DĂ©marchecrĂ©ative sur l'environnement de la chanson et de la poĂ©sie. lundi 29 dĂ©cembre 2014. Femme Ă  Cuba. Si vous n'arrivez pas Ă  lire cette vidĂ©o, cliquez sur ce lien. Mes yeux perchĂ©s sur tes soleils, J’entends ta voix, ton cƓur chantĂ© Femme de Cuba, femme du rĂ©veil Tes mots, ta joie, tes libertĂ©s. De Santiago Ă  La Havane, Ondule tes
12 janvier 2007 5 12 /01 /janvier /2007 1805 Commentaire des chansons La plupart des chansons marquĂ©es en gras sont visibles dans cette rubrique et sont accompagnĂ©es des partitions que vous pouvez tĂ©lĂ©charger gratuitement. 1. En Lorraine, il y a de vastes vergers. Les arbres de ces vergers regorgent de fruits dorĂ©s comme des soleils. La prune reine de Lorraine c’est la mirabelle ».2. Les mariniers, les Ă©clusiers ! Cela me rappelle mes trĂšs jeunes annĂ©es, lorsque je travaillais aux Ă©cluses dans la vallĂ©e de Cayenne » entre Messein et RichardmĂ©nil. C’était pendant les vacances scolaires, je remplaçais les Ă©clusiers en congĂ©s. Le reste de l’annĂ©e, j’apprenais le mĂ©tier de marinier dans un LycĂ©e professionnel. Mes premiers pas dans le mĂ©tier, m’ont menĂ©s non pas sur un plat-bord, mais sur le bajoyer d’une Ă©cluse. J’étais novice Ă  l’écluse ».3. A bien observer les capitaines, leurs gestes au quotidien ne sont pas trĂšs variĂ©s. PlutĂŽt rĂ©pĂ©titifs, limitĂ©s et restreins. En effet, tenant d’une main le macaron », et de l’autre le litron, car en pĂ©niche, on ne risque pas de faire des excĂšs de vitesse, de griller un stop 
chanson des capitaines.4. Puis je me suis embarquĂ©. Et lĂ , j’ai connu la vie Ă  bord et le travail du matelot. Je devrais dire l’art du matelotage. Car le matelot doit savoir tout faire Ă  bord et ce, de l’étrave Ă  l’étambot ».chanson du matelot.5. J’ai dĂ©couvert les charmes de la vie Ă  bord, des chemins de l’eau, et des paysages des abords des riviĂšres, mais aussi la duretĂ© de ce mĂ©tier et les conditions de travail des garçons des riviĂšres ».6. Les gens d’à terre » nous voyant passer, s’imaginent que notre vie se rĂ©sume Ă  se laisser glisser en douce sans rien faire sur canaux et riviĂšres. Mais dans nos pĂ©niches », Mesdames, Messieurs
7. Une chanson des mariniers de Loire dit y a pas de gens plus drĂŽles que sont les mariniers »  Les bateaux attirent les belles dames. Reste Ă  les faire monter Ă  bord, pour cela, il vaut mieux s’y prendre gaiement que timidement, comme dans la chanson Gaiement marinier ».8. Il s’en passe des choses sur les riviĂšres et leurs abords ! Sur les chemins de halage, les promeneuses Ă©chappaient rarement Ă  la vigilance et l’intĂ©rĂȘt des mariniers qui les voyait dĂ©jĂ  Ă  leur bord, au fil de l’eau ».9. Pour le plaisir des sens, il y a la bonne cuisine et la bonne cuisiniĂšre. En mer, on fait la moule mariniĂšre, en riviĂšre, on fait l’amour mariniĂšre ».10. Les annĂ©es ont passĂ©es, la batellerie a changĂ©e, s’est transformĂ©e, s’est adaptĂ©e et ce qui Ă©tait, n’est plus. Voici de mĂ©moire de mariniers Le temps de la batellerie ».11. Alors j’ai dĂ©barquĂ© pour faire musicien. "Scottish" 12 “ Sur le canal de l’Est ” c’est plus comme Le long de la riviĂšre », j’ai rencontré 14. Sur les bord de l’üle, sur les bords de l’eau J’ai un bateau ».15. AprĂšs une escale de plusieurs annĂ©es, je suis retournĂ© Ă  bord. Cela a commencĂ© avec une chanson intitulĂ©e HĂ© ho ! du bateau ! »16. C’est bien d’avoir un bateau. Encore faut il qu’il soit en Ă©tat, et non sujet aux avaries » . Pour parer Ă  ce flĂ©au, il faut possĂ©der un bon batardeau ou, avoir de la couenne de Beaucoup de familles mariniĂšres ont dĂ©barquĂ©es, pour d’autres, les hommes sont restĂ©s Ă  bord laissant femmes et enfants Ă  terre. A leur retour, ils avaient toujours Grand soif ».18. Puis vint le moment du dĂ©part. Je passerai la riviĂšre ».19. Sur un bateau on ne fait pas semblant, il ne faut pas avoir les pieds dans le mĂȘme sabots ou entretenir son poil dans la main car Quand on est marinier » on l’est pas pour de faux !20. Le refrain de la chanson suivante commence par Sur le quai du port Ste-Catherine », alors que les scĂšnes Ă©voquĂ©es se dĂ©roulent sur le quai voisin le quai St-Georges . L’exigence de l’écriture en a dĂ©cidĂ©e autrement afin de faciliter la rime. Oyez donc !21. En vous promenant sur le quai St-Georges, vous pourrez peut-ĂȘtre y rencontrer un personnage qui vous dira Bonjour, moi c’est Gillou ! Alors ! Vous le trouvez comment mon bateau ? ou bien il est pas beau mon bateau ?!? » C’est sĂ»r qu’il est beau car le gars a bien travaillĂ© pour l’amĂ©nager et le restaurer. Il peut donc en ĂȘtre fier et chanter Mon bateau c’est "l’Alicante" pour moi c’est la plus charmante »  Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 28 dĂ©cembre 2006 4 28 /12 /dĂ©cembre /2006 1645 Oh hisse ! Cap’tain’ Monfils. Oh hisse ! Cap’tain’ Monfils. Oh hisse ! Cap’tain’ Monfils Bienv’nu Ă  bord, Cap’ain’ Victor. bis Oh hisse ! Cap’tain’ MonfilsQuittons le port, Cap’ain’ Victor. bis Oh hisse ! Cap’tain’ MonfilsHors du corps mort...Vir’ Ă  tribord
Met l’cap au Nord
Souquez plus fort
Dedans, dehors
Point de remords
Cachons l’ trĂ©sor
On roule sur l’or
On est d’accord
L’or nous dĂ©vore
Cent mille sabords
Le vent nous mord
Coquin de sort
Quand est-ce qu’on dort ?
Chantons encore
On vous adore, Cap’ain’ Victor. Toutes les chansons et musiques de ma composition sont protĂ©gĂ©es. Vous pouvez les tĂ©lĂ©chargĂ©es, les interprĂ©tĂ©es, les rĂ©arangĂ©es, les jouĂ©es, les recommandĂ©es mais en aucun cas, vous en attribuer la paternitĂ© Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 22 dĂ©cembre 2006 5 22 /12 /dĂ©cembre /2006 1559 La femme du capitaine La femme du capitaine Le seul maĂźtre Ă  bord, c’est le capitaine ! sauf quand sa femme est lĂ . Adaptation d'une chanson du rĂ©pertoire traditionnel . Quand ma femm’ lav’ le bateau, mon mat’lot lui tient le seau. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord, je tiens la barre coquin de sort. Quand ma femm’ va-t-amarrer, mon mat’lot est Ă  cĂŽtĂ©. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord, j’occupe les gosses coquin de sort. Quand ma femm’ sonne le dĂźner, mon mat’lot est attablĂ©. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord, j’met les assiettes coquin de sort. Quand ma femm’ se sert du vin, mon mat’lot en est d’jĂ  plein. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord, j’suis Ă  la flotte coquin de sort. Quand ma femm’ mange ses p’tits pois, mon mat’lot en prend deux fois. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord, j’lĂšche la casserole coquin de sort. Quand ma femm’ prend son dessert, mon mat’lot lui s’en ressert. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord, j’fais la vaisselle coquin de sort. Quand ma femm’ a d’la paresse, mon mat’lot la pousse aux fesses. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord, j’astique les cuivres coquin de sort. Quand ma femm’ va prendr’ son bain, mon mat’lot aussi prend l’sien. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord,j’suis dans les chiottes coquin de sort. Quand ma femm’ se met au lit, mon mat’lot s’y met aussi. Et moi l’Cap’taine, le maĂźtre Ă  bord, j’tiens la chandelle coquin de sort. Toutes les chansons et musiques de ma composition sont protĂ©gĂ©es. Vous pouvez les tĂ©lĂ©chargĂ©es, les interprĂ©tĂ©es, les rĂ©arangĂ©es, les jouĂ©es, les recommandĂ©es mais en aucun cas, vous en attribuer la paternitĂ© Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 1346 Dans la barque Ă  Dujonc Dans la barque Ă  Dujonc. BourrĂ©e 3 temps Paroles et musique Rohan Dans la barqu’à Dujonc, l’on y rame, l’on y la barqu’à Dujonc l’on y rame z’à reculons. bisL’on y rame, l’on y rame, dans an la-a barqu’à Dujonc. L’on y rame, l’on y rame, l’on y ra-a-me z’ Ă  reculons. Dans la barqu’à Dujonc, il y a cannes, z’il y a la barqu’à Dujonc, il y a cann’ z’et Hameçons. bisIl y a cannes, z’il y a cannes, dans an la-a barqu’à Dujonc. Il y a cannes, z’il y a cannes, il y a cann’ z’ et Hameçons. Dans la barqu’à Dujonc, l’on appĂąte, l’on la barqu’à Dujonc, l’on appĂąte le gardon. bisL’on appĂąte, l’on appĂąte, dans an la-a barqu’à appĂąte, l’on appĂąte, l’on appĂą-Ăąte le gardon. Dans la barqu’à Dujonc, l’on y ferre, l’on y la barqu’à Dujonc, l’on y ferre le goujon. bisL’on y ferre, l’on y ferre, dans an la-a barqu’à y ferre, l’on y ferre, l’on y fe-erre le goujon. Dans la barqu’à Dujonc, l’on Ă©caille, l’on la barqu’à Dujonc, l’on Ă©ca-aille le poisson. bisL’on Ă©caille, l’on Ă©caille, dans an la-a barqu’à Ă©caille, l’on Ă©caille, l’on Ă©ca-aille le poisson. Dans la barqu’à Dujonc, l’on y chante, l’on y la barqu’à Dujonc, l’on y chante z’ Ă  pleins poumons. bisL’on y chante, l’on y chante, dans an la-a barqu’à Dujonc. L’on y chante, l’on y chante, l’on y chant’ z’ Ă  pleins poumons. Toutes les chansons et musiques de ma composition sont protĂ©gĂ©es. Vous pouvez les tĂ©lĂ©chargĂ©es, les interprĂ©tĂ©es, les rĂ©arangĂ©es, les jouĂ©es, les recommandĂ©es mais en aucun cas, vous en attribuer la paternitĂ© Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 25 octobre 2006 3 25 /10 /octobre /2006 1619 Le temps de la batellerie Le temps de la batellerie partoche Il est rĂ©volu le temps oĂč les hommes tiraient les chalandsle sang aux pieds, le dos courbĂ©, meurtris Ă  force de tirer. Sur les chemin de halage, habillĂ©s de leur attelagesont arrivĂ©s les chevaux, pour faire avancer les bateaux. La voile ou la godille sont encore sur les embarcationsavant la mĂ©canisation des moyens de propulsions. La vapeur a eu ses heures de gloire, de liesse et de malheursce fut une rĂ©volution, vive l'industrialisation. Et puis c'est au tour du diesel de donner aux bateaux des ailes,des hĂ©lices surpuissantes, robustes et endurantes. La voile ou la godille ont disparuent des embarcations,avec la mĂ©canisation des moyens de propulsions. Enfin arrive le GPL, au temps venu du logiciel,la navigation c'est fini, les chargements roulent en semi. L'Ă©clusier est congĂ©diĂ©, l'Ă©cluse est automatisĂ©e,le fret est sur la voie fĂ©rrĂ©e, le marinier va chĂŽmer. La clartĂ© des eaux d'antan fait place aux rejets polluantsqui gangrĂšnent les canaux les fleuves les riviĂšres les ruisseaux. Ainsi fini la profession des gens de la navigation,on dit " c'est ça l'Ă©volution " et vive la modernisation. Toutes les chansons et musiques de ma composition sont protĂ©gĂ©es. Vous pouvez les tĂ©lĂ©chargĂ©es, les interprĂ©tĂ©es, les rĂ©arangĂ©es, les jouĂ©es, les recommandĂ©es mais en aucun cas, vous en attribuer la paternitĂ© Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 12 octobre 2006 4 12 /10 /octobre /2006 1451 Le passeur du printemps Le passeur du printemps La Marge / Margot, soyez la bienvenue, je n’avais personne Ă  passerLa brise enfin est revenue nous pouvons dĂ©s lors traverser. Appuyez-vous sur moi ma blonde, nous en avons pour un instant,Ne craignez point le flux de l’onde tout ira bien l’amour aidant. Refrain Venez Margot dans ma nacelle, ma voile s’enfle au grĂ© des vents,au grĂ© des vents. Allons tous deux ma toute belle, l’amour attend, l’amour attend,l’amour appelle. Je suis le passeur du printemps, du printemps. J’ai cassĂ© ma rame mignonne, pour vous passer plus mollement,Sur l’eau ma barque s’abandonne, le vent souffle plus fortement. Ciel, dit Margot, quelle imprudence, qu’avez-vous fait passeur ?J’ai peur ! Il me faut une rĂ©compense pour accoster dit le passeur. Refrain 
 Le canot en pleine dĂ©rive, s’en allait au grĂ© du entendait sur l’autre rive, comme un faible Ă©cho babillard. De doux baisers de lĂšvres franches, le bruit charmant se rĂ©pĂ©tait,Puis cachĂ©s tous deux sous les branches, dans un soupir le passeur disait 
 Refrain 
 Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 12 octobre 2006 4 12 /10 /octobre /2006 1215 La chanson qui dĂ©range La chanson qui dĂ©range Paroles et musique Rohan Histoire vrai ! Cette scĂšne s'est passĂ©e lors d'une fĂȘte nautique. Les hautes instances de VNF prĂ©sentes, Ă©taient invitĂ©es Ă  se pavoiser sur une petite vedette de plaisance. J'Ă©tais Ă  bord pour agrĂ©menter le voyage de chansons bateliĂšres. Tout allait bien jusqu'au moment oĂč j'ai chantĂ© un de mes titres "Le temps de la batellerie" dans lequel je dĂ©cris l'Ă©volution de la batellerie depuis le halage Ă  la bricole, jusqu'au dĂ©clin du transport sur les petits gabarits. La rĂ©flexion ne s'est pas faite attendre... " Vous ne devriez pas chanter cela "... "Contrairement Ă  ce que vous pensez alors que je ne fais que restitiuer des tĂ©moignages d'authentiques mariniers qui savent de quoi ils causent... le mĂ©tier se porte bien" alors que ma chanson n'Ă©voque pas le grand gabarit "D'ailleurs on embauche sur le RhĂŽne" j'vois pas l'rapport ! J'ai eu droit Ă  la leçon de morale, au recadrage, Ă  la dĂ©magogie,au discours prĂ©sidentiel de vitrine dont je me fous royalement etc... Quand il a fallu accoster pour ramener la vedette Ă  son lieu d'amarrage, ce fut une toute autre histoire. Le monsieur en question aprĂšs 3 essais ratĂ©s, nous a quand mĂȘme prĂ©cisĂ© que son permis ne datait pas d'hier... Il a fallu que ce soit un touriste sur le chemin, qui rĂ©ceptionne l'amarre pour haler le bateau jusqu'Ă  la berge. MoralitĂ© Ă  la fin de la chanson C’est Ă  bord d’une vedette de plaisancequ’embarqua ce monsieur de la capitaine cĂ©da sa place au macaron,et m’invita Ă  entonner une chanson. Monsieur le prĂ©sident des voies de France oĂč l’on naviguen’a pas apprĂ©ciĂ© ma chanson. Si j’avais quelque chose Ă  dire, je ne m’adresserais pas Ă  ceux qu’oncroit compĂ©tent, mais c’est bien pire de le chanter Ă  ceux qu’on de prĂ©sident, que le nom. Car contrairement Ă  ce que vous pensez » me dit-il, le transport par la voie d’eau n’est pas en baisse
On embauche sur le RhĂŽne » !!! le mĂ©tier se porte bien » ! Ma chanson, tout ce qu’elle dit, ça n’est pas moi qui le pense,la fin du petit gabarit et le chĂŽmage, je sais, ça chanson, emprunte des phrases que mon transmis les prĂ©sent, un hĂ©ritage, qu’ils m’ont chargĂ© de restituer. Mais Monsieur le prĂ©sident des voies de France oĂč l’on naviguen’a pas apprĂ©ciĂ© ma chanson. Si j’avais quelque chose Ă  dire... Ma chanson, c’est un tĂ©moignage de la vie des gens des voyages,de ceux qui ont sillonnĂ© les eaux, les fleuves, les riviĂšres, les chanson, elle parle du temps oĂč les hommes tiraient les chalands,de l’industrialisation et de son Ă©volution. Monsieur le prĂ©sident des voies de France oĂč l’on naviguen’a pas apprĂ©ciĂ© ma chanson. Si j’avais quelque chose Ă  dire... Ma chanson, c’est le miroir de tous les gens de ce terroir,de tous ceux qui ont naviguĂ© depuis qu’ils sont chanson Ă©veil les enfants Ă  c’qu’on n’leur apprend pas Ă  l’école,sur la vie des gens des chalands, le savoir-faire, le halage Ă  la bricole. Monsieur le prĂ©sident des voies de France oĂč l’on naviguen’a pas apprĂ©ciĂ© ma chanson. Si j’avais quelque chose Ă  dire... Ma chanson, c’est aussi un hommage au peuple des rives et des eaux,et se garde bien d’ fair’ du tapage avec c’ui qui sort d’un chanson elle vous dit m... ĂȘme, que si vous dĂ©sirez plus d’informations,adressez-vous Ă  ceux lĂ  mĂȘme qui connaissent la chanson. Monsieur le prĂ©sident des voies de France oĂč l’on naviguen’a pas apprĂ©ciĂ© ma chanson. Et quand on est prĂ©sident des voies de France oĂč l’on navigue,pour Ă©viter les commĂ©rages, on rĂ©ussi au moins son accostage. J'ajoute que, mĂȘme le grand gabarit est en difficultĂ© car fin 2005, je naviguais sur la Seine et j'entendais Ă  la phonie les mariniers qui se plaignaient du manque de diversitĂ© dans les chargements, la dĂ©localisation des entreprises riveraines, du coĂ»t des amĂ©nagements qu'ils doivent effectuer sur leur bateau pour s'adapter aux chargements etc... A ce propos voir l'article " Coup de gueule " dans le menu Ă  la rubrique les potins d'Ă  bord Toutes les chansons et musiques de ma composition sont protĂ©gĂ©es. Vous pouvez les tĂ©lĂ©chargĂ©es, les interprĂ©tĂ©es, les rĂ©arangĂ©es, les jouĂ©es, les recommandĂ©es mais en aucun cas, vous en attribuer la paternitĂ© Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 12 octobre 2006 4 12 /10 /octobre /2006 1151 Le parlĂ© des Chie_en_l'eau Le parlĂ© des chie-en-l’eau. Paroles Rohan Le parlĂ© des mariniers est si particulier qu’il peux prĂȘter Ă  rireLeur vocabulaire n’est pas trĂšs universitaire pour ce qu’ils ont Ă  direPas besoin d’érudition sur le plan donc ces expressions empruntĂ©es Ă  leur jargon. Mets ton nez derriĂšre ma fesse, Ă©tale ton ceint sur ma biteSurtout pas de maladresses marinier, quand tu t’agites ». Mets ton nez derriĂšre ma fesse, Ă©tale ton ceint sur ma biteQuel plaisir quand ton avant, tout Ă  mon arriĂšre s’invite ». Il y a longtemps les mariniers naviguaient des boĂźtes Ă  fumier »Pour loger Ăąnes et chevaux tout au milieu de leur espĂ©rer la fortune il faut bouffer de la lune » Faire brĂ»ler son matelas » car Ă  la veille » restera. Les haleurs dans le Berry, sont des ramasseurs de persil »Et bien qu’ils ne soient pas en deuil, sur l’eau promĂšne leur cercueil ».Pour dĂ©fricher le chemin, le haleur tenait dans sa mainCet engin appelĂ© braquemard », aussi connu sous le nom de goyard ». Si l’on pisse Ă  la peau du bord », c’est pour Ă©pargner les les gars des canaux sont surnommĂ©s les chie-en-l’eau ».A Dunkerque, les bateliers ne quittant jamais leur contrĂ©e, Par ce terme un peu familier, se sont fait appelĂ©s les becs-salĂ©s ». Toutes les chansons et musiques de ma composition sont protĂ©gĂ©es. Vous pouvez les tĂ©lĂ©chargĂ©es, les interprĂ©tĂ©es, les rĂ©arangĂ©es, les jouĂ©es, les recommandĂ©es mais en aucun cas, vous en attribuer la paternitĂ© Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 11 octobre 2006 3 11 /10 /octobre /2006 1222 Fanchon d'Arzon Fanchon d’Arzon partoche Paroles & musique ROHAN Les mat’ lots de ce bĂątimentQue dire que dire Ă  dix brasses de l’üle bisSont des matelots mĂ©ritants, Ă  dix brasses de l’üle, fais gaffe au jusantSont des matelots mĂ©ritants Ă  dix brasses de l’üle Pendant des mois sur l’ocĂ©an
 Se sont brisĂ©s au cabestan
Les mat’ lots de ce bĂątiment
 Ont bien mĂ©ritĂ©s du bon temps
 Cap sur le golf’ du Morbihan
Nous nous mĂ©fierons des courants
Mouillerons Ă  Port Navalo
 Boir’ un coup dans un caboulot
 Peut-ĂȘtre y verrons nous Fanchon
Fanchon, dam, quel joli nom
C’est la plus jolie fille d’Arzon
 Qui fait chavirer la raison
 Par une soirĂ©e de printemps
 Quand nous Ă©tions adolescents
 M’a -z- allongĂ© de sur un banc
 Le soleil Ă©tait au couchant
 Elle fit glisser son corsage
 Moi qui Ă©tait garçon trĂšs sage
M’a dĂ©voilĂ©e deux beaux seins blancs
Et le reste tout en suivant N’y avait point de plus doux prĂ©sage
Pour y perdre mon pucelageEt tout ce que m’a fait Fanchon
ça n’est pas dit dans la chanson ParlĂ© Et tout ce que m’a fait Fanchon ?!!? Vous aimeriez le savoir ! ??!Tiens comme c’est bizarre !!! ChantĂ© J’ crois bien qu’ j’ai perdu la mĂ©moireĂ  10 brasses de l’üle, fais gaffe au jusantJ’ crois bien qu’ j’ai perdu la mĂ©moireĂ  10 brasses de l’üle. Toutes les chansons et musiques de ma composition sont protĂ©gĂ©es. Vous pouvez les tĂ©lĂ©chargĂ©es, les interprĂ©tĂ©es, les rĂ©arangĂ©es, les jouĂ©es, les recommandĂ©es mais en aucun cas, vous en attribuer la paternitĂ©. Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches 11 octobre 2006 3 11 /10 /octobre /2006 1204 La chanson du crevettier La chanson du crevettier partoche Paroles et musique ROHAN De bon matin au levĂ© eh ! la crevette djĂ© djĂ© bisJ’la pĂȘcha abondamment la crevette la crevetteJ’la pĂȘcha abondamment la crevette gaiement bis J’y descendis les casiers eh ! la crevette djĂ© djĂ© bisPour y enfermer dedans la crevette la crevettePour y enfermer dedans la crevette gaiement bis Pis je revins relevĂ© eh ! la crevette djĂ© djĂ© biset embarquer promptement la crevette la crevette et embarquer promptement la crevette gaiement bis AprĂšs m’y fallut trier eh ! la crevette djĂ© djĂ© biset la rangĂ©e joliment la crevette la crevetteet la rangĂ©e joliment la crevette gaiement bis Je la vendis au marchĂ© eh ! la crevette djĂ© djĂ© bisc’est ma femm’ qu’a eu l’argent la crevette la crevettec’est ma femm’ qu’a eu l’argent la crevette gaiement bis Ell’en a eu tout son souhait eh !...M’y fit ben passer mon temps Elle me dit mon gabier eh !... tes bourses sont ben gonflĂ©es Ma tirelir’est vidĂ©e eh !.. .qu’y metteras tu dedans ? J’y metterai tout ton souhait eh !...j’t’y gĂąterai longuement Empli moi de ta gaĂźtĂ© eh !... donne moi contentement Viens mon amant au plus prĂ©s eh !...rĂ©jouis-moi goulĂ»ment Quand j’y approcha le nez eh !...ça m’ rappelait vaguement Toutes les chansons et musiques de ma composition sont protĂ©gĂ©es. Vous pouvez les tĂ©lĂ©chargĂ©es, les interprĂ©tĂ©es, les rĂ©arangĂ©es, les jouĂ©es, les recommandĂ©es mais en aucun cas, vous en attribuer la paternitĂ© Published by LĂ©gend'eaux Rohan - dans Chansons paroles partoches
Etpuis dans la nuit du 20 au 21 juin, Ă  1h30 du matin, l’impensable est arrivĂ© : nous sommes entrĂ©s en collision avec un autre voilier qui n’avait pas ses feux de navigation. Gros choc, grosse frayeur, Maskali abĂźmĂ© Ă  l’avant avec la coque trouĂ©e sur 20 cm au niveau de la baille Ă  mouillage, et heureusement pas de voie d’eau.
Accueil / 6 - Compilations chansons enfants / Au fil des saisons CD de compilation – A et J-M Versini 13,00€ 15 chansons sur le thĂšme des saisons, de la nature, du temps qui passe
 – De 2 Ă  8 ans Ce charmant CD de compilation ravira petits et grands par sa poĂ©sie, sa fraĂźcheur et sa musicalitĂ©. Les quatre saisons se dĂ©roulent gaiement toutes aussi belles les unes que les autres. Printemps, Ă©tĂ©, automne, hiver
 un patchwork d’impressions et de sensations pour vivre intensĂ©ment le fil du temps. Soleil, parasols et parapluies, papillons et fleurs des champs, arc-en-ciel ou manĂšge des flocons de neige
 la magie de la nature exhale avec finesse et Ă©motion. De janvier Ă  dĂ©cembre, du tic tac de l’horloge Ă  la pendule de grand mĂšre, le temps file, le temps passe, mais toujours aussi changeant, toujours aussi nouveau. Titres du CD 1. Printemps est arrivĂ© – 2. Les papillons et les fleurs – 3. Voici l’étĂ© – 4. Un bel arc-en-ciel – 5. Le petit printemps – 6. C’est le manĂšge – 7. Tic tac tic tac – 8. Douze mois dans l’annĂ©e – 9. Parasols et parapluies – 10. Raconte-moi les saisons – 11. Coucou – 12. La valse des saisons – 13. Janvier, fĂ©vrier – 14. La pendule de grand-mĂšre – 15. Le nouveau printemps Livret 20 pages avec paroles des chansons et commentaires pĂ©dagogiques – Playbacks inclus TĂ©lĂ©charger le CD complet €9,99 ou un titre €0,99 Achat du CD physique Paiement par carte bancaire, chĂšque ou virement Extraits TĂ©lĂ©chargement MP3 Paroles Partitions Citationde Hypolite de Livry; Les pensees et reflexions (1808) De toutes les economies, la plus rare est celle des paroles; et par une fatalite commune, les pauvres sont prodigues, et les riches sont avares.Citation de Alfred Auguste Pilavoine; Les pensees, melanges et poesies (1845) La parole est le caractere distinctif de l'homme, c'est son plus beau titre
Arielle BardinatLe point de dĂ©part de Chanson Douce », c’est l’assassinat de deux enfants par leur nounou Ă  Paris. De lĂ , on suit le cheminement qui a menĂ© Ă  ce drame une mĂšre de famille qui veut retrouver sa vie professionnelle, les entretiens d’embauches rigoureux pour trouver la personne adĂ©quate, la bonne entente des enfants avec Louise, son assiduitĂ©, ses heures supplĂ©mentaires sans jamais rien rĂ©clamer, l’appartement qui est toujours nettoyĂ© Ă  la perfection Ă  la fin de la journĂ©e, les dĂ©licieux repas qu’elle prĂ©pare
 La nounou idĂ©ale devient incontournable dans la famille, indispensable aux yeux des enfants comme des parents, au point mĂȘme de l’emmener avec eux en vacances l’étĂ©. Puis petit Ă  petit vient l’éloignement progressif, Ă  cause de petits Ă©vĂšnements qui se succĂšdent, quand elle maquille Ă  l’excĂšs la fillette de quatre ans, ou quand elle refuse le gaspillage au point de nourrir les enfants avec des aliments pĂ©rimĂ©s rĂ©cupĂ©rĂ©s dans la poubelle familiale. A partir de lĂ , cette nounou avec lesquels ils se sentent de moins en moins Ă  l’aise reste toujours omniprĂ©sente et plus personne ne sait comment se dĂ©barrasser, jusqu’au drame. Chanson douce » monte en puissance de page en page, jusqu’à l’overdose de dĂ©cibels. Le lecteur comprend avant les prĂ©mices du drame la dĂ©tresse et l’isolement de Louise, qui appartient Ă  cette famille sans en faire partie et qui rentre tard, seule, chez elle le soir. On lit sa peur d’ĂȘtre rejetĂ©e de cette famille dont elle sait tout, mais qui ignore tout d’elle. On voit s’écrouler ses stratĂ©gies pour rester parmi eux. Dans ce livre, Leila Slimani nous propose d’assister aux premiĂšres loges au dĂ©raillement d’une femme dont personne ne se doute qu’elle est capable du BenichouComme Alfred Hitchcock nous a glacĂ© le sang dans son adaptation de Rebecca et Mrs. Danvers, son horrible gouvernante, LeĂŻla Slimani nous livre sa chronique d’une mort annoncĂ©e », orchestrĂ©e par une nounou pas comme les autres ». L’auteure joue formidablement bien avec nos sentiments, toujours avec Ă©lĂ©gance et subtilitĂ© et j’ai adorĂ© !D’abord, on est soulagĂ© quand ce jeune couple rĂ©ussit enfin Ă  recruter la perle rare pour administrer son foyer ; chacun pourra ainsi vaquer Ă  ses ambitions professionnelles », sans aucune culpabilitĂ©. Et ça marche ! Louise est parfaite ! Elle reprĂ©sente tout ce qu’une petite famille peut espĂ©rer, de la patience, de la prĂ©cision, de la disponibilitĂ© !Mais toutes les qualitĂ©s de Louise ne nous empĂȘchent pas de commencer sĂ©rieusement Ă  la dĂ©tester cette nounou, trop dĂ©vouĂ©e, trop irrĂ©prochable, trop on se laisse attendrir car l’auteure nous livre subtilement les aspĂ©ritĂ©s de cette femme, les accidents de sa vie ; cette femme, seule, qui n’a jamais connu ni le plaisir, ni le bonheur rĂ©ussit le tour de force de nous submerger d’émotion et on se sent portĂ© par l’empathie
 ! EgarĂ©e dans cette vie qui ne lui a rien Ă©pargnĂ©, Louise se perd jusqu’à entreprendre l’irrĂ©parable !Louise nous embarque alors dans un tourbillon de mĂ©lancolie, dans sa vie oĂč elle a toujours tout acceptĂ© ! Son esprit tourmentĂ©, torturĂ© nous assĂšche le cƓur. Elle veut combler le vide de sa vie, de son Ăąme
 Sommes-nous prĂȘts Ă  l’aimer ? Veut-elle ĂȘtre aimĂ©e ? Pas si sĂ»r
Nathalie Bertrand Chanson douce », c’est tout le contraire de cette histoire sordide, terrible et atroce dans laquelle LeĂŻla Slimani entraĂźne un lecteur happĂ© dĂšs les tous premiers mots, qui tombent comme un bĂ©bĂ© mort, une enfant agonisante, le cri d’une mĂšre, et une nourrice qui tente de mettre fin Ă  ses jours
 Et pan, KO dĂšs la premiĂšre page !Puis, et c’est lĂ  tout le talent de l’auteure, le temps rebrousse chemin 
 Flashback et zoom sur cette famille aux apparences tranquilles. Elle, Myriam MassĂ©, maman Ă©puisĂ©e par une vie trop Ă©triquĂ©e qui ne lui correspond plus. Lui, Paul MassĂ©, producteur de musique, genre jeune cadre dynamique, Rolex au poignet . Deux enfants Mila et Adam, le ne manque plus Ă  cette image d’Epinal que la nounou parfaite, la perle des perles, qui prend forme sous les traits de Louise, seule survivante Ă  un impitoyable est impeccable, un peu trop peut-ĂȘtre avec son teint diaphane, son odeur de talc, ses souliers vernis et ce dĂ©vouement qui frise l’ voilĂ , la rĂ©alitĂ© va s’éloigner peu Ă  peu de ce tableau idyllique. D’aliĂ©nation, il en sera d’ailleurs question, mais ça, seul le lecteur le sait. Page aprĂšs page, le malaise s’installe. Un malaise profond, pernicieux, latent. Le drame couve, seul le lecteur en a cette chĂšre Louise, absolument indispensable, qui fait partie de la famille », mais qui, concrĂštement, demeure une Ă©trangĂšre, s’immisce peu Ă  peu dans le quotidien des MassĂ©, faisant le mĂ©nage, la cuisine, se dĂ©vouant corps et Ăąme, sans grand retour, il faut l’avouer. Elle est Vishnou, divinitĂ© nourriciĂšre, jalouse et protectrice. Elle est la louve Ă  la mamelle de qui ils viennent boire, la source infaillible de leur bonheur familial. »La descente aux abĂźmes, dans les mĂ©andres de la folie, se dessine tout doucement, peu Ă  peu. Les parents, pris par leurs vies professionnelles intenses et intensives, ne veulent pas voir. Le compte Ă  rebours a commencĂ©. Hors du regard des parents, le lecteur assiste Ă  cette plongĂ©e abyssale vers le nĂ©ant, vers une folie dont lui seul connaĂźt l’aboutissement. Une haine monte en elle. Une haine qui vient contrarier ses Ă©lans serviles et son optimisme enfantin. Une haine qui brouille tout. Elle est absorbĂ©e dans un rĂȘve triste et confus. HantĂ©e par l'impression d'avoir trop vu, trop entendu de l'intimitĂ© des autres, une intimitĂ© Ă  laquelle elle n'a jamais droit ».Un roman prenant, terrifiant vous ne verrez plus les nourrices de la mĂȘme façon et haletant, qui m’a mise profondĂ©ment mal Ă  l’aise, ce qui, je prĂ©sume, est le but premier de cette histoire magnifiquement mise en scĂšne par LeĂŻla Slimani. Les temps employĂ©s pour la narration contribuent Ă  rendre ce suspense aussi Ă©poustouflant qu’intenable. Les derniĂšres lignes ferment la parenthĂšse ouverte par les toutes premiĂšres, et entre les deux, c’est juste
 À vous de mettre les mots qui vous sembleront justes Je me suis demandĂ©e si cette Chanson douce, en dĂ©finitive, n’était pas celle susurrĂ©e Ă  l’oreille d’une sociĂ©tĂ© parfaitement huilĂ©e mĂ©tro, boulot, dodo et nounou et bien sous tous rapports », de la banalisation d’un quotidien Ă©rodĂ©, de la prĂ©pondĂ©rance des apparences sociales ma nounou est une perle, je peux aller travailler nuit et jour les yeux fermĂ©s », et aussi celle qui ferait oublier l’affreuse solitude dans laquelle sont plongĂ©s les oubliĂ©s bĂ©mol toutefois j’ai trouvĂ© le personnage de Louise un peu trop caricatural, un peu too much » selon moi. Un peu facile en somme. Certes, elle est folle, complĂštement folle
 Certes elle porte bien les cols Claudine, et tout ça
 Mais voilĂ , il m’a manquĂ© un quelque chose », des aspĂ©ritĂ©s que je ne saurais dĂ©crire. MĂȘme sensation pour le personnage du pĂšre, Paul, qui m’a paru s’étioler au fil des pages
Un coup de cƓur quand mĂȘme, mais modĂ©rĂ©, et la dĂ©couverte d’une auteure qui m’était inconnue et dont je vais m’empresser de dĂ©couvrir le tout premier roman. Le destin est vicieux comme un reptile, il s’arrange toujours pour nous pousser du mauvais cĂŽtĂ© de la rampe. »Ahlam ChahbiLorsque Myriam dĂ©cide reprendre sa carriĂšre d'avocat qu'elle avait mise entre parenthĂšse pour se consacrer entiĂšrement Ă  ses deux enfants, elle doit avec son mari choisir avec exigence une nounou. C'est lĂ  que Louise fait son apparition au sein de cette famille, et avec elle le drame qui va la frapper. Ce drame, il est connu dĂšs les premiĂšres pages du roman. Ainsi ce qui importe pour le reste de la lecture c'est d'essayer de chercher ce qui a Ă©chappĂ© aux parents, essayer de saisir les signes annonciateurs de cette folie se montre sans alarme et est d'autant plus dangereuse
L'atmosphĂšre au sein de ce huis-clos familial devient de plus en plus pesante, l'auteur entraĂźne une lente progression dramatique si envahit la vie de cette petite famille se rendant indispensable frĂŽlant l'exploitation, mĂȘme si elle est constante voir recherchĂ©e, mais sans crĂ©er l'empathie chez ses employeurs. L'auteur arrive Ă  saisir la complexitĂ© des relations au sein de cette dualitĂ© nourrice-parents vacillante entre plus qu'une employĂ©e mais sans ĂȘtre membre de la famille ni mĂȘme une amie. Myriam et son mari sont jeunes, intelligents et semblent ouverts d'esprit pourtant on les voit tout au long du livre laisser s'Ă©puiser cette femme sans entendre sa solitude qui la mine tant. Ils n'arrivent jamais Ă  saisir la mesure de sa dĂ©sintĂ©gration en lui confiant pourtant les ĂȘtres qui comptent les plus pour roman va plus loin que de raconter un drame, il offre une vraie rĂ©flexion sociale et psychologique complexes qui font mouvoir des forces intenses qui peuvent malheureusement ĂȘtre De La BouraliĂšreNe revenons pas sur le drame, sur son horreur. Le dĂ©nouement est posĂ© dĂšs le dĂ©but. On connaĂźt la fin. Alors la question est autre comment a-t-on pu en arriver lĂ  ?La toile se tisse, sanglante et aveuglante parce qu’arrangeante de simple aide, de nounou, Louise devient utile, efficace puis sent bien que sa prĂ©sence devient gĂȘnante. Louise prend trop de place, se permet des ingĂ©rences. Mais comment faire sans elle ?Ils ont tous les deux un travail prenant, ils sont ambitieux. Et cela les sort d’un quotidien qui s’englue autour de Louise, efficace puis omniprĂ©sente. De gĂȘnante Ă  pesante, sa prĂ©sence perturbe l’équilibre du couple mais sans jamais l’ébranler. Et puis les enfants rentreront bientĂŽt Ă  l’école. Alors bientĂŽt, ils n’auront plus besoin d’elle. Mais elle, aprĂšs eux, que va-t-elle devenir ? Cette famille, c’est sa bouĂ©e de survie pour ne pas se noyer dans son passĂ©, ses dettes, sa fille partie, sa misĂšre Slimani Ă©crit avec une fluiditĂ© dĂ©concertante qui rend sa lecture addictive. La fausse simplicitĂ© de ses mots vous agrippe et ne vous lĂąche connaissez la fin, dĂšs le dĂ©but, vous savez que cela va mal finir, mais l’articulation du roman, la caractĂ©risation des personnages conditionnent parfaitement la valse funĂšbre qui s’accĂ©lĂšre. Un roman qui vous fera vivre d’un autre Ɠil les entretiens d’embauche de la nounou de vos De La PatelliĂšreDelphine de Vigan explorait dĂ©jĂ  dans InspirĂ© d’une histoire vraie » les rouages de la manipulation psychologique et de la prise de contrĂŽle d’une vie par une amie devenue indispensable. Dans Chanson douce », LeĂŻla Slimani reprend ce procĂ©dĂ© Ă  partir d’un fait divers sordide, deux jeunes enfants tuĂ©s par leur super nounou en son talent de chirurgien, elle dĂ©crit froidement, Ă©tape par Ă©tape, comme on avancerait dans une enquĂȘte, la relation entre les parents Myriam et Paul, et la baby-sitter, Louise. Avec le mĂȘme sang-froid que dans son premier roman, l’auteur ouvre crĂ»ment, organe par organe, le corps monstrueux de ce drame. Pas d’analyse, pas de justification mais un coupable quand mĂȘme. La sociĂ©tĂ© française, la tyrannie des schĂ©mas de la bourgeoisie et la lutte des classes sont en rĂ©alitĂ© les rouages qui sous-tendent l’intrigue du travers Chanson douce », LeĂŻla Slimani nous parle de la puissance dĂ©vastatrice de ce modĂšle de rĂ©ussite sociale qui fait perdre pieds. On ne peut s’empĂȘcher de penser que les parents, enchainĂ©s dans un rythme de vie dĂ©bordĂ©e semblent avoir Ă©teint leurs alarmes intĂ©rieures pour laisser advenir le pire. A la lecture ce roman aussi efficace que dĂ©rangeant, une question se pose cependant. Y avait-il besoin de partir de ce double meurtre pour aborder ces sujets passionnants et nĂ©cessaires ? Sans l’intensitĂ© dramatique des premiĂšres pages, cette Chanson douce » eut Ă©tĂ© moins oppressante et sa lecture moins Lafosse Une chanson douce que me chantait ma maman, En suçant mon pouce j'Ă©coutais en m'endormant. Cette chanson douce je veux la chanter aussi,Pour toi, ĂŽ ma douce, jusqu'Ă  la fin de ma vie
 »Jamais la petite fille du roman de LeĂŻla Slimani ne pourra susurrer au creux de l’oreille de son enfant la berceuse d’Henri Salvador. Parce que d’enfants il n’y aura point. La petite fille du roman ainsi que son petit frĂšre - le lecteur l’apprend dĂšs les premiĂšres pages - de Chanson douce meurent assassinĂ©s par leur nounou. Chanson douce » est un roman singulier qui dĂ©bute par le dĂ©nouement de l’histoire, comme pour mieux saisir son lecteur dĂšs les premiers mots. Comme si l’auteur, sans aucune pitiĂ© pour son lectorat, cherchait Ă  le faire plonger dans l’horreur de l’infanticide de maniĂšre abrupte, sans aucune procĂ©dĂ© est audacieux d’abord parce qu’il casse les codes de la littĂ©rature dite blanche et parce qu’il suppose que tout le propos Ă  venir sera aussi fort que la premiĂšre scĂšne du roman. Chanson douce » est un roman noir, Ă©crit avec des mots crus, abrupts, mais dont Ă©mane et c’est notamment ici que s’exprime le grand talent de l’auteur une certaine douceur. Il se fait Ă©galement roman social lorsque l’auteur Ă©voque les difficultĂ©s que rencontrent Louise la nounou parfaite engagĂ©e par ce couple de la classe moyenne pour s’occuper de ces deux jeunes enfants. Cette famille somme toute assez banale une mĂšre qui culpabilise de retourner travailler et de laisser ses enfants, un pĂšre souvent absent constamment occupĂ© par son travail, ignore tout des difficultĂ©s financiĂšres et de cette solitude poisseuse dont Louise ne se dĂ©fait que lorsqu’elle s’occupe de leur vie, de leur famille que lorsqu’elle vit un semblant de vie par n’est rĂ©ellement dit de la psychologie des personnages, le propos est souvent froid, factuel. Et c’est Ă  mon sens lĂ  que se situe la faiblesse de ce roman qui aurait pu ĂȘtre un trĂšs grand roman. Tout y est beaucoup trop contrĂŽlĂ©, trop mesurĂ©. Chanson douce »manque d’aspĂ©ritĂ©s, comme si LeĂŻla Slimani avait eu peur d’en faire trop, d’en dire m’aura manquĂ© une analyse moins distanciĂ©e de la psychologie des personnages, de la personnalitĂ© de la nounou pour entrer totalement dans ce roman qui manque Ă  mon sens de chair, de matiĂšre rĂ©ellement vivante. J’aurais rĂ©ellement aimĂ© me laisser totalement convaincre. Chanson douce » reste nĂ©anmoins un beau roman qui a du faire frissonner plus d’un lecteur et que l’on aurait bien vu portĂ© sur le grand Ă©cran par le grand Claude LoizeauQue c’est difficile de parler de meurtre d’enfants ! Cela raisonne dans nos cƓurs de mĂšre, et on n’est pas sĂ»res d’avoir envie de se plonger dans une telle histoire
 Mais l’exercice est parfaitement livre commence par la dĂ©couverte du drame, ces deux enfants tuĂ©s par leur nounou qui a tentĂ© de mettre ensuite fin Ă  ses jours. Et c’est le moment le plus dur Ă  lire, ce cri de mĂšre qui nous prend aux tripes !Puis, on reprend l’histoire Ă  son commencement. Comment ce jeune couple amoureux et voulant s’épanouir tous les deux dans leur travail, cherche une nounou pour garder leurs enfants. La tĂąche est rude, c’est difficile de confier ses enfants Ă  une inconnue. Mais Louise se prĂ©sente, bonnes rĂ©fĂ©rences, Myriam et Paul sont sĂ©duits par ses traits lisses, son sourire francs », les enfants trĂšs vite Louise devient indispensable, elle ne compte pas ses heures et fait plus que ce qu’on attend d’elle. Nous suivons d’un cĂŽtĂ© ces parents conquis au point de l’emmener en vacances avec eux, mais aussi les quelques petits Ă©vĂšnements presque anodins qui font tiquer sur le moment et qu’on veut oublier ensuite. De l’autre nous suivons Louise, son histoire antĂ©rieure, et ses journĂ©es avec les nous n’avons la certitude que Louise est vraiment dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. Mais Ă  chaque chapitre le doute s’insinue un peu plus et on est bien conscients que les parents ne peuvent pas s’en rendre compte, que les petites choses qu’ils voient, mises bout Ă  bout peuvent paraĂźtre dĂ©risoires sans la connaissance du reste de la vie de leur nourrice, dont ils ne savent en fait rĂ©cit tellement contemporain sur la famille, le milieu social, la culpabilitĂ© des parents face Ă  l’épanouissement personnel dans le travail est Ă©crit sans pathos, et avec une justesse Losfeld Un coup de cƓur littĂ©raire. Un roman aux antipodes de son roman qui fait se confronter les mĂšres Ă  leurs peurs les plus enfouies Dans quelles mains laissons- nous nos enfants ? A qui les confions-nous ? Les connaissons-nous vraiment ? Un roman majestueux sur la maternitĂ©, le retour Ă  l’emploi post accouchement, la solitude, la dĂ©tresse humaine, la folie. Un roman qui nous saisit dĂšs la premiĂšre roman qui mĂ©rite amplement sa rĂ©compense. Un coup de cƓur !Laurence LutzUne jeune avocate reprend son activitĂ© professionnelle avec bonheur, d'autant plus qu'elle vient d'embaucher une nounou pour ses deux enfants. Cette derniĂšre se rĂ©vĂšle immĂ©diatement parfaite et irremplaçable. Mais celle-ci cache un terrible secret, qui va aboutir Ă  l'irrĂ©mĂ©diable. C'est un roman qui se lit comme un roman policier, avec un suspense tragique tenant le lecteur dans une haleine angoissante de la fin au dĂ©but puisque le livre commence par la fin !Sylvie MorinC’est un livre remarquable tant au point de vue de l’écriture qui est magnifique, incisive et mĂ©lodieuse Ă  la fois. Et l’histoire de cette nounou est captivante, la façon dont elle agit avec les autres est tout Ă  fait intrigante. Elle sait Ă  la fois se rendre indispensable et en mĂȘme temps, elle laisse toujours sur son passage un sentiment d’inquiĂ©tude. Mais peut-ĂȘtre que par son intermĂ©diaire, sont retraduits les angoisses et les malaises de notre nounou fait partie de la famille, soi-disant, mais on lui fait sentir Ă  bien des Ă©gards qu’elle n’est qu’une domestique ». A force d’ĂȘtre trop parfaite, la moindre nĂ©gligence, la moindre absence, le moindre problĂšme occasionnĂ© lui est reprochĂ© comme inacceptable de sa part. On ne s’intĂ©resse pas Ă  elle, ce qu’elle peut penser, on n’essaye pas de l’aider quand elle a des problĂšmes financiers graves. Elle est d’ailleurs sĂ»rement sous-payĂ©e surtout en considĂ©ration du nombre d’heures qu’elle travaille sinon elle aurait pu assumer au moins le prix de location de son studio minable, ne dĂ©pensant que trĂšs peu pour se nourrir et s’habiller. Elle a dĂ» emmagasiner tout un tas de frustrations, de souffrances, de chagrins, de colĂšres refoulĂ©es pendant de nombreuses annĂ©es pour en arriver Ă  un tel extrĂȘme, tuer les enfants qu’elle se souciait d’elle vĂ©ritablement ? Sa seule amie Wafa Ă©tait loin d’imaginer la profondeur de ses tourments. Mais Louise n’arrivait pas Ă  communiquer avec les autres et elle ne laissait personne entrer dans son monde RiviĂšre Dans le jardin de l'ogre » m'avait sĂ©duite, c'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvĂ© LeĂŻla Slimani dans cette sĂ©lection. Beaucoup de plaisir et un peu d'apprĂ©hension, j'ai tellement aimĂ© ce premier roman que j'avais peur d'ĂȘtre un peu déçue par le suivant. C'est tout le contraire, j'ai retrouvĂ© intact la plume incisive, l'Ă©criture fluide et envoĂ»tante qui m'avait tant plu la premiĂšre conteuse, LeĂŻla Slimani ne se cantonne pas dans une histoire banale, encore une fois la vie de ses personnages, la vie de monsieur et madame tout le monde, la vie quotidienne est relatĂ©e Ă  un niveau supĂ©rieur, celui ou le pire peut arriver, celui de nos fantasmes les plus a toutes imaginĂ© en laissant nos enfants Ă  la crĂšche, partir en excursion ou sur le chemin de l'Ă©cole tous les dangers qui pouvaient les guetter, ici le pire est arrivĂ©. La rapide dĂ©pendance d'un couple vis Ă  vis de leur nounou qui se rend indispensable est dĂ©peinte avec finesse Louise s'agite en coulisses, discrĂšte et puissante. C'est elle qui tient les fils transparents sans lesquels la magie ne peut pas advenir.», Louise tisse des liens malsains avec la famille, son fantasme d'y avoir une place permanente devient son obsession; Ce n’est jamais clairement dit, ils n’en parlent pas, mais Louise construit patiemment son nid au milieu de l’appartement. »Lentement, le roman se construit autour de cette toile qui enveloppe le couple et leurs enfants, la tension est palpable comme dans un thriller, jusqu'au dĂ©nouement final. A chaque page on voit la raison de Louise vaciller Il faut que quelqu'un meure. Il faut que quelqu'un meure pour que nous soyons heureux.» Les personnages de LeĂŻla Slimani sont remarquablement bien dĂ©peints, des gens ordinaires qui vivent une vie ordinaire avec des envies ordinaires et se retrouvent au prise avec une l'intrigue, LeĂŻla Slimani pose Ă©galement les questions des relations employeurs/employĂ©s, oĂč mettre les limites, surtout dans les services tel que la garde des enfants ou l'affectif est un puissant RoujasChanson douce. Alors que la mĂ©lodie d’Henri Salvador me revient aux oreilles, les premiers mots du roman coupent court Ă  l’apaisement. Le bĂ©bĂ© est mort ». Et le reste du chapitre glace le sang
 LeĂŻla Slimani ne nous mĂ©nage pas si le lecteur veut comprendre comment l’innommable a pu se produire, il doit continuer Ă  lire malgrĂ© le choc. La suite du roman raconte la vie de cette famille sans histoire. Un papa qui travaille, une maman qui veut reprendre un emploi aprĂšs la naissance des enfants. Mais qui s’occupera d’eux pendant que les parents sont absents ? Heureusement Louise arrive. Une nounou parfaite, comme tombĂ©e du ciel. Les enfants l’adorent et l’appartement n’a jamais Ă©tĂ© si bien tenu. Une fĂ©e, une perle, une petite souris qui devient indispensable Ă  l’équilibre du le lecteur connait la fin de l’histoire. On aimerait secouer Paul et Myriam qui dĂ©lĂšguent tout Ă  Louise par fainĂ©antise. Crier Ă  Myriam que ses doutes ne sont pas infondĂ©s et qu’elle a raison de trouver la personnalitĂ© de sa nounou inquiĂ©tante. Renvoyer Louise chez elle lorsqu’elle se fait sournoise ! J’ai observĂ©, presque en dĂ©tresse, la situation s’échapper jusqu’au drame. Chanson douce est un livre dont je me souviendrai longtemps. C’est un ouvrage qu’il faut avoir dans sa bibliothĂšque pour le relire si on ose s’y confronter plusieurs WillemsMyriam et Paul ont la vingtaine et dĂ©jĂ  deux enfants. Ils vivent Ă  Paris, Paul est ingĂ©nieur du son dans le monde de la musique et Myriam, avocate, a arrĂȘtĂ© de travailler aprĂšs la naissance de Mila, leur aĂźnĂ©e. Myriam adore ses enfants, bien sĂ»r, mais elle commence Ă  n'en plus pouvoir de n'ĂȘtre "qu'une maman". Plus de conversations entre collĂšgues, plus de dossiers Ă  apprendre, plus de journĂ©e au tribunal Ă  dĂ©fendre ses clients avec passion et convictions. Oh, ils ont encore une vie sociale, ils invitent des amis, sortent parfois, mais elle se rend compte qu'elle n'a dĂ©sormais plus d'autre conversation que ses croise par hasard un ancien camarade de fac et que celui-ci lui propose un job, elle prend cela pour un signe du destin. Retravailler, enfin ! Elle a un peu de mal Ă  convaincre son mari parce que le salaire qu'ils devraient verser Ă  une nounou serait Ă  peine plus bas que celui qu'elle toucherait mais enfin, si tu penses que ça pourrait t'Ă©panouir...»Un samedi aprĂšs-midi, ils sont prĂȘts. L'appartement est propre, les enfants ont Ă©tĂ© briefĂ©; aujourd'hui, ils reçoivent des nounous potentielles. Myriam et Paul se sont concertĂ©s en amont, ils savent bien ce qu'ils cherchent elle peut ĂȘtre Ă©trangĂšre, ça pas tout de souci, mais il faut qu'elle ait des papiers sinon elle n'osera jamais appeler une ambulance ou la police en cas de problĂšme. Pour le reste, ils n'ont pas d'autres critĂšres mais il vaudrait mieux qu'elle n'ait pas d' aprĂšs-midi-lĂ , ils rencontrent Louise. La quarantaine, petite, menue, le sourire franc, Louise a le visage de celle qui peut tout entendre, tout pardonner et la douceur qu'ils recherchent pour s'occuper de leurs enfants. C'est le coup de foudre. TrĂšs vite, ils dĂ©couvriront qu'en plus d'ĂȘtre trĂšs bonne nounou, Louise est Ă©galement excellente cuisiniĂšre. Elle leur mitonne de bons petits plans pour qu'ils n'aient qu'Ă  glisser les pieds sous la table lorsqu'ils rentrent du travail et mĂȘme leurs amis ont le plaisir de goĂ»ter sa cuisine lorsqu'ils viennent le weekend. Myriam et Paul n'ont plus rien d'autre Ă  faire que de travailler et passer leur temps libre avec les enfants, la nounou s'occupe de la gestion quotidienne. Louise, c'est la perle et plus personne ne saurait s'en cependant, on perçoit un certain malaise. Louise est omniprĂ©sente et c'est tant mieux, personne ne s'en plaint puisqu'elle est parfaite. Oui mais et si elle s'imposait trop ? Et si on ne parvenait plus Ă  s'en dĂ©faire, Ă  avoir des moments de famille sans elle ? Et si elle prenait trop Ă  cƓur son travail et outrepassait son rĂŽle de nounou ? Le bĂ©bĂ© est mort », voilĂ  la premiĂšre phrase du roman. Un roman au titre si doux qui s'ouvre pourtant sur une scĂšne macabre. Le garçon est mort, la petite fille succombera bientĂŽt et, dans le mĂȘme appartement, se trouve une nounou qui a tentĂ© de se suicider. Mais que s'est-il passĂ© ?De par ces derniers mots, vous avez compris que l'histoire n'est pas que joyeuse. L'ambiance du roman n'est d'ailleurs jamais trĂšs bon enfant », d'une part parce qu'une fois l'introduction lue, on ne pourra jamais vraiment mettre cet Ă©lĂ©ment de cĂŽtĂ©, mais Ă©galement parce que la vie de famille que nous dĂ©peint LeĂŻla Slimani n'est pas rose tous les un roman anxiogĂšne ? Oui parce que personne n'aime les histoires d'enfants morts. Mais non parce qu'avec la scĂšne d'ouverture, le mystĂšre est percĂ© dĂšs le dĂ©but. L'ambiance se fait plus pesante au fil des pages et on se demande parfois jusqu'oĂč cela ira ... avant de se remĂ©morer que la fin, on l'a dĂ©jĂ  lue, le "oĂč", on le connait dĂ©jĂ . L'intĂ©rĂȘt du roman est ailleurs. L’enjeu est ici de collecter de nouveaux indices Ă  chaque chapitre, de complĂ©ter le puzzle et de tenter de comprendre comment on a pu en arriver j'ai aimĂ© ce roman, c'est essentiellement parce que LeĂŻla Slimani dĂ©peint un certain mode de vie actuel Ă  la maniĂšre d'une journaliste qui aurait infiltrĂ© le quotidien de Myriam et Paul et les regarderait Ă©voluer de loin sans poser de jugements. On pourrait dire qu'ils profitent de leur nounou tant ils n'ont jamais l'air de se demander si ils ne lui en font pas faire trop. C'est vrai qu'elle repart tard le soir, qu'elle fait bien plus de tĂąches qu'on ne lui en demandait dans l'annonce, mais si ça ne la dĂ©range pas, pourquoi revenir en arriĂšre ? Peut-on en vouloir au couple qui profite d'un dĂźner tout prĂȘt, d'employeurs qui ne se posent pas la question de la vie privĂ©e que mĂšne celle qu'ils croisent en vitesse matins et soirs ?"Elle bosse pour qu'on puisse bosser", c'est parfois bien ingrat le mĂ©tier de nounou, mais oui, c'est la rĂ©alitĂ© j'ai d'ailleurs utilisĂ© la mĂȘme phrase en parlant de la puĂ©ricultrice de bĂ©bĂ© lecteur il y a peu. Ils sont coincĂ©s dans un monde oĂč rien n'est fait pour aider les parents qui travaillent Ă  temps plein et savourent le bonheur d'ĂȘtre tombĂ© sur la perle. Et Louise ? Louise, elle ne demande pas roman dĂ©range un peu, beaucoup pour peu que l'on soit dans la situation des personnages. C'est un trĂšs bon roman que j'ai pris du plaisir Ă  lire mais qui aurait pu ĂȘtre un coup de cƓur si la scĂšne d'ouverture Ă©tait restĂ©e Ă  sa place chronologique, en clĂŽture du roman.
5 Allez dans les hammams traditionnels Vous allez entrer dans le monde des femmes marocaines en allant dans un hammam. Les femmes s'y rendent pour se laver et pour se retrouver entre elles. Un hammam traditionnel est composé de trois salles chauffées à différentes températures. C'est là qu'on y fait le gommage, qui permet de retirer

Les paroles de On met les voiles de Alonzo ont Ă©tĂ© traduites en 2 languesKore, Alonzâ€Č, yeah MamĂ© Au quartier c'est la merde, oui viens on sâ€Čfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y'a rien Ă  faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă  Pattaya Au quartier câ€Čest la merde, oui viens on sâ€Čfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, yâ€Ča rien Ă  faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă  Pattaya Pattaya on arrive T'es pas prĂȘt, tu connais pas lâ€ČdĂ©lire À la citĂ© tout part Ă  la dĂ©rive Tu ressens la sĂšre-mi sur la tĂȘte Ă  Karim Changement de dĂ©cor, on se casse Ă  l'aĂ©roport Vas-y prends seulement ton passeport On va fuck, on va fuck, on va fuck À peine arrivĂ© je veux plus rentrer Ă  la maison Jâ€Čparle français, anglais ou thaĂŻlandais c'est avec l'accent Tout est contrefaçon, on sâ€Čen bat les couilles â€Čtoutes façons Loin de tous mes ennemis Tu peux pas comprendre car tu connais pas nos vies Au quartier c'est la merde, oui viens on sâ€Čfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, yâ€Ča rien Ă  faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă  Pattaya Au quartier c'est la merde, oui viens on sâ€Čfait la malle Au calme en bord de mer, qu'on kiffe la life Ici tu connais, y'a rien Ă  faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă  Pattaya Ouais ouais ouais on connaĂźt Tâ€Čas ken un ladyboy on tâ€Ča cramĂ© Le dancefloor est rempli de BelvĂ©s Si t'es jaloux câ€Čest peut-ĂȘtre que tu me remets BĂ©bĂ© j'suis le meilleur Tu trouveras pas mieux ailleurs Si tu me mets de mauvais humeur Je te plaque, je te plaque, je te plaque Câ€Čest le paradis des cailles-ra, 12 heures d'avion Rien Ă  foutre jâ€Čai les poches pleines de bahts Je dĂ©pense, j'suis le patron On se donne en spectacle T-Max noir mĂąte, pas d'plaque On sâ€ČdĂ©foule au centre de tirs Tu peux pas comprendre car tu connais pas nos vies Au quartier câ€Čest la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, quâ€Čon kiffe la life Ici tu connais, y'a rien Ă  faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă  Pattaya Au quartier câ€Čest la merde, oui viens on s'fait la malle Au calme en bord de mer, quâ€Čon kiffe la life Ici tu connais, y'a rien Ă  faire PrĂ©pare tes affaires on met les voiles Besoin de faire la fĂȘte Ă  Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya, ouais ouais Pattaya, Pattaya Pattaya!Writers AurĂ©lien Mazin, Dj Kore, Quentin Lepoutre, Kassimou Djae alonzo

\n \n\n allez on part on met les voiles chanson
Onmet les voiles is feeling fantastic. December 30, 2017 · Allez salut 2017 😎 merci pour ces 4500km en van autour de la Nouvelle ZĂ©lande 🚐 Ces 37 biĂšres Ă  Budapest đŸ» Ces 5 jours de pluies aux Acores ☔ 🙈 Ces 4kg dus au caramel au beurre salĂ© Ă  St Malo đŸ„§ Ces 12h d’admiration devant les Ɠuvres de GaudĂ­ Ă  Barcelone En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies permettant d’amĂ©liorer le contenu de notre site, la rĂ©alisation de statistiques de visites, le choix de vos prĂ©fĂ©rences et/ou la gestion de votre compte utilisateur. En savoir plus Accepter Chanson française LA LOIRE - L'ÉGLANTINE DES BORDS DE LOIRE Serge KERVAL Ref. NK2015 EDITIONS DU PETIT VEHICULE COM. Ce CD reprend d'abord avec les chansons de "L'Ă©glantine des bords de Loire" le contenu du LP NK2009; les chansons regroupĂ©es sous le titre gĂ©nĂ©ral de "La Loire" sont nouvelles en N Probablement un LP que nous n'avons pas mentionnĂ© au moment de sa sortie InterprĂštes Jacques DURAND DESJEUX Parolier Serge KERVAL Parolier, Auteur de la musique H. FALIK Parolier ANONYME Parolier, Auteur de la musique Tucker ZIMMERMAN Arrangeur, Chef d'orchestre Geny DETTO Arrangeur, Chef d'orchestre Pistes 1 La Loire 1Ăšre version 2 La maison de mon enfance La Loire 3 La Loire Bretagne objectif 2000 4 Les fous de Bassan La Loire 5 La fille du marĂ©chal de France La Loire 6 La Loire Port Navalo 7 La Loire Voici venir le mai 8 La Loire En montant la riviĂšre 9 LaLoire Allez on part on met les voiles 10 L'Ă©glantine des bords de Loire 11 Le dĂ©bardeur L'Ă©glantine des bords de Loire 12 Le diable vous emporte L'Ă©glantine des bords de Loire 13 Ma presqu'Ăźle en hiver Les mimosasde ma presqu'Ăźle L'Ă©glantine desbords de Loire 14 Le samedi a le coeur gris L'Ă©glantine des bords de Loire 15 Il suffit d'une Ăźle L'Ă©glantine des bords de Loire 16 Les pierres L'Ă©glantine des bords de Loire 17 GrĂ©goire L'Ă©glantine des bords deLoire 18 L'Ă©glantine des bords de Loire Jean-Marie Laboureur 19 Les nĂ©ons du matin L'Ă©glantine des bords de Loire 20 L'Ă©glantine des bords de Loire Berceuse d'hiver 21 L'Ă©glantinedes bords de Loire Grand-pĂšre colporteur Lesmarins ont dĂ©veloppĂ© un langage propre. Le Bosco est le chef d'Ă©quipage, il commande les hommes avec un jargon trĂšs spĂ©cifique. Ce glossaire rĂ©pertorie les expressions de marins actuelles et passĂ©es. Pour les termes maritime, voir le glossaire maritime et les termes spĂ©cifique Ă  la voile, voir le lexique de la navigation Ă  voile .
Posts Archive Viens, on met les voiles, on part camper sur les Ă©toiles. Patti bukowski More you might like “Savais-tu qu'un cactus avait une fleur ? Au milieu des pics se cache un cƓur.”― Oxmo Puccino Mais il ne pleurait pas. Chose bizarre, il Ă©tait trop dĂ©primĂ©, trop blessĂ©, pour pleurer. Comme si Katherine avait emportĂ© ce qui pleurait en Green “J'ai longtemps pensĂ© que nous vivions dans un asile Ă  ciel ouvert, avec du recul j'ai dĂ©couvert qu'on est tous de la mĂȘme planĂšte, mais pas du mĂȘme monde, votre dimension n'est pas nette, la mienne est profonde, en plongĂ©e constante, vu qu'Ă  la surface l'apparence trompe.”― Oxmo Puccino i can’t unfeel your paini can’t undo what’s donei can’t send back the rainbut if i could,i Script You can go the distance You can go the mileYou can walk straight through hell with a script What am I supposed to do when the best part of me was always you?And what am I supposed to say when I’m all choked up and you’re ok?-The Script “J'ai longtemps pensĂ© que nous vivions dans un asile Ă  ciel ouvert, avec du recul j'ai dĂ©couvert qu'on est tous de la mĂȘme planĂšte, mais pas du mĂȘme monde, votre dimension n'est pas nette, la mienne est profonde, en plongĂ©e constante, vu qu'Ă  la surface l'apparence trompe.”― Oxmo Puccino 7angelx My energy isn’t for everyone. And that’s intentional. Tu les traites comme s’ils avaient un coeur comme le tiens mais, tout le monde ne peut pas avoir ta douceur et ta tendresse. Tu ne vois pas la personne qu’ils sont, tu vois la personne qu’ils ont le potentiel d’ĂȘtre. Tu donnes et tu donnes jusqu’à ce qu’ils extirpent tout de toi et te laissent Kaur citation Peut-ĂȘtre que je ne mĂ©rite pas de belles choses parce que je paie pour des pĂ©chĂ©s dont je ne me souviens Kaur citation
DĂ©couvrezOn met les voiles de Alonzo sur Amazon Music. Écoutez de la musique en streaming sans publicitĂ© ou achetez des CDs et MP3 maintenant sur Amazon.fr. Choisir [ Rame ] [ Rame ] [ Rame ] [ Rame ] [ Rame ] Dans toutes les galĂšres Nous avons ramĂ© Ah ! Si la galĂšre Nous Ă©tait contĂ©e Le capitaine Ă©tait plombier [ Il n'a jamais su naviguer ] L'Africain qui tape au tambour [ Est aussi balĂšze qu'il est sourd ] Le p'tit sadique avec le fouet [ Était speaker Ă  Radio Gay ] Et ces maudites puces qui nous piquent [ Ne connaissent pas l'informatique ] Mais mais qu'est-ce... qu'on peut faire Les deux pieds, les deux mains dans les fers ? LibĂ©rez les rameurs Inventez la voile et la vapeur ! [ Rame ] Ce midi, double ration d'Ă©pinards... [ Aaaaaaah ! } ...Le capitaine veut faire du ski nautique derriĂšre la galĂšre ! [ Oooooooh ! ] Dans toutes les galĂšres Nous avons ramĂ© Ah ! Si la galĂšre Nous Ă©tait contĂ©e Le capitaine est trĂšs mĂ©chant [ Il met des oursins sur les bancs ] Quand les requins ont d' l'appĂ©tit [ Il nous fait prendre un bain d'minuit ] La s'maine oĂč on a bien ramĂ© [ On a le droit de regarder ] La p'tite sirĂšne qui se dĂ©voile [ Le samedi soir au fond d'la cale ] Mais mais qu'est-ce... qu'on peut faire Les deux pieds, les deux mains dans les fers ? LibĂ©rez les rameurs Inventez la voile et la vapeur ! Vous avez un quart d'heure pour aller au PĂŽle Nord... [ Pourquoi ? ] ...Le capitaine veut mettre des glaçons dans son whisky ! Ha ha ! Dans toutes les galĂšres Nous avons ramĂ© Ah ! Si la galĂšre Nous Ă©tait contĂ©e Y'a d'la rĂ©volution dans l'air [ On va dĂ©tourner la galĂšre ! ] Le capitaine 'y va payer [ On va en faire de la purĂ©e ! ] Le p'tit sadique avec le fouet [ On vous raconte pas c' qu'on lui met ! ] Mais mais qu'est-ce... qu'on peut faire Les deux pieds, les deux mains dans les fers ? LibĂ©rez les rameurs Inventez la voile et la vapeur ! Bonne nouvelle ! Vous ĂȘtes tous libĂ©rĂ©s [ Ouaiiiiiiiiis !!! ] La galĂšre est en train d'couler [ OOOOOOhhhhhhhhh !!! ] Dans toutes les galĂšres Nous avons ramĂ© Ah ! Si la galĂšre Nous Ă©tait contĂ©e [ Rame ] [ Rame ] Ah, la galĂšre ! [ Rame ] [ Rame ] Pit&RikQuand je vous l'dis qu'on avait des petits chefs d'oeuvres dans les annĂ©es 80 ! Je suis fan Votre navigateur ne peut pas afficher ce tag vidĂ©o. Ya pas Ă  dire !La chanson française, c du bon !Haaa les annĂ©es 80 le bac, le permis tout çà Ă  Clermont ! Bises J'aime En rĂ©ponse Ă  nolah_1268779 Ya pas Ă  dire !La chanson française, c du bon !Haaa les annĂ©es 80 le bac, le permis tout çà Ă  Clermont ! BisesAh t'es de cette gĂ©nĂ©ration ? Ah pit & Rik... On osait... on osait J'aime En rĂ©ponse Ă  Joanne 46658325 Ah t'es de cette gĂ©nĂ©ration ? Ah pit & Rik... On osait... on osait Ben voui ........ çà nous rajeunit pas tout çà ! J'aime Vous ne trouvez pas votre rĂ©ponse ? En rĂ©ponse Ă  nolah_1268779 Ben voui ........ çà nous rajeunit pas tout çà ! on s'en fout...tant qu'on marche sans canne, on tient la vie... AprĂšs, avec la canne, l'avantage, c'est qu'on peut se goinffrer de tout... Plus besoin de plaire... petits plaisirs deviendront grands J'aime Regarde! et pour preuve que les eighties c'Ă©tait 1980 "Rame"-Pagaie, pas gai,Sur cette vieille pas gai T'arriveras nulle part,HĂ©ron. {2x}LĂ -haut, guetteur,Vois-tu, vois-tu ailleurs ?Bout d'bois, {2x}Beau caoutchouc,Flotte-moi {2x}Plus loin qu'chez {2x}Tu m'as ailleurs c'est comme ici.{Refrain}Rame, rame. Rameurs, avance Ă  rien dans c' t'mĂšne en bateau Tu n'pourras jamais tout quitter, t'en aller...Tais-toi et vais {2x}Mais l'eau est peine cordon, ficelle serrĂ©e,LĂąchez, lĂąchez j'veux m'en aller.{Refrain x5} J'aime En rĂ©ponse Ă  Joanne 46658325 on s'en fout...tant qu'on marche sans canne, on tient la vie... AprĂšs, avec la canne, l'avantage, c'est qu'on peut se goinffrer de tout... Plus besoin de plaire... petits plaisirs deviendront grands Ouais gĂ©nial !T'en viendrais presque Ă  me faire aimer vieillir ! J'aime Pourune part de butin quel que soit son ampleur Quand il arrive, Ă  quai tĂŽt le matin Une futaille de rhum pour oublier la peur Quand le vent du large lui glace les mains La langue au taquet, il contemple le port DĂ©jĂ  le vent les pousse, toutes voiles dehors Hardi mon gars, faut met’ ton sac Ă  bord Timonier Ă  la barre, tient bon le cap au nord Les sifflets
alpha F artiste Les FrĂšres Jacques titre Tango interminable des perceurs de coffre-fort Nous sommes partis par une nuit plutĂŽt nocturneNous quatre Dudule le gros Victor et l’AmnĂ©siqueNous avions collĂ© des semelles crĂȘpes Ă  nos cothurnesJ’portais les outils la pince monseigneur l’chalumeau oxhydriqueJ’étais rencardĂ© sur un boulot plutĂŽt pĂ©pĂšreTrois kilos de diams de la perlouse et puis du joncC’est pas si souvent que l’on dĂ©gote une bonne affaireCe soir entre tous fallait pas faire les cornichonsAttention! Garez-vous! Ce soir on les attaqueLes bourgeois, les salauds, va bien falloir qu’ils raquentOn n’est pas sur le tas pour jouer d’l’ophicleĂŻdeOn va prendre un gros coffre et lui crever le bideOn perce!L’gros Victor, prends la chignoleToi Dudule fais pas l’marioleTu la boucles ou bien sans çaOn perce!L’amnĂ©sique a la couranteIls se mettent tous en caranteMa parole c’est bien des tantesPerversesSi ces crĂ©tins continuentJe les renvoie dans la rueAvec un coup d’pied dans l’culÇa berce!L’chalumeau s’met Ă  rĂŽtirL’coffre-fort il va souffrirOn va l’mettre sans mollirEn perce!Nous sommes sortis avec du fric plein nos chaussettesCe vieux coffre-fort Ă©tait bourrĂ© comme un baronY avait d’quoi s’offrir de la tortore et des fillettesMais au coin d’la rue v’la Dudule qui s’écrie " les mecs on est marrons "Les poulets grouillaient comme Ă  Houdan un jour de foireL’AmnĂ©sique Ă©mu s’est mis Ă  pleurer comme un veauIl ne manquait plus Ă  la basse-cour que les canardsEt voilĂ  l’Aurore qu’arrive avec le FigaroC’est fini les poteaux ce soir on couche au gnoufPlus d’osier, plus de filles et surtout plus de bouffeLes barreaux de la cage se referment sur nousMais demain pour ma part j’commence Ă  faire un trouOn perce!J’ai dĂ©montĂ© mon plumardPour y prendre une petite barreEt du matin jusqu’au soirJe perce!Dans la cellule d’à cĂŽtĂ©L’AmnĂ©sique en train d’gratterVa bosser jusqu’à c’que çaTraverse!L’gros Victor ce vieux feignantReste sur son pieu tout l’tempsA chanter l’marchĂ© PersanÇa berce!Si on a un p’tit peu d’potSpĂ©cialistes du boulotSĂ»r qu’on s’ra sortis bientĂŽtOn perce!Nous avons creusĂ© pendant deux ans sauf le dimancheY a rien de plus dur que cette salop’rie d’bĂ©tonNous quatre Dudule on peut pas dire qu’on soye des manchesMais j’aim’rais mieux faire, comme les marchands d’gruyĂšre, des trous dans du from’tonEt puis un beau jour en limant l’dernier bout d’ferraillePar le trou du mur j’ai vu soudain luire le beau blondVrai, ça fait plaisir, un rĂ©sultat quand on travailleC’est la rĂ©compense des gars honnĂȘtes et ça c’est bonAttention les poteaux ce soir on met les voilesAttachons bout Ă  bout nos jolis draps de toileC’est l’moment de montrer qu’on est les rois du sportOn Ă©tait bien soignĂ©s mais on est mieux dehorsOn perce!L’gros Victor descend l’dernierComme ça s’il fait tout pĂ©terNous autres on sera passĂ©sOn perce!On a d’la veine les amisCar tout le jour d’aujourd’huiIl tombait une de ces pluiesA verse* Ça y est nous voilĂ  sauvĂ©sMais maint’nant i faut foncerY a un job Ă  prĂ©parerCommercePendant qu’ j’étais au mitardJ’ai montĂ© un coup mastardOn berce!Bonsoir!{Variante, reprise Ă  * }Nous voilĂ  enfin planquĂ©sLes diams sont rĂ©cupĂ©rĂ©sEt une barrique vient d’claquerEn perce!L’AmnĂ©sique se fixe Ă  NiortDudule en CorĂ©e du NordEt l’gros Victor choisit l’portD’AnversIls veul’nt continuer l’boulotMais moi je trouve ça idiotJ’vais laisser tomber molloL’commerceEt comme j’aime les fleurs des champsJ’ai choisi un coin charmantJ’me retire Ă  IspahanEn Perse!Sur les ro-o-ses.
AlonzoParoles de « On Met Les Voiles »: Kore, Alonz', yeah / Mamé / [Refrain] (x2) / Au quartier c'est la merde Deutsch English Español Français Hungarian Italiano

1La carriĂšre et l’Ɠuvre de Michel Sardou sont indissociables de l’image mĂ©diatique qui s’est cristallisĂ©e autour de ses opinions politiques, rĂ©elles ou supposĂ©es. Alors que ses plus grands succĂšs – Les Bals populaires, Le France, La Maladie d’amour, Les Lacs du Connemara – semblent souvent consensuels, ses chansons ont souvent Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©es de maniĂšre politique, que l’artiste y consente ou non. Son Ɠuvre et sa carriĂšre en ont Ă©tĂ© modifiĂ©es au point que Michel Sardou occupe Ă  plus d’un titre une place unique dans le domaine de la chanson. Il n’est pas seulement l’un des artistes français de sa gĂ©nĂ©ration qui a vendu le plus d’album et le plus de billets. Il est aussi l’un des rares Ă  ĂȘtre toujours perçu comme un homme de droite, quelles que soient les opinions fluctuantes qu’il professe dans les mĂ©dias. Le seul enfin Ă  avoir suscitĂ© des manifestations publiques hostiles de la part de militants gauchistes. Un bref rappel historique, mettant en rapport ces Ă©vĂ©nements avec la carriĂšre artistique et mĂ©diatique de Michel Sardou, nous semble donc nĂ©cessaire pour Ă©voquer les principaux virages idĂ©ologiques qui ont jalonnĂ© quarante annĂ©es de carriĂšre. Nous nous interrogerons ensuite sur les chansons elles-mĂȘmes. Analyser les idĂ©es qu’elles vĂ©hiculent ne vise pas Ă  les Ă©valuer, mais Ă  comprendre comment elles rĂ©ussissent Ă  fidĂ©liser un public de droite tout en continuant Ă  produire du consensus. Les Ɠuvres, parfois ambigĂŒes et souvent complexes, tĂ©moignent certes de convictions concernant la place de la France dans le monde et sa politique intĂ©rieure. Mais elles laissent Ă©galement percevoir un imaginaire personnel, forgĂ© entre autres choses par des discours idĂ©ologiques. C’est pourquoi des chansons qui semblent peu militantes seront Ă©galement Ă©tudiĂ©es, en particulier dans la derniĂšre partie de cette Ă©tude, consacrĂ©e Ă  l’évocation des mƓurs et des instituions. 1. La carriĂšre de Michel Sardou, la politique et les mĂ©dias 2Les premiĂšres annĂ©es de la carriĂšre de Michel Sardou se placent sous le signe de l’apprentissage et de la soumission Ă  la mode. Courant le cachet et prenant des cours de chant, il enregistre chez Barclay entre 1965 et 1967 des chansons qui tentent de profiter de la mode des hippies. Michel Fugain, qui Ă©crit ses premiĂšres musiques, n’a pas alors plus de cĂ©lĂ©britĂ© ni de personnalitĂ© que son interprĂšte. Les orchestrations folks – guitares, tambourins et harmonica – sont trĂšs datĂ©es. MĂȘme lorsque Michel Sardou rencontre Jacques Revaux, compositeur qui l’accompagnera pendant presque toute sa carriĂšre Ă  partir de 1967, le style musical ne change pas radicalement. Si la voix est dĂ©jĂ  agrĂ©able, les nasalisations et les accentuations brutales, qui rappellent respectivement Antoine ou Nino Ferrer, relĂšvent parfois du pastiche. Michel Sardou, toutefois, Ă©crit dĂ©jĂ  ses textes, qui sont en lĂ©ger dĂ©calage avec l’horizon d’attente associĂ© Ă  ces musiques. Il utilise les clichĂ©s associĂ©s aux beatniks et, sans ĂȘtre ouvertement parodique, reprend Ă  son compte les moqueries liĂ©es Ă  leur virilitĂ©. Le Madras ou Les Filles d’aujourd’hui proposent ainsi une critique des jeunes dans le vent » et peu virils, mais accompagnĂ©e d’une musique destinĂ©e Ă  les sĂ©duire. Les Beatniks dĂ©crit une vie de bohĂšme Ă  l’AmĂ©ricaine, qui n’a par ailleurs rien d’engageant mais exerce sans doute une certaine sĂ©duction sur un Michel Sardou rĂ©cemment mariĂ© Moi quand je les regarde Du haut de mes vingt ans J’ai parfois le cafard De vivre prudemment Mais quand ils sont partis En traĂźnant leurs savates Je continue ma vie Et renoue ma cravate. 3Les hippies existent alors politiquement en tant qu’opposants Ă  la guerre du Vietnam, une guerre que la France a perdue. En 1967, la premiĂšre version des Ricains – accompagnĂ©e d’une seule guitare, de chƓurs et d’harmonica – passe relativement inaperçue, mais est dĂ©conseillĂ©e » aux programmateurs de la radio nationale, ce qui suffit Ă  Eddy Barclay pour se sĂ©parer de Michel Sardou. La chanson, pro amĂ©ricaine, n’a rien pour plaire ni aux gaullistes, ni aux communistes. Si j’avais un frĂšre au Vietnam, titre pacifiste et Ă©lĂ©giaque qui prĂ©tend que la guerre n’est qu’un malentendu », n’a pas non plus de quoi satisfaire les deux camps, et le titre est vite oubliĂ©. 4Le premier succĂšs d’estime paru en France est enregistrĂ© en 1968 chez Trema, label naissant dont Jacques Revaux, principal compositeur de l’artiste, est l’un des fondateurs. America, America et Monsieur le PrĂ©sident de France font de Michel Sardou un chanteur Ă  contre-courant. Trente mille disques vendus, ce n’est qu’un succĂšs relatif pour celui qui va devenir une vedette en quelques mois au cours de l’annĂ©e 1970. Les succĂšs, en effet, s’enchaĂźnent. Les deux premiers, Les Bals populaires et J’habite en France, sont gentiment cocardiers. Les deux titres mĂȘlent percussions lourdes, cuivres clinquants et accordĂ©on, pour faire danser les foules. Il s’agit aussi de les faire trĂ©pigner et d’organiser des chorus, les paroles reprises par le public Ă©tant prĂ©cĂ©dĂ©es de longues syllabes Ă©tendues et de silence qui prĂ©parent un dĂ©foulement collectif. Tout aussi consensuelle et efficace est la critique des institutions, prĂ©sente en 1971 dans Le Rire du sergent, qui ressuscite le comique troupier. La politique reste prĂ©sente, mais elle s’efface derriĂšre les chansons d’amour Ă  succĂšs. En effet, malgrĂ© ses dĂ©nonciations de la sociĂ©tĂ© moderne abĂȘtissante Zombie Dupont et castratrice Les Villes de grande solitude, Interdit aux bĂ©bĂ©s, ses messages adressĂ©s aux chrĂ©tiens et aux institutions catholiques Tu es Pierre, Le CurĂ©, et sa critique persistante du militarisme La Marche en avant, on ne retient de l’album de 1973 que Les Vieux MariĂ©s, et surtout La Maladie d’amour. Le premier titre est un grand succĂšs, mais il est totalement Ă©clipsĂ© par le second, vĂ©ritable tube de l’étĂ©, et mĂȘme de l’annĂ©e 1973, qui vient rajouter plus d’un million d’albums aux quatre dĂ©jĂ  vendus par l’artiste entre 1970 et 1972. Je veux l’épouser pour un soir, slow de l’étĂ© 1974, est un succĂšs de moindre envergure, mais atteint quand mĂȘme les premiĂšres places des hit-parades. Cette rĂ©ussite permet Ă  Michel Sardou de rester Ă  la mode, de remplir rĂ©guliĂšrement l’Olympia, et d’enregistrer frĂ©quemment des albums, ce qui n’est pas accordĂ© Ă  tout le monde. L’artiste s’exprime de plus en plus souvent dans les mĂ©dias. Il affirme ĂȘtre une vedette populaire, et non un chanteur engagĂ©, ce que la critique idĂ©ologique, trĂšs prĂ©sente Ă  l’époque, associe Ă  un conservatisme. 5Je vais t’aimer, paru en 1975 sur l’album La Vieille, confirme le talent de l’interprĂšte pour les chansons d’amour. Mais l’évĂ©nement inattendu est le succĂšs du France, chanson consacrĂ©e au bateau devenu symbole d’un dĂ©clin national. Le titre, disque de platine, crĂ©e une polĂ©mique qui masque les chansons les plus violentes Le Temps des colonies, J’accuse et Je suis pour, qui rĂ©clame la peine pour un assassin d’enfant, vont ĂȘtre dĂ©couverts au fil de l’exploitation des 45 tours, suscitant des rĂ©actions de plus en plus violentes. La Manif, titre qui n’a pas Ă©tĂ© publiĂ© sur l’album, est une chanson particuliĂšrement virulente. Elle n’a pas eu de retentissement spectaculaire mais, malgrĂ© son absence de passage en radio, elle a Ă©tĂ© largement diffusĂ©e, car elle se trouve sur la face B du 45 tours consacrĂ© Ă  Je vais t’aimer. 6Les rĂ©actions d’indignation publique ne se produiront qu’à partir de l’annĂ©e 1976. La sortie du Temps des colonies, prĂ©vue pour mars, est annulĂ©e le texte, qui donne la parole Ă  un colon, a Ă©tĂ© pris au premier degrĂ© par un programmateur de radio. Le chauvinisme bon enfant des Bals Populaires et de J’habite en France engendre des soupçons de nationalisme lorsque Michel Sardou interprĂšte La Marseillaise le 14 juillet devant plus de cent mille spectateurs, auxquels s’ajoutent les camĂ©ras de FR3. Le titre sera repris la mĂȘme annĂ©e dans une compilation de ses Ɠuvres, rĂ©orchestrĂ©es en version symphonique. À cela s’ajoute, en octobre, une polĂ©mique liĂ©e Ă  la diffusion de Je suis pour, favorable Ă  la peine de mort. 7Le public est au rendez-vous et les salles sont plus que pleines. Mais lors d’une tournĂ©e en Belgique, au dĂ©but de l’annĂ©e suivante, des manifestations hostiles accompagnent ses concerts. Heurts entre les manifestants des comitĂ©s anti-Sardou » et les forces de l’ordre, alertes Ă  la bombe et autres manifestations de violence incitent le chanteur Ă  interrompre sa tournĂ©e. DĂšs lors, la rĂ©ception de son Ɠuvre va devenir pour l’artiste une prĂ©occupation majeure. Pour transformer son image d’artiste idĂ©ologue et rĂ©actionnaire, il modifie l’ensemble de son Ɠuvre et les discours mĂ©diatiques qui l’accompagnent. Tout commence par deux mois de silence, rompu par une interview donnĂ©e au Matin de Paris, publiĂ©e le 17 mai. Michel Sardou se dĂ©fend tour Ă  tour d’ĂȘtre sexiste, colonialiste, nationaliste, et mĂȘme de droite, affirmant qu’il est prĂȘt Ă  voter socialiste aux prochaines Ă©lections, pour voir changer le personnel politique au pouvoir, et parce que ras le bol, tout simplement ». Mais il ne se fait pas beaucoup d’illusions, et reviendra vite Ă  ses convictions premiĂšres. 8DĂšs lors, sa carriĂšre va reprendre avec autant voire davantage de succĂšs, mais des apparitions mĂ©diatiques et des discours de nature diffĂ©rente. Le contexte politique change souvent, entre 1977 et 2007, et le monde du spectacle Ă©volue aussi grandement. Michel Sardou, quelles que soient ses activitĂ©s, ne perd pas une occasion de cultiver une image de contestataire dĂ©goĂ»tĂ© de la politique, mais sans plus aller jusqu’à la provocation. Il se positionne relativement peu par rapport aux dĂ©bats nationaux des annĂ©es 80. Sa seule participation publique Ă  une manifestation concerne la dĂ©fense de l’école privĂ©e en 1984, et il dira par la suite avoir changĂ© d’opinion, dĂ©fendant moins l’école privĂ©e que la libertĂ© de choix des parents. La crĂ©ation des radios libres est pour lui l’occasion d’une courte carriĂšre d’animateur. Il confirme Ă  la fois son statut de vedette, suffisamment reconnue pour pouvoir prĂ©senter les disques des autres, et sa capacitĂ© Ă  attirer un public de droite, puisqu’il officie sur RMC. Il aime Ă  Ă©voquer ses amis du show-business – Bedos, puis Coluche, lui servant souvent Ă  prouver qu’il n’est pas politiquement sectaire. Il se dĂ©fend volontiers des accusations de machisme en comparant ses prestations scĂ©niques Ă  celles de Bernard Lavilliers, qui joue bien davantage que lui de son aspect machiste. 9L’argument est d’autant plus pertinent que les performances de Michel Sardou Ă©voluent lentement vers une forme d’épure dont rendent compte les nombreuses vidĂ©os enregistrĂ©es en public depuis le dĂ©but des annĂ©es 80. AprĂšs avoir essayĂ© tous les dĂ©guisements des annĂ©es 70, du col pelle-Ă -tarte au blouson de cuir, en passant par le costume Ă  paillettes, et mĂȘme quelques apparitions torse nu, Michel Sardou privilĂ©gie de plus en plus la sobriĂ©tĂ© prĂŽnĂ©e par son dĂ©funt pĂšre. Costume, et parfois cravate, accompagnent une rarĂ©faction progressive des gestes, qui donne aux rares mouvements de bras une grande expressivitĂ©. Si l’interprĂšte marche de plus en plus, ce n’est qu’en raison de l’agrandissement de la scĂšne, car les salles de spectacle offertes aux artistes sont de plus en plus grandes, et le public de Michel Sardou remplit rĂ©guliĂšrement le palais des sports de Bercy. Si la mauvaise humeur apparente du chanteur reste un clichĂ© journalistique, les chroniqueurs, au fil du temps, se rĂ©jouissent de le voir sourire entre les chansons ou sur ses affiches, puis de l’entendre communiquer avec ses musiciens, qu’il met toujours en Ă©vidence Ă  un moment ou Ă  un autre du concert. En 1998, il va jusqu’à plaisanter avec le public aux sujet des trente-cinq heures. Mais la discrĂ©tion reste le maĂźtre mot de son interprĂ©tation. Il laisse Ă  la musique le soin de transporter le public. Si ses chansons, comme le remarquaient les auteurs de Faut-il brĂ»ler Michel Sardou ?, accordent volontiers une place croissante Ă  la musique, ses concerts obĂ©issent Ă  la mĂȘme logique les derniĂšres Ɠuvres jouĂ©es devant le public offrent de larges plages musicales, souvent inspirĂ©es du rock progressif, galvanisant la salle grĂące Ă  des airs Ă  danser Les Bals populaires, La Java de Broadway, Afrique adieu ou Ă  des orchestrations Ă©piques Les Lacs du Connemara, Un roi barbare. 10La sobriĂ©tĂ© sur scĂšne s’accompagne, Ă  partir de 1986, d’une certaine discrĂ©tion mĂ©diatique, qui s’explique de plusieurs maniĂšres. La premiĂšre est l’allongement de la durĂ©e de crĂ©ation. À partir du milieu des annĂ©es 1980, les campagnes de promotion sont de plus en plus Ă©tudiĂ©es, et il est Ă©tabli qu’un album tous les deux ans permet d’optimiser les ventes. Si Michel Sardou s’occupe en tournant beaucoup et en multipliant les albums en public, les nouvelles chansons se font plus rares et moins polĂ©miques. La fin de sa collaboration avec Pierre DelanoĂ« l’explique en partie. Les discours journalistiques consacrĂ©s au chanteur sont assez rĂ©guliers, mais rĂ©pĂ©titifs et peu politisĂ©s. L’artiste Ă©tant reconnu et Ă©tiquetĂ©, il fait toujours l’objet de commentaires semblables libre » ou indĂ©pendant », plein de talent » et dotĂ© d’une belle voix », il ne saurait ĂȘtre consensuel, mais reste depuis vingt ans prĂ©sentĂ© comme un artiste populaire ». Si les journalistes parlent de moins en moins des Ă©vĂ©nements de 1977, ils mentionnent trĂšs souvent le fait que Michel Sardou sĂ©duit aussi un public qui ne partage pas ses idĂ©es politiques. 11Cet affadissement de la polĂ©mique s’explique sans doute par le passage du temps, qui rend anodine les chansons provocatrices et les isole de leur contexte. Certes, le rĂ©pertoire de Sardou, depuis 2000, est redevenu militant, et s’adresse Ă  un public de fidĂšles dans des chansons qui passent souvent peu en radio. Mais, parallĂšlement, le chanteur continue de se produire dans des Ă©missions rĂ©servĂ©es aux vedettes retransmission de la TournĂ©e des EnfoirĂ©s, Star AcadĂ©my, soirĂ©e d’élection de Miss France. Il n’y interprĂšte souvent que d’anciens succĂšs, politiquement anodins. Le contraste, pour qui Ă©coute attentivement les disques, peu sembler saisissant, mais ce procĂ©dĂ© est entretenu, avec plus ou moins de discrĂ©tion et d’habilitĂ©, depuis prĂšs de vingt ans. Depuis 1978, l’Ɠuvre de Michel Sardou rĂ©ussit Ă  transcender les clivages politiques, sans cesser de sĂ©duire un public de droite. Nous allons tenter, pour comprendre les raisons de sa rĂ©ussite, d’analyser les stratĂ©gies dĂ©ployĂ©es par le crĂ©ateur pour Ă©dulcorer son discours tout en le rendant aisĂ©ment dĂ©chiffrable. 2. Les chansons de Sardou et l’art du consensus a Politique Ă©trangĂšre, nationalisme et fatalisme 12L’entrĂ©e en politique de Michel Sardou se fait, nous l’avons dit, alors que le mouvement hippie influence toute la musique de variĂ©tĂ©s. Mais ses Ɠuvres ne commencent Ă  ĂȘtre rĂ©ellement diffusĂ©es qu’à partir de 1970, dans un contexte trĂšs diffĂ©rent. Si les premiĂšres chansons enregistrĂ©es chez Barclay ont Ă©tĂ© oubliĂ©es, il reste de cette Ă©poque un rĂ©pertoire Ă©voquant l’AmĂ©rique. Trois chansons paraissent sur le premier album du chanteur. America, America n’est porteuse que d’une idĂ©ologie implicite trĂšs Ă  la mode, qui Ă©voque l’American way of life et la ville de San Francisco. Mais Michel Sardou a des raisons plus politiques de dĂ©fendre le rĂȘve amĂ©ricain. Au dĂ©but des annĂ©es 1970, alors que le mythe d’une France rĂ©sistante fait place Ă  un discours d’historiens insistant sur la Collaboration, Les Ricains est une chanson polĂ©mique, qui ne mĂ©nage pas l’orgueil national Si les ricains n’étaient pas lĂ  Vous seriez tous en Germanie À parler de je ne sais quoi À saluer je ne sais qui. 13Le vous » n’est pas un nous » ; il s’adresse moins Ă  l’ensemble des Français qu’à ceux qui critiquent les pour leur engagement au Vietnam Bien sĂ»r les annĂ©es ont passĂ© Les fusils ont changĂ© de mains Est-ce une raison pour oublier Qu’un jour on en a eu besoin ? 14L’habillage musical, en 1970, est diffĂ©rent de celui de la premiĂšre version le titre s’ouvre et se ferme sur le bruit d’une foule acclamant Hitler, ce qui renforce l’aspect accusateur du couplet initial. Les notes de guitares et d’harmonica rĂ©sonnent moins, et les orgues sont plus prĂ©sents, renforçant le lyrisme et substituant Ă  l’aspect artisanal des musiques hippies la mise en Ă©vidence d’un travail d’orchestration trĂšs maĂźtrisĂ©. Le phĂ©nomĂšne est encore plus audible sur le titre Monsieur le PrĂ©sident de France, dont les couplets martiaux – accompagnĂ©s de cuivres et de tambours – alternent avec des refrains saturĂ©s de chƓurs lyriques supportant un texte violent Dites Ă  ceux qui brĂ»lent mon drapeau Qu’en souvenir de ces annĂ©es Ce sont les derniers des salauds. 15Le personnage interprĂ©tĂ© est le fils d’un ancien combattant amĂ©ricain, et la chanson se clĂŽt sur une musique de marche militaire amĂ©ricaine. Le contraste avec le titre prĂ©cĂ©dent indique clairement la volontĂ© de l’auteur de s’adresser Ă  la jeunesse issue du baby-boom, en opposant des AmĂ©ricains lĂ©gitimement fiers de leurs parents Ă  des Français qui les critiquent. L’aspect polĂ©mique de ces Ɠuvres sera occultĂ© par des titres plus fĂ©dĂ©rateurs, qui exaltent un sentiment national moins patriotique que cocardier, J’habite en France ou Les Bals populaires. Ce titre est le premier grand succĂšs de l’artiste. CoĂ©crit avec Vline Buggy, il est accompagnĂ© d’une musique de Jacques Revaux. Cette derniĂšre illustre efficacement, Ă  grands renforts de batterie, de trompettes et d’accordĂ©on, l’ambiance Ă©voquĂ©e par le texte, qui met en vedette l’ouvrier parisien » et l’orchestre » infatigable et folklorique. Au-delĂ  de ces clichĂ©s textuels, le refrain est particuliĂšrement habile. Il place en effet le personnage dans la position d’un auditeur de concert, alors que ses nombreuses rĂ©pĂ©titions incitent la salle Ă  faire chorus Mais lĂ -bas prĂšs du comptoir en bois Nous on n’danse pas On est lĂ  pour boire un coup On est lĂ  pour faire les fous Et pour se reboire un bon coup Et pas payer nos verres. 16La lourdeur des orchestrations met le public de bonne humeur, lui donne envie de danser tandis que le texte le conforte dans son rĂŽle d’auditeur semi-passif, qui s’amuse, mais n’danse pas ». L’efficacitĂ© de la chanson se mĂȘle Ă  des rĂ©fĂ©rences nationales, qui laissent penser que le personnage dĂ©crit est un français moyen, un ouvrier parisien » qui tente de ne pas payer son verre. Cette exaltation d’une gaitĂ© nationale est plus nettement affirmĂ©e dans J’habite en France, qui flatte le public de façon plus idĂ©ologique Mais voilĂ  j’habite en France Et la France c’est pas du tout c’qu’on dit Si les Français se plaignent parfois C’est pas d’lĂ  gueule de bois C’est en France qu’il y a Paris Mais la France c’est aussi un pays OĂč y’a quand mĂȘme pas cinquante millions d’abrutis. 17Les clichĂ©s textuels sont encore plus nombreux. Il s’agit en effet de confirmer ou d’infirmer – en les Ă©voquant tour Ă  tour – un certain nombre d’idĂ©es reçues concernant la France ou Paris, pour conclure sur un satisfecit peu original la France est un pays de sĂ©ducteurs. 18Cette bonne humeur fĂ©dĂ©ratrice, associĂ©e Ă  un amĂ©ricanisme moins consensuel, se poursuit jusqu’à la fin de la dĂ©cennie, la cĂ©lĂšbre Java de Broadway offrant un nouveau succĂšs indĂ©modable Ă  Michel Sardou, en 1977. La musique festive et orchestrale Ă©voque un jazz band qui jouerait un air de java. Rien n’a changĂ© dans le texte, si ce n’est qu’il autorise une diction sur un rythme ternaire il n’est question que de fĂȘtes dĂ©complexĂ©es, d’alcool et de filles que l’on regarde de loin, installĂ© au bar. 19Chanter la France et l’AmĂ©rique n’est cependant pas toujours simple. À partir de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970, deux phĂ©nomĂšnes viennent inflĂ©chir le discours des chansons de Michel Sardou. D’une part, une prĂ©dilection pour la nostalgie et l’angoisse du dĂ©clin, qui atteint la France, L’AmĂ©rique et tout autre pays. D’autre part, un rapport aux Ă©trangers parfois ambigu. Cette Ă©volution du rĂ©pertoire a des causes multiples crise Ă©conomique qui popularise un discours sur le dĂ©clin du pays ; mort du pĂšre qui alimente l’angoisse d’une vedette parvenue au sommet ; changement de collaborateur, avec l’intervention longue et durable de Pierre DelanoĂ« dans les livrets Ă  partir de l’album intitulĂ© La Vieille. 20La fiertĂ© d’ĂȘtre Français n’est alors plus de mise. Le plus important succĂšs de cet album est en effet Le France, qui permet au chanteur de fĂ©dĂ©rer jusqu’aux ouvriers CGT du port du Havre, oĂč le bateau est mis Ă  quai. Cet hymne nostalgique, chantĂ© dans un contexte de crise des chantiers navals, exprime en effet un sentiment national Ne m’appelez plus jamais France » La France elle m’a laissĂ© tomber Ne m’appelez plus jamais France » C’est ma derniĂšre volontĂ©. 21Bien d’autres chansons viendront, avec plus ou moins de succĂšs, dĂ©plorer la baisse d’influence d’un pays qui perd peu Ă  peu ses ambitions internationales. Ces titres seront toutefois plus directement liĂ©s au contexte Ă©lectoral, aussi les Ă©tudierons-nous plus loin. Mais la crise française n’est, pour Michel Sardou que l’un des aspects d’un complet dĂ©senchantement du monde. MĂȘme son parti pris en faveur de la politique amĂ©ricaine n’y rĂ©siste pas, et l’évocation des USA ne renvoie plus qu’à un rĂȘve amĂ©ricain dĂ©senchantĂ©. Presque toutes les chansons consacrĂ©es aux pays Ă©trangers, thĂšme rĂ©guliĂšrement exploitĂ©, Ă©voquent d’ailleurs un rĂȘve de culture ou d’exotisme déçu Huit jours Ă  El Paso en 1978, Afrique Adieu en 1982, Exil Dylan en 1984, Le Paraguay n est plus ce qu ’il Ă©tait en 1988, Le VĂ©tĂ©ran et Mam ’selle Louisiane en 1990, L’AmĂ©rique de mes dix ans en 2000... Tous ces titres sont construits autour d’habillages musicaux caractĂ©ristiques des rĂ©gions, voire des Ă©poques Ă©voquĂ©es. Le dernier s’ouvre mĂȘme sur la mĂ©lodie des Ricains, comme si la nostalgie Ă©tait assumĂ©e jusqu’à l’auto-parodie. Les partitions de ces chansons permettent par ailleurs souvent de masquer le caractĂšre nĂ©gatif du propos en proposant une mĂ©lodie entraĂźnante. Sur le plan textuel, d’ailleurs, le pessimisme semble rarement dominant, car le pouvoir Ă©vocateur des mots crĂ©e un effet d’exotisme chez l’auditeur, alors mĂȘme que le personnage en dĂ©plore la disparition. Des chansons demeurĂ©es cĂ©lĂšbres, Afrique A dieu ou Les Lacs du Connemara, en tĂ©moignent. Les noms propres fortement connotĂ©s se succĂšdent, ainsi que les Ă©lĂ©ments de dĂ©cor, pour composer un paysage imaginaire Sur les Ă©tangs de Malawi La nuit rĂ©sonne comme un signal C’est pour une fille de Nairobi Qu’un tambour joue au SĂ©nĂ©gal. 22La musique qui accompagne de telles paroles, incitant Ă  la danse, rend plus difficile encore une attention soutenue, et le texte propose une accumulation d’images fortes. Cette utilisation efficace des termes Ă  connotations exotiques se fait au dĂ©triment de la narration, ce qui ajoute Ă  l’ensemble un mystĂšre propice Ă  la rĂȘverie. Les paroles des Lacs du Connemara, grand succĂšs bĂąti sur le mĂȘme principe, invitent moins Ă  une recherche des rĂ©fĂ©rences historiques qu’à une rĂȘverie appuyĂ©e sur des sonoritĂ©s Ă©trangĂšres Sean Kelly s’est dit Je suis catholique Maureen aussi L’église en granit De Limerick Maureen a dit oui. 23L’étranger apparaĂźt donc dans l’imaginaire de Michel Sardou comme un ailleurs, souvent dĂ©cevant, mais qui permet encore de satisfaire chez le public un dĂ©sir d’exotisme. Ce rapport au monde consensuel, qui a produit de grands succĂšs, est toutefois compliquĂ© par des chansons plus ambiguĂ«s. 24Si les pays Ă©trangers font rĂȘver, certains de leurs habitants, en effet, sont envisagĂ©s de maniĂšre plus problĂ©matique. Tout a commencĂ© en 1975, par un malentendu. Le Temps des colonies, paru sur l’album La Vieille, a créé une polĂ©mique en 1976. Le texte semble pourtant ne pouvoir ĂȘtre envisagĂ© qu’au second degrĂ© Pour moi monsieur rien n’égalait Les tirailleurs SĂ©nĂ©galais Qui mouraient tous pour la patrie Au temps bĂ©ni des colonies Autrefois Ă  Colomb-BĂ©char J’avais plein de serviteurs noirs Et quatre filles dans mon lit Au temps bĂ©ni des colonies. 25Il n’en reste pas moins que l’accompagnement musical, exotique et dominĂ© par les tams-tams, rappelle l’esthĂ©tique des chansons authentiquement colonialistes, frĂ©quentes dans la France d’avant-guerre. Le dĂ©but du refrain, on pense encore Ă  toi, O Bwana », chantĂ© par des choristes africaines Ă  l’accent prononcĂ©, reste d’un goĂ»t douteux. Si Michel Sardou n’a cessĂ© de communiquer dans les mĂ©dias pour dissiper les malentendus nĂ©s de cette chanson, il a longtemps continuĂ© Ă  l’interprĂ©ter sur scĂšne et Ă  la mettre sur ses compilations, comme si elle Ă©tait un symbole de la diabolisation dont il avait fait l’objet en 1976 et 1977. Le plus troublant est qu’en 1979 paraĂźt une autre chanson, dans laquelle la fiertĂ© d’ĂȘtre français s’accompagne d’un rapport mĂ©prisant vis-Ă -vis de l’étranger. 26Ils ont le pĂ©trole mais c’est tout est composĂ© sur le modĂšle des chansons chauvines prĂ©cĂ©dentes, mais les arabes y sont considĂ©rĂ©s avec agressivitĂ© Ils ont le pĂ©trole Mais ils n’ont que ça On a des idĂ©es Un gaspy futĂ© Un Martel Ă  Poitiers. 27Cette violence s’explique dans la chanson elle-mĂȘme par une anecdote biographique Cett’ chanson s’adresse A un brav’ garçon Qu’on appelle Altesse Un ami d’pension Quand ton puits s’ra sec... plus d’jus dans l’citron Plus personne Ă  La Mecque Viens Ă  la maison. 28Il n’en reste pas moins que le propos s’adresse plutĂŽt Ă  un public raciste qu’il s’agit de flatter, et ce d’autant plus que la mĂ©lodie en mode mineur et les orchestrations arabisantes ne peuvent encore une fois qu’évoquer l’esthĂ©tique des chansons coloniales. Cela suffirait du reste Ă  comprendre pourquoi l’Ɠuvre est tombĂ©e dans l’oubli. 29La plupart des chansons qui Ă©voquent les pays Ă©trangers et leurs habitants sont toutefois bien plus habiles. Le meilleur exemple en est Vladimir Ilitch, Ă©norme succĂšs de l’annĂ©e 1983. Son texte, malgrĂ© les Ă©lĂ©ments de couleur locale, est explicitement politique. Mais tout au long du texte, la critique du stalinisme se mĂȘle Ă  l’évocation de la misĂšre d’un peuple, qui semble justifier le communisme, ce qui satisfait un public de droite tout en dĂ©samorçant les critiques qui pourraient venir de la gauche Un vent de SibĂ©rie souffle sur la BohĂšme Les femmes sont en colĂšre aux portes des moulins Des bords de la Volga au delta du NiĂ©men Le temps s’est Ă©coulĂ© il a passĂ© pour rien Puisqu’aucun dieu du ciel ne s’intĂ©resse Ă  nous LĂ©nine relĂšve-toi Ils sont devenus fous. 30Musulmanes, paru en 1987, semble plus anodin. Le titre allie la beautĂ© d’un texte exotique Ă©voquant la blancheur des toits de GhardaĂŻa » en AlgĂ©rie, les forĂȘts du Liban », Le crĂ©puscule de Sanaa », ville situĂ©e au YĂ©men... Ă  une vision de la femme musulmane qui a peu Ă©voluĂ© depuis Pierre Loti, et produit de la compassion VoilĂ©es pour ne pas ĂȘtre vues CernĂ©es d’un silence absolu Vierges de pierre au corps de Diane Les femmes ont pour leur lassitude De jardins clos de solitude Le long sanglot des musulmanes. 31La musique n’est plus caricaturale mais Ă©pique, se prĂȘtant Ă  des dĂ©veloppements symphoniques qui la rendent encore plus efficace en concert. Mais cette esthĂ©tique parfaitement maĂźtrisĂ©e masque un contenu politique. Si les paroles peuvent renvoyer Ă  la situation dramatique du Liban, aucun message clair n’est dĂ©livrĂ©. En revanche, le vidĂ©o clip largement diffusĂ© Ă  l’époque raconte une autre histoire celle d’un pilote de l’AĂ©ropostale perdu dans le dĂ©sert et Ă©chappant Ă  des pillards grĂące Ă  la complicitĂ© de femmes voilĂ©es. Ce film d’aventure rĂ©sumĂ© Ă  trois minutes propose une vision archaĂŻsante, non des musulmanes, mais des arabes musulmans. Il est vrai que l’époque s’y prĂȘte, dans un contexte de montĂ©e du Front National, alors que VĂ©ronique Sanson renonce Ă  chanter sur scĂšne sa chanson intitulĂ©e Allah et que Salman Rushdie est contraint Ă  la clandestinitĂ©. 32Par la suite, les chansons qui Ă©voquent les pays Ă©trangers ne seront que d’innocentes Ɠuvres mĂȘlant nostalgie et exotisme. Elles seront peu exploitĂ©es, Michel Sardou ayant suffisamment de grands succĂšs de ce type Ă  insĂ©rer dans ses concerts Afrique Adieu, Les Lacs du Connemara et Musulmanes. Seul L’Oiseau Tonnerre, paru sur le dernier album, Ă©voque la spoliation des Indiens par les colons amĂ©ricains. Le texte n’est pas de Michel Sardou, et le sujet peu polĂ©mique, rien dans la chanson ne renvoyant mĂȘme implicitement Ă  la politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine. 33Il s’agit toutefois d’une exception, car si l’on considĂšre l’ensemble de l’Ɠuvre, l’évocation des pays Ă©trangers et de leurs habitants laisse souvent transparaĂźtre un propos idĂ©ologique. L’emploi de clichĂ©s n’a rien d’étonnant car il semble difficile d’évoquer un pays au cours des quelques minutes que dure une chanson sans utiliser d’images rĂ©ductrices. Mais Michel Sardou fait par ailleurs preuve d’une rĂ©elle originalitĂ©. Celle-ci rĂ©side dans l’habiletĂ© avec laquelle il associe rĂȘve amĂ©ricain et dĂ©fense des États-Unis, ou sentiment national et mĂ©pris pour les habitants des anciennes colonies. Cet aspect est compensĂ© par la vision du monde de l’artiste, qui associe la France et l’Étranger en plaçant la condition humaine sous le signe du dĂ©clin ; qui ressuscite le patriotisme ou l’exotisme le temps d’un chant du cygne. Mais cette optique conservatrice, voire rĂ©actionnaire, qui gĂ©nĂšre aisĂ©ment de la nostalgie, ne suffit pas Ă  rendre compte de la complexitĂ© politique de l’Ɠuvre. b Les commentaires sur la politique intĂ©rieure la permanence du pessimisme, entre colĂšre, victimisation et dĂ©tachement 34Contrairement Ă  ce qui se passait au temps de yĂ©yĂ©s, un chanteur qui devient une vedette dans les annĂ©es 70 est souvent contestataire ou engagĂ©. Michel Sardou n’échappe pas Ă  la rĂšgle, mais s’il se plaĂźt Ă  critiquer, son Ɠuvre ne soutient ouvertement aucun parti, et les textes qui ne sont pas l’expression d’une colĂšre sont volontiers interprĂ©tĂ©s sur un ton dĂ©sabusĂ©. Par ailleurs, si les idĂ©es politiques exprimĂ©es sĂ©duisent souvent un public de droite, l’artiste n’est pas hermĂ©tique aux Ă©volutions de la sociĂ©tĂ©, qui, depuis 1968, voit les idĂ©es libĂ©rales de gauche progresser en ce qui concerne les mƓurs, et les idĂ©es libĂ©rales de droite triompher sur le plan Ă©conomique. 35Pour son premier manifeste politique, datĂ© de 1972, Michel Sardou choisi de s’identifier Ă  Danton parlant devant ses juges, prophĂ©tisant les horreurs du ComitĂ© de Salut Public, et mĂȘme l’avĂšnement d’un tyran trĂšs semblable Ă  NapolĂ©on. NoyĂ© sous les allusions historiques, le texte ne revendique pas autre chose qu’un dĂ©sir de paix et de libertĂ©. Toutefois, alors que les espoirs rĂ©volutionnaires issus de 1968 s’essoufflent, et que LĂ©o FerrĂ© ou Colette Magny prennent leurs distances vis-Ă -vis d’une chanson purement militante, Danton peut ĂȘtre compris comme une dĂ©nonciation des rĂ©volutionnaires qui se rĂ©clament de Robespierre et des Jacobins. L’interprĂ©tation, qui oppose la voix de l’interprĂšte Ă  celle d’une foule sur un fond de musique martiale, fait de l’homme sensĂ© la victime du groupe. 36Cet imaginaire rĂ©volutionnaire est aussi exploitĂ© en 1980 dans le cadre d’une comĂ©die musicale intitulĂ©e Les MisĂ©rables. Michel Sardou enregistre alors À la volontĂ© du peuple, dont le personnage se dit prĂȘt Ă  mourir pour la libertĂ©. En 1989, Ă  la faveur des commĂ©morations du bicentenaire, le concert de Bercy s’achĂšve sur une fresque Ă©pique, Un jour la libertĂ©, dont le ton dĂ©sillusionnĂ© est habituel chez l’artiste mais qui tĂ©moigne des mĂȘmes idĂ©aux Pour proclamer les Droits de l’homme Je m’inscrirai aux Jacobins Mais comme je crois au droit des hommes Je passerai aux Girondins. 37Cela n’empĂȘche pas Michel Sardou, rĂ©volutionnaire dans ses aspirations Ă  la libertĂ©, de dĂ©fendre dans ces chansons le droit de propriĂ©tĂ©, ni de proposer une image voltairienne et conservatrice de la libertĂ© religieuse, comme dans cet extrait de Danton Les pauvres ont besoin de l’église C’est un peu lĂ  qu’ils sont humains BrĂ»ler leur Dieu est une bĂȘtise. 38Plus qu’un dĂ©sir de rĂ©volution, le discours politique chantĂ© par Michel Sardou traduit une insatisfaction perpĂ©tuelle. Celle-ci se manifeste d’abord de maniĂšre vĂ©hĂ©mente sur l’album La Vieille, paru en 1975. Il contient la plupart des textes qui ont valu des ennuis Ă  l’artiste, notamment Le Temps des colonies et Je suis pour, qui fait l’apologie de la peine de mort. On y trouve aussi une chanson trĂšs datĂ©e, W54, qui propose une vision orwellienne de la sociĂ©tĂ©, au son de musiques Ă©lectriques qui pastichent les films consacrĂ©s aux extra-terrestres. Sur un tel album, le titre J’accuse apparaĂźt comme une diatribe assenĂ©e au monde entier. Le rythme soutenu, la puissance des cuivres et des percussions, et la diction forte et trĂšs accentuĂ©e, sont au service d’un propos Ă©cologiste et antimilitarisme, mais un pacifisme affichĂ© avec autant de hargne a de quoi surprendre J’accuse les hommes d’ĂȘtre bĂȘtes et mĂ©chants BĂȘtes Ă  marcher au pas des rĂ©giments De n’ĂȘtre pas des hommes tout simplement. 39Les plus violentes et les plus polĂ©miques des chansons de cette Ă©poque ne cesseront d’ĂȘtre reprises et rĂ©enregistrĂ©es en public, avec ou sans commentaire d’accompagnement. Un seul de ces titres n’a pas rencontrĂ© de succĂšs. Il s’agit du plus politique, qui n’a pas Ă©tĂ© repris en album. La Manif s’adresse Ă  un public trĂšs politisĂ©, car il prĂȘte Ă  diverses catĂ©gories de manifestants, en particuliers des ouvriers, des immigrĂ©s et des fĂ©ministes, des propos caricaturaux de ce type Mais dans le contexte actuel De l’ùre industrielle On n’veut plus travailler. 40Seule l’absence de succĂšs de ce titre, passĂ© inaperçu, explique qu’il n’ait pas Ă©tĂ© reprochĂ© Ă  Michel Sardou. Quelques mois aprĂšs sa parution, les violences subies par l’interprĂšte l’ont incitĂ© Ă  plus de prudence. 41Sur l’album suivant, sa critique de la sociĂ©tĂ© prend la forme d’une Ă©lucubration au ton et au rythme lĂ©gers. Une attention aiguĂ« au texte, Ă  laquelle la forme de la chanson n’incite pas, semble indiquer que Michel Sardou brĂ»le aussi bien ce qu’il a adorĂ© que le reste, aussi bien le gouvernement que l’opposition, critiquant La gouver-ne-men-ta-lo-manie L’intellec-tualo-gaucho-manie L’amĂ©ricano-anglo-manie-manie. 42La chanson n’ayant pas eu de succĂšs, l’artiste en revient Ă  des Ɠuvres plus violentes, qu’il maĂźtrise mieux. On a dĂ©jĂ  donnĂ©, coĂ©crit en 1978 avec Claude Lemesle, s’en prend une nouvelle fois aux rĂ©volutionnaires, Ă  tous ces poings tendus », et aux conservateurs, Ă  ceux qui sont en place parce que papa y Ă©tait ». Il est Ă  mettre en parallĂšle avec la dĂ©ception que Michel Sardou dit avoir Ă©prouvĂ© Ă  propos de ValĂ©ry Giscard d’Estaing. Pierre DelanoĂ« a quant Ă  lui aidĂ© l’interprĂšte Ă  Ă©crire La DĂ©bandade en 1984, quelques mois avant la fin du programme commun, qui annonce la fin d’autres illusions. La chanson ressemble aux prĂ©cĂ©dentes, avec sa diction forte et heurtĂ©e, accompagnĂ©e de musique orchestrale et imposante, mais le texte ne vise personne explicitement. Comme dans Vladimir Ilitch, paru l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, il emploie ironiquement un vocabulaire de gauche Rigolez pas, mes camarades / La dĂ©bandade / C’est pour demain », pour dĂ©noncer le malaise d’une sociĂ©tĂ© dirigĂ©e par la gauche. Mais Michel Sardou, Ă  partir de 1985, semble se lasser de la politique et, s’il chante encore rĂ©guliĂšrement la dĂ©cadence, voire une apocalypse imminente, dans des chansons telles que Les Derniers jours de Pearl Harbour, il s’agit moins de politique que de nostalgie et de pessimisme. 43Ce dernier sentiment est alimentĂ© par les dĂ©boires du chanteur qui aime Ă  se prĂ©senter en victime dĂšs le dĂ©but de sa carriĂšre. AssassinĂ©s, vilipendĂ©s, acculĂ©s au suicide, les personnages incarnĂ©s par Michel Sardou de 1970 Ă  1975 – Danton chansons Ă©ponymes, Johnny Halliday Le PhĂ©nix ou des victimes anonymes Je vous ai bien eu, Le prix d’un homme – mettent soigneusement en scĂšne leur Ă©limination et l’ostracisme dont ils sont victimes. Ce fantasme, largement alimentĂ© par les mĂ©saventures qu’a connues Michel Sardou en 1977, n’a pas Ă©tĂ© sans consĂ©quence. À partir des annĂ©es 80, il commente sur scĂšne l’impact qu’ont eu ses chansons les plus contestĂ©es, et il en Ă©crit quelques-unes pour rĂ©pondre Ă  ses dĂ©tracteurs. D’abord On rĂ©trĂ©cit, en 1978, dans laquelle il assume violement son discours sur le dĂ©clin de la France Traitez-moi de ce que vous voudrez Facho... nazi... phalo... pĂ©dĂ© Et plus je tendrai l’autre joue Les hĂ©ros ne sont plus parmi nous J’ai dĂ» me tromper de rendez-vous On rĂ©trĂ©cit on rĂ©trĂ©cit. 44Puis J’avais pas la tĂȘte assez dure et La Haine, enregistrĂ©es en 1978 et 1980, rĂ©ussissent le paradoxe d’ĂȘtre des chansons Ă  la musique et Ă  l’interprĂ©tation virulente et Ă©pique alors qu’elles dĂ©noncent la violence, dont la victime implicite est l’interprĂšte lui-mĂȘme. Enfin, Mauvais homme paru en 1981 donne la parole Ă  un misanthrope solitaire. Le titre est interprĂ©tĂ© Ă  la maniĂšre de Johnny Halliday, avec un mĂ©lange d’élĂ©gie et d’orchestrations grandioses. Le sujet s’épuise ensuite d’autant plus vite que Michel Sardou ne produit plus de chansons ouvertement politiques entre 1985 et 1994, se contentant de reprendre ses vieux succĂšs engagĂ©s et de les commenter sur scĂšne. Comme ses albums, ses chansons militantes se rarĂ©fient et se nuancent. 45Selon que vous serez etc, etc s’en prend aux dysfonctionnements de la justice et des mĂ©dia, et fustige les politiciens corrompus, thĂšmes qui n’ont pas cessĂ© depuis d’ĂȘtre Ă  la mode. Mon dernier rĂȘve sera pour vous, consacrĂ© au fisc, est plus marquĂ© idĂ©ologiquement. Si l’on en croit le ton de l’interprĂ©tation et l’accompagnement musical, la colĂšre semble avoir fait place au dĂ©goĂ»t et Ă  la dĂ©sillusion. Au cours des annĂ©es 2000, cependant, Michel Sardou redevient polĂ©mique. Il affiche un pessimisme serein et dĂ©tachĂ©, Ă©nonçant ses idĂ©es sans avoir l’air de se faire d’illusions. Ainsi renoue-t-il avec la fiertĂ© affichĂ©e d’ĂȘtre français, sur un rythme plus lent que J’habite en France, qui se prĂȘte moins Ă  la danse, mais davantage au chorus et aux claquements de mains. Il est vrai que le contenu de Français est plus sĂ©rieux et plus nuancĂ© Parce qu’ils ont dĂ©cidĂ© d’ĂȘtre une rĂ©publique, Bien que toutes leurs idĂ©es se perdent en politique. Mais parce que l’un d’entre eux a dit cett’phrase immense Ma libertĂ© s’arrĂȘte oĂč la vĂŽtre commence »... J’aime les Français, Tous les Français, MĂȘme les Français que je n’aime pas. 46Il faudra encore quelques annĂ©es pour que Michel Sardou revienne vraiment Ă  la chanson engagĂ©e son album intitulĂ© Hors-format, paru en 2006, est, s’il faut en croire le rĂ©sultat des derniĂšres Ă©lections, dans l’air du temps. Le thĂšme de la dĂ©cadence nationale, le moins nouveau, est illustrĂ© par Concorde, un fleuron de notre industrie nationale qui aura connu un destin parallĂšle Ă  celui du France, sans que la chanson Ă©ponyme ait le mĂȘme succĂšs. C’est aussi sous le signe de la dĂ©cadence que se place Les Villes hostiles, chanson consacrĂ©e aux banlieues qui s’ouvre sur ces mots C’était mon quartier autrefois Plus rien n’existe tout a changĂ© MĂȘme ma rue je ne la retrouve plus On a dĂ» reconstruire dessus. 47La chanson la plus ouvertement politique, sur laquelle s’est faite la promotion de l’album, est un mĂ©lange de pessimisme et d’affirmation polĂ©miques. Les couplets Ă©voquent nombre de sujets volontiers abordĂ©s par la droite, rappelant aux immigrĂ©s qu’il faut respecter ceux qui sont venus longtemps avant toi », revendiquant la valeur travail il faut se prendre en charge / Et pas charger l’État », critiquant les droits acquis » Il faudra bien qu’on en oublie / Sous peine de n’plus / Jamais avoir de droits ». Mais ce programme Ă©lectoral, accompagnĂ© d’une musique de plus en plus dansante, est tempĂ©rĂ© Ă  la fois par un dernier couplet pessimiste et par un refrain dĂ©calĂ©. Le dernier couplet ne s’applique que dans un contexte de dĂ©faite Ă©lectorale qui n’a pas eu lieu pour le public de Michel Sardou Admettons enfin vous et moi Que nous sommes tous des hypocrites. La vĂ©ritĂ© ne nous plait pas Alors on a le pays qu’on mĂ©rite. 48Quant au refrain, il exprime un pessimisme dĂ©sabusĂ© Et puis allons danser Pour oublier tout ça Allons danser. Personne n’y croit. 49De fait, Michel Sardou affirme sur la plage suivante, par ailleurs trĂšs autobiographique, son profond dĂ©tachement Toutes mes exigences, Mes combats, mes dĂ©fiances, Ces parfums mĂ©langĂ©s De femmes et de fumĂ©e Ces Ă©tranges passions. Demain d’autres Ă  ma place Viendront et feront face Pour les provocations. Je n’suis plus un homme pressĂ©. 50Pour la premiĂšre fois depuis prĂšs de vingt ans, Michel Sardou assume clairement ses convictions de droite, mais en tempĂ©rant ses affirmations par un dĂ©faitisme dont il est dĂ©sormais coutumier. AprĂšs plusieurs annĂ©es de gouvernement de droite, le pessimisme qui lui faisait annoncer le dĂ©clin de la France semble avoir atteint ses limites et minĂ© jusqu’aux convictions de l’interprĂšte. Il n’est pas dit que la partie militante de son public le suive sur ce terrain-lĂ . Mais Michel Sardou partage avec elle des valeurs qui ne se limitent pas Ă  des convictions Ă©lectorales. Il propose en effet Ă  ses auditeurs une vision particuliĂšre des mƓurs de notre sociĂ©tĂ©. La critique des institutions, toujours consensuelle, s’y mĂȘle Ă  un grand conservatisme. 3. Michel Sardou et la sociĂ©tĂ© critique des meurs et des institutions a Sabre, goupillon et institution scolaire, l’individu face Ă  la hiĂ©rarchie 1 N’ayant par rĂ©pondu Ă  l’appel, il a Ă©tĂ© emmenĂ© de force vers sa caserne pour un service militaire d ... 51La principale originalitĂ© de Michel Sardou en la matiĂšre est son discours sur trois institutions l’armĂ©e, l’Église catholique et l’école. Le premier est traitĂ© de maniĂšre relativement attendue, puisque Le Rire du sergent s’inscrit dans la tradition du comique troupier. Mais si ce titre a permis Ă  l’artiste de solder ses comptes avec un service militaire mouvementĂ©1, il ne l’empĂȘche pas de tĂ©moigner d’un profond respect pour les anciens combattants. C’est le cas, nous l’avons vu, lorsqu’il rend hommage aux soldats amĂ©ricains qui ont libĂ©rĂ© la France. C’est Ă©galement vrai dans Verdun, oĂč le personnage lutte contre l’oubli des civils, dans une chanson Ă©lĂ©giaque. Michel Sardou associe toutefois le respect du soldat au mĂ©pris de la hiĂ©rarchie militaire et des gradĂ©s. Il l’exprime dans deux chansons au thĂšme semblable mais au traitement trĂšs diffĂ©rent. La Marche en avant donne la parole Ă  un discours d’officier dont le ridicule va jusqu’à l’invraisemblance Nous sommes le trois fĂ©vrier Ce sera un beau jour fĂ©riĂ© Les fonctionnaires nous bĂ©niront Allez sonnez clairons La marche en avant. 52L’ensemble n’a pourtant rien de comique. La musique martiale fortement contrastĂ©e qui accompagne le texte rend la plaisanterie sinistre, lorsque l’interprĂšte Ă©voque les malheurs des soldats. La chanson est toutefois beaucoup moins efficace que La Bataille enregistrĂ©e en 2000. Dans ce titre, les orchestrations qui rappellent la musique militaire sont mises au service d’une fresque Ă©pique de plus de cinq minutes, au cours de laquelle un soldat Ă©voque les diverses Ă©tapes d’une bataille terrifiante. Le rĂ©sultat, particuliĂšrement efficace, fait que l’auditeur ne peut que s’identifier au fantassin, et faire siennes ses derniĂšres paroles, d’un pacifisme violent tu sais c’que j’en fais de ta mĂ©daille ? ». 53L’humble victime a donc toujours raison contre l’institution, ce qui n’a rien d’étonnant quand on connait l’individualisme farouche de Michel Sardou, qui est aussi celui de sa gĂ©nĂ©ration. Mais ce point de vue est plus original lorsqu’il s’agit de composer des chansons sur l’Église catholique qui ne lui soient pas hostile. Si l’on excepte un ironique Merci Seigneur enregistrĂ© au tout dĂ©but de sa carriĂšre en 1967, Michel Sardou n’a jamais rien chantĂ© d’anticlĂ©rical. Au contraire, en 1973, il enregistre Tu es Pierre, vĂ©ritable adaptation en chanson d’un extrait de l’Évangile, la rencontre de Pierre et de JĂ©sus. MalgrĂ© la modernitĂ© anachronique du vocabulaire, le rythme allĂšgre des couplets et les chƓurs du refrain en font une chanson pour curĂ© Ă  guitare. 54Le CurĂ©, enregistrĂ© sur le mĂȘme album, adopte une forme plus classique au service d’un discours plus Ă©tonnant. Tout l’orchestre, oĂč dominent tantĂŽt les violons tantĂŽt les percussions, est convoquĂ© pour jouer l’une des mĂ©lodies les plus efficaces de Jacques Revaux. Si les couplets insistent sur la solitude d’un prĂȘtre de campagne, les refrains chantent sur un rythme plus entraĂźnant un plaidoyer pour la fin du cĂ©libat des prĂȘtres ah mon dieu, si l’on Ă©tait deux ». Bien avant que les polĂ©miques n’envahissent la vie de Michel Sardou, cette chanson lui a valu des inimitiĂ©s dans son propre camp. Elle demeure unique en son genre, car les chansons qui ne sont pas bien-pensantes On ira tous au Paradis de Michel Polnareff, par exemple sont Ă  l’époque hostiles au catholicisme. De plus, Michel Sardou a rapidement fait profil bas en enregistrant J’y crois, une chanson en forme de confession accompagnĂ©e d’une musique doloriste. Tout en affichant un certain doute quant au dogme MĂȘme si ça n’est pas vraiment celui / Que tous les prophĂštes avaient promis » la foi empreinte de culpabilitĂ© qu’il confesse plus qu’il ne la revendique tĂ©moigne d’une Ă©ducation chrĂ©tienne Je suis un trĂšs mauvais chrĂ©tien J’y crois lorsque j’en ai besoin. 55Qui est dieu ?, enregistrĂ© l’annĂ©e suivante, n’apporte pas d’autre rĂ©ponse Ă  cette question existentielle que Dieu, c’est le temps », et la chanson n’a pas d’intĂ©rĂȘt, si ce n’est de permettre Ă  Michel Sardou de chanter en duo avec son fils de cinq ans. Le sujet n’est plus guĂšre abordĂ© ensuite, Le CurĂ© n’apparaissant que sporadiquement sur les compilations. Il faut attendre 1990, et le texte d’Au nom du pĂšre, coĂ©crit avec Didier Barbelivien pour que l’artiste parle Ă  nouveau de religion. Il n’est plus alors question de foi, malgrĂ© un refrain en forme de gospel festif. RythmĂ© par des AllĂ©luia », la chanson Ă©voque les agissements des missionnaires chrĂ©tiens, depuis l’arrivĂ©e des Espagnols jusqu’à la sĂ©grĂ©gation raciale aux États-Unis. La musique noire et les chƓurs des refrains ne peuvent dĂšs lors ĂȘtre compris que de maniĂšre ironique, du moins jusqu’au couplet final, oĂč le message chrĂ©tien rĂ©apparaĂźt, tempĂ©rĂ© par un attachement profond aux choses d’ici-bas. Au nom du PĂšre Tu es quelqu’un FrĂšre de ton frĂšre De ton prochain Quel que soit l’endroit D’oĂč l’on vient AllĂ©luia Tu es nĂ© l’enfant d’une femme Aux seins sucrĂ©s au ventre calme Paix Ă  ses cendres et Ă  son Ăąme AllĂ©luia AllĂ©luia. 56Si la foi n’est pas remise en cause, la religion est donc finalement envisagĂ©e, comme l’armĂ©e, du point de vue de l’individu qu’elle opprime. Sa critique des institutions et du passĂ© de l’Église catholique permet Ă  Michel Sardou de s’adresser Ă  un public de tradition chrĂ©tienne qui partage l’essentiel de ses idĂ©es modernistes. Le doute et la critique de la rigiditĂ© du Vatican sont en effet largement rĂ©pandus parmi les catholiques français. 57L’artiste est plus polĂ©mique lorsqu’il Ă©voque l’école. Il est vrai qu’il est le seul Ă  oser s’aventurer sur ce terrain. Les chanteurs engagĂ©s Ă  gauche savent que les enseignants constituent une bonne partie de leur public, ce qui incite Ă  la prudence. Le Surveillant gĂ©nĂ©ral, Ă©crit en 1972 Ă  partir de mauvais souvenirs de pension, reste consensuel puisqu’il ne s’attaque qu’aux internats. Mais en 1978, alors que Michel Sardou sort Ă  peine de plusieurs mois de polĂ©miques Ă©prouvantes, il enregistre Monsieur MĂ©nard, consacrĂ© Ă  un professeur maltraitĂ© par ses Ă©lĂšves. Le texte est portĂ© par un personnage violent C’était un jour en terminale Pour une histoire assez banale J’ai cru qu’il allait me frapper Alors j’ai cognĂ© le premier J’ai donnĂ© un grand coup de tĂȘte Pour frimer devant les copains Je lui ai cassĂ© les lunettes Ils sont pas marrants les gamins. 58Certes, cet usage massif de la premiĂšre personne fait que le personnage et le malaise qu’il suscite peuvent sembler anecdotique, privant le propos de toute portĂ©e gĂ©nĂ©rale. Il n’en reste pas moins que parler de l’école de cette façon ne s’était encore jamais fait en chanson. 59L’histoire ne dit pas si les anciens collĂšgues de Michel Sardou, qui a Ă©tĂ© professeur quelques mois, ont apprĂ©ciĂ©. L’Ɠuvre n’a, quoi qu’il en soit, pas eu une grande carriĂšre. Par contre, Les Deux Ă©coles, paru en 1984, dans un contexte de manifestation en faveur de l’école privĂ©e, aura un Ă©norme succĂšs. Le texte, conçu par Pierre DelanoĂ« comme un manifeste pour l’école libre, est rendu plus neutre par l’interprĂšte, qui renvoie dos Ă  dos les deux modĂšles Ă©ducatifs. De fait, ce n’est pas le discours polĂ©mique qui a fait le succĂšs de la chanson, car une phrase telle que j’ai fait les deux Ă©coles et ça n’a rien changĂ© » n’a de quoi satisfaire personne. L’Ɠuvre doit son succĂšs Ă  son refrain, particuliĂšrement dansant, qui Ă©voque une succession de particularitĂ©s rĂ©gionales et prouve une fois de plus le talent avec lequel Sardou sait susciter la nostalgie. Le seul texte de Sardou que les enseignants ont mal acceptĂ© ne parle que peu de l’école. Il s’agit du Bac G, qui, en dĂ©pit de son titre, parle surtout du dĂ©sespoir de la jeunesse de 1992 Vous passiez un bac G Un bac Ă  bon marchĂ© Dans un lycĂ©e poubelle L’ouverture habituelle Des horizons bouchĂ©s Votre question Ă©tait faut-il dĂ©sespĂ©rer ? 60C’est d’ailleurs ce ton dĂ©sespĂ©rĂ© qui vaut Ă  la chanson d’ĂȘtre rĂ©guliĂšrement reprise par son auteur depuis quinze ans, tandis que l’image de l’école ne cesse de se dĂ©grader. Mais le systĂšme Ă©ducatif, comme l’Église et l’armĂ©e, font moins l’objet de discours que d’anecdotes dont la portĂ©e est plus ou moins gĂ©nĂ©rale. Cela permet Ă  Michel Sardou d’exprimer des critiques parfois virulentes, tout en lui laissant le loisir de s’abriter derriĂšre des personnages qu’il incarne, sans forcĂ©ment leur ressembler. 61Mais ce dispositif, qui fonctionne bien pour critiquer la sociĂ©tĂ©, n’est pas toujours utilisable dans toutes les chansons ayant trait aux mƓurs, la premiĂšre personne du singulier, presque obligatoire, incite le public Ă  confondre l’interprĂšte et son discours. Le je » lyrique et impersonnel qui porte le texte, en particulier dans les chansons d’amour, n’est pas un personnage suffisamment construit pour permettre Ă  Michel Sardou de s’en Ă©loigner radicalement. Et il est vrai que ses chansons en apparence anodines semblent nous renseigner sur sa vision particuliĂšre des rapports humains. b Évolution des mƓurs une tolĂ©rance qui exclut le fĂ©minisme 62Dans les annĂ©es 70, il s’est vu violemment reprocher son sexisme. Cette accusation se fonde sur l’image de la femme vĂ©hiculĂ©e par ses chansons. Les chansons parlant d’amour se prĂȘtent Ă  d’infinies variations, mais quelques grandes tendances se dĂ©gagent de l’ensemble du rĂ©pertoire, dont certaines ont des sources biographiques. Michel Sardou se sent aussi lĂ©gitime pour fustiger les femmes qui piĂšgent les hommes par un mariage La Corrida n ’aura pas lieu, en 1971, Vive la mariĂ©e en 71, Bonsoir Clara en 72, le cas inverse Ă©tant envisagĂ© en 1970 dans Quelques mots d’amour, que pour condamner les pĂšres dĂ©missionnaires qui abandonnent leurs enfants Merci pour tout, 82. Attention les enfants dangers, 88 À cet aspect moralisateur s’ajoute une vision conservatrice et une morale chrĂ©tienne, qui font que la femme a pour tĂąche essentielle de faire des enfants Ă  son mari Tu m’as donnĂ© de beaux enfants / Tu as le droit de te reposer maintenant » dĂ©clare l’homme dans Les Vieux mariĂ©s, et d’autres chansons y font Ă©cho, notamment Un enfant. Aux discours de sĂ©ducteur interprĂ©tĂ©s de maniĂšre virile Je veux l’épouser pour un soir, par exemple s’ajoute une vision trĂšs catholique du pĂ©chĂ© de chair, souvent associĂ©e pour la femme Ă  la peur et Ă  la douleur. MĂȘme un succĂšs en apparence aussi anodin et consensuel que La Maladie d’amour en porte la marque, n’associant la sexualitĂ© fĂ©minine qu’à la souffrance et Ă  la reproduction Elle fait chanter les hommes et s’agrandir le monde Elle fait parfois souffrir tout le long d’une vie Elle fait pleurer les femmes elle fait crier dans l’ombre Mais le plus douloureux c’est quand on en guĂ©rit. 63Les opposants Ă  Michel Sardou n’ont donc eu besoin que d’un peu de mauvaise foi pour lui reprocher d’interprĂ©ter un personnage qui fantasme un viol Dans les villes de grandes solitude, en 1975. 64Il faut attendre le dĂ©but des annĂ©es 80, pĂ©riode Ă  laquelle les femmes libĂ©rĂ©es sont devenues un thĂšme incontournable en chanson, pour que Michel Sardou fasse machine arriĂšre. Être une femme, sans cesse repris depuis, est restĂ© dans toutes les mĂ©moires, mĂȘme s’il est souvent connu Ă  tort sous le titre de Femme des annĂ©es 80. Il a cependant Ă©tĂ© trĂšs vite amputĂ© de son couplet introducteur, qui transfĂšre sur l’interprĂšte toutes les qualitĂ©s viriles du personnage Dans un voyage en absurdie Que je fais lorsque je m’ennuie J’ai imaginĂ© sans complexe Qu’un matin je changeais de sexe Que je vivais l’étrange drame D’ĂȘtre une femme. 65Si la femme se doit d’ĂȘtre forte, Michel Sardou la confine dans un rĂŽle plus traditionnel. Il persiste et signe en 1984, en crĂ©ant avec Une femme, ma fille, la version fĂ©minisĂ©e d’un cĂ©lĂšbre poĂšme de Kipling Si tu lui donnes l’enfant qu’il te prie de lui faire Comme un cadeau du ciel comme un fruit de la terre Si tu remplis son cƓur au fil de chaque jour De ta tendre chaleur et de tes mots d’amour Si tu peux l’écouter quand il chante trop haut Et chanter avec lui pour que ce soit moins faux ... Si tu sais tout cela Comme les milliards de femmes qui l’ont fait avant toi Et si dans son bonheur tu vois le tien qui brille Ce jour-lĂ  tu seras une femme ma fille ma fille. 66Il ne faut pas s’étonner que cette chanson Ă  contre-courant ait eu peu de carriĂšre. Marie Jeanne, en revanche, a Ă©tĂ© un grand succĂšs, prouvant une fois de plus que l’artiste excelle dans le pessimisme. La chanson dresse en effet un bilan trĂšs mitigĂ© de la libĂ©ration fĂ©minine, Ă©voquant des femmes qui ont renoncĂ© Ă  leurs rĂȘves de jeunes filles. 67L’écoute du rĂ©pertoire complet de Michel Sardou assigne donc Ă  la femme un rĂŽle prĂ©cis et rĂ©actionnaire, mais cela va de pair, individualisme oblige, avec une tendresse particuliĂšre pour certains comportements marginaux. 68Cette tolĂ©rance ne s’applique pas qu’au personnage du CurĂ©, et peut aussi bien concerner une prostituĂ©e. L’Autre femme, comme l’indiquent ses orchestrations trĂšs datĂ©es Ă  base d’orgue et de batteries, est créée au dĂ©but des annĂ©es 80. PrĂšs d’un siĂšcle aprĂšs que ce thĂšme a fait son apparition en chanson, Michel Sardou innove peu, mais fait la synthĂšse de tous les topoĂŻ accumulĂ©s sur le sujet. Il n’évite que celui de la prostituĂ©e amoureuse, hĂ©ritĂ© de Piaf, prĂ©fĂ©rant Ă©voquer une femme libĂ©rĂ©e Ă©levant seule son enfant. Pour le reste, les thĂšmes des diffĂ©rents couplets sont empruntĂ©s Ă  un rĂ©pertoire classique, qui va de FerrĂ© Ă  Brassens, en passant par Reggiani. Les difficultĂ©s du mĂ©tier, le rĂŽle de sƓur de charitĂ© » des prostituĂ©es, l’errance affective de leur client, et l’affirmation selon laquelle la prostituĂ©e n’est pas plus immorale que certaines femmes volages ou mariĂ©es par intĂ©rĂȘt, rien de tout cela n’est nouveau. Une telle tolĂ©rance a pourtant de quoi surprendre son public, d’autant que Michel Sardou dĂ©fend le titre en concert avec une grande rĂ©gularitĂ©. Cela ne l’a pourtant pas empĂȘchĂ©, sur son dernier album, d’enregistrer Valentine day, un titre dont l’action se situe dans le passĂ©, pour introduire un stĂ©rĂ©otype rĂ©trograde. Il s’agit en effet, en Ă©voquant les filles qui allĂšrent peupler les colonies amĂ©ricaines, de chanter les amours vĂ©nales sur un rythme insouciant et joyeux, qui dĂ©responsabilise les hommes. Ce type de discours, qui associe bonheur de l’homme et prostitution, n’avait pas Ă©tĂ© illustrĂ© en chanson depuis Les petites femmes de Pigalle de Serge Lama, titre dĂ©jĂ  misogyne pour son Ă©poque. Le contexte fĂ©ministe des annĂ©es 1970, auquel on sait que Michel Sardou est peu sensible, avait jusque lĂ  fait disparaĂźtre ce type de rĂ©pertoire. 69En revanche, la tolĂ©rance pour l’homosexualitĂ© masculine semble croĂźtre avec le temps. S’il est, de ce point vue, en phase avec la sociĂ©tĂ©, Michel Sardou est plutĂŽt rĂ©actionnaire par rapport au milieu de la chanson. En effet, alors que les annĂ©es 70 ont vu naĂźtre et prospĂ©rer des chansons tolĂ©rantes – Ă  la suite de Comme ils disent de Charles Aznavour créé en 1971 – il affichait durant la mĂȘme pĂ©riode un mĂ©pris virulent. AprĂšs avoir moquĂ© Le Rire du sergent, et dĂ©noncĂ© l’homosexualitĂ© latente des pensionnats dans Le Surveillant gĂ©nĂ©ral, il a employĂ© le terme pĂ©dĂ© » comme une injure dans J’accuse. Mais l’évolution de la sociĂ©tĂ© a fini par l’influencer et, en 1990, il a enregistrĂ© Le PrivilĂšge. L’homosexualitĂ© y est abordĂ©e par le biais de l’aveu Ă  la mĂšre, ce qui permet d’esquiver les questions d’amour ou de vie de couple D’abord je vais lui dire Maman Je ne veux plus dormir en pension Et puis je glisserai lentement Sur les ravages de la passion. 70Les procĂ©dĂ©s employĂ©s – orchestrations Ă  base de piano et de guitare, usage de la premiĂšre personne, vocabulaire affectif, hyperboles – permettent une forme d’identification de l’auditeur au personnage. Le texte du refrain, toutefois, reste imprĂ©gnĂ© des prĂ©jugĂ©s des annĂ©es 70, qui font de l’homosexualitĂ© une maladie mentale et une source de culpabilitĂ© plutĂŽt qu’un privilĂšge » Est-ce une maladie ordinaire Un garçon qui aime un garçon ? 71La tolĂ©rance qu’affiche Michel Sardou pour les individus marginaux qui vivent leur libertĂ© sexuelle est donc aussi grande que peut l’ĂȘtre celle d’un homme qui revendique son appartenance Ă  une droite catholique. Conclusion le succĂšs d’un Français rĂąleur 72À l’écoute de l’ensemble du rĂ©pertoire, les contradictions apparentes que Michel Sardou revendique souvent laissent apparaĂźtre une grande cohĂ©rence. MotivĂ©e par l’individualisme forcenĂ© d’un homme qui s’est forgĂ© seul un destin de vedette, sa vision du monde manifeste une grande mĂ©fiance vis-Ă -vis de la sociĂ©tĂ© et de ses institutions, et une insatisfaction chronique Ă  l’égard de la politique. Cet Ă©tat d’esprit, qui existe aussi chez des chanteurs de gauche, explique la violence de ses diatribes militantes. Ses opinions de droite sont moins fondĂ©es sur des options Ă©conomiques que sur des options morales s’il est tolĂ©rant envers la marginalitĂ©, il conserve une image de la femme et de la famille trĂšs rĂ©trograde, issue d’une Ă©ducation catholique. Joints Ă  son pessimisme et Ă  son angoisse du dĂ©clin, l’évolution de la sociĂ©tĂ© en matiĂšre de mƓurs et la situation Ă©conomique lui fournissent nombre d’occasions de crĂ©er des chansons en accord avec son goĂ»t prononcĂ© pour la dĂ©ploration. 73Bien sĂ»r, ces opinions n’expliquent pas le succĂšs de Michel Sardou. Celui-ci s’appuie d’abord sur une voix et des prestations scĂ©niques trĂšs travaillĂ©es, d’une sobriĂ©tĂ© efficace. Sur des collaborateurs ensuite, qu’il s’agisse de compositeurs et d’auteurs de grand talent – parmi lesquels Jacques Revaux, Pierre DelanoĂ«, Didier Barbelivien et Michel Fugain –, ou d’une multitude d’orchestrateurs qui permettent Ă  l’artiste de renouveler son univers sonore. Sur des apparitions mĂ©diatiques rĂ©guliĂšres dans des Ă©missions consensuelles, enfin, qui lui assurent une grande visibilitĂ©, et lui permettent de tenter d’étouffer d’éventuelles polĂ©miques. 74Mais, dans la chanson politique, on ne peut prĂȘcher qu’à des convaincus, et si Michel Sardou sĂ©duit, c’est parce qu’il est en phase Ă  la fois avec un public de droite et avec un autre plus dĂ©politisĂ© et dĂ©sillusionnĂ©. RĂąleurs et conservateurs, plus pessimistes pour la sociĂ©tĂ© que pour leur situation personnelle, constatant avec une relative bienveillance une Ă©volution des mƓurs Ă  laquelle ils semblent peu participer, les personnes Ă  qui s’adressent les chansons de Michel Sardou ressemblent fort Ă  une image du Français moyen hĂ©ritĂ©e des annĂ©es 1970. Ils sont issus d’une France peuplĂ©e de blancs catholiques n’apprĂ©ciant des Ă©trangers, en particuliers des arabes, que leur caractĂšre exotique. Michel Sardou est leur seul porte-parole dans le domaine de la chanson française. Mais si l’artiste touche un public plus large, authentiquement populaire, c’est parce qu’il sait fĂ©dĂ©rer tous ceux – et ils sont nombreux depuis l’époque du France – qui conservent un attachement profond Ă  leur pays et le dĂ©sir ambigu de se lamenter continuellement sur son dĂ©clin.

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  • allez on part on met les voiles chanson