs de son enfance, où déjà il le voyait travailler aux côtés de son père. Au nom de l'Association des journalistes républicains, M. Isay a dit un suprême adieu au journaliste de race qu'était Pertinax, Il a insisté sur les qualités professionnelles de M. Monprofit, et apporté l'expression des regrets sincères et unanimes qu'il laisse dans une association dont il fut l'un des fondateurs. M. Georges Aubry, au nom des journalistes parlementaires, dont il préside l'association, a parlé ensuite, évoquant la philo- sophie sereine, l'esprit si fin, le caractère excellent, la profonde loyauté de Monprofit, qui ne comptait que des amis au Palais- Bourbon. M. Peyssonnié, dans une improvisation émue et cordiale, a pris la parole au nom des amis d'enfance de M. Monprofit, dont il fut le camarade de collège et qu'il suivit à travers l'existence. Nul, dit-il, ne sera si unanimement et si sincèrement regretté que cet homme excellent, si merveilleusement doué, et qui, modeste, n'eut d'autre ambition que de mettre son esprit délié d'Angevin au service des idées qui lui étaient chères. » Nous avons appris avec un grand chagrin la mort de M. le marquis de Villoutreys de Brignac, décédé à Paris, le 14 juin. Digitized by Google . CHRONIQUE 485 M. le marquis de Villoutreys était un do nos collaborateurs. II a publié, dans la Re^ue de V Anjou, sous le pseudonyme de sieur de Treysouville, en 1868 et en 1893, doux notices intitulées Les fortunes diverses d'un fureteur de vieux livres et Une anecdote généalogique avec notes héraldiques La bibliothèque qu'il avait formée dans son château du Plessis- V illoutreys était largement ouverte aux travailleurs, et ils sont nombreux ceux qui y ont puisé les éléments principaux d'une thèse ou les meilleures pages d'une biographie angevine. La mort du marquis de Villoutreys a été douloureusement ressentie en Anjou et en particulier dans la commune de Chau- dron-en-Mauges, où il était légitimement populaire. Ses obsèques y ont été célébrées solennellement le 21 juin. X*** A travers les Livres et les Revues Ce qui demeure, par Bertrand de Jarzé^ ne doit pas tomber entre toutes les mains, car il y a, dans ce roman, tel ou tel tableau dont les couleurs sont un peu vives, telle ou telle scène dont le réalisme est un peu... épicé. Ces réserves faites — et elles devaient être faites — il faut reconnaître que l'ouvrage est inté- ressant, bien écrit et, somme toute, très moral dans ses conclu- sions. L'auteur décrit, avec beaucoup de talent et non moins de malice, cette société à part, qui vit en marge de la politique et de la religion, cherchant à satisfaire son ambition et ses caprices, alliant sans vergogne les flirts » et les bonnes œuvres, les pra- tiques les plus respectables et d'autres qui le sont beaucoup moins, promenant partout une incapacité tapageuse et intran- sigeante. De cette société là, il ne demeurera rien. Ce qui demeu- rera, c'est la vieille France la vieille France chevaleresque, généreuse, amoureuse sans doute de panache, de parade et de plaisir, coquette si on veut, mais sachant si bien coqueter avec la ^ Un volume in-18 f^rix 3 fr. 50. — Paris, Félix Juven, éditeur, 122, rue Réauraur. Digitized by Google 486 REVUE DE l'ANJOU gloire et se moquer du danger, quand il le faut, pour accomplir son devoir — tout son devoir — jusqu'au bout. Ce livre, j'en suis convaincu, ne plaira pas à tout le monde. L'auteur en sera-t-il fâché?. . . Une apparition^ lecture faite au dîner annuel de la Juridiction consulaire d'Angers, le 24 mars 1906, par M. Georges Jagot, juge au Tribunal de Commerce d'Angers ^ Cette apparition n'eut rien d'effrayant. Un jour, M. G. Jagot, travaillant aux Archives de la Préfecture, vit tout à coup appa- raître devant lui un personnage revêtu d'une robe noire d'avo- cat avec un rabat ; de longs cheveux flottaient autour de sa tête et ressemblaient fort à une perruque ». C'était un ancien juge de la Juridiction consulaire de l'Anjou, brave homme, tout à fait pacifique et un peu bavard, qui raconta à son jeune » col- lègue une foule de choses intéressantes sur le vieux Palais des Marchands, son histoire, ses fêtes, ses archives. M. Jagot a conservé fidèlement dans sa mémoire les paroles du vieux juge. Chose curieuse, le vénérable personnage parle comme parlerait, en 1906, un juge au Tribunal de Commerce qui posséderait à fond l'histoire de l'ancienne Compagnie consu- laire d'Angers. Brigandes, conférence donnée à l'Université catholique d'An- gers, le 16 février 1906, par M. le comte du Reau *. Ces brigandes, femmes de cour, châtelaines ou paysannes, dont M. le comte du Reau raconte l'héroïque et sanglante his- toire, sont des saintes. Il était difficile d'en parler avec plus de respect, d'admiration et de foi 1 A signaler encore Dans le Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, n^ 69 Notes suc quelques artistes lavallois du XVII^ siècle, les constructeurs de retables, par M. Richard. — Notes sur Château-Gontier pendant la première moitié du XVII^ siècle,pdiT Brossay. — Lettres de M aupetit, député à l'Assemblée Nationale Constituante, publiées par M. Queruau * Broch. in-8*; Angers, Germain et G. Grassin. * Broch. in-8o; Angers, J. Siraudeau Extrait de la Bévue des Faculift catholiques de rOucst, Digitized by Google CHRONIQUE 487 Lamerie. — Cartulaire du prieuré des Bonshommes de Craon, publié par M. P. de Farcy. Dans la Revue des Facultés catholiques de VOuest juin 1906 l'éloge de M. Vabbé Bossard, directeur de Tlnstitution Sainte- Marie de Cholet, par M. l'abbé Eude, son distingué successeur. Dans Y Anjou Historique mai-juin 1906 La Cathédrale et les anciens Chapitres d^ Angers; la Mairie d'Angers, du XV^ au XVIII^ siècle ; Vancienne Académie d^ Angers 1685-1793 ; etc. Dans les Annales Fléchoises mai-juin 1906 Le P. Thimothée de la Flèche, par le P. Ubald, d'Alençon ; la Compagnie du Saint- Sacrement à La Flèche, par M. Tabbé Uzureau. — L'Instruction primaire à La Flèche avant la Révolution, par M. l'abbé L. Ca- lendini. On a bien voulu me communiquer le titre de quelques livres nouveaux, qui intéressent notre province. Je reproduis, sans y rien changer, la liste qui m'a été adressée ; mais je tiens à rappeler que la Revue de V Anjou signale seulement les ouvrages dont un exemplaire a été adressé à la direction. École des chartes. Position des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1906 Toulouse, Privât, 1906, 15 octobre. Essai sur la vie de Pierre de Brézé, de M. Pierre Bernus. Tome II, de V Histoire d'Angleterre de Davis, England under the Normans and Angevins, Claire-Clémence de AI aillé- Brézé, par MM. O. Homberg et Jous- selin, sous le titre La femme du grand Condé, Claire-Clémence de MaiUé-Brézé, Pion, 1905, in-S», IV, 253 pages, 1 port, héliogr. Ch. U. Digitized by Google Digitized by Google TABLE DES MATIERES DU CINQUANTE-DEUXIÈME VOLUME JANVIER -FÉVRIER De la noblesse d'Agrippa d'Aubigné et de M"* de Maintenon. — C. BaUu 5 Exposition de peinture et sculpture année 1906. — Auguste Dupouy. 41 L'jibbaye de Sainl-Maur de Glanfeuil du x' au xiir siècle ; ses relations avec le Mont-Cassin suite et fin. — D. François Landreau. 49 Le D' Renou, de Saumur 1846-1905. — D' H. Gripat 77 Le Musée d'histoire naturelle d'Angers 1791-1905 suite. — Olivier GoufPon 87 La mort de Chevardin à Torfou. — André Godard 103 La lutte industrielle et commerciale entre le monde {germanique et le monde anglo-saxon ; conférence faite à la Société de Géogra- phie commerciale d'Angers, le tl2. février 1906. — Maurice Schwob K7 Souvenirs d'église suite. — A. Mauvif de Montergon 129 M. le baron de Fontenay. — •** * 143 Résumé des observations météorologiques faites pendant Tannée 1905 à l'observatoire de la Baumette, près Angers. — A. Cheux... 147 Observations pluviométriques en 1905, faites à la Haumette, près Angers, par M. Cheux, et à la Frogeraie, près Champigné, par M. Robert 150 Résumé des observations météorologiques faites à la Baumette, près Angers janvier-février 1906. — A. Gbeux 151 Chronique 153 La Foire aux Vins d'Anjou, à Angers et à Saumur. — Confé- rence de M. le D' Cerf sur l'Allaitement maternel. — Les Conférences de la Société de Géoprraphie commerciale confé- rences de MM. le lieutenant Desplagnes. Schwob et Brizemur. — Les Conférences de l'Université catholique conférences de MM. du Plessis de Grénédan, Ernest Jac, chanoine Dedouvres, abbé Leroy, chanoine Crosnier, François Saint- Maur, René Bazin, Joseph Joûbert, Raoul du Beau, chanoine Marchand et Paul Henry. — - Cinquième, sixième, septième et huitième Concerts populaires. — Assemblée générale du Syndicat d'Initiave de l'Anjou. — La soirée artistique de la Salle des Quinconces. — Le concours théâtral de la Vie Ange» vine. — La Société des Artistes angevins à Paris. — Dons au Musée Pincé. — Don au Musée du Louvre de la statue de Washington, par Houdon — M. Henry Jouin et le Comité des Sociétés des Beaux- Arts des départements. — M. Georges Chesneau, élève de TEcole nationale des Beaux-Arts. — Le Miracle de VEpée de M. Simon. — Mes vieux Chenets y paroles de M. G. La Perrière, musique de M. Paul Petrucci. — L'élection sénatoriale du 7 janvier. — Prélats angevins Digitized by Google 490 REVUE DE l' ANJOU M*' Laçon. archevêque de Reims, M** Greilter, évêqoe de Laval. — MM. Delaha^e et Saudreau, chanoines honoraires. — Nominations de chirurgiens à l'U6tei-Diea. — Le nonvean fénéral de brigade. — M. Fossey, professeur au Collège de rance. — Distinctions honorifiques Légion d'honneur. Palmes académiques, Mérite agricole. Ordres de Saint-Gré- goire-le-Grand et de Victoria, Médailles d'honneur dii tra- vail. — Oinimoni prononcer le nom d*Angers? — Nécrologie M. La Bessière. — X*»*. A TRAVERS LES LivRES ET LES Revues D*^ GHpat, iS70, Souvenirs d'un médecin d*ambulance et de régimenU — Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts. — J. Joûbert, Savorgnan de Brazza^ etc. — Gh. U. MARS - AVRIL Une soirée chez le vice- roi du Petchiii. — Albin Sabatier 193 Un peintre ludois. Antoine-Marie Brossier 1739-1823. — Lioais Galendinl 205 Le retfur à la province et les écrivains d'aujourd'hui. — Th Gotelle 211 Le Musée d'Iiistoire naturelle d'Angers 1791-19Û5 suite. — Olivier Gouffon 227 Sur les chemins de Vendée suite}. — Pierre Gourdon 251 Le menuet du roi. — L. Limac 263 La Grèce actuelle; conférence faite k la Société de Géographie corn- mcrciule d'Angers, le 9 mars 1906. — D. Brizemur 269 Pourquoi ? — Juliette Saillant 30i d'église suite. ^ A. Mauvif de Montergon 306 Résumé des observaliois météorologiques faites à la Baumette, près Angers mars-a*rril 1906. — A. Gheux 317 Chronique 319 La fête de? Arts à Angers, discours de M. le D' Motais. — Neuvième et dixième concerts populaires. — Deuxième concert extraordinaire. — Séances de musique de chambre aux Amis des Arts. — Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, communication de M. le chanoine Urseau. — Conférences Ce M. Joseph Joûbert en Hollande et en Italie. — • Conférences organisées par la Croix-Rouge et données par MM. le D*^ Brin, le D' Cocard. le marquis de Dampierre et le D' Lepage. — Une fête en l'honneur de M. A. Michel. — • MM. les D" Baruk, Dubourdieu et Petrucci. — Assemblée de l'Association des journalistes parisiens, rapport de M. Joseph Denais. — Exposition des œuvres angevines à la Bodinière. -— Restauration de la rosace de la Cathédrale. — M. Etienne Port, chef du cabinet du ministre de l'Instruction publique. — M. Alfred Coupel et le troisième centenaire de Corneille. — M. Maurice Lecoq au concours des jeux olvmpi]ues d'Athènes — M. Maurice Durand et le concours dWchitec- turo. — Distinctions honorifiques.» Nécrologie MM. Théobald de Soland, comte de Blois, Félix Morry, D' Bodinier. lieu- tenant Lautour. — X». A TRAVERS LES LtvREs ET LES Rkvubs M" Mathilde Alanic, le Devoir d^un fils. — Abbé Rondeau, l'Histoire de Véglise des Ursutes d* Angers, — André Godard, le Tocsin national. — La Vie Angevine, le Missel de M. Ch. Berjole, etc — Ch. U. Gravure, — Abbaye Saint-Serge; projet de transfert du Musée d'Histoire naturelle 1824 Digitized by Google K TABLE DES MATIÈRES 491 HÂwniii Le Musée d'histoire naturelle d'Angers 1791-1905 suite;. — Olivier CoufiPon 353 Un juge de paix en 1790 — A. de Villiers 381 Le village sénégalais de l'Exposition. — D' Barot 389 Voyage à travers un vieux registre. La Société populaire de Beaufort- en- Vallée 1793; suite — Abbé G. Hautreux 399 Écoles libres laïques à Angers pendant le xix* siècle suite. — L . -F. La Bessière 429 Sonnets Sur la Vie de saint Jean • de M*' Beaunard ; Sainte Elisabeth; Sur une statue de sainte Agnès ; Sur le portefeuille de Nicolas Chéron 1815-1825 ; Dédicace; Sonnet hétérodoxe. — J. C. P. 451 Fantaisies sur Tétymologie. - Verrier 455 Résumé des observations météorologique» faites à la Baumette, près Angers .mai-juin 1906. — A. Cheuz 463 Chronique ^ • 467 Inauguration de l'Exposition d'Angers. — La Société d'Etudes scientifiques d'Angers à Chalonnes. — Concert de la Sainte- Cécile. — Conférence de M. le D' Fol len faut sur la Croix- Rouge russe. — L'Entente cordiale de Londres à Angers. — Le dîner du Vin d'Anjou à Paris. — Championnat de boules de fort aux Ponts-de-Cé. -— La Loire navigable. — Congrès du Sud-Ouest navigable. — Les artistes angevins au Salon des Artistes français et à la Société nationale des Beaux-Arts. — Une vieille gravure trouvée en Anjou. — Inscription trouvée à Tancienne Visitation d'Angers. — M. le D' Motais, président de la Société française d Ophtal- mologie. — M. le D' Trouessart, professeur au Muséum, — M. Dupouy, lauréat de l'Académie française. — Un nouveau succès de M. L'Hoest. — Nécrologie M. 0. Monprofit, M. le marquis de Villoulreys. — X*»*. A TRAVERS LES LivREs ET LES Revues B. dc Jarzé, Ce qui demeure. — G. Jagot, Une apparition. — Comte R du Reau, Brigandes, — Revues diverses. — - Gb. U. Gravures. — Portraits de Boreau et du D"" Lieutaud ; — Le Logis Barrault; — Plan du Musée d'Histoire naturelle; — Limites des races sénégalaises carte. U Directeur-Gérant G. GRASSIN. Angers, imp. Germain et G. Grassin. — 1671-6 Pigitized by Google *• Digitized by Google REVUE DE L'ANJOU Digitized by Google Digitized by Google REVUE DE L'ANJOU NOUVBLLB ^ÉRIb' TOME CINQUANTE-TROISIÈME ANGERS GERMAIN ET G. GRASSIN, IMPRIMEURS-ÉDITEURS 40, ne do Cornet et rne Seinb-Ijnid 1906 Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google NOTES SUR LES BILLETS DE CONFIANCE émis par la Municipalité d'Angers 1790-1793 La rareté du numéraire, si grande en France pendant les premières années de la Révolution, causait un grand préju- dice au commerce et à l'industrie nationales \ Dès l'année 1790, les entrepreneurs, les manufacturiers, tous ceux qui occupaient des ouvriers payés à la jom*née, éprouvaient les plus grandes difficultés à se procurer l'argent nécessaire pour le règlement de ceux qu'ils employaient. Le 28 septembre 1789, Charles-Michel Maupetit, député du Maine à l'Assemblée Nationale, écrivait à un de ses amis, M. Dupont Grandjardin, juge criminel à Mayenne, une lettre où il constate dès cette époque la disparition de l'argent monnayé Il paraît certain qu'on accapare aujourd'huy l'argent monnoyé comme on a accaparé les grains. On se met à genoux devant un écu. On n'en voit plus. L'or est plus commun que les écus de six francs. Est-ce la suite de l'argent qu'il a fallu porter à l'étranger pour les grains? de celui qui est sorti à la suite des émigrations? Est-ce l'effet du traité avec l'Angleterre qui procure à cette nation une exportation immense, sans que nous acquittions un sol pour nos macrhandises qu'ils ne veulent pas consommer? Est-ce la suite du complot des gens à argent qui veulent maintenir les abus. On ne sait à quelle. cause attribuer la disette de l'argent, mais elle est à son comble. Elle doit refluer dans les provinces et le commerce doit en être singulièrement' gêné partout » Digitized by Google 6 REVUE DE l'aNJOU Cette pénurie d'espèces monnoyées tenait à diverses causes. La disette des subsistances, suite d'une mauvaise récolte qui avait produit le renchérissement du blé et des denrées de toute nature ; l'argent emporté de France par les membres de la noblesse qui commençaient à émigrer ; enfin, le peu de confiance inspiré par les assignats de nouvelle création, qui, bien que garantis, en principe, par les biens du clergé, n'étaient reçus qu'avec méfiance par la masse de la population. En outre, tous ceux qui possédaient quelques sommes en or ou en argent les réservaient ou les cachaient en prévision des circonstances plus difficiles encore qu'ils sup- posaient ne pas devoir tarder à se produire. D'un autre côté, les premiers assignats émis par l'Assem- blée Nationale, d'une valeur de 300 livres chacun, ne pou- vaient être employés aux dépenses quotidiennes d'un ménage, par la difiiculté de s'en procurer la monnaie. C'est alors que l'on songea, dans plusieurs villes manufac- turières, à créer une monnaie fiduciaire qui permît aux patrons de solder les salaires de leurs ouvriers et à ces der- niers d'acheter et payer les denrées et les objets de petite valeur nécessaires à la nourriture de leur famille et à son entretien. La ville de Lyon, l'une des premières, eut recours à ce moyen pour procm*er aux fabricants l'argent dont ils avaient besoin. Une société se forma pour créer une caisse patriotique qui devait émettre des coupures d'assignats de petite valeur. Chaque actionnaire qui se présentait à la caisse pour obtenir la remise de ces coupures déposait une somme égale en gros assignats. Ceux-ci demeuraient le gage des coupures mises en circulation ou étaient donnés aux fournisseurs qui, après avoir reçu ces bons, venaient les rap- porter à la caisse. Ces coupures, étant toujours représentées par une somme égale en gros assignats, contre lesquels on pouvait les échan- ger à tout instant, ne pouvaient manquer d'inspirer oon- Digitized by Google NOTES SUR LES BILLETS DE CONFIANCE 7 fiance. Aussi ce système de banque eut-il le plus grand succès. Toutes les villes industrielles voulurent, à l'envi Tune de l'autre, créer des caisses semblables. Les statuts de la Société lyonnaise furent imprimés et distribués aux muni- cipalités qui en demandèrent communication. Ils servirent de modèle à toutes les Sociétés instituées dans le même but. La ville d'Angers devait être Tune des premières à souffrir de la gêne produite par la raréfaction du numéraire, en raison des importantes industries qui y étaient établies fabriques de toiles à voiles, de mouchoirs, d'indiennes, carrières d'ardoises, etc.. Tous ces établissements em- ployaient un grand nombre d'ouvriers et périclitaient par suite des difficultés éprouvées par les patrons pour trouver l'argent nécessaire pour régler le salaire de leurs employés. Ces derniers même s'inquiétaient de cet état de choses et redoutaient qu'un moment vint où ils ne pourraient plus être payés du tout. C'est alors que M. Joûbert-Bonnaire% propriétaire des fabriques de toiles à voiles d'Angers et de Beaufort, après s'être assuré le concours des principaux négociants de la ville, résolut de provoquer la création d'une Caisse patrio- tique qui devait, dans une certaine mesure, atténuer la crise dont souffrait l'industrie locale. Après s'être procuré les statuts de la Société créée à Lyon au mois de septembre 1790, il adressait, au mois de novembre suivant, au Conseil général du département, une pétition pour demander l'autorisation de former une Société ayant pour but l'émission de coupures d'assignats de petite valeur. Le Département transmit cette pétition au District et à la ^ Joûbert Joseph-François, né à Noirmoutiers, le 10 août 1760, époux de Françoise-Marie Bonnaire, fille du fondateur de la manu- facture de toiles à voiles, juge consul en 1787, maire d'Angers de 1801 à 1807, mort le 6 juin 1822. Digitized by Google 8 RBVUB DB l'aNJOU Municipalité d'Angers, en les invitant à fsûre connaître leurs sentiments sur l'utilité de cette création. ' Le 5 décembre 1796, M. de Houlières^ soumettait cette proposition au Conseil général de la commune. a Le Maire fait donner lecture d'une délibération du département de Maine-et-Loire portant que le sieur Joûbert- Bonnaire, entrepreneur de la manufacture de toiles à voilë de cette ville, aurait déclaré qu'il ne pouvait trouver de numéraire en échange d'assignats ; qu'il lui était impossible de payer la majeure partie de ses ouvriers avec les assignats, à raison des payes extrêmement modiques qu'il a à leur faire individuellement ; qu'il craint que le défaut de paie- ment de sa part n'ait des suites ; que les ouvriers de carrières ont témoigné la plus vive inquiétude sur les paiements en assignats qui doivent leur être faits par les intéressés pro* priétaires desdites carrières, ce qui avait porté le Dépar* tement à arrêter que la municipalité vérifierait et constate* rait la disette du numéraire dans cette viUe, entendrait les intéressés des carrières et le eommerce sur les moyens eflS- caces de faire paraître le numéraire avec la circulation, pour, l'avis de la Municipalité et celui du District rapporté, être statué par le Département ce qu'il appartiendra pour la chose publique. M. le Maire a ajouté que la circonstance pressante et la connaissance particulière qu'ont tous les citoyens du défaut de circulation du numéraire exigent que la Municipalité prenne un parti ; que, pour prévenir les inconvénients qui pourraient résulter de la difficulté qu'ont les entrepreneurs des manufactures et carrières d'échanger leurs assignats en numéraire pour payer à leurs ouvriers les petites sommes ^ Louis-Charles-Auguste de Houlières, né à Cherré, le 26 janvier 1750, ancien officier au régiment de Flandre-infanterie, élu maire d'Angers le !' février 1790, nommé député à l'Assemblée Législa- tive, le 7 septembre 1791, réélu à la Convention Nationale en 1792, mort à Angers le 14 mars 1802. Digitized by Google NOTES SUR LES BILLETS DE GONFIANCSE 9 qu'ils leurs doivent individuellement et mettre ces derniers en état de se procurer les denrées de première nécessité, il serait nécessaire d'établir une Caisse patriotique qui fourni- rait à ces entrepreneurs des mandats de 3 livres qu'ils emploieraient à payer leurs ouvriers ; ces derniers s'en ser- viraient à payer de gré à gré les fournisseurs des différentes denrées dont ils ont besoin ; et, pour parvenir à cet établisse- ment, il serait formé un nombre indéterminé d'actions de 400 livres chacune, dont les actionnaires fourniraient la valeur en petits assignats de 2 et 300 livres et recevraient en échange des mandats de 3 livres qui seraient ensuite rap- portés par les fournisseurs qui les auraient reçus et échangés contre ces assignats ; que • les administrateurs de cette caisse et le caissier seraient nommés par les actionnaires.] La matière mise en délibération, le projet proposé par M. le Maire a été adopté à l'unanimité, à la condition que la Municipalité ne sera tenue de fournir aucuns fonds, et il a été arrêté que le Conseil général de la commune se trans- portera de suite au Département pour lui faire agréer cet établissement. d Le Conseil général, introduit dans l'Assemblée du Conseil général du département où étaient réunis MM. les Administrateurs du district, M. le Maire a présenté le projet d'établissement dont il s'agit et un règlement d'administra- tion de la Caisse. Lecture en ayant été donnée par le secré- taire greffier de la Municipalité, la discussion ouverte et fermée, MM. les Administrateurs du département et du district ont arrêté, à la majorité, que l'établissement dont il s'agit sera formé provisoirement, conformément au projet présenté par M. le Maire, jusqu'au 1' février prochain, sauf ^. le prolonger si besoin est à cette époque \ » ^ Archives municipales de la ville d'Angers. Registre des délibé- rations du Conseil général de la commune depuis 1790, t. I, p. 185 et 8. Digitized by Google 10 REVUE DE l' ANJOU Dans la séance suivante, tenue le 10 décembre, le Maire fit donner lecture du projet de Société préparé par M. Joûbert- Bonnaire, sur le modèle de la Société lyonnaise. Ce projet débute ainsi Etablissement Tune Caisse patriotique Subvenir au défaut d'espèces monnoyées, rendre aux manufactures l'activité dont les prive l'absence du numé- raire, assurer aux commerçants les moyens de remplir les commissions, procurer aux ouvriers le travail et aux four- nisseurs la venté de leurs marchandises, tels sont les avan- tages de l'établissement d'une Caisse patriotique. Le manufacturier, l'ouvrier, le fournisseur sont donc principalement intéressés à son succès. L'intérêt personnel, l'amour de la patrie et de l'huma- nité se réunissent en faveur d'un établissement qui procure une ressource certaine au manufacturier pour payer les ouvriers, à l'ouvrier pour acheter ce qui est nécessaire à sa consommation journalière, et au marchand en détail, qui se sera fait inscrire pour vendre ses denrées et marchandises contre des mandats, un débit plus considérable qui lui conciliera l'estime et la bienveillance de ses concitoyens. Les commerçants de la ville d'Angers, pénétrés de ces vérités par les effets qui ont suivi l'exécution de ce fait dans plusieurs villes du royaume, ont adopté le plan de cet éta- blissement, dont l'objet est de diviser les assignats en mandats de 3 livres, pour faciliter le paiement de la main- d'œuvre, l'achat des comestibles et de toutes les choses nécessaires aux besoins de la vie. Le développement des opérations de cette Caisse démontrera l'utihté de ce projet, qui non seulement écarte toute idée de pertes, mais encore offre de grands avantages pour la prospérité de nos manufactures et de notre com- merce. Les règlements dont les dispositions suivent doivent Digitized by Google NOTES SUR LES BILLETS DE CONFIANCE 11 assurer le succès d'un établissement qui mérite la plus grande confiance. » Suit le plan de la Caisse patriotique , divisé en quatre titres et comprenant de nombreux articles, dont nous nous bornerons à analyser les principales dispositions Titre l^ — Formation de la Société. — Cette Société devait être composée d'un nombre indéterminé d'action- naires autorisés à prendre autant d'actions qu'ils le juge- raient à propos. Le prix de chaque action serait fixé à 400 livres. On en fournirait la valeur en 'assignats de 2 et 300 livres et on recevrait en échange des mandats de 3 livres chacun pour la même valeur, sauf déduction, toute- fois, d'une retenue d'un demi pour cent réservée pour les frais de l'établissement. Tous les actionnaires auraient voix délibérative et devraient se réunir le premier de chaque mois pour entendre le rapport des administrateurs sur l'état de la Caisse. Ces administrateurs, au nombre de quinze, devaient être nommés par les actionnaires dans leur première réunion, pour treize mois. Ils désigneraient six d'entre eux pour signer les mandats mis en circulation. Lorsque les actionnaires auraient épuisé les mandats qui leur auraient été remis, ils pourraient se présenter à la Caisse pour en prendre d'autres en échange d'assignats. Mais, s'il n'était pas rentré suffisamment de coupons, ils devraient souscrire de nouvelles actions. Titre II — Création des mandats. — Il ne devait être créé de mandats que pour une somme égale à la valeur des actions délivrées. Tous devaient être de la valeur de 3 Uvres , signés , au recto par trois des administrateurs de la Caisse et le caissier et, au verso, par l'actionnaire auquel ils auraient été délivrés. Digitized by Google 12 REVUE DE L ANJOU Les administrateurs chargés de signer les mandats devaient se diviser en deux sections. Ils apposeraient égale- ment leurs signatures sur des cartes préparées à cet effet pour être distribuées aux actionnaires, aux fournisseurs et aux intéressés, pour leur permettre de vérifier les signatures apposées sur les mandats qu'ils auraient reçus. Titre III — Administration de la Caisse. — Les admi- nistrateurs nommeraient deux secrétaires et un caissier qui ne pourrait jamais avoir à sa disposition plus de L, soit en coupons, soit en assignats, et qui devrait fournir une caution resséante et solvable de pareille somme. Le surplus des fonds de la Société serait déposé dans une caisse à trois serrures, dont le président et deux administrateurs auraient chacun une clé. Il serait tenu un registre pour les émissions de mandats et un autre pour les échanges. Les numéros des assignats remis à la Caisse devraient être régulièrement portés sur celui-ci. Ces registres seraient paraphés chaque jom* par un des administrateurs. Le Conseil d'administration devait se réunir tous les huit jours pour examiner les comptes du caissier, compléter les Uvres que celui-ci devait avoir à sa disposition et émettre de nouvelles actions. Le bénéfice produit par le demi pour cent abandonné par les actionnaires devait servir à payer les frais d'admi- nistration. Le surplus serait distribué aux pauvres. Titre IV — Des fournisseurs. — Les marchands qui consentent à recevoir les mandats émis par la Société sont invités à venir en faire la déclaration. Leurs noms seront imprimés et distribués aux actionnaires'et porteurs de man- dats. La liste de leurs noms pourra même être afiichée chaque dimanche dans les principales rues et places de la ville. L'Administration s'engage à reprendre des mains des fournisseurs les mandats sortis de sa caisse sans aucune perte pour eux. Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google NOTES SUR LES BILLETS DE CONFIANCE 13 Cet utile établissement n'eut pas tout d'abord le succès que Ton pouvait espérer. Le nombre des souscripteurs d'actions fut trop minime au début pour que l'on pût créer le Conseil d'administration institué par le règlement et c'est la Municipalité d'Angers qui, sentant combien ces coupures d'assignats rendraient de services à ses concitoyens, se chargea de leur émission. Ce changement, dans le mode d'administration de la Caisse patriotique, obligea de modifier en certaines parties le projet de règlement proposé par M. Joûbert-Bonnaire. Après avoir donné lecture du projet que nous venons d'analyser, le Maire ajouta qu'en exécution de l'arrêté des corps administratifs du 5 décembre il avait fait imprimer des mandats pour être remis aux citoyens qui prendraient des actions de la Caisse patriotique en échange d'assignats, conformément au règlement adopté pour cette émission, mais que le nombre des actionnaires n'était pas suffisant pour former, dès ce moment, un bureau d'administration. Il proposa de nommer six membres, choisis dans le Conseil général de la commime, pour signer les mandats dont les commerçants d'Angers avaient un besoin des plus urgents, et un caissier pour recevoir les assignats qui seraient remis par les actionnaires et leur distribuer en échange des mandats, dont il tiendrait un registre portant la remise du demi pour cent, qui devait rester au profit de la Caisse, pour couvrir les frais d'émission de ces mandats. Sur quoi, le Conseil général de la commune,^ntant la nécessité d'accélérer cette opération qui, en. procurant aux négociants et entrepreneurs des manufactures lés moyens de payer individueUement leurs ouvriers, procurera en même temps à ces derniers la facilité de se procurer les denrées de première nécessité, nomme pour signer les man- dats MM. Heurtelou et Boullay, officiers municipaux. Brevet, Coulonnier, Chesnèau et Trotouin l'aîné, notables, et pour caissier, Dupont, trésorier de la municipalité, à la Digitized by Google 14 REVUE DE L* ANJOU charge de se conformer au règlement et de signer les man- dats \ » Dans la séance du 12 décembre, le Conseil général de la commune s'occupa de nouveau des coupons d'assignats. Le procureur de la commune, M. Delaunay le jeune, exposa que les villes qui avaient adopté les coupons^ d'assi- gnats de 6 livres, ayant reconnu l'avantage qui en était résulté, avaient divisé ces coupons en sommes plus petites pour la commodité des ouvriers et journaliers et proposa de délibérer sur la division à donner à ceux que les corps admi- nistratifs de cette ville avaient adoptés. M. Téxier, négociant et notable, appuya la motion de M. Delaunay et y joignit, par amandement, la proposition que ces coupons fussent imprimés sur du papier aux trois couleurs de la nation. L'Assemblée décida que les coupures d^assignats à émettre seraient divisés en billets de trois livres, trente sols et vingt sols, qu'il y en aurait de chaque espèce le tiers de la somme qu'il conviendrait d'émettre, enfin qu'ils seraient distingués par des papiers aux trois couleurs *. Le 15 du même mois, le Conseil décidait que les commis- saires chargés de signer les coupons d'assignats signeraient tous les six les mandats de trois livres et se diviseraient en deux sections de trois membres chacune pour signer les cou- pons de trente sols et de vingt sols '. Il est surprenant que l'émission de ces coupures d'assi- gnats n'eût pas eu plus de succès à son début et que dans le besoin pressant de numéraire dont souffraient le commerce et l'industrie, il ne se soit pas trouvé un nombre suffisant d'actionnaires pour composer le Conseil d'Administration de la Société dans les conditions prévues par le projet de règle- ment soumis au département. * Registre des délibérations, fo 189 Z * Registre des délibérations, ^ 193. Registre des délibérations, M98. ]l^]' [ ^^ ^j ' ; j ] Digitized by Google NOTES SUR LES BILLETS DE CONFIANCE 15 Mais la défaveur qui pesait sur les assignats nationaux avait rejailli sur les bons de monnaie, avant même qu'ils eussent été émis, bien que le système adopté pour leur émis- sion en assurât le remboursement à bureau ouvert. Ce fut donc la Municipalité qui, pour venir en aide aux manufactu- riers, se vit forcée de prendre à sa charge l'administration de cette Société. Le registre d'émission des coupons d'assignats, contre- signé par le maire, de Houlières, et par un officier municipal, Heurtelou, est ouvert par la copie du règlement préparé par M. Joûbert-Bonnaire et les procès-verbaux du Conseil géné- ral de la commune autorisant la création de ces coupons \ La première remise en est faite au trésorier de la caisse le 8 janvier 1791, pour une somme de livres, savoir 900 coupons de 3 livres, 500 de 30 sols et 600 de 20 sols. Parmi les souscripteurs se trouvent les* principaux indus- riels de la viUe, MM. Joûbert-Bonnaire, Varice de Juigné* Cesbron l'aîné, Lemazurier-Bayon, Gabeau, Chevreul, Dé- marquais père et fils, Sartre, Rousseil, Fauconnier, Delaage etc... enfin la Municipalité d'Angers elle-même, qui a recours à ces coupures pour payer les ouvriers qu'elle emploie à des travaux de charité Le 12 janvier a lieu une seconde émission de livres, et le 12 février une troisième de 435 livres, formant un total de livres. C'était une bien faible somme sans doute. Cependant ces coupures rendirent au commerce des services inappréciables et suffirent pendant plusieurs mois aux besoins de la population. La régularité avec laquelle la caisse était administrée ne tarda pas à faire naître la confiance qui avait fait défaut au début. Les demandes de coupons devinrent de plus en plus nombreuses et les marchands au détail qui n'avaient pas voulu d'abord recevoir ces bons, voyant la clientèle les * Archives municipalos» série F Digitized by Google 16 RBVUB DB L* ANJOU quitter pour se porter chez ceux de leurs concurrents qui les acceptaient, se décidèrent à les recevoir également. Le petit nombre des coupures mises en circulation, se trou- vant divisé dans un grand nombre de mains, ne permit plus de les faire rentrer régulièrement dans la caisse, par suite de la difficulté qu'éprouvaient les fournisseurs à en réunir un nombre suffisant pour pouvoir les échanger contre des assi- gnats nationaux. La pénurie de numéraire se fit de nouveau sentir avec la même intensité que dans les derniers mois de 1790. Les manufacturiers d'Angers résolurent de s'adresser de nouveau au Directoire du Département pour le soDiciter d'autoriser une nouveUe émission de ces coupures. La pétition qu'ils firent remettre à cette administration est ainsi conçue A Messieurs Messieurs les Membres du Directoire du Département de Maine-et'Loirey à Angers. a Représentent les entrepreneurs des manufactures de a toiles à voiles, mouchoirs et indiennes établies à Angers, disant la disparution du numéraire a, depuis six mois, subi un accroissement qui a secondé les efforts des enne- a mis de la constitution et a été propagée par la faiblesse des citoyens inquiets. Cette crise a porté des atteintes affligeantes au commerce; les manufactures de cette ville, tt auxquelles la subsistance de la classe la plus indigente a du peuple est attachée, ont essentieUement souff^ de cette concentration d'espèces par leur position jouma- lière de réaliser des paiements de détail conséquents. En décembre dernier, l'Administration du département a pris en considération la gène des circonstances dont les manufactiu^es étaient les principales victimes. La Munici- palité d'Angers a été authorisée à émettre en circulation des coupons d'assignats de vingt, trente et soixante sols Digitized by Google KOTES SUR LÉS BlLLÈTS DÉ CONFIANCE lî Son trésorier a été chargé d'en délivrer aux entrepreneurs des manufactures en échange d'assignats qu'ils lui remet- traient. Les différents fournisseurs de la ville qui se sou- mettraient volontairement à recevoir en paiement de a leurs denrées ces coupons d'assignats auraient le droit de les porter audit trésorier quand ils en auraient pour la valeur d'un assignat, qu'il leur remettrait en échange des coupons dont ils seraient porteurs. La Municipalité a émis a pour sept mille livres de ces coupons d'assignats. Les faci- a lités que les manufacturiers en ont retiré a soulagé leurs opé- rations. La portion nombreuse des citoyens indigents en a trouvé des moyens de subsistance, et les divers four- nisseurs en ont trouvé l'occasion de débouchés. La rareté du numéraire se développe de plus en plus. Les foumis- seurs qui ont confiance dans les coupons d'assignats se multiplient de jour en jour. Leur multiplicité donne natu- rellement du retard à la rentrée de ces coupons d'assignats et dans la caisse d'où ils sont sortis. Cette caisse est épuisée et les manufactures ne peuvent obtenir de coupons à la hauteur de leurs besoins. Dans ces circonstances, les manufacturiers d'Angers ont l'honneur de vous donner la présente pétition pour que, ce considéré, Messieurs, il vous plaise d'authoriser la a Municipalité d'Angers à ajouter à la circulation actuelle l'émission de sept autres mille livres de coupons d'assi- a gnats à même destination, lesquels resteront, avec les anciens, provisoirement en circulation, jusqu'à ce qui la circulation du numéraire effectif ait pris son cours naturel, a Ce secours à accorder au commerce, destiné à faire sub- sister le citoyen indigent d'Angers, est provoqué par la circonstance impérieuse du besoin. Le rapport dernière- ce ment fait à l'Assemblée nationale pour l'émission d'assi- gnats de cent sols, puisée dans les sources qui motivent cette pétition, fait préjuger votre décision favorable. Votre sollicitude pour l'intérêt public donne l'espoir que vous Digitized by Google 18 REVUE DE L* ANJOU a accueiUerez promptement la demande qui vous est faite. Angers, le premier may 1791. a BONNAIRE-JOUBERT et BoUIN. ï Par procuration de MM. Varice de Juigné père, fils et O^, Ollivier, Le Mazurier, Bayon et C*^ * » A cette pièce étaient joints un certificat de la Municipalité, en date du 2 mai, constatant que les coupons ou mandats émis jusqu'alors avaient produit le plus grand avantage, tant pour les entrepreneurs que pour les ouvriers et qu'ils avaien'c été reçus avec facilité par les fournisseurs, mais que leur nombre était insuffisant et qu'une nouvelle émission était devenue nécessaire. Le Directoire de Département, après avoir pris l'avis du District, autorise cette émission et permet de la porter à livres. La distribution de ces coupons commença le 9 mai. Le 14 juin il y en avait d'émis pour livres 10 sols et le Conseil de la commune ordonnait de compléter l'émission jusqu'à concurrence des livres, conformément à l'arrêté du Département *. Le 2 juillet il n'y en avait plus en caisse et la municipalité demandait l'autorisation d'en émettre pour une nouvelle somme de livres. Après l'avoir obtenue, elle augmen- tait le nombre des commissaires chargés de signer ces bons '. ^ Archives municipales de la ville d'Angers, série F. * Registre des délibérations, t. II, f» 68. ^ MM. Bellanger, Brevet et Commeau, pour ceux de 3 livres ; Boulay, Heurtelou et Rogeron pour ceux de 30 sols ; Coulonnier. Trotouin et Chesneau pour ceux de 20 sols. Registres des délibéra- tions, fo 75. Digitized by Google NOTES SUR LES BILLETS DE CONFIANCE 19 Le succès de Topération était dès lors assuré. Le 6 août, M. de Houlières rendait compte d'une démarche faîte près de lui par une députation de la Société des amis de la Constitution d'Angers^ dansle but de solliciter une nouvelle émission de ces coupons d'assignats. Ceux qui étaient en circulation étaient insuffisants pour satisfaire aux besoins des ouvriers, qui ne recevaient en paiement de leurs salaires que des assignats de sommes trop fortes, et il serait néces- saire de porter l'émission de ces coupons jusqu'à livres. Il y aurait lieu également d'augmenter le nombre de signataires pour accélérer cette opération souhaitée par tous les citoyens. Enfin la Société demandait qu'on fabriquât des coupons de 10 sols, pour faciliter de plus en plus aux pauvres qui les recevaient les moyens d'acheter les menues denrées dont ils avaient besoin chaque jour. Le Conseil décide, à l'unanimité, qu'il sera fait une nou- velle émission de coupons d'assignats jusqu'à concurrence de la somme de Uvres, ce qui ferait, avec celle de livres déjà émise, celle de Uvres, dont la moitié serait en coupons de 20 sols, un quart en coupons de 30 sols et un quart en coupons de 3 livres. Il décide, en outre, que ces coupons seraient signés par vingt-quatre commissaires divisés par sections de trois membres S afin qu'il y ait trois signatures sur chaque cou- pon. A l'égard de la demande d'émission de coupons de 10 sols, le Conseil décida qu'il n'y avait pas lieu à délibérer et nomma MM. Poitrineau et Tessié pour porter le procès- ^ Ou club de PEst, qui se réunissait aux Jacobins. * Pour les coupons de 3 livres, Brevet, Bellanger et Commeau ; pour ceux de 30 sols, 1" section Heurtelou, Boulay et Rogeron; 2 section Rousset, Sartre et Poitrineau ; pour ceux de 20 sols, 1" section Beauvais, Coutouly et Bodinier ; 2^ section Audio, Moron et Sailland ; 3 section Chereau, de la Villegontier et Allard ; 4 section Legendre, Leraazurier et Desmazières ; 5 Rue des Ursules. Digitized by Google \ ÉCOLES UBRE8 LAÏQUES A. ANGERS 77 dans tout son jour la position où se trouve ce maître de pension. a II cherche à se prévaloir d'un décret du 3 août 1808, qui a érigé son établissement en école secondaire. Quand ce décret conserverait sa force après que les lois postérieures ont changé toutes les dispositions relatives à l'Instruction publique, il devrait être rangé dans la catégorie des chefs d'institution ou dans celle des maîtres de pension. Or, dans ces deux cas, les articles 15 et 16 du décret du 15 novembre 1811 lui seraient applicables, et il ne pourrait que répéter les leçons du collège royal jusqu'aux classes d'humanités, comme chef d'institution^ ou jusqu'à celles de grammaire, comme maître de pension ; et, en vertu de l'article 22, tous ceux de ses élèves au-dessus de l'âge de dix ans doivent être conduits par un maître aux classes du collège. a De cette obUgation suit d'une manière directe l'impos- sibilité de conserver dans son établissement des élèves soit internes, soit externes ayant plus de dix ans et qui ne puissent pas suivre les classes du collège royal, tels que seraient ceux qui ne recevraient que des leçons de langue française et de tenue de livres. a Mais il y a plus fort à partir de l'organisation de l'Université, le titre d'école secondaire a cessé d'exister. Toutes les lois, tous les arrêtés cités dans la lettre que vous avez bien voulu m 'écrire ont été abrogés par le décret du 17 mars 1808 et surtout par celui du 15 novembre 1811, aucun établissement n'a pu se maintenir qu'en vertu d'une autorisation définitive ou provisoire de l'Administration supérieure de l'Instruction publique, c'est-à-dire du Grand- Maître. Or, le sieur Gravel n'a même reçu encore aucune auto- risation quelconque ; il n'a joui qu'en vertu de la tolérance générale accordée aux étabUssements que l'Université a trouvés en exercice quand elle n'a eu aucun motif de les interdire. Digitized by Google 78 REVUE DE L* ANJOU Quel que fût le litre qu'il eût obtenu, le droit de réunir l'enseignement primaire à celui du latin ne pouvait lui être accordé que par la Commission de l'Instruction publique, qui s'est constamment refusée à permettre cette réunion dans les villes où les deux enseignements peuve être séparés. Le sieur Gravel est donc bien loin de se trouver dans le cas prévu par l'article 1^ de mon arrêté. Il ne s'ensuit cependant pas, Monsieur le Préfet, que le sieur Gravel ne puisse recevoir des élèves qui étudient les langues latine et française, la géographie et l'histoire ; il en résulte seulement qu'il ne doit en admettre aucun qui ne suive pas les cours du collège royal, c'est-à-dire qui n'ap- prend pas le latin, s'il est âgé de plus de dix ans. Au-dessous de cet âge, il peut donner toute espèce d'enseignement, même celui des écoles primaires, avec cette condition que tous ses élèves soient assujettis à la rétribution universitaire. Enfin, M. le Préfet, quand, sans me mettre en contradic- tion avec mon arrêté, que j'ai fait à dessein approuver par la Commissien de l'Instruction Publique, je pourrais pro- poser d'accorder une autorisation semblable à celle que demande le sieur Gravel, je m'étonnerais qu'il se crût des droits à une pareille faveur qui deviendrait une injustice envers les autres, lui qui, depuis l'établissement de l'Uni- versité, s'est montré son ennemi le plus acharné et constam- ment réfractaire, qu'il n'a été possible de soumettre jus- qu'à présent aux règlements, qu'en ayant recours à des menaces continuelles qui répugnent à un homme délicat. Je lui ai promis, en arrivant à Angers, d'oublier ses torts s'il les réparait par une conduite franche et par une soumission complète aux lois existantes. La règle que j'ai rappelée et non établie est la même pour tous parce que je ne puis faire acception des individus. Il dépend de lui de voir son établissement confirmé ou fermé, et vous seriez le premier à me rappeler l'exécution des lois, s'il entrait dans mon caractère de permettre la négligence à cet égard. Digitized by Google •A ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A ANGERS 79 Je suis, en conséquence, forcé de persister dans les con- ditions que j'ai annoncées au sieur Gravel qui aurait dû s'y conformer depuis quinze jours. J'ai l'honneur Le Recteur, P. Delisle. » Malgré l'appui indirect du Préfet, M. Gravel ne pouvait que s'incliner devant ces abandonna son titre de chef d'école secondaire et se renferma dans celui d'insti- tuteur primaire. A cette époque 1817, M. Gravelle avait quitté la rue des Ursules pour habiter au n^ 7 de la rue Saint-Biaise aujour- d'hui rue Grandet un immeuble qui, dans ces derniers temps, a fait place à l'hôtel de la Caisse d'épargne. Pensionnat de la rue Centrale M. Édeline En l'an XII, d'après l'annuaire statistique, le pensionnat de la rue Centrale, n^ 98 rue Saint-Laud était dirigé par MM. Édeline et Hourmann. A la création du Lycée, en 1806, M. Hourmann, ayant été nommé professeur d'écriture au nouvel établissement, laissa M. Édeline seul pour diriger l'institution de la rue Cen- trale \ Malgré son cours au Lycée et dans d'autres établissements de la ville, M. Hourmann ne tarda pas à élever, sous sa seule responsabilité, un pensionnat, ainsi qu'il est dit plus loin. L'école de M. Édeline, pas plus les autres maisons d'édu- cation similaires, ne peut résister aux exigences du fisc et des règlements universitaires. Les états de présence dressés par lui prouvent que sa maison décline rapidement. Au 1' novembre 1810, l'effectif donne 23 élèves au-dessus de 10 ans, dont 19 au latin et 4 au français ; la classe pri- ^ Voir précédemment l'état des écoles fourni par le maire. Digitized by Google 80 RBVUB DE L* ANJOU maire du même établissement présente environ le même nombre d'enfants. Sur l'état du 21 janvier 1811, M. Édeline écrit a M. le Recteur a reçu de MM. les Inspecteurs la liste de nos élèves présents au 1^ novembre, elle est de 36, mais MM. les Ins- pecteurs ayant compté par tête, ainsi que moi, par mégarde, un de mes enfants dans la classe des jeunes et un autre parmi les commençants. Ceci se réduit à 34 au 1' no- vembre et à 33 au l*" décembre, vue la sortie de Chesneau. » M. Édeline, sentant que sa situation devient critique, écrit au Recteur, à la date du 22 décembre 1810 Monsieur le Recteur, j'ai reçu l'honneur de votre cir- culaire du 10 de ce mois ; j'en accuse récépissé d'après vos ordres. Ce jour, M. le Maire de Baugé vient de m'écrire que M. Maugein, directeur du collège, pourrait céder son collège s'il obtenait de son successeur un équivalent à la pension de retraite qu'il a en vue. M. le Maire ajoute que la ville me recevrait avec plaisir ; je vais tenter des arrangements avec M. Maugein. Je ne sais s'il sera raisonnable ; si je ne pouvais traiter avec lui, je vous prierais de me placer à Beaufort. Nous sommes trop de maîtres, à Angers ; je dois chercher à élever ma famille, à tirer sa subsistance honnête et la mienne du bien que je pourrai faire dans la direction d'un petit collège. Daignez... Ëdeline. » M. Ëdeline alla s'installer à Beaufort et remplaça M. Chiron. Pensionnat de la Place du Pilori, n^ 15 En l'an XII, la maison d'éducation établie place du Pilori est désignée comme venant de naître. Elle est dirigée par les citoyens RiffauU, docteur en médecine, Focart et Quelin ». Digitized by Google ÉCOLES LtBRÈS LAÏQUES A ANOERS 81 L'annuaire statistique de Tan XIII déclare que l'éta- blissement est en pleine activité; il y a, compris les externes, environ soixante élèves ». Cependant, M. Focart n'en est pas à ses débuts, si Ton en juge par la lettre suivante qu'il envoie au Recteur, à la date du 27 septembre 1809 Monsieur, le soussigné Pierre-Clément Focart, né à Paris, le 26 novembre 1761, a l'honneur de vous déclarer qu'il a été reçu Frère des Écoles chrétiennes le 25 mars 1783; Que, sorti en 1792, lors de la suppression de sa congré- gation, il a repris ses fonctions dans l'Instruction publique en 1794, et que, depuis ce temps, il continue de donner des leçons dans sa maison, rue du Cornet, n^ 11 ; a Que, comme la plupart de ses confrères qui ont rentré dans la carrière de l'Instruction, il n'a ni diplôme, ni nomi- nation à vous présenter ; Que son emploi à lui, dans son établissement, est d'ensei- gner la lecture, l'écriture, l'arithmétique, les changes étran- gers et la tenue des livres de commerce à partie simple ; Qu'enfin, depuis 1794 jusqu'à ce jour, il a exercé les fonctions ci-dessus sans interruption. Le soussigné a l'honneur d'être. . . Focart. » A la même date, un collaborateur du précédent écrit au même Monsieur, le soussigné Jean-Pierre Lafont, né à Angers, le 24 octobre 1765, a l'honneur de vous faire la présente déclaration a II a fait ses humanités et sa philosophie au collège de VOratoire, pendant les années 1775 à y compris 1782. Il a exercé des fonctions dans l'Instruction publique pendant l'année 1791, au collège de Saumur, sous M. Pain- vert, décédé, successeur de M. Blondeau, qui en avait la direction. j 6 Digitized by Google 82 REVUE DE L* ANJOU Il a exercé les mêmes fonctions à Lire, commune rurale du district de Saint-Florent, pendant les années 1792 et 1793. Au collège de Baugé, pendant les six années 1801 à 1806 comprise. Chez M. Piau, instituteur à Angers, décédé, pendant deux ans, 1807 à 1808. Enfin, chez M. Focart, instituteur, dont suit le certi- ficat, pendant le courant de cette année 1809. Le soussigné, qui. a l'honneur de vous indiquer les endroits et les établissements où il a rempli des fonctions, n'a pas cru devoir, en sortant, ou par l'effet des circons- tances politiques, ou par celui de sa volonté, retirer aucune note sur ses mœurs et sa capacité. Le soussigné a l'honneur d'être. . . a Lafont. » Cette lettre est accompagnée de la pièce suivante a Je soussigné, Pierre-Clément Focart, maître de pension à Angers, rue du Cornet, n^ 11, ai l'honneur de certifier à M. le Recteur de l'Académie d'Angers que M. Jean-Pierre Lafont enseigne chez moi depuis un an les langues latine et française, à la satisfaction des parents et à la mienne, tant sous le rapport de ses talents que sous celui d'une moralité irréprochable. En foi de quoi Focart. » Comme les autres chefs d'institution ses confrères, M. Focard néglige ou ne peut payer régulièrement la contri- bution universitaire, ainsi que le témoigne le document suivant 29 septembre 1810. Monsieur, étant redevable de plusieurs quartiers pour droits de l'Université, je n'ose me présenter, devant vous prévenir que, dans les premiers jours d'octobre prochain, c'est-à-dire vers le 8 ou le 10, j'aurai l'honneur de vous satisfaire de tout mon pouvoir. Je suis très affligé de n'avoir Digitized by Google N ÉCOLES UBRES LAÏQUES A ANGERS 83 pas encore rempli mes devoirs à cet égard depuis le dernier quartier d'octobre 1809. Je puis vous assurer que ce n'est pas par indifférence ; je vous en expliquerai les causes lorsque j'aurai l'honneur de me présenter devant vous. J'espère, Monsieur, de vos bontés ordinaires pour moi, que vous aurez celle de vouloir bien m'accorder le délai ci-dessus, Vous obligerez. . • FOCART. » Une annotation faite sur cette lettre dans les bureaux de l'Académie dit M™ Focart a promis de s'acquitter lundi prochain. » Le directeur du pensionnat dont il s'agit, prévoyant la désertion de sa maison, donne sa démission » 20 octobre 1810. Monsieur le Recteur, j'ai l'honneur de vous prévenir que j'ai cessé, à partir du 1^ octobre dernier, de faire ensei- gner dans mon établissement, situé rue de la Roë, la langue latine et les autres parties secondaires qui s'y rattachent et que je me restreins, depuis cette époque, à donner des leçons de lecture, d'écriture et de calcul, ainsi que je m'y suis engagé envers M. le Maire de cette ville, qui m'a honoré du titre d'instituteur primaire de son premier arrondisse- ment, que Son Excellence le Grand-Maître de l'Université impériale a bien voulu confirmer. Daignez agréer..* Focart, instituteur primaire. » M. Focart est toujours redevable à la caisse de l'Univer- sité ; avis lui en est donné ; il s'explique' Le 7 février 1811. Monsieur le Recteur, en répondant à votre lettre du 4 février dernier, je suis obligé de vous déclarer l'impossi- bilité où je me trouve de vous adresser les tableaux qui ont servi de base aux divers vingtièmes que j'ai versés dans la Digitized by Google 84 RKVÙÊ DE L* ANJOU caisse de l'Université. Ces tableaux, que je vous ai présentés alors, étant les seuls et uniques pièces que j'aie rédigées à cet effet et n'ayant pas moi-même cru nécessaire de conserver les registres de ma comptabilité particulière antérieure à ma démission de maître de pension, en fin de septembre dernier, pour me restreindre à la qualité d'instituteur primaire dont la Municipalité de cette ville m'a honoré. Vous voyez vous-même, M. le Recteur, qu'il m'est impossible de satisfaire à la demande que vous me faites de nouveaux tableaux du nombre de mes élèves pour vous mettre à même de vérifier le montant des sommes que j'ai antérieurement acquittées. Quant à celle de 123 fr. 33, dont je suis reliquataire envers l'Université, je vous prie de bien vouloir m'accorder encore quelque délai pour que je puisse y satisfaire. J'ai l'honneur... FocART, instituteur primaire. » A la fin de juin 1811, M. Focart ne s'est point encore mis en règle avec le fisc et le Recteur lui écrit Son Excellence, le grand Maître, me charge de lui faire uu rapport sur les établissements d'instruction en retard de payer la rétribution universitaire et de faire solder, sur le champ, l'exercice de 1810; je vous prie, en conséquence, de verser de suite à la caisse du lycée la somme de 73 fr. 33 dont vous êtes resté débiteur sur ce même exercice. J'ai l'honneur... » En marge, on lit Nota. — M. Focart paiera 50 francs aur-le-champ ; il paiera le reste le plus tôt qu'il lui sera pos- sible. » Par leur généralité , ces atermoiements dénotent que les fonctions de maître de pension et d'instituteur n'étaient pas très productives ; aussi deux des directeurs associés dans le principe à M. Focart eurent-ils le soin, à première occasion, de quitter la maison ; MM. Riffault et QueUn furent appelés Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A ANGERS 85 au lycée d'Angers, lors de sa création, le premier d'abord en qualité de professeur de science et le second, deux ans après, comme adjoint à M. Hourmann pour les cours d'écriture. Tandis que MM. Focart et Quelin sont dits tenir pension, rue du Cornet, l'annuaire de 1808-1809 cite M. Pieau- Launay à la tête d'une école, place du Pilori, 15 ; l'annuaire ajoute Cette institution existe depuis plusieurs années. On y enseigne les langues française et latine, les mathéma- tiques, l'écriture et la lecture. » Ëtant au lycée, M. Quelin sut se faire apprécier ; en 1817, il est appelé à l'école royale d'Arts et Métiers d'Angers, à remplacer M. Dauleau, comme professeur d'arithmétique élémentaire et d'écriture. M. Quelin était l'homme aimable par excellence, de tenue correcte et de mœurs austères, il fut recherché des pension- nats de jeunes filles et y exerça son art presque jusqu'au milieu du xix siècle. A son talent de professeur il joignait celui d'un amateur entendu et passionné du bibelot de Tépoque Louis XV. M. Quelin se plaisait à montrer ses trou- vailles aux élèves et à leur donner une leçon d'art en décri- vant, avec goût, les fines ciselures, les jolies miniatures ou les précieuses incrustations de ses spécimens. Dans son Dictionnaire historique^ M. C. Port lui consacre ces quelques mots Quelin Pierre, né aux Ponts-de-Cé, en 1787, et mort à Angers en 1851, ayant formé un cabinet d'amateur. ' » Pensionnat Hourmann M. Hourmann est un ancien militaire qui prit part aux guerres de la Vendée. Dans un moment critique il dut, dit-on, la vie à l'intelligence et au dévouement d'une jeune servante ' L'une des filles de M. Quelin épousa M. de Lens, professeur de philo- sophie au lycée d'Angers, puis inspecteur d'Académie ; l'autre devint la femme d'un honorable notaire des Ponts-de-Cé, mort juge de paix de cet important canton. Digitized by Google 86 REVUE DE L ANJOU habitant un château en Bretagne. Le calme rétabli, l'officier reconnaissant épouse celle qui l'a sauvé, et tous les deux viennent s'installer à Angers \ Sociable et instruit, M. Hourmann s'unit à M. Ëdeline pour la direction d'une maison d'éducation, rue Centrale ; puis bientôt lui-même, se séparant de son associé, ouvrait un pensionnat rue de la Basse-Chaîne. L'excellente tenue de Mme Hourmann supplée à l'instruction qui lui manque, défaut qui n'échappe pas à l'œil perspicace des élèves. Puis le caractère idyUique du mariage a attiré sur le couple de bonnes et nombreuses sympathies. A la création du lycée, M. Hourmann y est d'emblée admis comme professeur d'écriture; mais, pour conserver ce poste sous la Restauration, il est obligé de prêter, le 10 avril 1817, ainsi qu'il le consigne, le serment suivant Je jure et je promets fidéhté au Roy et obéissance aux lois et ordon- nances du royaume, je promets de bien et fidèlement rem- plir les fonctions qui me sont confiées. » La lettre de Commission que M. Hourmann reçut à la suite de son serment ne le satisfait qu'à demi, ainsi que le fait entendre sa réponse en date du 30 octobre 1817, à l'Ad- ministration universitaire Monsieur le Recteur, j'ai eu l'honneur de recevoir votre lettre du 27 octobre, avec la copie de la Commission de l'Instruction pubHque du 27 mars dernier. Je reconnais que dans cette dernière je ne suis pas autorisé à joindre à mon pensionnat une école primaire comme semblait me l'annon- cer la lettre de M. Mazure, du 2 avril dernier, où il me donne le détail bien circonstancié sur la manière de payer la rétri- ^ Renseignements donnés par M. Genest-Launay, ancien élève du pensionnat Hourmann. Ce n'est pas sans une bien douce émotion que nous saluons l'honorable vieillard comme Tunique représentant, aujourd'hui, de cette institution datant d'un siècle et disparue depuis longtemps. Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A ANGERS 87 bution universitaire en distinguant formellement rensei- gnement supérieur de celui de l'école primaire. Dans tous les cas c'était une preuve de sa bienveillance à mon égard, et il avait sans doute pris sur lui de m'autoriser tacitement à ce genre d'enseignement, d'autant plus que les élèves que je reçois dans mon pensionnat de l'école primaire appartiennent aux meiUeures familles d'An- gers et qui tous, au bout d'un an d'instruction fondée sur les principes analytiques de M. l'abbé Gaultier, sont, dès l'âge de 6 ans, capable d'entreprendre les éléments arides de la latinité. Je n'ai que trois élèves âgés de 5 ans, propres à ce genre d'instruction et que les parents ont jugé à propos de me confier pour ne pas les séparer de leurs frères qui suivent les cours de latin. Je vous prierais. Monsieur, de me dire là-dessus votre intention. a Lorsque M. Mazure qui savait que je jouissais, depuis vingt-deux ans que j 'enseigne, de toute la confiance publique, m'avait conseillé d'ouvrir un pensionnat à Angers, il voulut même m'autoriser à ouvrir un cours d'enseignement mu- tuel. Vous voyez. Monsieur, à quel point j'avais le bonheur de posséder l'estime et la confiance de Monsieur votre pré- décesseur. C'est, pour ainsi dire, sous sa dictée que je fis ma demande à la Commission de l'Instruction publique pour un pensionnat avec adjonction d'une école primaire, c'est-à-dire de la faculté d'avoir quelques enfants du premier âge pour leur inculquer, avec mes succès ordinaires, les premières leçons du cours d'instruction de M. l'abbé Gaultier, avec lequel j'ai l'honneur d'être en relation d'amitié et de consi- dération, et non pas positivement d'une école primaire dis- tincte de mon pensionnat où j'aurais reçu les enfants de toutes les classes et où j'aurais eu un maître particulier pour y enseigner, sous ma direction, comme cela se pratique dans les autres pensions d'Angers. Ce n'a jamais été là mon inten- tion en faisant ma demande. Si cela eût été ainsi, je pense Digitized by Google 88 qu'il n*y avait pas de doute que je fusse dans le cas de votre dernier arrêté, puisque j'aurais fait tort aux autres chefs des écoles primaires qui ont opté pour ce titre seulement. . . D'après votre arrêté du i^ octobre dernier, articles 1 et 2, j'opte pour l'enseignement supérieur à celui des Écoles primaires. Je vous remercie de ce que vous me dites dans votre lettre que je peux conserver la faculté d'enseigner aux en- fants qui me sont confiés comme je le désirais, tout ce qu'ils apprennent dans les écoles primaires. C'est ce que j'ai tou- jours fait dans l'intérieur de mon pensionnat où je n'admets qu'un certain nombre de pensionnaires très jeunes à mon choix et qu'un nombre égal d'élèves externes, afin d'être seul dans le cas de les surveiller et de leur donner tous mes soins. Je n'ai jamais négligé aucun moyen d'instruction pour répondre à la confiance des parents. Recevez, M Signé Hourmann. » Un arrêté du Recteur, pris le 4 novembre, autorise M. Hourmann à tenir une pension dans la ville d'Angers , l'arrêté est approuvé par qui de droit, le 17 du même mois, et transmis à l'intéressé le 28. M. Hourmann accuse réception dès le 30 î I . I . il ^' i 3 I ^ ^S5 ^ j "^ c ti **^ I I I I = > > > X X X X îï? $ 1 I I I I -I J CP cl" = X X 5^ — X i I . ^ =1 I l •I ^ I ;? ^^ î 3 , semblant ainsi perdues pour toujours pour le Digitized by Google LE MUSÉE D*HISTOIRE NATURELLE d'âNGERS 109 Musée Paléontologique et le coûdamnant à ne pouvoir s'agrandir. De ce que nous venons de voir on peut conclure à Tim- possibilité d'attendre encore plusieurs années le transfert des collections dans un local plus vaste et plus favorable à Texposition et à la conservation des collections. Le transfert immédiat s'impose ; mais il ne faudrait considérer que comme un pis aller le transfert dans d'an- ciens locaux non appropriés; cest pourquoi nous ne parlerons ici que pour mémoire du projet de transfert à la Manutention', projet dont la réalisation coûterait fort cher environ francs comparativement à Tamélioralion qu'on en obtiendrait. L'aménagement, puis l'entretien annuel deviendrait bientôt pour la Ville une charge encore plus lourde que la construction d'un édifice spécialement bâti pour le Musée d'Histoire naturelle et qui serait appro- prié et aménagé selon l'importance de ses collections. Ainsi disposé, le Musée d'Histoire naturelle ne générait plus lesautres collections municipales; il pourrait s'étendre à son aise et le classement des collections en serait facilité. De plus, on donnerait satisfaction à cette partie du public qui dit, avec Victor Pavie" . An III et années suivantes jusqu'en 1848. » Almanachs et Annuaires du département de Maine-et-Loire. 1850. Beraud. — Le Cabinet d'Histoire naturelle d'Angers, son ori- gine et ses progrès Mémoires Sociétés Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, 2e série, T. I, p. 169 à 186. Digitized by Google LE MUSÉE D*HISTOmE NATURELLE d' ANGERS 111 1864. Tavernier. — Le Musée d'Angers Notes pour servir à Thistoire de cet établissement Extrait du Journal de Maine-et-Loire^ n» 11-14-16, novembre 1864. Angers, in-8*, Cosnier et Lachèse, 1855. 1856. BÉRAUD. — Etablissements scientifiques et artistiques d'Angers Mémoires Sociétés Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, 2e série, p. 182 à 199. 1874. Port, C. — Dictionnaire historique, géographique et biogra- phique de Maine-et-Loire. Paris, Dumoulin; Angers, Lachése et Dolbeau, 1874-1878. 3 vol., p. 87-88. 188^. Bouvet, G. — Le Musée d'Histoire naturelle et le Jardin bota- nique d'Angers Bulletin Société d'Etudes scientifiques d'Angers, T. XV. 1886, p. 145 à 184. 1897. Desmazières, 0. — La Géologie, la Minéralogie et la Paléon- tologie au Musée d'Histoire naturelle d'Angers Bulletin Société d'Etudes scientifiques d'Angers. 1903. Bouvet. — Musée d'Histoire naturelle logis Barrault, Musée Paléontologique ancienne Cour d'Appel, place des Halles Angers et VAnjou^ p. 433-435. Angers, Germain et G. Grassin, 1903. Olivier Couffon, Membre de la Commission da Musée d'Histoire natureUe de la ville d'Angers. Digitized by Google Digitized by Google VOYAGE A TRAVERS UN VIEUX REGISTRE LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE BEAUFORT-EN-VALLÉE 1793 suite CHAPITRE HUITIEME DE LA CINQUANTE-NEUVIÈME A LA SOIXANTE-HUITIÈME SÉANCE Réponse de la Société populaire de Beaufort à la Société des Défen- seurs des Droits de l'homme. — Adresse de félicitation à la Convention Nationale. — Remerciements d'Audio et de Poupard- Mauru. — Propositions de Lebreton. — Hymne composé par Lécluse. — Reprise de Valenciennes. — Les Administrateurs du départe- ment de Mayenne-et-Loire invitent à faire une souscription pour la construction d'un vaisseau nommé le Vengeur, -— Observations de Lécluse sur l'approvisionnement décadaire ; demande d'une fête civique pour célébrer la reddition de nos villes. — Proposition de Viau pour trouver du bois de chauffage. — Pétition de la citoyenne Lemay, hospitalière. — Lecture d'adresses de différentes Sociétés à la Société de Beaufort. — On fête encore le dimanche en s'abste- nant du travail. — Lebreton dénonce Sadoul, ci-devant chirurgien au 23e régiment de chasseurs à pied. — Tableau de la conduite de Hentz et de Francastel. — Dufour demande qu'il soit chanté un hymne patriotique à chaque séance. — Adresse à la Convention, signée selon l'article 2 du décret du 25 vendémiaire. — Regrets et explications de Pananceau. — Disparition des croix qui existaient sur les murs et dans l'intérieur de l'Eglise. — Lécluse se plaint de l'inobservance des décades. Le 10 fructidor, après une seconde lecture de la lettre de la Société des Défenseurs des Droits de Thomme demandant des renseignements sur la Vendée et les Chouans, la Société adopte, tel qu'il suit, le mode de réponse à la dite lettre, présenté par Lécluse Liberté, égalité, union, confiance, fraternité, répu- blique une et indivisible. La Société populaire de Beaufort, aux membres com- posant celle des Défenseurs des Droits de Thomme, séante à Angers Digitized by Google 114 REVUE DE L'âNJOU Frères et Amis» La Société républicaine des sans-culottes de Beaufort a reçu avec un vif intérêt votre circulaire sous la datte du... thermidor. Les dispositions que vous y manifesté ne peuvent que flaler des patriotes sincères qui plus d'une fois ont été frapés des mêmes réflections. Cette communication amicalle et fraternelle ne peut au reste qu'éveiller l'attention et la surveillance de ceux qui ayant la meilleure volonté pour le triomphe de la cause populaire ne peuvent que regreter de n'avoir pas pour la servir tous les moyens qui surabondent dans les grandes cornu nés foyer des lumières... Pour nous, nous avons considéré cette lettre et son contenu comme un gage de confiance et de républicanisme qui nous est aussi agréable qu'il puisse Têtre. Puisque nos intérêts sont communs, que nos rela- tions soient plus multipliées, surtout dans des temps de crise et de calamité, ce sera de cette manière que nous nous raprocherons de vous, le plus souvent et le plus utilement que nous le pourons, vous promettant au surplus d'employer nos forces pour ramplir l objet de votre missive^ nos propres santiments nous en font une loi ; et si nous ne sommes pas assé heureux pour être grandement utile, nous le serons toujours assé dès que notre intention sera connue ! Salut, Cordialité, Union, Fraternité. » Si les défenseurs des Droits de l'homme désiraient réellement avoir des renseignements clairs et précis sur la guerre de la Vendée et des Chouans, le mode de réponse de Lécluse » n'était pas de nature à les satis- faire. Robespierre venait de succomber ; les mêmes hommes qui l'avaient exalté s'empressent à l'occasion de sa mort de féliciter la Convention. Braves gens qui savaient habi- lement changer leurs opinions suivant les circonstances ! Digitized by Google LA SOGlérà POPULAIRE DE BEAUFORT-ENVALLÉB 115 Liberté, égalité, république, une et indivisible, des- truction des tyrans ou la mort. La Société populaire de Beaufort, département de Maine-et-Loire à la Convention, le. . . fructidor deuxième année républicaine Représentants, Le silence que les républicains, composant la Société populaire de Beaufort, ont gardé jusqu'à ce moment sur la dernière et sans doutte la plus terrible conspiration, n'a d'autre cause que Texlréme violence d'une trop juste indignation. En effet Tàme sansible des vrais patriotes a-t-elle pu maîtriser la douUeur et commander aux sen- timents convulsifs de la vengeance tandis qu'ils ont eu présente l'idée révoltante de la Représentation nationalle succombant sous le fer des assassins, et la triste image de la liberté indignement foulée aux pieds par la plus féroce tyrannie ? Vive la République . II Bonnet que ton empire S'étende sur Tunivers, Que partout il inspire Notre gaieté, nos concerts ! Que raristocrate fronde Tout à son aise nos goûts, A rinstant même où il gronde Les plaisirs sont parmi nous Bis. Robespierre et sa clique Sont replongés aux enfers, Ce trio despotique En vain nous forgea des fers ; Car d'un peuple qui s'enflamme Au seul nom de Liberté, Qui pouroit captiver Tâme Si ce n'est l'Egalité. Bis. IV Amis que en cette fête Tout respire la gaieté, Et marchons sur la tête De la sotte vanité I Puisque sur la terre et l'onde Nous sommes partout vainqueurs, ^ Léonord-Gabriel Lécluse, maître horloger, grande rue à Beau- fort, naquit en octobre 1760, à Saint-Lô, en Normandie. Ce fut le premier vénérable de la Loge L'Amitié, constituée sur sa demande du 20 juillet 1788 par Toctroi des Constitutions symboliques du Grand- Orient, en date du 22 août 1789. Cette loge cessa d'exister en 1809. Note de M. Joseph Denais, notre savant compatriote et ami. Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE BBAUFORT-EN -VALLÉE 119 Nous boirons tous à la ronde A nos braves défenseurs. {Bis, V Nous sommes tous des frères. N'ayons qu'une même ardeur, Sur les deux hémisphères Faisons reigner le bonheur; Et tous les peuples ensemble Répéteront désormais Aucun plaisir ne ressemble A celui d'être Français. Bis. Le 15 fructidor, la Société ^ a pris un très grand plaisir à entendre le raport de la reprise de Valenciennes, et de tous les avantages qui en résultent, particulièrement de l'arrestation de onze cent y. /. émigrés qui se trouvaient dans Tenceinte de ses murs. '»,2, le 15. Evaporation, 185"^,30. Digitized by Google OBSERVATIONS MÉTÉOROLOOIQUES 131 Nombre de jours que le vent a été 2 jours du N ; 1 jour du NN-E ; 1 jour de N-E ; 3 jours de TEN-E ; 1 jour de TE ; 3 jours de TES-E ; 1 jour du SE ; 2 jours de S-W; 9 jours de rWS-W; 6 jours de TW; 1 jour de TWN-W ; 1 jour du NN-W. Vitesse du vent en mètres par seconde, moyenne du mois, 5",?. Vitesse maximum du vent le 15, à 11 h. 25 du matin, 16'",3, par seconde vent du S-W. Rosée les 1, 2, 5, 6, 7,8, 15, 18, 19, 21, 22, 25, 26, 27, 28, 29, 30; brouillards peu épais le 27, à 7 heures du Eclairs vifs le 2, à 1 1 h. du soir à TE; le 3, à 2 h. du matin au SS-W. Orage faible le 13, de TW au NN-E, de 8 h. 26 à 9 h. 26 du matin ; second orage du S-W à TE, de 8 h. 55 à 9 h. 20 du matin. Début de la maturité de la vigne Chasselas le 17, milieu de la maturité le 23. A. Cheux. Digitized by Google Digitized by Google CHRONIQUE Au mois de juillet dernier, on a été très ému, non seulement en Anjou, mais dans la France entière, des tentatives que l'Angleterre aurait faites, paraît-il, pour obtenir du gouverne- ment français la cession des statues tombales des rois Planta- genets, conservées à Fontevraud. Parmi les nombreuses protestations qui se sont produites à cette occasion, il importe de citer celle qui émane de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers^ Nous la reproduisons en entier. A Monsieur le Ministre de V Instruction publique et des Beaux- Arts Angers, le 27 juillet 1906, Monsieur le Ministre, L'Angleterre, paralt-il, réclame encore une fois les statues tombales de Henri II Plantagenet, de Richard Cœur-de-Lion, d'Éléonore de Guyenne et d'Isabelle d'Angoulême, conservées à Fontevraud, et le bruit court que le gouvernement pourrait céder aux instances d'une nation dont le chef vient d'offrir géné- reusement à la France plusieurs miniatures de Jehan Fouquet, Cette nouvelle, qui a produit en Anjou l'émotion la plus vive et la plus légitime, ne saurait laisser indifférents les membres de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers. En effet, lorsque déjà, à deux reprises, le département de Maine- et-Loire fut menacé de perdre ces monuments vénérables, aux- quels il tient à juste titre, puisqu'ils représentent des comtes d'Anjou, issus de race angevine et qui ont eux-mêmes choisi l'église de Fontevraud pour le lieu de leur sépulture, notre Société, la première, a plaidé la cause des Plantagenets et elle a contribué pour une large part à la conservation de leurs statues. Digitized by Google 134 REVUE DE l' ANJOU Parmi les services qu'elle a rendus, elle peut citer, en parti* culier, la consultation que rédigea, sur sa demande, le barreau d'Angers et dans laquelle^ à la date du 9 mars 1867, le bâtonnier des avocats, interprétant le sentiment presque unanime de ses collègues, démontre que les statues de Fontevraud font partie intégrante de la sépulture des Plantagenets et qu'elles sont, comme telles, absolument inaliénables. A ce premier argument, le barreau angevin en ajoute un autre il rappelle que les statues des Plantagenets sont immeubles par destination, qu'elles font partie du domaine de l'État et qu'elles ne peuvent être aliénées qu'avec le consentement de la nation et en vertu d'une loi. Cette consultation fut envoyée à Paris. Elle parut si fortement motivée qu'elle reçut les adhésions des sommités du barreau de la capitale Les raisons alléguées en 1867 et jugées excellentes auraient- elles perdu de leur valeur en 1906? Nous ne le pensons pas, Monsieur le Ministre, et nous venons, au nom de nos collègues, vous prier respectueusement de vouloir bien les prendre en considération. D'ailleurs, il nous semble que l'Angleterre choisit mal son heure pour obtenir de la France la faveur qu'elle sollicite. En efîet, ce n'est pas au moment où le pays vient de dépenser des sommes considérables pour rendre à l'église de Fontevraud sa splendeur des siècles passés, ce n'est pas à la veille du jour où, dans la nef de la vieille basilique, splendidement restaurée, les statues des Plantagenets vont reprendre la place qu'elles ont occupée pendant plus de cinq siècles qu'il est possible de priver notre province d'un de ses joyaux artistiques et d'en faire hom- mage à nos voisins d'Outre-Manche. Telles sont, Monsieur le Ministre, les observations que nous avons l'honneur de vous soumettre, au nom de la Société natio- nale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, contre une mesure dont il serait difficile de comprendre la nécessité. a Daignez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de notre considération très respectueuse. Le Présidenty a Guillaume Bodinier, Sénateur, Conseiller général de Maine-et-Loire. > Le Secrétaire général, Ch. Urseau, et c né pour la société » une fonction peu banale qui devait convenir à son caractère joyeux. Il fut commis- saire général à l'élargissement des prisonniers d. Quel- qu'un ^ a remarqué judicieusement que la création d'une telle charge est un fait unique dans l'histoire des guerres. J'ai cherché, à Châtillon, quel était le local où le Conseil supérieur se réunissait. Je me suis demandé si ce n'était pas dans Tabbaye célèbre des Génovéfains. Elle étale encore, au centre de la petite ville, sa large façade que la Révolution avait trouvée inachevée. Ce pouvait être aussi dans l'ancien Palais de justice, seule construction qui reste debout au milieu des ruines du château. J'appris de source sûre que ces suppositions m'égaraient. Une maison particulière, depuis lors assez remaniée, a été le siège de l'assemblée qui, pendant plusieurs mois, gouverna la Vendée. Elle est bâtie presqu'au sommet de la côte. Par étages, ses jardins dévalent vers le ravin. De la terrasse supérieure on domine l'église Saint-Jouin, la campagne tourmentée qui fuit vers Maulévrier, vers Cholet, vers Mortagne. C'est là que les discussions devaient se pour- suivre, tandis que les membres du Conseil, en face de ce pays qu'ils avaient à régir, laissaient errer leurs regards sur l'enchevêtrement lointain des collines et des vallées où Ton se battait pour le Roi. C'est là que l'évêque d'Agra s'appliquait à garder des manières de pontife, que la RenoUière exprimait ses réflexions moroses, des Hommelles ses gaies reparties. Brin, Jagault, Body leurs conseils sages, Bernier ses vues audacieuses bientôt taxées d'am- bition. Il y avait un mois à peine qu'ils étaient réunis là quand une triste nouvelle leur parvint. La t grande armée > avait échoué devant Nantes, Cathelineau était tombé. Pendant qu'il se mourait à Saint -Florent- le -Vieil, le ^ M. Tabbé Bossard, dans son annotation des mémoires de M* Boutillier de Saint- André. Digitized by Google SUR LES CHEMINS DE VENDÉE 159 théâtre de la guerre se rapprochait. Un chef républicain qui, le 10 août, avait mené la populace parisienne à l'as- saut des Tuileries, venait d'être envoyé à Niort par la Convention. D'une audace et d'une énergie peu communes, il rêvait déjà sans doute d'être appelé le boucher des Vendéens ». Il a arraché au général en chef Biron l'ordre de se .ruer sur le Bocage. Il s'avance à pas de géant, semant l'effroi. C'est Westermann. Avec lui, l'incendie et le pillage vont suivre les combats meurtriers. Il s'est emparé de Parthenay deux fois, le 24 et le 30 juin. Le 1^' juillet, il a mis le feu au bourg d'Amaillou, le 3 au châ- teau de Clisson, habitation de Lescure. Il a occupé Bressuire. Le voici qui menace Châtillon. La grande armée vendéenne était dissoute. Les soldats qui la composaient avaient repassé la Loire, la veille seu- lement, en revenant de Nantes. Lescure et La Rochejaque- lein, à la tête de trois mille hommes, débris de la garnison laissée à Saumur et produits de rassemblements faits à la hâte, ont voulu quand même s'opposer à la marche de ce terrible ennemi. Retranchés sur les hauteurs boisées du Moulin-aux-Ghèvres, à quelques lieues en avant de Châ- tillon, ils ont vainement essayé de lui disputer le passage. La route de la capitale vendéenne est ouverte. Le Conseil supérieur s'enfuit vers Mortagne. Il emporte les vases sacrés, les autres objets précieux dont il a la garde. Seule la presse royale ne peut être enlevée à temps et tombe aux mains de l'envahisseur. M"' de La Rochejaquelein nous a peint en traits saisis- sants la panique de cette déroute. Elle raconte qu'elle aussi quitta Châtillon, traversa la Sèvreà Mallièvre et se fit a habiller en paysanne de la tête aux pieds ». Pourtant Westermann, cette fois-ci, laissa la vie sauve aux habitants de Châtillon. Il se contenta de faire brûler le château de La Rochejaquelein, comme il avait fait brûler celui de Lescure. Digitized by Google 160 RBVUB DE l'aNJOU A une lieue de Cbàtillon, vers le nord-est, le bourg de Saint-Aubin de-Baubigné se groupe autour d'une ^lise blanche, à Tombre d*un fin clocher. Un peu plus loin, cachées derrière les futaies d'un vieux parc, sont les ruines de la Durbelière. Entre le château où il est né et réglise qui renferme son tombeau , La Rochejaquelein se dresse sur un socle de granit. Un maître de la sculpture * a fait revivre son image. La gracilité juvénile de sa taille, drapée dans la longue redingote, se soulève d'un mou- vement fier. La main gauche s'appuie au pommeau du sabre ; la main droite, nerveuse , se crispe sur le gant que le gentilhomme a Tair de jeter en défi. De Téchancrure du large col la tète émerge enfantine et charmante, avec la pureté de son profil, l'expression étrangement douce de cette figure guerrière. Seul le regard l'illumine d'un sin- gulier éclat, éclat de bravoure intrépide et de ferveur sainte qui fait se demander si l'on a voulu peindre le soldat ou le martyr... Là-bas c'est l'infinie mélancolie des ruines, la splendeur des ombrages séculaires abritant encore les murs écroulés de la noble maison. Ses pavillons, ses fenêtres hautes, ses frontons armoriés où les blasons s'effacent, se mirent dans les douves élargies en étang. L'œuvre des hommes s'ef- fondre, l'œuvre de Dieu grandit. Les quelques murs qui restent de la demeure du héros se lézardent et s'effritent. Les bois, les avenues, les étangs, près desquels il a rêvé, sont toujours là. Plus d'un siècle a passé sur leur richesse elle s'en accroît. . . Dans les sombres allées du seigneurial domaine, je revois ce jeune homme errer, pensif et doux. Il pouvait rester là, se soustraire aux sollicitations impor- tunes de ses paysans en révolte. Son château serait encore debout. Sa vie se fût achevée, peut-être, par une vieillesse tranquille. Il est mort à vingt ans. Mais la gloire de son nom, quel prestige elle donne, même à ces ruines ! Gomme f Falguiôre. Digitized by Google Sun LBS CHEMINS DE VENDÉE itt elle enveloppe duo indicible charme la terre que lui avaient léguée ses aïeux. Et, si Fadmiration des hommes place de tels souvenirs bien plus haut que des monuments intacts, pouvons-nous mesurer la récompense que Dieu réserve à ceux qui ont ainsi tout sacriflé pour Lui ? c Pax ! > C'est le mot que je lis, avec une certaine sur- prise d^abord, puis bientôt avec Témotion profonde de ma foi, sur la balustrade de marbre blanc qui protège le mau- solée de Lescure'et d*Henri. Oui, c'est la paix, la paix du Ciel que possèdent ces héros chrétiens. C'est une impression de paix qui se dégage de la pieuse église où leurs ossements sont déposés. . . J'aime leur tombe, d*aspect plus aimable qu'austère, plus religieux que guerrier. L'autel qui la précède, les anges qui la décorent, le Sacré-Cœur qui la domine, parlent d'espérances immortelles plus que de gloire humaine. On dirait le sépulcre d'une vierge chré- tienne immolée en haine de Notre-Seigneur. Seuls les mots qui servent d*exergue à ce monument simple et pieux caractérisent des soldats. Il y a des siècles qu'ils ont été dits. Ils resteront, des siècles encore, les seuls mots qui conviennent aux croyants tombés pour la cause de Dieu c Mieux vaut mourir les armes à la main, que de voir la € ruine de notre patrie et la destruction de no^ autels. » Une fois que Westermann eut incendié la Durbelière, il se dit que sans doute tout jetait fini et commença. . . par déjeuner. Il était à table lorsqu'on vint lui annoncer l'attaque du camp qu'il avait installé sur le coteau de Château-Gaillard. Il y courut. Ses troupes étaient déjà en déroute. Bonchamps et d'Elbée avaient eu le temps de réunir leurs hommes à Cholet, Stofflet de rassembler les siens à Maulévrier. Tous étaient accourus au secours de La Rochejaquelein et de Lescure. La grande armée >, forte de vingt mille bomm^'s, se jetait sur les Bleus. 11 Digitized by Google l$â HBVUB DE L* ANJOU Toute résistance était vaine. Il fallait fuir. Mais on ne descend pas aisément des hauteurs de Château-Gaillard. Les Vendéens fermaient toutes les issues, acculaient leurs ennemis à la pente rapide qui descend vers la rivière. .. La culbute fut épouvantable. . . Les hommes, les chevaux, les canons, roulèrent à quatre-vingts pieds de profondeur. Le ravin, bientôt, en fut obstrué. En même temps, deux autres colonnes vendéennes cer- naient la ville, y pénétraient. Les soldats de Lescure, vou- lant venger les incendies d'Amaillou, de Clisson et de la Durbelière, se livrèrent à un furieux carnage. Le a Saint du Poitou » dut les arrêter. — Marigny, cria-t-il, en se jetant entre son cousin et les prisonniers qu'il voulait égorger, — tu es trop cruel, tu périras par Tépée. Malgré ces ordres de clémence, les femmes et les enfants eux-mêmes poursuivent les fuyards à travers la campagne, les assomment à coups de pierres. Westermann, qui commandait sept ou huit mille hommes au début de Taction, n'en a plus que trois cents sous les armes. Les Vendéens ont fait quatre mille prisonniers. Les canons, les fusils, les chevaux, les munitions, la caisse del'armée^Ia voiture môme de Westermann sont entre leurs mains. C'est une éclatante revanche de leur échec de Nantes. Le Conseil supérieur célébra cette victoire par une ponipQuse proclamation. Il s'installa de nouveau à Chà- tillon, où il devait légiférer jusqu'au 8 octobre. . . Ce ne fut pas sans discussions. Le régime parlementaire, à Châtillon comme ailleurs, eut ses déboires. Chaque fois qu'il s'agit de lancer, en phrases ronflantes et bien senties, des félicitations à l'armée, des encouragements au peuple, des appels aux républicains frères égarés par des chefs sanguinaires », tout le monde fut d'accord et le style de Bernier conquit d'unanimes suffrages. Mais des questions plus délicates furent soumises à l'appréciation du Conseil Digitized by Google SUR LfiS CBBMIMS DE VENDÉE 163 supérieur. Pour résoudre chacune d'elles il y eut des violents et des modérés. Ciomme partout, le problème bud- gétaire était le plus ardu. Les uns voulaient créer du papier-monnaie soumis au contrôle des délégués du Cknseil. Les autres trouvaient que cette mesure nessemblait trop à celles de la Révolution qu'ils combattaient. Il s'agissait de disposer des propriétés vendues commp bien? nationaux. Plusieurs membres du Conseil voulaient annuler ces ventes, et mettre au contraire sous séquestre les biens des républi Gains du pays. L'abbé Bernier soutint chaleureusement cette proposition. Elle n'était, d'après lui, que la rigoureuse représaille des actes de la Convention contre les nobles et le clergé. M. de la RenoUière la trouva d'une injustice révoltante et s'éleva contre elle avec des accents indignés. On accusa vite le Conseil supérieur de se donner un peu trop d'importance. Des questions civiles il passait faci- lement aux questions militaires. Des dissentiments s'élevèrent entre lui et plusieurs des généraux. Une autorité suprême, incontestée, devenait plus que jamais nécessaire quand, le 14 juillet, on apprit la mort de Cathelineau. Il fallait le remplacer. Une convocation, datée de Saint-Pierre-de-Chemillé, le 16 juillet, et signée d'Ëlbée, Beauvollier, Desessarts, invite tous les chefs de la Vendée en armes à se rendre pour le 19 à Châtillon afin d'élire un généralissime. Il devait y avoir un électeur par rassemblement de deux mille hommes. Chaque votant inscrirait sur son bulletin cinq noms. Celui qui aurait obtenu le plus de suffrages serait investi du généralat suprême. Les quatre suivants seraient chargés de com- mander, chacun à leur rang, en l'absence du général en a chef, et devaient se choisir chacun un commandant en second. Le conseil de guerre devait être composé de ces neuf personnes et décider de toutes les opérations \ » * Mémoires de M""* la M^ de La RockejaqwUm, Digitized by Google 164 REVUE DB L' ANJOU DEIbée réunit la majorité de» voix et fut proclamé généralissime. Les quatre autres généraux en chef furSnU Bonchamps pour l'Anjou, Lescure pour le Poitou, Royrand pour le centre, Donnissan pour la Basse- Vendée. Chacun d'eux s'adjoignit un autre chef. Bonchamps prit le chevalier de Fleuriot, Lescure choisit La Rochejaquelein, Royrand nomma M. de Cumont, Donnissan désigna Gharette. Cette élection fut saluée par des cris de joie. De nom- ce breuses décharges d'artillerie retentirent; on annonça c au son du tambour que Tarmée avait un chef\ » Le Conseil supérieur s'empressa de venir le féliciter. Deses- sarts, en un style noble et quelque peu prétentieux, déclara que la France, surnageant enfin à tous ses malheurs », regardait cet événement comme le gage de sa délivrance et comme Taurore de son bonheur futur ». Le sentiment exprimé ainsi par le vice-président du Conseil supérieur ne fut malheureusement pas unanime. Quand on aime la Vendée, quand on suit avec une filiale admiration son histoire, il y a quelque chose de doulou- reux à voir s'ouvrir pour elle Tère des divisions funestes. L'élection de d'Elbée ne fut point accueillie avec celte sou- mission joyeuse, force de ceux qui obéissent comme de celui qui commande. Les historiens de la Vendée ont, sur ce point, des appréciations très diverses. Toutes révèlent la sourde lutte d'ambitions qui environna, qui suivit l'élévation de d'Elbée au poste suprême. Les uns accusent d'intrigue celui que les autres appellent c le généralissime c librement élu de toutes les armées i . On lui reproche d'avoir trop hftté Téleclion, d'avoir placé en foule, parmi les électeurs, des officiers subalternes qui lui étaient attachés, enfin de n'avoir pas su exercer l'autorité dont une habile cabale l'avait investi. Tout ce qu'on sait du caractère de d'Elbée suffirait à faire * Histoire de la Vendée, par M. Tabbé Deniau, t II, p. 390. Digitized by Google SUR LES CHEMINS DE VENDÉE 165 douter de cette accusation. Une réflexion de simple bon sens la détruit. Si des hommes tels que Bonchamps et Lescure avaient jugé irrégulières les ' conditions de ce choix, leur devoir était de le contester. Les intérêts enga- gés étaient assez graves pour exiger, avec une protestation, la demande d'un nouveau scrutin. Devant l'ennemi, on ne met pas de réticences dans l'acceptation d'un chef. Aucun des généraux ne s'étant élevé contre la nomination de d'Elbée, personne n'a le droit de la condamner. Il me parait presque aussi difficile d'affirmer qu'un autre homme eût pris plus d'autorité. Les armées vendéennes n'étaient pas homogènes. A l'heure des premières vic- toires, le nom de Cathelineau s'imposait, aux gentils- hommes comme aux paysans, avec le prestige d'une gloire plébéienne défiant toute rivalité. Entre les autres chefs il y avait une sorte d'égalité dans l'héroïsme qui devait rendre difficile l'exercice du pouvoir suprême. De tout autre on eût pu dire, comme de d'Elbée Il vécut en sage, commanda en héros et mourut en martyr^ ». Gomme lui, tout autre eût pu avouer avec mélancolie . Le 10 frimaire, Lécluse a paru à la tribune et a dit, que les citoyens Boissière et Riobé, tisserands en cette commune, avoient rendu un grand service à leur pays, en dénonçant aux autorités constituées quatre individus comme autheurs d'un vol de somme assez ^considérable, fait chez le citoyen Galbrun,aux Rolandières sic y dans la nuit du Il a déclaré que la procédure publique, tenue contre ces quatre accusés, démontroit qu'ils avoient le dessein de former dans cette contrée un noyau de brigands et de chouans, que la tranquillité publique, la sûreté des personnes et des propriétés en auroient été compromis; qu'aussi les bons citoyens dévoient non seulement se réunir pour féliciter les dénonciateurs de leur acte de dévouement, mais même subvenir par des offrandes aux besoins de leurs familles. Il a ajouté que, d'après Tart. 10 du chapitre 4 du règlement de la société, il y avoil lieu de les y admettre comme membres. Poupard-Mauru a appuyé les propositions du préo- pinanl et a pensé que le président devoit être chargé d'inviter les capitaines de la garde nationale de faire la quête dans leurs quartiers respectifs, pour le produit en être distribué par moitié à chacun des deux dénoncia- teurs. c Différents membres ont successivement fait plusieurs propositions; la discussion fermée sur le tout, le président Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE BEAUFORT EN -VALLÉE 173 les a mis aux voyes dans leur ordre; il en est résulté la délibération suivante Article Premier. — La société déclare que Boissière et Riobéy par leur dénonciation civique, ont bien mérité de leur pays. Art. 2. — Pour leur en marquer sa reconnaissance, elle les admet au nombre de ses membres, sans être assu- jettis aux deniers d'entrée. Art. 3. — Pour subvenir aux besoins de leurs enfants, elle leur vote une récompense pécuniaire. Art. 4. — Cette récompense sera formée des dons de ceux des bons citoyens qui voudront y concourir. Art. 6. — Les citoyens Béritaut-Grandmaison et Lebou- vier sont nommés dépositaires des urnes ou troncs à recevoir lesdites offrandes. Art. 6. — Le cachet qui sera placé sur lesdites boîtes sera reconnu et levé par le Directoire, à la séance du dernier décadi de ce mois, et les sommes qui s'y trouveront seront de suitte délivrées par moitié auxdits Boissière et Rioié, qui recevront lors l'accolade fraternelle du président. La dénonciation civiqu,e des citoyens Boissière et Riobé fut généretisement récompensée. Le 1*" nivôse, ils re- çurent chacun 135 livres, après un discours de circons- tance prononcé par Lorier et a bien propre à affermir dans les sentiments d'honneur et de probité qui unissent les vrais républicains ». Un reliquat de 52 livres, à par- tager, leur fut en outre remis le 2*"' décadi du même mois. Il avait fallu parcourir la ville et la campagne pour arriver à trouver cette somme ! Le 13 frimaire, la société s'est assemblée extraordi- nairement, sur la convocation de son président, pour recevoir dans son sein le député Bezard , envoyé par la Convention nationale près les armées de l'Ouest. La séance étoit à peine commencée que le représentant Digitized by Google 174 REVUE DE L* ANJOU du peuple a paru, accompagné du maire, du commandant de la garde nationale et des officiers généraux à sa suite, c Conduits aux places qui leur étoient destinées, le président, par un discours unanimement applaudi, a témoigné au délégué du Corps législatif la satisfaction qu'éprouvoient les membres de la société de le voir parmi eux. Il s'est félicité d'être l'organe du patriotisme de ses, concitoyens, qui, depuis les premiers jours de la Révolution, n'ont cessé de se montrer dignes de jouir des avantages qu'elle promet, par leur dévouement à la patrie, leur, obéissance aux lois et leur respect pour la Convention nationale et les autorités constituées ; enfin il a fini par inviter le représentant à recevoir l'accolade fraternelle et à prendre le fauteuil. Aussitôt, le citoyen Bezard a monté à l'estrade du président et, après avoir reçu et lui avoir donné le baiser d'union et de fraternité, aux acclamations générales de Vive la République , Vive la Convention nationale y il a harangué l'assemblée dans des termes propres à lui concilier l'estime et la confiance. Reportante la Convention les hômages qu'il recevoit, il a exposé que les législateurs vouloient être les Pères du peuple et le faire arriver promptement à une paix intérieure, particulièrement dési- rable dans une contrée que le royalisme et le fanatisme désoloient depuis deux ans. Enfin, voulant donner à la société un témoignage de confiance, après avoir fait lire par un des secrétaires une pétition du juge de paix de la ville, dont Tobjet étoit de faire compléter le nombre d'asses- seurs, il en auroit déféré la nomination à la société. Lorier, profitant de l'occasion, a demandé la parole pour observer que, si les ravages de l'anarchie a voient forcé la Représentation nationale d'introduire en France le Gouvernement révolutionnaire, qui portoit avec lui la suspension des élections populaires, premier avantage de la démocratie, il n'en étoit pas moins vrai que les repré- Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DK BEAU PORT- EN- VALLÉE 175 sentants chargés d'organiser les différentes autorités publiques ne pouvoient s'éclairer sur la moralité, le répu- blicanisme et les lumières des individus, avant de les nommer aux fonctions, qu'en consultant les sociétés populaires^ qui, par la publicité de leurs séances et leur patriotisme reconnu, méritoient la confiance des légis- lateurs. Il a ajouté, qu'instruit que le représentant avoit déjà consulté plusieurs sociétés populaires sur les diffé- rentes nominations, il devoit lui témoigner de Téton- nement de ce que celle-ci n'a voit pas participé à sa confiance, quoique le civisme de ses membres fût bien prononcé, ainsi que celui de la commune entière, qui n'avoit pas eu dans son territoire un seul individu déclaré suspect, quoique la population soit de individus. Lorier, se résumant, a pensé que la société devoit inviter le représentant à ne conférer aucune place, soit d'admi- nistrateur du Tribunal et Comité révolutionnaire du dis- trict, soit de la municipalité et juridiction de paix de la commune, sans préalablement avoir présenté à la cen- sure les citoyens qui lui seroient présentés comme can- didats, observant qu'il étoit nécessaire que le peuple connût la moralité, les talents et le patriotisme de ces fonctionnaires, dont un trop grand nombre, dans ces derniers temps de calamités, ont abusé de leurs pouvoirs, pour introduire un sistème d'oppression et de tirannie. c La motion, ayant été appuyée unanimement, môme par le représentant du peuple, a esté par lui mise aux voyes, comme président, et adoptée. En conséquence, il a été arrêté que la demande de Lorier et le consentement du représentant seroient consignés sur le registre. » Il est plus que probable qu'à la suite de cette séance il y eut des réjouissances publiques, pour honorer et fêter le citoyen représentant du peuple. Le lendemain de sa réception, Bezard répond à une pétition de Tétat-major de la garde nationale par un Digitized by Google 176 REVUS DE L* ANJOU arrêté qui accorde une îDdemnité de 30 sous par jour à chaque citoyen de tout grade qui sera employé au service extérieur ». Ces bons gardes nationaux, tout en songeant à la chose publique et en travaillant pour elle, n'oubliaient pas leurs intérêts ! Soixante dix-septième séance. — c Béritault ayant dé- posé sur le bureau un arrêté de Tadministration du district, Lécluse a monté à la tribune pour en donner lecture ; la société a été surprise d'y trouver la nomination de trois cultivateurs aux places d assesseurs du juge de paix de la ville, lors même qu'ils ne sont pas rézidants dans son arrondissement. € Lécluse, prenant la parole, a observé que l'opération du district était irrégulière; l^ en ce que les citoyens nommés ne rézidants par dans l'arrondissement du juge de paix de la ville ne pouvoient en être les assesseurs; 2 en ce qu'elle émanoit du directoire seulement contre le vœu de la loi qui n'attribue de pareilles élections qu'au conseil général assemblé. c Voyant ensuite que le procès-verbal étoit intitulé au nom du conseil général, il a soutenu que cette expression étoit fautive et démontroit un faux matériel, puisque lui membre du conseil et ses collègues n'avoient pas été convoqués. Parlant du passage du représentant du peuple, il a rappelé à la société que les nominations faites la pri- voient du droit de présenter les candidats aux différents emplois, qui lui avoit été accordé par le représentant du peuple; se résumant dans ses observations, il a demandé qu'il lui fût donné acte ce qu'il s'inscrivoit en faux et qu'au surplus la société se pourvût par une pétition devant l'autorité qui en devoit connoltre. Béritault-Sablonnière a répondu à Lécluse que, s'il n'avoit pas été convoqué comme membre du conseil, c'est que les conseils généraux étoient censés en permanence Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DB BBAUFORT-BN- VALLÉE 177 depuis que la France étoit en gouvernement révolution- naire. . Lorier trouve très à propos la proposition de Béritault Digitized by Google 188 REVUE DE l' ANJOU et a demande, comme le moment est pressant, que le pré- sident s'atoume, dès demain au matin, vers le conseil général de la commune, pour Tinviter à nommer un ou deux commissaires, qui soient chargés d'aller auprès du représentant du peuple Bezard, actuellement à Angers, lui exposer le besoin urgent des malheureux de cette com- mune. — Le président ayant mis aux voix la motion de Lécluse avec Tamendemenl de Lorier, elle a été unani- mement adoptée. » Le lecteur remarquera, comme nous, que les orateurs laissent tout-à-fait de côté la question des ci-devant hospi- talières. Le représentant Bezard reçut les commissaires délégués vers lui avec la pure fraternité qui caractérise le vrai républiquain , leur donna pour la société populaire de Beau- fort le baiser fraternel et les renvoya sans leur donner aucunes espérances sûres ^ ni sans les désespérer. » La municipalité ayant ouvert une souscription pour acheter des blés, Lécluse, dans la quatre-vingt-quinzième séance, demande que tous les membres de la société qui sont dans Taisance concourent à cet acte de bienfaisance nécessaire à approvisionner nos concitoyens. — Celte pro- position est adoptée. € Merlin dit que la souscription est un peu tardive, cependant qu'elle est très à propos; il pense que Ton pour- roit acheter des fèves en attendant que le bled qu'on achètera soit amené. € Béritault Taîné demande que le président .s'a/owrwe vers la municipalité pour l'engager à envoyer des commis- saires chez les citoyens, à l'effet de recevoir leurs sou- missions. f Béritault-Sablonnîère représente qu'il est inutile que le président se transporte à la municipalité, relativement aux propositions faites par Merlin et Béritault Talné,' parce qu'elle a déjà pris en considération celle de Merlin, Digitized by Google LA SOCléTÊ POPULAIRE DE BBAtîFORT-EN- VALLÉE 189 qu'elle donnera en conséquence des instructions aux com- missaires, qu'elle s'assemblera demain à dix heures, qu'elle prendra le parti indiqué par Béritault Talné, si les sous- criptions lui paroissent insuffisantes. — La société, satis- faite des éclaircissements donnés par Bérîtault-Sablonnière, passe à Tordre du jour sur les motions de Merlin et Béritault Taîné. » Pendant la quatre-vingt-septième séance, 10 ventôse, déjeunes citoyens de cette commune, admis au nombre des élèves de l'école de navigation, viennent dans l'enceinte de la société faire hommage de leurs sentiments. Le jeune citoyen Ricou demande la parole, monte à la tribune et prononce le discours suivant, qui est entendu avec satis- faction Citoyens, € Plus d'une fois, depuis le commencement de la Révo- lution, nous avons vu dans cette enceinte des enfants de la Patrie recevoir les premières leçons de la tactique mili- taire; trop jeunes, alors, pour partager avec eux la gloire de combattre les ennemis de notre liberté, nous ne pou- vions que désirer d'être, un jour, leurs compagnons d'armes. Admis aujourd'hui au nombre des élèves de Técole de navigation, nous venons vous faire hommage de nos sentiments. Si nos frères ont sçu marcher de conquête en conquête au-delà de nos frontières, nous, nous saurons monter à l'abbordage et vivre ou mourir sur les vaisseaux de la République. » € Le président se lève et répond Jeunes citoyens, espérance de la patrie, c La société populaire reçoit avec un plaisir indicible l'assurance de votre dévouement au salut de notre chère patrie. Vos louables sentiments, fruits de votre éducation Digitized by Google 190 RBVUB DB L^ANJOU et des exemples de patriotisme que vous ont donnés vos pères y ne feront , la société en est persuadée , que s^accroltre pour le triomphe de la liberté, de la plus belle, comme de la plus grande des Républiques de Tunivers. — Vive la République Françoise, une et indivisible ; vive la Conven- tion nationale; vivent tous les jeunes citoyens, espérance et soutien de la patrie. — La société vous invite à assister à sa séance. » Sur rinvitation m de plusieurs sociétaires », le jeune citoyen Bontemps chante un hymne patriotique , qui mal- heureusement n*est point inséré sur le registre. Même séance, Lorier, trouvant qu'on ne donnait point assez de publicité à la vente des biens nationaux, s^exprime en ces termes t Les sociétés populaires ne doivent point être insensibles aux intérêts de la République ; il se vend journellement dans les communes environnantes du bien national y qui seroit fort de la convenance des habitants de cette cité; mais, comme les communes sont d'un district différent de la nôtre, nous sommes privés des affiches que le district n'envoy que dans les endroits de son arrondis- sement, ce qui fait que tel ou tel objet qui conviendroit à un citoyen est vendu avant qu'il n'en ail été informé; par consé- quent la République se trouve privée de quelques enchères ^ qui feroient monter à un prix plus haut le bien qu'elle met en. vente. Je propose donc , que le président de la société écrive aux autres districts environnants, ou au département, pour les inviter à faire passer à Beaufort les affiches du bien national qui s'y vendra. — La proposition est adoptée et, sur la motion du citoyen Lécluse, la'société charge le citoyen Lorier de la rédaction de l'adresse. » Lécluse c observe ensuite que, tandis que la société s'oc- cupoit d'un objet aussi intéressant, des malveillants, sans doute, ont cherché de la troubler et même ont insulté un censeur, le citoyen Lorier. » Digitized by Google LA SOCIÉTÉ POPULAIRE DE BfiAUFORT- BN-VALLÉB 191 La chose était évideimnent grave; toutefois Lécluse affirme que le patriotisme des habitants de cette com- mune est trop connu, pour croire que par mauvaise volonté Ton cherche à faire du bruit dans cette enceinte. Le trouble qui a lieu presque à chaque séance provient, selon lui, plutôt de ce que une grande partie des auditeurs jeunes est attirée dans ce lieu, par l'espérance d'y trouver l'objet qui la flatte, et de ce que les hommes, mêlés dans les rangs avec les femmes, ne peuvent garder le silence. En consé- quence, il propose de faire placer les femmes d'un côté et les hommes de l'autre. — La société adopte cette sage mesure. » Béritault-Grandmaison, s*imaginant que le trouble pro- venait de ce que la voix des orateurs n'était point entendue de tous les assistants, propose au directoire de s'atourner vers la municipalité pour lui demander de vieilles tapis- series qu'elle a à sa disposition et qui ne lui sont d'aucune utilité. Il prétend que, placées sans grands frais dans cette enceinte, elles contribueroient à rendre la voix de l'orateur beaucoup plus forte, ce qui meltroit les auditeurs à même d'entendre plus facilement et les engageroit par là à être plus tranquilles. Il a été arrêté plusieurs fois que cela seroit fait et cependant rien ne s'exécute » ; le président consulte la société, qui adopte la motion de Béritault- Grandmaison. Quatre-vingt-neuvième séance. — 20 ventôse. — Le citoyen B. monte à la tribune pour inviter l'assemblée à nommer sans délai trois commissaires c qui, réunis aux^ deux que le conseil général de cette commune a nommés, formeront ensemble un bureau chargé de distribuer aux indigents les soulagements nécessaires à leur misère. Le citoyen Lécluse appuyé très fortement la proposition du citoyen B., et invite l'assemblée à répondre de suite aux vues du conseil général de la commune. Digitized by Google 192 RfiVUB DS L* ANJOU gravé par Àmbacber 1793 >. Cette affiche porte pour titre € Loi contenant des mesures pour coordonner les jours de repos avec le calendrier répu- blicain Extrait du Bulletin des Lois n» 216 date du 17 ther- midor an VI 4 août 1798. Voici la résolution décrétée par le c Conseil des Anciens > après c avoir entendu le rapport de ses commissions d'ins- truction publique et des institutions républicaines ». Article Premier Les décadis et les jours de fêtes Nationales sont les jours de repos dans la République. II Les autorités constituées, leurs employés et ceux des bureaux au service public vaquent les jours énoncés, sauf les cas de nécessité et Texpédition des afifaîres crimi- nelles. m Les écoles publiques vaquent les mêmes jours , ainsi que les écoles particulières et pensionnats des deux sexes. Les administrations feront fermer les établissements d'instruction où Fan ne se conformerait pas aux dis- positions du présent article. IV Les écoles publiques » ainsi que les établissemens par^ ticuliers d'instruction pour les deux sexes ne pourront vaquer aucun autre jour de la décade que le quintidif 'sous les peines portées à r article IIL Digitized by Google LE REPOS OBLIGATOIRE 199 VIII Durant les mêmes jours, les boutiques y magasins et ateliers seront fermés^ sous les peines portées en l'ar- ticle 605 du code des délits et des peines ; sans préjudice néanmoins des ventes ordinaires de comestibles et objets de pharmacie. En cas de récidive , il y aura lieu à r amende portée en- Farticle VI pas moindre de 25 francs, ni excéder SOO francs et à un emprisonnement qui ne pourra excéder une décade. IX Pourront cependant les administrations municipales autoriser les étalages portatifs d^objets propres à l'embel- lissement des fêtes. X Tous tra va ux dans les lieux et voies publiques, ou en vue des lieux et des voies publiques, sont interdits durant les mêmes jours, sous les peines portées en Tarticle VIII amende et prison sauf les travaux urgens spécialement autorisés par les corps administratifs, et les exceptions pour les travaux de campagne pendant le temps des semailles et des récoltes , conformément à Tarticle II de la sect. V de la loi du 6 oc- tobre 1791. XI La présente résolution sera imprimée. Le lendemain , le Directoire exécutif ordonnait que la loi ci-dessus serait solennellement proclamée dans toutes les communes de la République et, c à la diligence de chaque administration départementale , réimprimée , proclamée solen- nellement et affichée dans chaque^commune de la République ». Et il ajoutait Les administrations municipales requerront Tassistance de la force armée, pour donner plus d'éclat à cette procla- mation. Digitized by Google 200 REVUE DE l'aNJOU C'est en conséquence de la loi et de Tarrèté que TAdminis- tration centrale du département de Maine-et-Loire décida qu'ils seraient c réimprimés en placard et envoyés aux muni- cipalités de son arrondissement, publiés et afScbés par tout où besoin sera ». Fait à Angers 9 séance du 2 fructidor an VI de la Répu- blique française 19 août 1798. Signé Leterne-Saulnier, président ; Chauvin, Dandenac, Bunel, Jubin, administrateurs; Moreau» commissaire de Directoire exécutif; Letoumeau, secrétaire en chef. Une autre afflche du Musée de Beaufort donne le tableau des foires et marchés de Maine-et-Loire. L'empressement à suivre ces prescriptions était assez tiède. Il ne sera pas sans intérêt de voir comment, sous une étiquette de Liberté >, l'Autorité, cyniquement tracassière et despo- tique, défendait jusqu'aux spectacles et à la danse, hors des quintidis et décadis, et ne permettait même pas aux journaux d*établir la concordance du calendrier Républicain et du calendrier Grégorien, en mettant entre parenthèses t vieux style », sous peioe de poursuites, d'amende et de prison. Et c'est en vertu de cette même doctrine, et sous le couvert de la liberté de conscience, qu'il était interdit parles Jacobins de ce temps-là d'apporter du poisson les jours d'abstinence sur les marchés ! Voici une affiche probablement unique de la Municipalité de la Flèche autrefois de l'Anjou ; nous la reproduisons inté- gralement. FIXATION DES MARCHÉS nS LA COMMUNE DE LA FLÈCHE ' Aux quartidi et nonodi * de chaque décade. Extrait du Registre des délibérations de l'administration municipale de la Flèche, intrà muros. * Sic pour c Nonidi r> Digitized by Google LE REPOS OBUGATOIRE 201 Service du quintidi de la 3 décade de floréal de la 6 année républicaine \ L'administration municipale assemblée au lieu ordinaire de ses séances; Lecture donnée de Tarrété du Directoire Exécutif du quatorze germinal dernier , qui prescrit des mesures pour la stricte exécution du calendrier républicain, portant, article trois c Les administrations municipales fixeront à c des jours déterminés de chaquedécade les marchés de leurs arrondissements respectifs, sans qu*en aucun cas € l'ordre qu'elles auront établi puisse être interverti, sous € prétexte que les marchés tomberoient à des jours ci- € devant fériés »; Et, renseignements pris sur Tordre ci-devant établi dans les marchés environnants, tels que le Mans, Angers, Château du Loir, Sablé, le Lude, Baugé, que sur la nouvelle fixation des marchés dans les dites communes, en exécution de Tarrèté du Directoire Exécutif précité, afin de continuer la coïncidence et les rapports du commerce de ces divers marchés, avec celui de la Flèche; après avoir entendu la commission du Directoire Exécutif, arrête Article premier Le marché des bestiaux, des bleds et de toutes autres espèces de denrées , connu sous le nom de Grand Marché, aura lieu tous les quartidi de chaque décade, au lieu du ci-devant mercredi. Art. II Le marché tenu en cette commune, sous le nom de marché aux poissons, beurre, œufs, légumes et autres menues denrées, n'aura lieu que tous les nonodi de chaque décade, au lieu du ci-devant vendredi. • 14 mai 1798. Digitized by Google , 202 RBVUB DE L*ANJOU Art. in II est défendu aux maîtres de danse d*ouvrir des salles de danse publique et d*y faire danser à autres jours que les décadi et les quintidi* sous peine d'être traduits en justice et punis par la fermeture de leurs salles. Art. IV Il est enjoint à tous entrepreneurs de messageries et voitures publiques dont les départs sont encore fixés à des jours de Tancien calendrier, de les régler sur la décade, sous peine d'interdiction. Article 8 de Tarrôté. Art. V Tout directeur ou entrepreneur de spectacles quel- conques, bals, feux d'artifices et autres rassemblements, ouverts au public sont également tenus de régler leurs représentations sur le calendrier Républicain et de repré- senter les jours de Décadi et des Fêtes Nationales, sans pouvoir le faire, les jours ci-devant Dimanches et Fêtes de l'ancien calendrier, lorsque ces jours ne se rencontreront pas, soit un jour ordinaire de spectacle, soit un jour de Fête Nationale, soit avec un Décadi, sous peine de ferme- ture de leurs spectacles. Article 12 de l'arrêté. Art. VI Il est enjoint à toutes personnes d'observer le calendrier Républicain dans toutes espèces d'affiches, écriteaux ; ceux où l'ancien sera rappelé, seront arrachés et enlevés, et ceux qui les auront placardés ou exposés seront punis selon la rigueur des lois. Article 15 de l'arrêté. Art. VII Tout journal ou ouvrage périodique, dans lequel Tère ancienne se trouvera accolée avec Tère nouvelle, même avec l'addition de ces mots {vieux stile sera, en vertiji de Digitized by Google LE RBP08 OBUGATOIRE 203 Tarticle 25 de la loi du 19 fructidor an 5*, prohibé. Article 16 de Tarrété. Art. VIII Tous contrevenants aux dispositions ci-dessus, seront poursuivis devant le Tribunal de police , conformément à à Tarticle 605 du code de délit et des peines. Article 4 de l'arrêté. Art. IX Néanmoins Tusage d'apporter des denrées tous les jours continuera comme par le passé, sauf le poisson, qu'on ne pourra apporter les jours d'abstinence. Art. X Le présent arrêté sera proclamé au son de la caisse, imprimé et affiché partout où besoin sera, pour Texécution en commencer au jour fixe du 14 prairial prochain et être suivie strictement et sans interversion. Fait en séance municipale à La Flèche les dits jour et an que dessus. Signés sur le Registre les citoyens Lafosse, présidents Taillebois, Beaufils, Juchereau et Haillot. — Rocher, commissaire du Directoire Exécutif. Dulac, secré- taire-greffier. A La Flèche, de Timprimerie du citoyen Lafosse*. Joseph Denais. ^ Collection particulière. Digitized by Google Digitized by Google Digitized by Google TROIS JOLS. 5 4 q o pQ Municipalité / ..^ 2i * y IlOSsjOîfX Digitized by Google SUR LES BILLETS DE CONFIANCE émis par la Municipalité d'Angers 1790-1793 f suite €t finj Un groupe de commerçants d'Angers, en adressant au Département une pétition pour lui demander une nouvelle émission de livres de coupons, lui demandait en même temps de se charger lui-même d'émettre ces bons de monnaie, pour qu'ils eussent cours dans toutes les communes de Maine-et-Loire, Le Conseil général de la commune d'Angers, consulté sur l'opportunité de cette mesure, l'approuva complètement et décida qu'on insisterait auprès du Département pour qu'il prit la direction de la Caisse patriotique. Celui-ci, sans refu- ser formellement la proposition, répondait, le 21 octobre, qu'il allait prendre l'avis des Districts et qu'il se conforme- rait à leur décision. Il autorisait toutefois la Municipalité d'Angers à émettre de nouveaux coupons pour une somme de livres, afin de permettre au commerce d'attendre qu'il eût pris une détermination \ Le 6 décembre,le Département faisait connaître son refus définitif. Sur les neuf districts * consultés, sept s'étaient prononcés contre le projet d'une caisse départementale» * Registres des délibérations, f> m. ' Le département de Maine-et-Loire comprenait huit districts seu- lement Angers, Saumur, Baugé, Ghâteauneuf, Segrô, Saint-Florent» Oiolet et Vihiers. Digitized by Google 2ÛS BBVUB DR l'aNJOU Deux seulement l'avaient approuvé. La Municipalité d'An- gers demeurait donc seule chargée de fournir au commerce et à l'industrie les bons dont ils avaient besoin. Le Conseil général de la commune songe alors à demander au District de se charger de cette caisse, afin que les nouveaux coupons eussent cours dans toutes les communes de son ressort. La forme des nouveaux bons serait modifiée. Ils porteraient un timbre sec pour éviter la contrefaçon et seraient signés par un membre du district. MM. Fauconnier et Talot étaient désignés pour aller porter cette délibération au District '. Là encore, la Municipalité subit un échec. Cependant, pressée par deux pétitions émanées, Fune des manufactu- riers, l'autre des entrepreneurs de carrières, elle se décida à faire une nouvelle émission de bons de monnaies pom* une somme de livres, ce qui porterait le total des bons émis à livres. Il ne serait émis de bons de trois livres que le nombre nécessaire pour épuiser le papier imprimé d'avance. Ces bons seraient signés des mêmes commissaires qui avaient été précédemment désignés. M. Couillon-Mamers était chargé de se transporter chez le sieur Mame, imprimeur, poiu* faire rompre en sa présence la planche qui avait servi à l'impres- sion de ces bons, s'il ne préférait la faire déposer dans la caisse servant au dépôt de ces coupons. Le tiers du surplus serait composé de billets de 30 sols signés par de nouveaux commissaires divisés en deux sections '. Les deux tiers restant seraient formés de billets de 20 sols. Dix-huit commissaires, divisés parsectionsdetroismembres, étaient chargés de les signer '. Le Conseil refuse de nouveau ^ Registre des délibérations, ^ 127. * Boulay, Riche et Qoupil pour la première ; Evain, Mortean et Joulain pour la seconde. " Coustard,Ghesneau et Trotouin pour la première ;Liegendre,Des- mazières et Moron pour la seconde ; de la Villegontier, Ghéreau et Ëvain pour la troisième ; Aug. Bellanger, Tixier et Maireau pour la Digitized by Google NOTES SUR LES BILLETS DE CONFIANCE 207 d'émettre des billets de 10 sols. Mais,le nombre des billets faux mis en circulation étant devenu plus considérable, l'assemblée décide que les auteurs de ces faux seront recher- chés et poursuivis suivant la rigueur des lois \ Le 30 janvier 1792, le Conseil de la commune, considérant que les billets de confiance émis par la Municipalité avaient été imprimés sur du papier simple, facile à détériorer et à gâter, que beaucoup de ces coupons étaient rapportés à la caisse déchirés et hors d'état de servir, décide que la forme en sera changée. Les nouveaux coupons porteront une griffe avec paraphe et un timbre sec, pour éviter la contrefaçon. MM. Tessier, Bellanger et Bardou sont chargés de consulter les gens de l'art et de prendre Jtous les renseignements néces- saires à l'effet de savoir à quelle somme pourrait s*élever la dépense à faire pour le changement de ces billets et la forme qu'il conviendrait d'adopter. Le lendemain, un membre de l'Assemblée fit observer que les coupons en circulation étaient imprimés sur une feuille simple, beaucoup trop grande et trop coûteuse à remplacer. H proposa de faire les nouveaux plus petits et plus solides. Les commissaires furent entendus et déclarèrent que les timbres secs, les frais d'impression et de carton et le salaire du personnel qui serait employé à la fabrication des nou- veaux billets de confiance pourraient s'élever à livres. Le Conseil, considérant que l'émission de livres était sur le point d*être épuisée, décide qu'il en sera mis en circulation pour une somme égale en remplacement des anciens billets. Le nombre de ceux de 3 livres restera le même. Il sera créé des billets de 15 sols, en nombre double de ceux de 30 sols déjà émis, et des billets de 10 sols, en nombre double de ceux de 20 sols. Ils seront imprimés sur des car- tons de la grandeur d'une carte à jouer. Ils porteront un quatrième ; Bellanger-Hardy, Bardoul et Vîot pour la cinquième ; Chavéy Festin et Mohan pour la sixième. ^ Registre *derDétibératioDS» t° 128. Digitized by Google 208 RSVI7B DE l' ANJOU timbre sec et une griffe avec paraphe. Ils seront, en outre, différenciés du côté de l'écriture par les trois couleurs de la nation. Ceux de 3 livres seront blancs, ceux de 15 sols rouges et ceux de 10 sols bleus \ La Commission d'administration est autorisée à traiter avec les artistes pour faire faire les timbres. Le 10 février, c'est le Tribunal de commerce qui se joint aux négociants pour demander que la nouvelle émission soit portée au double de la première, c'est-à-dif e à livres, ce qui est accepté par le Conseil général de la commune; mais le Département ne voulut l'autoriser que pour Uvres'. Le 24 du même mois, le Conseil nomme trente-deux com- missaires chargés de surveiller la confection des billets de confiance, pour qu'il n'en soit pas détourné. Ceux-ci se relèveront les uns et les autres auprès des ouvriers, dont ils surveilleront le travail pendant toute la journée. L'Assemblée Législative ayant ordonné la fabrication de petits assignats de 5 livres, la Municipalité d'Angers décide, le 24 mars, que, pour éviter toute confusion, les billets de* 3 livres émis par elle seront de couleur jaune . Le registre destiné à recevoir les encaissements de coupons de la première émission et leur sortie constate qu'il avait été mis en circulation, au 23 mars 1792, coupons d'assi- gnats, représentant un capital de livres 10 sols. Un premier compte arrêté le 28 février s'élève à et un second concerne une émission supplémentaire de livres '. ' Registre des Délibérations, t. II, f^s 151 et 152. • Registre des Délibérations, t. II, fo» 156, 162 et 173. ^ Ces comptes contiennent une erreur d'addition facile à rétablir d'après le nombre des coupons émis s'élevant à coupons de 3 livres constituant un capital de. • coupons de 30 sols — — coupons de 20 sols — — Au total • Digitized by Google NOTES SUR LES BILLBTS DB OONnANGB 209 Le nouveau registre destiné à recevoir les comptes da trésorier pour la seconde émission est contresigné par le maire, M. Pilastre, le 26 mars 1792 ^ Les billets de confiance, nom qu'ils portaient dans toutes les villes où il en avait été émis, furent mis en circulation le 1 avril, par séries de portant pour marque distinctive une lettre de l'alphabet. Les coupons de la première émission seront échangea contre des assignats nationaux seulement. Le 16 mai, trois commissaires sont nommés pour vérifier les coupons de première émission qui seront rentrés et s'entendre avec les autres corps administratifs pour fixer le jour où ils seront brûlés. Ce même jour, le Conseil décide que l'on demandera au Département l'autorisation de porter à livres le total de la nouvelle émission, le chiffre de livres étant reconnu insufiisant poiu* les besoins de la ville. Le Département y ayant consenti, on constate, le 30 mai, qu'on a déjà délivré des billets de confiance pour livres 10 sols et on décide qu'il en sera fabriqué un nombre suffisant pour porter l'émission à livres. Ces billets n'avaient pas cours seulement dans la ville où ils avaient été émis. Ils circulaient aussi dans les communes et les districts du département, ou même étaient portés dans les départements voisins. Une entente intervint donc entre les villes où l'on avait eu recours à ces billets pour les admettre réciproquement dans leurs caisses et les échanger ensuite quand on en aurait réuni un certain nombra Le 14 juillet, le maire communique un procès- verbal du District constatant que les commissaires désignés par lui ont vérifié la caisse patriotique le 8 de ce mois. Les livres 15 sols de coupons émis sont bien représentées par une somme égale en gros assignats. Un second procès-verbal du Registres des Délibérations, t II, f» 175, 184 et 181. Digitized by Google 210 REVUE DE l' ANJOU 13 attestait qu'il avait été brûlé publiquement ledit jour pour livres de coupons de la première émission. Le 19 juillet, l'émission est presque épuisée ; on décide qu'il n'en sera plus délivré que deux jours par semaine et que l'après-midi de ces deux jours sera consacrée à recevoir les billets de première émission qui seraient rapportés à la caisse \ Le Département s'étant fait remettre des billets de confiance destinés au paiement du prêt des . volontaires réunis à Angers pour l'organisation d'un deuxième bataillon, jusqu'à concurrence de livres, bien que le total de l'émission fixée par son arrêté du 24 mai précédent fût déjà atteint et se trouvât ainsi dépassé par cette remise, le Maire en informe, le 14 août, le Conseil de la commune, qui décide que le Département sera prié d'autoriser la fabrication de nouveaux coupons pour une somme de livres, savoir en billets de 3 livres, 15 et 10 sols, et par moitié en billets de 2 et 3 sols, ce qui porterait le total de l'émission à un million. MM. Tessié, Bardoul et Pierre Bellanger sont chargés de prendre des renseignements et de rechercher quelle forme il conviendrait d'adopter pour les nouveaux bons. Un membre de l'Assemblée fit connaître que le succès obtenu par les billets émis par la Municipalité avaient excité la concurrence. Des citoyens s'étaient permis de faire imprimer et distribuer pour leurs affaires particulières des bons de 2 sols ou de 6 liards qui avaient à peu près la forme de ceux émis par la ville. Ces émissions pouvant devenir dangereuses pour les personnes qui ne savaient pas lire, il demandait qu'elles fussent interdites. Le Conseil remit la délibération à une prochaine séance, pour avoir le temps d'examiner la loi. Le lendemaiiî, l'Assemblée décide que les billets de 2 et 30. ' Déjà au mois d'août 1792 le Tribunal criminel du département avait condamné un sieur Quérin René à 6 ans de fers et sa femme Marie Patarin à 6 ans de réclusion, pour fabrication et distribution de billets de confiance de la ville d'Angers. Leur fille, Marie Quérin, est acquittée {Affiches Vous exigez la preuve du paiement de la rétribution par les élèves qui l'acquittent au l'Économe m'a dit de mettre simplement les mots pour mémoire » vis-à-vis le nom de l'élève qui suit les cours du collège. M. Le Bas m'en a dit autant. D'ailleurs, mon dernier état a été arrêté avec cette forme ; 4 Quant à l'état supplémentaire sur lequel vous revenez, je croyais que c'était une question terminée entre nous dans la conférence que nous avons eue ensemble le 22 ou le 23 janvier dernier. L'effectif de mes élèves se mon- tait, le 20 novembre dernier, au nombre de seize, y compris cinq qui suivaient les cours du collège. Le même jour, comme je ne connaissais point la marche administrative de l'Académie, j'acquittai le vingtième de ces écoliers entre les Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A ANGERS 231 mains de l'économe du collège avant d'avoir reçu avis de vous que mon état était arrêté par le Conseil académique. Je reçus cet avis le 20 décembre. Du 20 novembre au 1' jan- vier, il ne m'est point venu de nouveaux élèves, excepté quelques-uns qui sont entrés vers les derniers jours de décembre et que j'ai cru ne devoir porter qu'à partir du 1^ janvier, de manière que quand vous vîntes inspecter ma classe, le 15 ou le 16 janvier, tous les élèves dontM. Fourcas prit les noms étaient entrés chez moi depuis quinze jours ou trois semaines, sauf les seize pour lesquels j'avais payé deux mois à partir du l*" novembre. C'est une explication que j'ai eu l'honneur de vous donner chez vous le 23 janvier et dont vous vous êtes contenté, en me disant que je n'avais qu'à fournir seulement, pour le trimestre de janvier, l'état des vingt-neuf écoliers trouvés présents et des trois qui avaient disparu, indépendamment de ceux qui pourraient entrer. Je remplis donc vos ordres en vous envoyant mon état qui comprend 1° trente-deux élèves, dont deux au collège, savoir Victor Gaschet et Roussel ; 2^ cinq autres également au collège et, 3^ deux nouveaux entrés l'un le 1er février et l'autre le l*" mars ; en tout, trente-neuf; et, comme sept doivent être déduits de ce nombre parce qu'ils ont payé le vingtième au collège, je suis redevable pour trente-deux sur le premier trimestre de cette année. Si j'ai commis quelques irrégularités, elles ont été bien involontaires et l'ignorance des formes, l'incertitude de mon sort en ont seules été la cause. Depuis onze ans que je suis de retour ici, mon pays natal, je n'ai éprouvé que des malheurs. Tout le monde sait que mon école n'a jamais été composée que de douze à quinze élèves, et ce n'est que depuis le mois de janvier der- nier que j'en ai un peu plus. Mais si vous exigiez absolument que ceux au-dessus de l'âge de dix ans suivissent les cours du collège royal, ma ruine serait consommée sans aucun profit pour l'Université, sans utiUté pour les élèves. D'abord Digitized by Google 232 lUCVUS DB l' ANJOU les parents» dont la plupart n'ont pas le moyen de payer dans deux endroits à la fois, se voyant forcés d'envoyer au collège leurs enfants, dont la majeure partie n'est pas même ébau- chée, les garderaient chez eux et feraient venir des maîtres particuliers. En second heu, l'émulation disparaissant par là même, la bonté des études serait sacrifiée ; Je n'ignore point que les règlements existent, mais on ne peut disconvenir aussi que les recteurs ne soient plutôt des modérateurs chargés d'adoucir l'exécution de ces règle- ments, de les modifier par rapport aux localités, aux habi- tudes, que des agents inflexibles de l'autorité ; que l'Univer- sité toute paternelle et libérale par elle-même ne ressemble en rien aux autres administrations qui, par leur nature et par leur objet, sont obligées d'être sévères et quelquefois rigou- reuses. Que l'Université exige-t-elle de ses membres ? Des mœurs, du zèle et une bonne doctrine. Je pense qu'on n'a rien à me reprocher dans aucun de ces trois points essentiels et l'on ne peut me refuser la justice de reconnaître que j'ai eu quelques succès dans l'enseignement. Mon école n'est composée que d'externes, espèce d'éco- liers très mobiles, qu'on a aujourd'hui et qu'on perd demain et qui appartiennent généralement à la classe peu aisée. Pour les conserver, j'ai été obligé de me désintéresser consi- dérablement ; j'ai pris pour mon propre compte une partie du vingtième ; j'ai eu de plus à payer mon diplôme annuel et tout cela m'a cruellement gêné. Si à de tels sacrifices déjà si pénibles pour moi, qui n'ai nulle propriété, nulle réserve, qui vis au jour le jour, vous me forciez d'y ajouter celui de conduire mes élèves au collège, alors vous me mettriez dans l'impossibilité de payer les droits universitaires et vous me réduiriez, en même temps, à la plus profonde misère, au désespoir. Voilà quelle serait la récompense de vingt-sept ans de travaux dans l'enseignement. ce Mais non, il n'en sera pas ainsi, parce que l'honneur, la délicatesse, l'humanité, la justice, qui sont encore plus Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A ANGERS 233 que les lois, vous empêcheront de me porter le coup de la mort. Qui pourrait être jaloux ici de mon chétif établissement Serait-ce le collège royal ! Eh ! s'il n'attendait son existence que de ma suppression, il serait par trop à plaindre. Craint-il que je ne m'élève ? Avant que cette crainte puisse se réaliser il y a tout lieu de croire que nous aurons un bon système d'instruction publique qui fera une part fixe et invariable à chacun, et sans doute que la sienne ne sera pas la moindre. La modique concession que je demande ne saurait léser personne, pas même M. Hourmann, mon confrère, qui a plus de besogne qu'il n'en peut faire, qui, d'ailleurs, paraît encore plus tenir aux établissements où il va donner des leçons qu'à sa propre pension. Et, d'un autre côté, je croirais avoir plus de droits que personne à cette concession. Il y a dix ans que l'Université actuelle m'a honoré du grade de licencié es lettres, grade qui me donnait tacitement alors le droit de faire chez moi toutes les classes. Depuis elle décida que les institutions et pensions conduiraient leurs élèves aux lycées à partir de la 4 et de la 5; puis, quelque temps après, qu'elles ne pourraient que répéter les écoliers de ces mêmes lycées. De cette manière, la loi frappa sur moi avec une force rétroactive et, par conséquent je me trouvai victime d'une grande injustice. Il est vrai qu'alors on n'y regardait pas de si près et un individu très obscur, ruiné, était moins que rien. Mais aujourd'hui que nous avons des institutions plus libérales, aujourd'hui que nous sommes sous l'empire de la Charte, je pense que je puis, sans être importun, réclamer, sinon un droit, du moins une concession qui ne nuit à personne, une concession juste, et je la réclame auprès d'un des principaux fonctionnaires du corps respectable qui s'est toujours dis- tingué, même dans les temps les plus difficiles, par sa modé- ration, ses idées nobles et sa haute délicatesse. Je la réclame dans un moment où des rivaux encore puissants sont tou- Digitized by Google 234 REVUE DE L* ANJOU jours en observation pour tâcher de trouver matière à quelque nouveau chef d'accusation contre l'Université, afin de s'en emparer eux-mêmes, s'ils peuvent ; je la réclame enfin dans un moment où la misère est à son comble et se fait plus particulièrement sentir à de malheureux instituteurs qui, comme moi, ont bien de la peine à vivre. Je vous prie, Monsieur le Recteur, de peser dans votre justice toutes les considérations que je viens d'établir à l'appui de ma demande. Je vous en ai souvent entretenu verbalement. Votre silence me convainquait que vous en sentiez toute la force et, quand vous ouvriez la bouche pour me répondre, vous m'opposiez les règlements qui, disiez- vous, remontaient à Henri IV. Règlements, en effet, bons pour le temps qui n'était pas très constitutionnel et où la liberté d'écrire n'existait pas ; règlement encore suppor- table, parce qu'alors les collèges ne prenaient rien aux élèves qu'on y conduisait ; règlements, d'ailleurs, qui n'étaient pas en vigueur partout, témoin Angers, où jamais les maîtres de pension n'ont été forcés, avant la Révolution, d'envoyer leurs écoliers au collège ; et cette habitude s'était tellement enracinée qu'elle n'a pu sortir et ne sortira jamais de l'esprit des Angevins ; de manière que tout maître qui voudra spéculer sur les répétitions d'ici sera sûr de mourir de faim, surtout si l'on continue d'exiger une trop forte rétri- bution pour le collège. D'après tous ces motifs, je vous prie en grâce. Monsieur le Recteur, de me dispenser d'envoyer mes élèves au collège royal et de me laisser au moins finir l'année dans l'état où je suis, pour me donner le temps d'améliorer un peu ma situa- tion. J'ai l'honneur. . . Louis. » Je me recommande toujours à vous pour la fin de l'année ; s'il se trouve quelque collège à prendre, je vous prie de penser à moi. » Digitized by Google ÉCOLES LIBRES LAÏQUES A ANGERS 235 A cet intéressant et lamentable tableau, le recteur répond ; ;\ . . a 19 mar5 1818. Monsieur, j'ai reçu avec votre lettre en date d'hier Tétat de vos élèves pour le premier trimestre 1818. Il est actuellement en règle et si, comme j'ai lieu de l'espérer, vous continuez à le fournir avec la même régularité, vous ne serez plus exposé à recevoir des reproches à cet égard. L'explication contenue dans votre lettre sur l'état sup- plémentaire que je demandais pour le premier trimestre m'a paru satisfaisante et je n'exigerai dans ce rapport rien de plus que ce que vous avez fourni. Quant à l'obligation qui vous est imposée d'envoyer aux cours du collège royal tous ceux de vos élèves qui sont âgés de plus de dix ans, j'aurais pu. Monsieur, exiger que vous vous y soumissiez avec une plus grande rigueur que je ne l'ai fait jusqu'à présent et, si je n'avais considéré que votre établissement ne fait en quelque sorte que commencer, je ne me serais par cru permis d'avoir pour vous de pareils ménagements. L'intérêt de l'éducation, celui des parents eux-mêmes exigent la stricte exécution de cette utile mesure et, si je consens pour le moment à une espèce de composi- tion avec vous, ne perdez point de vue qu'elle ne saurait être de longue durée et que je manquerais essentiellement à mon devoir en vous accordant une latitude plus grande. Je consens cependant à ce que d'ici la fin de l'année classique ceux dç vos élèves actuels qui ne suivent pas les cours du collège royal soient dispensés de cette obligation ; mais je mets pour condition expresse à ce consentement que vous n'admettiez dans votre étabhssement aucun élève qui aurait plus de dix ans et qui n'irait pas au collège royal. D'ailleurs la dispense que je prends sur moi de vous autoriser cessera de plein droit d'avoir son effet à la rentrée prochaine des Digitized by Google 236 REVUE DE l'aNJOU classes et vous serez tenu, à cette époque, de vous sou- mettre rigoureusement à Tobligation qui vous est imposée. Croyez, au reste. Monsieur, qu'il importe peu à l'Uni- versité d'être attaquée ou de ne l'être pas. Satisfaite de faire le bien, forte de sa conscience et de la confiance du Gouvernement, elle méprise de vaines clameurs. Elle exerce son autorité paternelle avec calme et avec la modération qui l'a toujours distinguée ; elle n'est sévère que pour être juste. Elle ne marche qu'appuyée sur les lois ; et si, quelque- fois, elle a cru pouvoir s'en écarter un instant, ce n'était que pour en tempérer la rigueur. N'oubliez point que le gouver- nement constitutionnel est celui où l'empire des lois est le plus assuré et que, si la liberté d'écrire est un des droits qu'il garantit, il la considère comme un délit quand elle dégénère en licence. Le Conseil académique a fixé, dans sa séance de ce jour, la rétribution due par vos élèves, pour le premier trimestre de 1818 à 120 francs, à raison de vingt-neuf élèves pendant le trimestre entier, un pendant un mois Bt un pendant deux mois. J'ai, en conséquence, tiré sur vous une traite, à l'ordre de M. l'Économe du collège royal, de pareille somme, payable le 20 avril prochain. Votre compte en sera crédité lorsque j'aurai reçu avis de l'encaissement. Recevez ... Le Recteur, . » Autre lettre du même le 4 février 1819 Vous avez persisté. Monsieur, dans votre résistance aux ordres que je vous ai plusieurs fois transmis et vous vous êtes constamment dispensé d'envoyer vos élèves aux classes du collège royal, conformément
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Retrouvez toutes les coordonnées et informations utiles de ce professionnel dans l'annuaire Youfindme.fr. Accueil ; Favoris Annuaire inversé Inscrire mon entreprise Connexion Accueil Favoris Annuaire inversé Inscrire mon entreprise Connexion; ×. Envoyer un message à la société Château De La Mariage Réception Domaine mariage Pays de la Loire Maine et Loire Le Pin-en-Mauges La Jousselinière Avis de La Jousselinière La Jousselinière Le Pin-en-Mauges, Maine et Loire Note globale sur 5, 5 avis Plus d'informations 5 avis 71% des mariés le recommandent Qualité du service Note globale sur 5 Temps de réponse Note globale sur 5 Professionnalisme Note globale sur 5 Rapport qualité/prix Note globale sur 5 Flexibilité Note globale 3 sur 5 Labels 5 Photos des utilisateurs Alexia Mariée le 15/06/2019 Qualité du service Note globale sur 5 Temps de réponse Note globale sur 5 Professionnalisme Note globale sur 5 Rapport qualité/prix Note globale sur 5 Flexibilité Note globale sur 5 Un lieu d'exception Ce lieu a répondu à 100% de nos attentes espaces pour notre cérémonie laïque, le cocktail, le dîner, la soirée, les fumeurs et pour dormir. Tout a été parfait. Le vendredi après-midi a été juste en terme de temps pour tout mettre en place, mais avec nos nombreux amis nous avons tenu le coup. M. Frouin est sympathique et très professionnel. Nous avons vécu un mariage de rêve ! Envoyé le 18/06/2019 Jess J. Mariée le 29/09/2018 Qualité du service Note globale sur 5 Temps de réponse Note globale sur 5 Professionnalisme Note globale sur 5 Rapport qualité/prix Note globale sur 5 Flexibilité Note globale sur 5 Magnifique domaine Nous nous sommes mariés le 29 septembre 2018 au domaine de la Jousselinière où nous avons célébré une cérémonie laïque et le repas. Les extérieurs sont splendides et ont ravi nos invités. Le lieu possède plusieurs espaces et est adapté pour que les enfants puissent jouer en toute tranquillité. Le propriétaire est serviable et discret mais rigide concernant les horaires remise des clés. Les nombreux gîtes à disposition sont appréciables même si la propreté est perfectible. Un bémol cependant le propriétaire nous avait averti d'une visite de la salle le samedi matin durant notre installation mais il y avait en fait 3 couples à visiter, laissant la salle et la décoration déjà installée sans surveillance le bar à bonbons a eu du succès auprès des enfants des visiteurs. Envoyé le 27/11/2018 Sophie Mariée le 25/08/2018 Qualité du service Note globale sur 5 Temps de réponse Note globale sur 5 Professionnalisme Note globale sur 5 Rapport qualité/prix Note globale sur 5 Flexibilité Note globale sur 5 Très beau domaine Très beau domaine, très agréable, plusieurs espaces, parfait pour la réception d'un mariage. Le propriétaire est aimable et discret, mais assez stricte si l'on réserve le domaine pour le week-end, nous pouvons préparer la salle le vendredi après midi, mais le timing est serré. Impossible de récupérer les clefs des gîtes le vendredi, il faut donc missionner quelqu'un le samedi pour ce faire, ce qui n'est pas des plus confortables. Le propriétaire vivant sur place, le bruit près des chambres d'hôtes est très mal accueilli... Envoyé le 30/10/2018 Réponse de La Jousselinière Nous ne sommes nullement gênés par le bruit de la musique, nous l'indiquons à chaque occasion aux mariés et invités. Les avis vous ont-ils convaincus ? Envoyez un message Elodie Mariée le 08/07/2017 Qualité du service Note globale sur 5 Temps de réponse Note globale sur 5 Professionnalisme Note globale sur 5 Rapport qualité/prix Note globale sur 5 Flexibilité Note globale sur 5 Nous avons choisi le Domaine de la Jousselinière pour notre mariage, un lieu magnifique plein de verdure. Le vin d'honneur est en extérieur, donnant sur le parc, avec possibilité d'y mettre des barnums. En cas de pluie, une autre salle peut être mise à disposition, c'est toujours bien d'avoir un plan B ! La salle de réception est spacieuse, avec des tables rondes et de jolies chaises. Nous avons pu y installer notre centaine d'invités sur la moitié et conservez l'autre partie de la salle pour la piste de danse. Nous y avons fait la fête jusqu'au petit matin ! Gites et Chambres d'hôtes ont accueilli nos invités et nous sommes restés sur place pour le retour du dimanche. Au final, un lieu qui a comblé nos attentes à 100%, avec en prime des propriétaires serviables et discrets. Envoyé le 26/07/2017 K-Ro Mariée le 30/05/2014 Qualité du service Note globale sur 5 Temps de réponse Note globale sur 5 Professionnalisme Note globale sur 5 Rapport qualité/prix Note globale sur 5 Flexibilité Note globale sur 5 Nous avons organisé notre réception au domaine de La Jousselinière, au Pin en Mauges 49. C'est un nouveau lieu de réception dans la région et nous avons été le premier mariage dans les lieux. C'est un endroit magique, convivial et chaleureux. Nous avons pu faire le vin d'honneur en plein air dans les jardins, puis le dîner dans la salle flambant neuve. Il y a beaucoup d'espace, nous avons pu y faire des photos magnifiques, il y a un jardin clos pour que les enfants puissent s'amuser dehors en toute sécurité, un espace bébé pour que les tous petits puissent dormir un peu à l'écart de la musique, des chambres d'hôtes, des gîtes et certains de nos invités ont même pu planter la tente sur place. Les propriétaires sont très gentils et prévenants. Nous avons même pu faire le retour de noces sur place le lendemain. Envoyé le 30/06/2014 9i9U5M.
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